The Original Gay Porn Community - Free Gay Movies and Photos, Gay Porn Site Reviews and Adult Gay Forums

  • Welcome To Just Us Boys - The World's Largest Gay Message Board Community

    In order to comply with recent US Supreme Court rulings regarding adult content, we will be making changes in the future to require that you log into your account to view adult content on the site.
    If you do not have an account, please register.
    REGISTER HERE - 100% FREE / We Will Never Sell Your Info

    To register, turn off your VPN; you can re-enable the VPN after registration. You must maintain an active email address on your account: disposable email addresses cannot be used to register.

Guitare

hopayra

On the Prowl
Joined
Feb 5, 2006
Posts
59
Reaction score
0
Points
0
Une nouvelle histoire... En français, désolé!

Chap. I

J’ai 18 ans. Classe de terminale, bac à la fin de l’année. Le mois de mai se termine et les cours du lycée aussi. Commence maintenant la période de révision… enfin, normalement ! Bien sûr, je m’y attelle consciencieusement, dans la mesure où je me suis toujours comporté comme un élève studieux, travailleur, obéissant aussi, depuis toujours... Réservé pour ne pas dire timide, j’aurai finalement peu lié connaissance au cours de mes années, d’abord de collège, puis de lycée. Je ne pratique aucun sport, surtout pas collectif ; je déteste la compétition ; je ne fréquente que la piscine et encore, aux seules heures de grand public, autrement dit je me change dans les cabines individuelles et les douches sont prises de manière très prude : pas de nudité, surtout pas… Bien sûr, je rêve d’histoire de vestiaires, d’attouchements virils, de pouvoir contempler un maximum de bites, mais, en-dehors des cours d’EPS, je n’ai rien pour me rincer l’œil ! Et encore, ces fichus cours sont tellement remplis que personne n’a vraiment le temps de passer à la douche, avant de se changer et de repartir en classe pour enchaîner le cours suivant. En plus, le gymnase du lycée est pourri ; la toiture fuit, de grandes flaques d’eau, certains jours, jonchent le sol, les vestiaires et sanitaires sentent le renfermé, les rideaux de douche sont d’ailleurs à moitié moisis, bref, ça ne donne pas franchement envie de s’y attarder.

Je me suis donc résigné à fantasmer tout seul, dans ma chambre, entre deux bouquins. Dans ma classe, à majorité de filles, il y a en fait assez peu de garçons bandants. Peut-être deux ou trois. Oh, bien sûr, si même les « moches » décidaient de me dévoiler leur bite, je serais preneur. Mais en fait, ça aurait plutôt tendance à me dégoûter : voir un homme nu c’est super, mais s’il n’est pas beau, je veux dire, si, moi, je ne le trouve pas beau, attirant, sexy, ça n’a pas d’intérêt. Et comme ce sont généralement les seuls « moches » qu’on arrive à voir à poil – quasiment jamais les mecs canon – on en est réduit à devoir se faire des films sur ces derniers…

Dans ma classe donc, il y a Quentin que je trouve pas mal. Taille moyenne, 1m80, cheveux bruns, mi-courts, les yeux sombres, la musculature plutôt fine, toujours en tee-shirt et jeans, avec ses éternelles Knickers au pied. Il cultive le style musicien, avec sa démarche un peu traînante, ses pensées délirantes, profitant de chaque récréation pour tirer sa clope. Il y a aussi Damien, un peu plus carré, encore que, cheveux châtains, fins, légèrement bouclés, coupés courts, qui laissent soupçonner qu’ils vont vite lui dégarnir le crâne. Il se laisse pousser le bouc et la moustache. Lui porte éternellement les mêmes baskets, ce qui l’oblige à changer de chaussettes tous les jours – petit détail que j’ai pu relever au long de cette année scolaire. L’hiver, c’est grosse doudoune, jeans, polo et pull en laine un peu avachi, toujours le même. Aux beaux jours, c’est tee-shirt et pantacourt. Cool. Petites lunettes sur le nez masquant un regard noisette. Parle très peu. Il sait pourtant rire et faire rire. Et, manifestement, il en a dans le cerveau… ! Il y a enfin et surtout Sébastien. Plus petit que la moyenne, c’est le blondinet de la classe, avec des yeux dans lesquels je suis prêt à me noyer. Il a toujours les cheveux coupés courts – sans être ras ; souvent il s’y fait dessiner des motifs géométriques sur les tempes, ce qui renforce son charme, qui est pourtant, sans besoin de ça, suffisamment ravageur ! Toujours souriant, il est désarmant de naturel, de simplicité et de gentillesse. On dit qu’il canalise son énergie en pratiquant la boxe thaïe trois à quatre fois par semaine. Dieu que j’aimerai bien rejoindre les vestiaires !… Il enfourche aussi une moto, une 50 cm3 dont je n’ai pas retenu la marque – d’ailleurs je m’en fous, je ne suis pas un adepte de ce genre d’engin – qu’il s’est payé à son seizième anniversaire. En revanche, lui, les études ne sont pas son fort ! Il aurait même tendance à désespérer ses profs et ses parents.

Cette fine équipe, je ne la fréquente pas beaucoup. Questions d’affinités, de centres d’intérêt aussi, qui sont trop éloignés. En revanche, je suis inséparable de ma copine, Hélène. Elle redouble sa Terminale ; elle a donc débarqué dans notre classe cette année seulement. Je ne sais pas pourquoi, mais on a tout de suite sympathisé. Le reste de la classe est persuadé que nous sommes ensemble. Les pauvres, s’ils savaient ! D’un autre côté, je me garde bien de les détromper… Hélène, aussi grande que moi, est d’une témérité à toute épreuve. Elle commente tout, a un avis sur tout et n’hésite pas à faire du rentre-dedans à qui l’emmerde. Là où je n’oserai pas solliciter, elle y va au culot et s’en charge à ma place. Tous les deux, on s’amuse, on rigole, on fait en sorte que chaque semaine de classe ne soit pas trop un calvaire.

Hélène s’est débrouillée pour se faire inviter au « week-end d’enfer » – prolongé sur trois jours, s’il vous plait – que Quentin organise pour fêter la fin de l’année. Ses parents sont paraît-il absents ; son père travaille aux Impôts, sa mère est prof d’anglais dans un collège à ce qu'on m'a dit - en fait le "on" c'est Hélène, qui arrive toujours à savoir ce genre d'infos, comme un tas d'autres aussi qui n'ont souvent aucun intérêt, d'ailleurs... En fait, c’est comme une boum, mais on ne dit plus boum au lycée – le dit-on d’ailleurs encore ? au collège ? à l’école, peut-être ? ou alors à la maternelle ?! – mais « week-end d’enfer ». Soit en gros, on se réunit, on picole, on fume, des joints ou sa cigarette, on discute, on s’éclate – ou du moins, tout ça est-ce censé devoir nous permettre de nous éclater… Rabat-joie, moi ? non ! seulement lucide. Je ne bois pas, tout au moins, ni bière, ni alcools forts, tout juste un peu de vin aux grandes occasions, je n’aime même pas le champagne, ni le coca d’ailleurs, en fait, je n’aime pas tout ce qui fait des bulles ; je ne fume pas non plus, ni tabac, ni pétards. Je ne sais jamais quoi dire, déjà en temps ordinaire, et encore moins à des camarades de classe avec qui je passe pourtant la majeure partie de l’année. Pour tout dire, je ne sais pas comment on fait pour « s’éclater »… Je n’ai donc aucun regret à ne pas faire partie des invités de ce fameux « week-end d’enfer » et je ne souhaite bien du plaisir à ma copine, Hélène. Au demeurant, je ne sais même pas qui est invité et de toute façon, je m’en tape !

Et pourtant, celle-ci, non seulement s’est débrouillée pour se faire inviter, elle, mais je fais partie de la « partie non-négociable » qui veut que je suis d’office invité avec elle. Même si « on » ne m’a pas demandé mon avis… Je suis donc prié de me réjouir d’aller me faire chier trois jours dans une baraque que je ne connais pas, à la campagne, qui appartient à des gens que je ne fréquente pas, avec des copains de classe qui ne sont pas mes copains et que j’ai dû supporter toute une année scolaire, pour ne pas dire toute ma scolarité pour certain(e)s d’entre eux(elles)… Tout ça à dix jours du bac de philo et à trois semaines des autres épreuves !

Folle. Je l’ai traité de folle. A-t-on pas idée de vouloir me forcer à participer à ce genre de truc ? Naturellement, je me suis fait rembarrer proprement ; je ne suis qu’une grande nouille, qui ne sait pas s’amuser, qui ne sait pas profiter des occasions, qui emmerde tout le monde à ne jamais être content, qui devrait justement l’être de pouvoir enfin sortir un peu, de quitter son coin bouseux, de s’éclater quoi ! Et puis, de toute façon, il aurait été inconcevable qu’on n’en fût pas l’un et l’autre : on fait partie de la classe et « ils » n’ont pas le droit de nous écarter alors qu’on s’est fréquenté pendant toute une année entière, qu’on a dû supporter les blagues douteuses de l’un, les états d’âme de l’autre, les minauderies de la troisième, les conneries incessantes débitées à longueur de journée par la quatrième et ainsi de suite.

On n’est peut-être pas obligé de rester les trois jours, après tout ; on peut faire une apparition et puis prétexter n’importe quelle obligation pour repartir ? Certainement pas ! on reste les trois jours et on-s’é-cla-te ! Ma foi… Puisque je n’ai pas le choix.
 
content de lire une nouvelle histoire écrite par une plume agréable à lire
 
Thanks hopyra. & Thanks Auto for translating!
If this story is like the last one, it should be worth reading!!
Harry
 
Chap. II

Me voici à une semaine du « grand rendez-vous ». Bizarrement, ce dernier me laisse de glace ; plus j’y pense, plus je me dis que je vais m’y ennuyer terriblement et que je vais faire « tâche » au milieu de ces gens qui paraissent si branchés, si dans le vent… Une fois de plus, je sens que je vais passer pour le naze de service, pâlot, ballot, décalé, nul. Je n’arrive même pas à imaginer des scènes un peu hot, histoire de m’exciter un peu le pois chiche (enfin, quand je dis le pois chiche, je pense nettement en-dessous…).

Mercredi après-midi, milieu de la semaine. Alors que je suis plongé dans mes révisions de philo, coup de téléphone. Surprise, c’est Damien. Il veut savoir si je vais bien à la petite fête de ce week-end ? Est-ce qu’on peut y aller ensemble ? il n’a pas encore son permis… ses parents sont absents... alors… Ben oui, s’il veut, oui, on peut y aller ensemble. Bizarre…Ca, c’est un coup d’Hélène ! j’en suis sûr…

Fin de journée, nouveau coup de fil. Hélène. D’emblée je la branche en lui disant sans aménité tout ce que je pense de sa façon de faire, pas très jolie, jolie ; c’est vrai, quoi, qu’est-ce que c’est que ces manières de me titiller les sens en s’arrangeant pour faire du co-voiturage avec l’un des mecs parmi les plus mignons de ma classe ? Naturellement, elle tombe des nues, ou plutôt, je suis persuadé qu’elle fait semblant de ne pas savoir de quoi je veux parler. Non j’t’assure, pas au courant. Et puis qu’est-c’ tu t’plains : il est plutôt pas mal, Damien, non ? Encore que je l’ trouve un peu trop bigorneau à mon goût… Bigorneau ? Ben oui, huître, moule, total renfermé, quoi ! Moi, j’aime bien, quand j’parle, qu’on m’réponde. Lui, c’est un mur. Une tombe. Faire l’amour avec lui, c’est faire l’amour avec un cercueil : c’est bien pour les gothiques, mais question expression des sentiments, c’est un peu un électrocardiogramme plat… Pff ! Franchement, ma pauvre, c’est un peu nul cette façon de juger sans savoir : t’as déjà fait l’amour avec lui, ou pas ? T’as déjà t'nu la chandelle ? Tu sais comment il est au plumard ? Non, bon alors ! Et sur ce, je lui raccroche au nez. Elle m’énerve, des fois, à critiquer tout le monde ! D’habitude, ça me fait rire, mais là, pas du tout… (on se demande bien pourquoi).

Hélène rappelle aussi sec. Non, mais ça va pas de m’raccrocher au nez comme ça. Non mais, t’a été élevé chez les pignoufs ? Tout d' façon, que ce soit un bon coup ou pas, Damien, j’m’en fous, je voulais simplement te prévenir que ce week-end, je s’rai pas là, mon frère vient dimanche à la maison. Attends, s’il vient dimanche, tu peux très bien venir avec moi, samedi, et, toi et moi, on a un prétexte pour partir avant la fin, vu que dimanche, ton frère arrive… Tu ne PEUX PAS me laisser aller tout seul à ce truc de merde, où, je te l’rappelle quand même, c’est toi, qui est invitée ! Moi, je ne suis que celui qui t’accompagne. De toute façon, ça tombe bien, si t’y vas pas, j’ai aucune raison d’y aller. Surtout si j’suis tout seul ! Et Damien ? Quoi Damien ? Il y va comment, Damien, à cette fête ? Je t’rappelle que tu lui a dit oui pour qu’il vienne avec toi, avec ta voiture… Et bien, je lui dirai que finalement, c’est pas possible et qu’il faut qu’il se trouve un autre chauffeur. Alors là, ma vieille, c’est pas plus compliqué que ça ! Mouais… Maintenant, va falloir que tu l’rappelles pour lui annoncer la « bonne nouvelle »… Allez salut ! bon courage… Tu m’raconteras l’histoire avec Damien : « allôôôô, Damien -ien, désolé –é, j’peux pas –as, pour samedi -iii… » en m’imitant (très mal) avec une voix traînante et nasillarde sur les dernières syllabes de chaque mot ! Elle éclate de rire et raccroche.

Planté devant mes bouquins, je reste songeur. C’est vrai que ça ne va pas être facile d’expliquer à un type que je trouve particulièrement mignon, qui m’a proposé, contre toute attente, de faire route ensemble, à qui je viens de dire oui il n’y a pas trois heures à peine, cette après-midi, que, ben non, finalement ce ne sera pas possible. C’est sûr, je vais passer pour un gros con. D’un autre côté, je me vois mal passer tout un week-end, de trois jours en plus, au milieu d’un groupe avec qui je n’ai aucune affinité, alors même qu’Hélène – qui m’énerve parfois, mais qui m’est bien utile quand même – sera absente. Je n’aurai personne avec qui vraiment discuter et partager ces moments, avec qui je pourrai commenter, en douce, les manières et les agissements de tel ou tel, de pouffer aux conneries de certains – et de certaines surtout. Bref, je l’ai dit et je le sais, depuis le départ, je vais me faire chier !

Je regarde mes cours, posés devant moi. Je n’ai plus envie ; je n’ai plus la tête à ça. Je décide alors de tout envoyer balader et je me branche sur Internet.

Lendemain matin, jeudi, à nouveau le téléphone sonne. Cette fois, c’est Quentin. Décidément, tout le monde défile chez moi, au téléphone ! Il me demande si je peux amener une toile de tente, de la farine, en grande quantité, et du scotche marron. Sa liste de courses, très éclectique, me laisse un peu pantois sur le moment. D’autant qu’elle ne s’accompagne d’aucune explication. C’est tout juste s’il consent à ajouter qu’il a aussi téléphoné à Damien pour qu’il apporte, lui aussi, de la farine – il a peur d’en manquer. Il trouve super qu’on fasse route ensemble et conclut en m’adressant un joyeux Salut. Vivement samedi. Son ton ne me paraît pas forcé ; au contraire, j’ai plutôt l’impression qu’il est content – peut-être pas que je vienne, moi, personnellement, mais qu’on se réunisse tous ensemble. En plus, avec son désir de faire des stocks de farine, comme si la guerre allait bientôt nous obliger à nous terrer chez lui ! je me dis que c’est un drôle de séjour qui risque de se dérouler…

Vendredi soir. Coup de sonnette à la porte. Ma mère m’annonce qu’Hélène est là. A peine a-t-elle fini de parler que l’intéressée est déjà sur ses talons, sourire aux lèvres. Alors, prêt pour un « week-end d’enfer » ? C’est con que j’puisse pas y aller, mais bon, ça fait deux mois qu’mon frère n’est pas v’nu ; il arrive avec toute sa p’tite famille ; j’suis hyper excitée ! Ouais, ben tant mieux pour toi, lâcheuse ! Oh, ça va, tu vas pas à l’abattoir non plus. D’ailleurs, j’suis passée pour te laisser mon caméscope. T’auras qu’à dire que, comme j’suis pas là, tu filmes tout pour que je puisse voir après ce que j’aurai loupé. Oui, c’est ça, je vais passer mon week-end, ce truc collé sur l’œil, pour que Madame puisse visionner ce à quoi elle a – sciemment – décidé de ne pas participer. Tu veux vraiment que je passe pour un gros blaireau ? avec ma caméra scotchée en permanence… Alors là, tu peux toujours courir ! Ca t’f’ra des souv’nirs à toi aussi, qui sait ?… ajoute-t-elle avec un ton qui se veut mystérieux. Ma pauv’fille ! Salut ! Et aussi sec, elle tourne les talons, sourire en coin, contente d’elle. Et je me retrouve, une fois de plus, le cul dans l’eau, abandonnéééé comme chante l’autre gugusse.

Téléphone à nouveau. Damien veut savoir comment on s’organise pour le lendemain matin ? Il vient chez moi ou je vais chez lui ? Immédiatement, je lui dis que je passerai le prendre chez lui ; je n’ai pas envie de lui faire le coup du musée : oui, alors ici, la salle à manger… là j'te présente mes parents… ici, c’est ma chambre… oh, t’a mis le poster de trucmuche… etc. Il n’a pas besoin de savoir à quoi ressemble mon chez moi, même si je n’ai pas de poster de trucmuche, ni de personne d’autre d’ailleurs, collé sur les murs de ma chambre. Je trouve ça trop ringard de placarder Rocky ou des motos ou une bimbo sans nom… sans intérêt ! Rendez-vous donc à 9 heures demain matin. Tu sais où j’habite ? Oui, je sais, enfin non, pas trop en fait… Ca le fait rigoler, mais pas méchamment (enfin, j’ai l’impression) et il me donne alors son adresse postale précise et il m’explique par où venir chez lui. Sans besoin de prendre de notes, j’acquiesce à chaque phrase. Pas de problème, j’y s'rai ! A ton avis, comment on s’équipe ? en-dehors des sacs de farine, bien entendu ?!… A nouveau, il éclate de rire, en soulignant que, ah oui, moi aussi, je suis de corvée de farine… Je ne sais pas ce qu’il compte en faire – donc Damien non plus n’est pas dans la confidence, ça me rassure. Il suggère de prendre léger : peut-être un tee-shirt de rechange, il vaut mieux, avec Quentin il faut toujours s’attendre au pire, surtout dans son patelin, il fait toujours un temps pas possible. Autrement rien de spécial, comme d’habitude… Je me doute qu’il va porter les mêmes vêtements que je lui ai vu sur le dos tout au long de cette année scolaire ; pas de grand changement question mode ; tout ça m’avance bien, tiens ! Notre conversation n’a plus lieu de se poursuivre, aussi Damien me lance un doux Merci. Salut. T’es sympa. A demain. Quatre mots (ou presque), quatre coups de kalachnikov débités avec précision et rapidité ; sans besoin d’un coup de trop pour atteindre son but : conclure la conversation en deux temps trois mouvements. Il a raccroché. Et son appel me laisse pensif, avec un drôle de goût dans la bouche… Bizarre, bizarre sa façon de me dire au-revoir. Ca va me travailler toute la nuit, au point de dormir assez mal. L’angoisse de ne pas savoir ce qui m’attend, ni comment tout ça va se dérouler, sans doute.

Ca ne m’empêche pas de passer les trois-quarts de ma soirée à tenter de constituer ma valise… ou plutôt mon sac de voyage… ou plutôt je préfère me rabattre sur un tout petit sac à dos, celui qui me sert pour y entasser mes affaires de piscine. Ma hantise est d’arriver avec un sac comme si je partais trois semaines, alors qu’il n’y avait rien besoin de prendre et que tout le monde est venu les mains dans les poches. Naze de chez naze ! Je me résous donc à n’emporter qu’un caleçon de rechange – que je choisis avec soin pour être – ce que je trouve – le plus sexy possible, même si personne ne le verra !… Plus un pyjama : short AussiBum et polo Les Dieux du Stade, aux couleurs désassorties, histoire de faire négligé, tout en restant branché… Une paire de chaussettes blanches de sport. Et c’est tout. Je me dis que je n’ai pas besoin de nécessaire de toilettes ; comme dans les hôtels, tout devrait être fourni sur place. Je fais néanmoins bien attention à la tenue que je porterai – la même – pendant ces trois jours : il faut être dans le vent, à la mode, sans faire trop fashionisto non plus. Encore moins plouc, naturellement ! Et comme je ne sais pas qui vient, qui ne vient pas ; et que je me méfie que justement certains/certaines seront peut-être là… Bref, je me fais mon film. Et c’est plus genre série noire que comédie romantique.

Samedi matin. Je suis naturellement réveillé très tôt. J’ai mal au ventre, avec cette angoisse des grands jours qui me tourmente les boyaux. Je savais que j’avais oublié quelque-chose : la farine. Punaise, cette foutue farine. Je descends en trombe dans la cuisine, pour faire le point sur les stocks familiaux : un seul paquet d’avance. C’est manifestement trop peu. Encore que Quentin ne m’a pas précisé quelle quantité de farine je devais apporter. Je décide donc, plan de campagne, que je partirai plus tôt pour m’arrêter au supermarché acheter deux – trois ? – allez quatre paquets de farine, en plus de celui-là que j’embarque aussi sec. Je retourne également toute la maison pour remettre la main sur les sardines qui – comme toujours en pareil cas – ne sont pas rangées, comme elles auraient dû, avec la petite canadienne. D’ailleurs, Quentin m’a réclamé une toile de tente, mais sait-il que je n’ai pour ma part que cette canadienne deux, trois places et non pas une tente militaire trente places (non ! j’exagère) ? Je sens que tout ça commence déjà mal, vu que je n’ai aucune explication de ce qu’il faut que j’amène ; j’aurais quand même pu, entre mercredi et ce matin, rappeler Quentin pour obtenir plus de précisions. En fait, c’est lui qui aurait dû être plus précis dès le départ… ou alors me rappeler pour l’être. Si ce que je lui apporte ne lui convient pas, ce ne sera pas de ma faute ! mais tout ça me rend nerveux et mal à l’aise. Ce fichu mal de ventre qui me taraude. Je ne vais quand même pas passer mon week-end aux toilettes ? C’a en devient rageant.
 
zut alors... les lignes défilent si vite que j'en suis arrivé là et la fin (la suite d'abord je suppose) n'est pas encore postée...
Vite!
Ca s'annonce pas mal pour le moment...
La farine, c'est pour faire des crèpes ?
 
Chap. III

Malgré tous mes efforts, je n’arrive pas à partir plus tôt pour aller acheter ces fichus paquets de farine : je n’ai à la fois pas assez de temps pour faire un crochet par le supermarché et trop de temps pour partir maintenant chez Damien. Je me contrains donc de faire en sorte d’y arriver pour 9 heures, en espérant que nous pourrons ensemble aller faire ces courses, ensuite, en chemin.

J’arrive donc devant la maison de Damien. Je suis un peu en avance ; en fait, je tournais en rond chez moi à force et je me suis résolu à partir plus tôt que prévu. J’ai pensé que ce ne serait pas grave : au mieux, j’arriverai sans encombre, si les explications données par mon futur passager sont suffisamment claires et dans ce cas, je n’aurai qu’à attendre dans la voiture – au pire, s’il me faut trouver ma route, mon avance sera vite mangée. Mais non ! Damien a été suffisamment précis – et en plus, je ne suis pas totalement stupide pour trouver ma route – aussi, me voilà stupidement obligé de patienter avec vingt bonnes minutes d’avance devant le portail.

Damien a dû m’apercevoir par la fenêtre de la maison, puisqu’il me hèle à travers l’une d’elles, en me faisant signe d’entrer. Sur le coup, je n’ai pas compris ce qu’il me baragouinait de si loin ; je suis donc descendu de la bagnole et nous nous sommes mis à beugler l’un l’autre à travers la rue. Et puis, je me suis dit que nous allions ameuter tout le voisinage, alors je me suis rapproché des grilles et c’est là que j’ai compris qu’il m’invitait à rentrer. Sympa, quand même.

Il vient m’ouvrir la porte d’entrée. C’est un pavillon classique, assez quelconque, avec pelouse devant, arbres plantés partout autour, propret, un peu passe-partout. Damien, qui porte en temps ordinaire des petites lunettes cerclées de fer, qui lui donnent un faux air intello et qui le rendent follement sexy avec son front légèrement dégarni et ses cheveux courts, fins et ondulants, ne les porte pas sur l’instant ; il s’en excuse en m’expliquant qu’il ne m’a pas aperçu plus tôt pour cette raison – il est myope. Il me propose d’entrer ; il n’est pas tout à fait prêt et en plus il s’est rendu compte qu’il n’y avait plus de farine chez lui !… Ce qui me fait éclater de rire. Il me regarde bizarrement, en se demandant ce qu’il a pu dire de drôle. Je lui explique alors que, moi aussi, je suis en rupture de stock ; je lui débite mon idée de détour, avant de venir, par le supermarché, mon retard pris malgré tout à me préparer, rapport aux sardines et à la canadienne, et tout et tout. Il sourit à cette évocation. Un sourire qui illumine son visage, doux, affectueux, câlin, croquant. Le fait en plus qu’il ne porte pas ses lunettes, que son regard se trouve ainsi légèrement voilé, qu’il ne soit pas rasé, tout cela concourt à le rendre extrêmement sensuel… Rien que pour cet instant, je me dis que ce fameux « week-end d’enfer » aura été utile… même si le reste risque de ne pas être du même acabit.

Il me propose en tout cas que nous allions effectivement faire des courses en partant et me promet en conséquence d’accélérer le mouvement pour se préparer. Par politesse, je lui dis que nous avons bien le temps. Contre toute attente, Damien commence à me parler, tout en se dirigeant vers ce qui semble être la cuisine : ai-je pris mon petit-déjeuner ? ai-je soif ? ai-je faim ? Je le remercie et décline son offre. Je le suis avec un temps de retard, en tentant de m’approcher du lieu d’où provient sa voix, pour ne pas avoir, de nouveau comme dans la rue tout à l’heure, à hausser la voix pour qu’il m’entende. Je le trouve effectivement attablé devant un grand bol de café noir, la table de cuisine jonchée des restes de son petit-déjeuner : miettes de pain, beurrier ouvert, pot de confiture entamé, boite de céréales, tout y est. Je lui suggère de le laisser tranquillement finir de boire son café, prêt à retourner dans le hall à patienter, mais il m’en empêche en me disant que, si ça ne m’ennuie pas de le voir manger, c’est avec plaisir – oui, oui, c’est bien l’expression qu’il emploie – qu’il me propose de demeurer à ses côtés. Et, joignant le geste à la parole, il me fait signe de m’asseoir à table près de lui. Non, vraiment merci, je ne veux pas de café – en fait, je suis encore trop barbouillé de la nuit pour pouvoir avaler quelque-chose…

Mon hôte se dépêche de boire à son bol, tout en devisant avec moi, comme s’il avait toujours parlé d’abondance et, surtout, comme si nous étions amis proches de longue date. J’en suis intérieurement tout éberlué, au point de répondre parfois un peu à côté de la plaque, voire avec retard, à ses propos ! Il me paraît intéressant de découvrir mon camarade de classe, ainsi, dans son intimité. Pour un « bigorneau » pour reprendre l’expression de cette lâcheuse d’Hélène, en voilà un qui aurait tendance à avoir la coquille grande ouverte !

Après avoir avalé la dernière goutte, Damien se lève – moi aussi dans la foulée – et prend le temps de débarrasser la table et de ranger, comme une vraie fée du logis. Un peu gauche et ne sachant que faire pour me rendre utile, je reste immobile, les bras ballants. Comme si de rien n’était, Damien continue de m’entretenir de tout et de rien, à tel point que je ne saurais dire de quoi il me parle ! Il m’annonce qu’il va se dépêcher de prendre une douche et de s’habiller dans la foulée ; son sac est déjà prêt. Je le vois gravir la rampe d’escalier du côté de la cuisine, et, bien que mourrant d’envie d’assister à cette scène, je me dis qu’il serait mal poli – et très mal interprété – que je le suive à l’étage, tel un toutou, jusque dans sa salle de bain… J’opère donc une retraite prudente vers le hall d’entrée du pavillon. Mais, nullement gêné par ce qui pourrait passer, de ma part, pour une violation de son intimité, arrivé à mi-hauteur, Damien redescend quelques marches en ma direction et m’invite à le suivre : il va me montrer sa chambre, si ça m’intéresse. Pour sûr que ça m’intéresse, mon coco ! si tu savais à quel point je suis avide de découvrir le lieu où l’un des trois « archanges » (par référence à St Gabriel, St Raphaël et St Michel) de ma classe pose son petit cul chaque nuit, ce qui habille sa chambre, ce qui dévoile de ses goûts musicaux, artistiques, et autres…

Je lui emboîte donc le pas et – puisqu’il m’y a si gentiment invité ! – je le suis jusque dans sa chambre. A toute vitesse, dans mon esprit, je me demande quelle attitude je devrai avoir, quelles exclamations je me devrai de prononcer face à tel ou tel objet, tel ou tel poster, musique, logiciel de jeux, que sais-je encore, qu’il va me présenter comme étant LE dernier truc indispensable d’avoir. Mon cerveau s’embrouille, tout en gravissant les marches, et, comme dans la cuisine, je suis tout juste bon à bredouiller quelques borborygmes à ses paroles intarissables.

Parvenus enfin à sa chambre, il m’invite à m’asseoir sans autre façon sur son lit, ou sur sa chaise de bureau si je préfère, tandis qu’il va s’habiller, en s’excusant encore pour le retard qu’il nous fait prendre. Je le déments en m’excusant, moi, d’avoir surgi devant chez lui avec près de vingt minutes d’avance, ce qui annule en réalité le retard qu’il croit avoir pris. J’avoue en plus intérieurement que je ne comprends pas très bien pourquoi il compte se doucher et s’habiller, vu qu’il se tient devant moi avec l’un de ses éternels tee-shirts et d’une paire de jeans, qui ne le différencient pas de sa façon de se vêtir lorsqu’il fréquente le lycée ; qu’il veuille se laver les dents, les mains, ou se débarbouiller le visage après son petit-déjeuner, oui, et tant mieux : c’est le signe qu’il possède aussi cette qualité de vouloir rester propre et conserver l’haleine fraîche – bon point supplémentaire pour lui et autre qualité à rajouter à la longue liste que je crois devoir lui décerner – mais pourquoi vouloir se doucher et surtout se changer – ce qu’il appelle vouloir « s’habiller » – alors qu’il l’est déjà ? Le doute s’empare de moi un instant en pensant que, moi-même, je ne me suis peut-être pas habillé de la bonne manière pour ce week-end… (?)

Toujours est-il que Damien enlève soudainement son tee-shirt qu’il balance négligemment dans la panière au pied de son lit, à la manière d’un lancer de panier de basket, et qui vient s’empiler sur ce qui semble être son linge sale personnel, dégageant un torse à la musculature puissante, mais finement ciselée, et une toison en forme de tresse démarrant de son pubis, masqué par la ceinture lâche de ses pantalons, courant plutôt abondamment jusqu’à son nombril, ainsi que quelques poils naissants autour de ses tétons. Pas un poil de graisse naturellement, ni sur ses hanches, si sur ses bras ou à la base de son cou ; non, vraiment un torse bien proportionné, qui est finalement moins imposant que lorsque Damien est engoncé dans sa doudoune ! Il m’explique alors que, lorsque je suis arrivé, il a dû s’habiller à la va-vite pour venir me faire entrer, après avoir passé une partie de sa matinée, depuis son réveil, à préparer son sacs, mais surtout à remuer ciel et terre pour arriver à constituer ce fichu stock de farine réclamé par Quentin ! Je ris bêtement, obnubilé à l’idée qu’il va, après le tee-shirt, déboutonner son jeans et se retrouver à poil devant moi…

Mais, tout en continuant de bavarder plaisamment, il se dirige en fait vers la porte de ce qui doit être la salle de bains et s’y engouffre. Pas de chance : je ne pourrai pas assister au Bain de Vénus ! Je le vois néanmoins passer la tête à travers les montant de la porte, sa brosse à dents coincée dans sa bouche, à tenter de reposer une question qu’il m’a déjà posée mais à laquelle je n’ai pas répondue – et pour cause, je ne l’ai pas comprise et je ne suis même pas sûr de l’avoir entendue ! Il doit alors la reformuler une troisième fois, ce qui m’incite à me lever et à m’approcher de lui, en faisant mine de tendre l’oreille, pour mieux pouvoir lui répondre. Il en profite pour finir ses ablutions et me prie de l’excuser de m’avoir questionné la bouche pleine : je ne pouvais évidemment pas l’entendre, vu qu’il avait la brosse à dents dans la bouche, désolé ! Non, c’est moi qui suis désolé, j’étais distrait et je n’étais pas suffisamment attentif. Il sourit de ma réponse, toujours avec ce regard voilé par défaut de porter ses lunettes. Il me redemande donc si ça ne m’ennuie pas de devoir venir passer ces trois jours en l’absence d’Hélène – comment sait-il au fait qu’elle ne viendra pas ? je me le demande – et surtout, si ça ne m’ennuie pas de faire la route avec lui, qui n’est pas très causant – qu’est-ce que ça doit être alors lorsqu’il juge qu’il l’est vraiment ?! Bien sûr que non que ça ne m’ennuie pas… enfin je veux dire, ça ne m’ennuie pas de faire la route avec lui, au contraire !… enfin, je veux dire c’est mieux de partager la voiture, plutôt que de venir chacun de son côté ; en plus, si on se perd, à deux c’est plus facile… Au fur et à mesure que je débite ma réponse, j’ai le sentiment très net que je suis en train de raconter des conneries d’un gamin de trois ans, d’une niaiserie, d’un lénifiant au possible !… Je stoppe net (il vaut mieux arrêter les frais) et je conclus par un sourire contraint, du style désolé, je ne sais plus ce que je dis. Il me sourit à son tour et, de sa voix très douce, veut s’assurer que, vraiment, ça ne me gêne pas ; en tout cas, c’est vraiment sympa de ma part… A ce moment-là, j’ai envie de lui crier combien je suis fou de joie de me retrouver ici dans sa salle de bain, à côté d’un mec à moitié à poil, beau comme un dieu – et que je n’ai qu’une envie c’est qu’il enlève ce putain de jeans pour que je puisse le reluquer entièrement nu, que je puisse admirer sa bite qui me fait fantasmer depuis le début de l’année scolaire, que je rêve de me jeter sur lui et de l’embrasser fougueusement, que… Et pour Hélène, pas trop triste qu’elle ne soit pas là ? Hum ? Non, non, c’est sûr, j’aurais mieux aimé qu’elle fût de la partie… Mais elle a de la famille… Son frère… Il y a longtemps qu’elle ne l’a pas vu… Je marmonne des réponses hâchées, avant de finir de manière quasi inaudible.

Sentant qu’il attend pour passer sous la douche, je me sens obligé de lui dire que je le laisse, le temps nécessaire. Il me suggère alors de ne pas me gêner et de feuilleter un bouquin ou une B.D. dans sa chambre – le salaud, il ne m’a pas dit que ça ne l’ennuyait pas que je restasse à le regarder se doucher, tout en continuant de bavarder. Je me résigne donc à regagner sa chambre, en espérant qu’il y reviendra, une simple serviette nouée autour de la taille et que, nécessairement, pour s’habiller, il la posera et, alors là, je n’aurai pas perdu mon temps…
 
Autolycus,
Your feeble attempts at translations are acutally quite good.
I'm enjoying both the French and the English
RuRuMan
 
Chap. IV

En attendant que Damien ait terminé de prendre sa douche, je me retrouve seul dans sa chambre, le reste de la maison étant vide. J’erre du bureau à sa fenêtre, aux montants de son lit, à son placard. En une fraction de seconde, je tente d’ouvrir ce dernier, pour humer les odeurs qu’il peut renfermer : odeurs corporelles intrinsèques de tout être humain, au-delà des parfums de lessives. Quels sont ses sous-vêtements, comment range-t-il ses habits… autant de signes que je veux engranger dans ma mémoire pour mieux m’imprégner de ce garçon, à qui je trouve décidément un charme fou !

Mais à peine ai-je eu le temps de parcourir des yeux l’intérieur de son armoire, la peur au ventre qu’il déboule sans que je l’ai entendu – je serais alors dans l’incapacité de justifier mon geste – que j’entends ses pas dans le couloir. Je crains de me retourner face à lui, rouge comme une pivoine. Aussi j’opère un repli stratégique vers la fenêtre, à grandes enjambées, pour lui faire croire que je scrute l’horizon, perdu dans mes pensées ! Il débarque dans la chambre. Malheureusement, sans serviette autour du ventre ; sans laisser dévoiler ses chevilles poilues (?), mais toujours bien vêtu de son fichu jeans, qu’il a renfilé avant de sortir de la salle de bain. La ceinture des ses pantalons est toujours aussi lâche, laissant bien toujours visible sa touffe de poils pubiens remonter jusqu’au nombril. Manifestement, je n’en verrai pas plus. A moins que… Non, il se glisse entre la porte de sa chambre entrouverte et son placard, juste derrière, ouvre grands les battants, y prend un énième tee-shirt qu’il enfile tranquillement. J’ai juste le temps d’apercevoir le sommet de la raie de ses fesses, qui se laissent elles aussi entr’apercevoir par l’entrebâillement de son jeans. Puis se retourne, fin prêt. On y va ? On y va.

Nous quittons sa chambre, redescendons les escaliers. Nous voici dans le hall d’entrée. Il prend d’une main son sac à dos – il est aussi peu volumineux que le mien, tant mieux ! j’ai donc su voir juste – attrape au vol son portefeuille resté sur la commode de l’entrée. J’ouvre la porte, il m’emboîte le pas, il la referme derrière lui, la verrouille et nous voici partis.

Il m’indique la route à prendre pour que nous puissions nous arrêter au supermarché le plus proche. Nous y sommes rapidement. Je me gare sur le parking, déjà bien rempli de chalands venus faire leurs courses hebdomadaires de bonne heure. Nous descendons de voiture. Il ne me semble pas nécessaire de prendre un chariot, simplement un panier à l’entrée du magasin. Je m’en saisis d’un et nous voilà tous les deux, déambulant dans les rayons à la recherche de nos sacs de farine. J’ai l’impression d’un gentil petit couple en train de vivre un épisode de leur vie quotidienne !… Nous nous collons aux basques, ne sachant ni l’un ni l’autre où se situe le rayon spécialisé. Chacun de nous tourne, virevolte, s’arrête devant des produits qui nous amusent, avec des commentaires croisés et quelques fous rires. Non, vraiment, ce petit temps de shopping à deux est très agréable.

Finalement nous arrivons au rayon pâtisserie. Plantés tous les deux devant, nous nous interrogeons à voix haute sur la quantité à embarquer. Nous optons pour le maximum possible qui puisse rentrer dans le panier que je porte à bout de bras. Celui-ci s’alourdit au fur et à mesure que Damien le charge. Se rendant compte qu’il en devient très lourd, il s’empresse aussitôt de m’aider à le porter. Sa main frôle la mienne, s’accroche à la hanse ; ayant atteint notre but, nous pouvons passer en caisse pour payer et repartir vers notre destination première.

Nous reprenons ainsi la route, sans trop échanger dans la voiture. Je me concentre sur le parcours à emprunter ; nos silences étant ponctués par de très rares commentaires de l’un ou de l’autre… comme si le charme s’était rompu. A moins que ce ne soit l’approche de notre but commun qui nous éloigne de nouveau, comme un rétablissement de cette distance qui nous a toujours séparée tout au long de l’année scolaire passée.

Nous voici arrivés. Nous descendons de voiture ; je décharge le coffre, chacun prend ses affaires en main et s’avance vers la maison familiale de Quentin. Une grande lassitude, un grand froid m’envahissent. Je n’ai plus envie d’y aller. Le silence qui s’est installé entre nous au cours du trajet précédent me donne envie de chialer… de rage ou de désespoir, je ne sais pas.

Quentin vient nous ouvrir la porte. Il est tout guilleret. Nous échangeons une poignée de mains. Je lui présente les excuses d’Hélène pour son absence. Il le sait déjà – elle a dû lui téléphoner elle-même pour le faire ? Il m’indique où poser mes affaires : la tente, la farine, le scotche et me suggère de poser mon sac à l’étage, au sommet des escaliers, sans plus me poser de questions. Aussitôt dit, aussitôt reparti vers l’arrière de la maison pour terminer les préparatifs du week-end je suppose. Damien n’est pas dans les parages. Est-il directement allé aider Quentin ? Je me retrouve seul, au milieu du vaste hall d’entrée ; seul physiquement : il ne paraît pas y avoir âme qui vive ; et plus que jamais seul dans ma tête : je suis à deux doigts de verser une larme…

Une tête passe la porte de ce qui doit être le salon : c’est Mélanie, une des filles de la classe. Salut ! T’as pas vu Sandra ? Non, je n’ai pas vu Sandra – je m’en fous de Sandra, de toute façon je ne peux pas la blairer… Une grosse dondon, qui se la joue grosse bourge et qui ne peut pas s’empêcher de regarder tout le monde de haut. C’est au tour de Jennifer de passer en coup de vent dans le hall. Ben, reste pas planté là comme une nouille, viens avec nous ! Je marmonne quelque-chose d’incompréhensible – un peu vexé quand même qu’elle me traite de nouille, alors que personne ne s’est soucié de me faire les honneurs du reste de la maison ; mais je décide de la suivre malgré tout, d’un pas lent et mesuré : je ne suis pas un toutou à sa mémère, quand même ! De toute façon, Jennifer est repartie aussi vite qu’elle est arrivée et je ne sais pas par où elle s’est engouffrée.

Au hasard, je franchis une porte et j’arrive dans la cuisine, où je retrouve Quentin en train de charger le réfrigérateur en canettes de bière en tous genres, de coca, limonade et autres alcools forts que je ne connais pas. Me jetant un œil par-dessus son épaule, il me demande gentiment si je vais bien. Je réponds que oui, sans être sûr que ma réponse l’intéresse vraiment… Il faut t’donner un coup d’main ? Non, c’est bon, j’ai fini, merci. Ah si, si tu veux, tu peux porter cette caisse dehors. Pas d’problème. Et me voici en train de crapahuter une caisse remplie de choses aussi variées que des gobelets et des assiettes en plastique, de l’essuie-tout, des tires-bouchons, des allumettes, des serviettes en papier ou encore de la grosse ficelle et du scotche marron. Arrivé dans le jardin, je la dépose sur la table où je retrouve Damien et Sandra, le premier à s’affairer devant le barbecue tentant d’activer les braises qui peinent à prendre, la seconde à minauder à ses côtés – comme d’habitude ! Bien que m’ayant clairement vu, elle m’ignore totalement et continue de raconter je ne sais quelle histoire à la con sous le nez de Damien, qui, visiblement, ne l’écoute que d’une oreille très distraite. Elle le sait, mais ça ne l’empêche pas de poursuivre, la garce ; si elle croit pourtant que Damien s’intéresse à elle, à mon avis, elle se fourre le doigt dans l’œil jusqu’au trognon ! Des filles comme elle ne présentent aucun intérêt, à part peut-être au lit – là, je n’en sais rien, je n’ai jamais essayé… et ce n’est certainement pas avec Sandra que je risque de tenter l’expérience !

Jennifer nous rejoint et commence à vider la caisse que j’ai déposée sur la table, en hurlant à Quentin ce qu’elle doit faire de chaque objet qu’elle contient. Futée la fille ! Elle aussi, elle commence sérieusement à m’agacer. En fait, elles m’agacent toutes ; les lieux m’agacent ; le silence de Damien m’agace ; l’impolitesse de Quentin m’agace, qui ne se soucie pas plus que ça de ses invités… J’en ai déjà plein le cul, à moins d’une demi-heure après mon arrivée : Hélène, au secours, je veux rentrer chez moi !

Quentin finit par rejoindre notre groupe, avec Mélanie collée à ses basques – ou plutôt je devrais dire collée à ses lèvres : tous deux sont ensemble et ne pensent qu’à l’être, en permanence, faisant fi du reste du monde – enfin surtout Mélanie qui passe son temps à bécoter Quentin, dès qu’ils ont un moment de libre – et ils s’en octroient plus souvent qu’à leur tour, à mon avis… Quentin finit quand même par se dé-scotcher de Mélanie, pour lancer à la cantonade : Seb est pas encore arrivé ? Putain, qu’est-c’qu’il fout ? A tous les coups, il s’est paumé, le con ! Et Sandra éclate d’un petit rire stupide : Tu sais bien qu’il est pas doué ! Y sait pas reconnaître un château d’une tour HLM, le pauvre ! Et de glousser de plus belle. Rrrg ! qu’elle m’énerve celle-là. S’il y en a bien un de qui je ne supporte pas qu’on dise du mal, c’est bien Sébastien. Quitte à choisir entre les trois, surtout ne pas toucher à mon Bastounet. Surtout pas.

A cet instant, il me faut m’arrêter pour décrire chacun des protagonistes. Quentin, notre hôte, tout d’abord. Comme je l’ai déjà signalé, il cultive le genre musicien, avec une dégaine de baba-cool, mais sans les grosses fleurs multicolores ou les écharpes grenat (!) qu’on imagine généralement attachées au look de cette catégorie de déjantés… Il est vraiment cool comme on dit, sympa en tout cas, c’est certain, pas bégueule ; il sait être réellement gentil, même avec ceux avec qui il n’a pas d’affinité particulière, comme avec moi par exemple, mais sans que je puisse affirmer qu’il s’intéresse vraiment à eux dans ce cas ; c’est juste de la simple urbanité, à mon avis. Il fréquente Mélanie depuis trois ans : depuis la Seconde. Mélanie est du même genre que lui, d’un point de vue vestimentaire je veux dire ; jeans et petites cotonnades multicolores, avec une coupe aux cheveux courts, sans aucun maquillage, du moins apparemment. Elle fume en revanche comme un pompier, comme son homme.

Il y a ensuite Jennifer, la bonne copine de Mélanie, bien qu’elle ne se ressemblent pas franchement, ni dans le style, ni dans les buts visés dans l’existence. Mélanie est une grande brune, très élancée, plutôt mignonne – pour qui aime, naturellement – aux cheveux assez longs qui lui tombent sur les épaules. Elle a un look assez passe-partout, aux vêtements plus diversifié néanmoins que ceux de sa copine Mélanie, plus féminins aussi, sans pour autant vouloir être tendance à tout prix. D’après ce que j’ai compris, Mélanie aimerait bien se taper Quentin, mais, comme il est déjà pris – ce qui n’est pas franchement pour l’empêcher de vouloir quand même tenter sa chance… – elle lorgne plutôt sur Sébastien, en second choix si je puis dire !

Sébastien donc est, comme je l’ai dit, le petit blondinet aux yeux bleus de la classe. Un ange ! A croquer et à re-croquer jusqu’à satiété !

Il y a bien sûr Damien, qu’il n’est plus nécessaire de présenter – qui ne paraît pas sortir avec l’une ou l’autre, pour ce que j’en sais…

Même si, justement, Sandra aimerait bien conclure. Elle aussi est de taille moyenne ; plus petite en tout cas que Damien ; assez joufflue, le popotin aussi d’ailleurs, assez – très – joufflu ! Blonde – elle n’est pas décolorée ? si ? non ! vu la couche qu’elle tient, à mon avis c’en est une vraie ! Yeux bleus. Pas très studieuse, elle fait illusion – en tout cas, elle ne manque jamais une occasion de solliciter les connaissances et l’intelligence de Damien pour qu’il l’aide à travailler tel ou tel devoir ! A mon avis, c’est peine perdue pour qu’ils sortent ensemble, du moins j’aimerais bien !

Et moi pour finir, puisque Hélène n’est pas là – si j’ai bien compris, et bien compté, nous aurions dû être les huit, quatre garçons, quatre filles, mais avec la défection d’Hélène, notre répartition par sexe s’en trouve déséquilibrée et, finalement, je sens que c’est moi qui vais me retrouver tout seul, chaque fois que nous aurons des trucs à faire « en couple »… Moi, je suis le plus grand de tous – en taille je veux dire : 1m90. Cheveux châtains, yeux verts très clairs. Teint pâle. Des grands bras et des grandes jambes que je ne sais jamais comment occuper, ni placer. Gauche. Perpétuellement mal à l’aise comme en cet instant où la scène s’anime…

On entend vrombir une moto. C’est sûrement celle de Sébastien. Il n’a même pas dix minutes de retard… alors cette garce de Sandra ferait mieux de fermer sa grande gueule ! Quentin se précipite à sa rencontre pour lui suggérer de remiser sa moto à l’intérieur de la propriété, au garage. On les voit revenir quelques minutes plus tard à peine, presque bras dessus, bras dessous, complices, en train de discuter de je ne sais quelles qualités et défauts de mécanique. Je me sens totalement largué.

Sébastien fait le tour de nous tous, en embrassant chacune des filles présentes et en me serrant la main, avant de faire de même avec Damien. Super, on est tous au complet ! s’exclame Jennifer. Sauf Hélène, mais elle a prévenu, ajoute néanmoins doucement Quentin, qui se retourne vers moi, en me faisant un clin d’œil en signe de connivence.
 
Un suspense haletant... Hopeyra, ton histoire me rappelle mes annees au lycee. J'ai hate de lire la suite.
 
Toujours aussi efficace...on se laisse prendre et..on attend la suite avec impatience
 
Chap. V

Il est à peine 11 heures et rien ne se passe vraiment. Chacun va et vient de la maison au jardin où est dressée la table et où vivote le feu du barbecue, malgré les attentions répétées de Damien. Chacun devise l’un avec l’autre, par petits groupes, virevoltant d’un invité à un autre. Les premières canettes de bière et de sodas sont décapsulées. Et moi je m’ennuie déjà. Pour un week-end qui devrait être « d’enfer », je trouve ça mort, sans action. Je décide donc d’aller chercher la caméra d’Hélène, rangée dans mon sac à dos et de filmer à droite à gauche ce que je peux apercevoir. Et pour bien lui montrer que tout ça n’est qu’une vaste imposture, je compte filmer les herbes folles du jardin ou le canapé vide, signe de l’ennui incommensurable que ce séjour qu’elle m’a imposé, avant de se décommander elle-même, est pitoyable

Au gré de mes pérégrinations, en faisant le tour de la maison, puis de la propriété, je m’éloigne d’abord du groupe pour me trouver totalement à l’opposé, vers la cabane du potager. Je m’y approche, je tente de regarder à l’intérieur, je secoue la porte pour savoir si elle est ouverte. Mais non. Rien ! Décidément, je n’ai vraiment rien à faire ici. Je poursuis donc mon chemin, lorsqu’un reflet d’une des fenêtres entrouvertes de la maison vient taper dans mon œil gauche. Agacé par cette agression visuelle, je tente de m’écarter de la trajectoire de ce rayon lumineux. N’y parvenant pas, je m’approche de sa source, et, stupeur, à l’intérieur d’une pièce aménagée en bureau, je découvre Quentin en train de peloter sa copine. Je les aperçois de dos, enfin surtout Quentin, qui masque Mélanie. J’entends cette dernière glousser, manifestement de plaisir, face aux avances de Quentin qui ne cesse de l’embrasser avec vigueur et passion. D’où je me trouve, j’ai une vue assez plongeante sur leur étreinte. Une main – celle de Mélanie – s’accroche à l’arrière de la ceinture du jeans de Quentin, tire dessus à chaque fois que celui-ci redouble ses baisers. Elle remonte le long de sa colonne vertébrale, soulevant au passage le tee-shirt de son partenaire. Elle redescend pour raccrocher de nouveau la ceinture du pantalon… Elle disparaît, sans doute pour se glisser sur le devant du jeans. Non, en fait, sa main ne s’y est pas glissée à l’intérieure, elle en a dégrafé le bouton ! La voilà qui repasse dans le dos et qui tente, étreinte après étreinte de Quentin, de baisser son froc pour mieux lui permettre d’éjecter sa bite et de lui faire l’amour.

Tous les deux sont collés contre le bureau. On se croirait dans un film, un mauvais film en fait ! Le coup du patron qui renverse sa secrétaire sur le bureau, ça fait cliché, limite vulgaire. Je tente, depuis mon poste d’observation, quelques contorsions pour mieux lorgner la scène, sans pour autant choper des courbatures. Je crains aussi que quelqu’un me surprenne, planté là devant une fenêtre ouverte de la maison. Je crains surtout que les deux tourtereaux qui sont en train de s’envoyer en l’air se retournent subitement et que je rentre dans la ligne de mire de l’un d’entre eux, qui pourrait alors légitimement non seulement m’en vouloir de jouer les voyeurs, mais surtout s’empresser de fermer la fenêtre et de me priver du spectacle !… D’autant plus qu’il pourrait bien ne voir d’abord que l’œil de ma caméra, que je continue de faire fonctionner : car ça c’est de l’action ; et alors là, oui, vraiment, je peux considérer que cet événement est un temps fort de ce fameux « week-end d’enfer »…

Mélanie a maintenant réussi à faire glisser le jeans de Quentin jusque sur ses chevilles, découvrant deux fesses rebondies, musclées et imberbes. Le salaud, il ne porte pas de sous-vêtements sous son jeans ! Je scrute le bas de ses pantalons, du moins ce que je peux en voir depuis là où je suis posté : non, manifestement, pas de trace d’un slip, d’un boxer ou d’un caleçon qui transparaîtrait dessus ou même qui serait imbriqué dans l’intérieur du jeans, ou sur ses chevilles… Incroyable ! Mes yeux remontent vers le petit cul visiblement bien ferme de Quentin. Ce sont maintenant deux mains qui apparaissent dans son dos, ou plus exactement qui s’accrochent et empoignent cette belle paire de fesses ; on sent qu’elle y prend plaisir, la garce, à s’y cramponner ! L’une d’elle y reste attachée, tandis que la seconde de nouveau remonte le long du dos, soulevant encore et encore le tee-shirt. Mélanie l’aide à enlever ce dernier en le passant par la tête de Quentin, ce dernier bras levés.

Tous deux sont toujours scotchés l’un à l’autre et ce n’est toujours que le dos de Quentin que j’aperçois. Je me dis que ce serait bien qu’ils puissent légèrement se tourner, pour que je puisse cette fois jouir – c’est le cas de le dire – du spectacle de sa queue bien dressée. D’un autre côté, s’ils se tournent, même légèrement, ils risquent, dans un mouvement vers la fenêtre, de m’apercevoir et j’aurai alors tout perdu si je suis découvert. Ma caméra filme toujours.

En enlevant entièrement le tee-shirt du buste de Quentin, sa partenaire fait un mouvement de côté pour le balancer par-dessus son épaule. C’est à ce moment-là que j’aperçois une partie du visage de Mélanie et surtout le balayage de ses longs cheveux qui ondoient sur l’épaule droite de Quentin. Leurs lèvres sont toujours collées l’une à l’autre… Ni une, ni deux, ce détail capillaire fait tilt dans mon cerveau, qui se met immédiatement à cogiter à toute allure. Mélanie n’a pas les cheveux longs, mais coupés très courts à la garçonne. A moins de porter une perruque pour mieux exciter les sens de son boyfriend, il y a peu de chance qu’elle se les soient fait repousser en moins de dix minutes, depuis l’instant où je l’ai quittée du jardin où elle s’y trouvait encore à bavarder… Si ce n’est pas Mélanie, c’est donc… que c’est Jennifer qui est en train de se taper le petit copain de sa meilleure amie ! Ca alors, ça m’en coupe la chique : Jennifer en train de s’envoyer en l’air avec Quentin, dans sa maison, tandis que Mélanie fait le cake avec le reste de la bande à quelques mètres de là. Oui, finalement, ce week-end ne vas usurper son qualificatif : d’enfer ! dans tous les sens du termes…

Les deux tourtereaux sont toujours en train de se bécoter ; Quentin, nu comme un ver, ses fesses toujours aussi fermes, Mélanie, non, Jennifer qui s’y accroche d’une main, tandis que son autre main est repassée devant – pour agripper quoi, on se le demande… Leurs lèvres toujours dévorantes. C’est au tour de Quentin de laisser ses mains baladeuses caresser le corps de Jennifer et de tenter, plus ou moins adroitement de la déshabiller. Quand je l’ai laissée tout à l’heure, elle portait une petite jupe froncée à taille basse, en lin blanc, un calicot qui lui dégageait largement le nombril, visiblement pas de soutien-gorge et des sandalettes en lamé argent. Plutôt sexy sans faire (trop) poufiasse ! Sans paraître trop aguicheuse… Manifestement encore trop quand même pour n’avoir pas pu empêcher Quentin de lui sauter dessus !

Les voilà cette fois tous les deux nus. Du moins c’est ce que j’en déduis au fur et à mesure que les quelques vêtements de chacun d’eux viennent se disperser et joncher le sol de la pièce. Je n’ai qu’une peur, encore une fois c’est que l’un d’eux lève la tête et m’aperçoive. Mélanie, non Jennifer – décidément je n’arrive pas à m’y faire – est assise sur le plateau du meuble, les jambes prises en tenaille entre les hanches et les bras de Quentin, légèrement soulevés, ses pieds croisés à l’arrière des cuisses de ce dernier. Lui l’embrasse, avidement, goulûment, sur les lèvres, les joues, le cou, les épaules, l’une, l’autre, le creux de sa poitrine, ses seins, l’un, puis l’autre, remonte dans le creux de son cou, et recommence son manège inlassablement. Elle, ferme les yeux, les joues en feu, les cheveux en arrière. Elle paraît prendre beaucoup de plaisir de sentir sa proie la couvrir de caresse. Je dis « sa proie » car il me semble que c’est finalement ce que Jennifer voulait depuis le départ : faire l’amour avec Quentin, coûte que coûte, à tout prix.

J’entends du bruit venant vers moi du coin de la maison. Je prends peur. Je recule précipitamment, en veillant à faire le moins de bruit possible. Je maudis intérieurement celui – ou celle – qui s’approche, qui me prive de ce spectacle hautement réjouissant. Je range au plus vite ma caméra dans ma poche ; nul besoin de montrer que j’étais en train de filmer quelque-chose, quelqu’un, à l’intérieur d’une maison qui n’est pas la mienne, cette attitude pouvant paraître d’emblée naturellement suspecte.

Le bruit que j’avais entendu disparaît. Fausse alerte. Je tente de nouveau de m’approcher de la fenêtre ; je ressors ma caméra de ma poche. Je remets le contact et la positionne pour capter au mieux la scène. Jennifer est maintenant entièrement allongée sur le plateau du bureau. Ses cheveux sont répandus autour d’elle ; ses seins se dressent vers le ciel. Sa tête est tendue pour permettre que ses lèvres ne décrochent de celles de Quentin, qui est à cheval au-dessus d’elle, tête baissée vers la tête de Jennifer, lèvres collées, à quatre pattes sur le bureau, lui-aussi, en équilibre sur les mains et sur ses genoux, ses jambes le long des jambes de Jennifer, le cul projeté vers l’arrière, cuisses tendues. La bite dressée qui est bien visible dans la perpendiculaire que forme son bassin avec son ventre. J’aperçois aussi une touffe de poils pubiens. Sa queue est belle ! Légèrement biaisée vers la droite. Gland décalotté ; rouge. Il est terriblement excité par le courant qui semble comme passer de leur baiser passionné. Je zoome sur eux deux.

Ils paraissent seuls au monde. J’entends pourtant s’agiter à l’arrière de la maison, depuis le jardin aussi. Comment font-ils pour s’envoyer en l’air, alors que du monde se trouve aussi proche, alors surtout que sa copine en titre se trouve si proche ?

Une voix m’appelle. Elle se rapproche. Si je veux éviter d’être surpris, je me dois de tenter un repli stratégique. Je cesse de filmer, pour ranger ma caméra de nouveau dans ma poche et partir au-devant de cette voix qui m’appelle ; il faut à tout prix éviter qu’il ou elle ne s’approche de trop près de cette fenêtre et ne découvre, lui ou elle aussi, Quentin en si fâcheuse position… Au moment même où je cesse de filmer, Quentin, justement, lève la tête : il a entendu l’appel de mon nom par la fenêtre entrouverte. Ses yeux croisent alors les miens. Malgré la fraction de seconde que dure la scène, je lis dans son regard, non pas de la surprise, non pas de l’incrédulité, non pas de la colère de me voir ici, d’imaginer ou de s’interroger de savoir depuis combien de temps je suis ici, mais bien une lueur de connivence, comme ce clin d’œil lancé tout à l’heure lorsque nous étions tous réunis au début de notre séjour. Oui, c’est bien quelque-chose comme de la complicité qui je décèle dans ses yeux. Je persévère quand même dans ma retraite et repars vers l’avant de la maison. C’est Sébastien qui m’appelle ; il veut savoir si je peux le conduire chez le garagiste du coin, celui qu’il a croisé sur la route en venant. Sa moto, qu’il a montrée à Sandra, ne démarre plus. Nous sommes samedi et il y a une petite chance qu’il réussisse à la faire réparer pour pouvoir repartir avec à la fin du week-end. Pas d’problème pour t’accompagner. Alors, c’est parti !

Je laisse mon « complice » à ses amours adultérines ; je ne pourrai pas savoir si Quentin fait bien l’amour. S’il va se laisser surprendre par Mélanie, alertée par son absence prolongée. Si Jennifer va pousser des petits cris à chaque coup de butoir dans les reins de sa magnifique bite plantée en elle. Sébastien me propose un voyage en tête à tête, dans ma voiture ; même pour quelques centaines de mètres, je suis preneur ! Qui sait, une panne d’essence est si vite arrivée… Non, là je déconne, ce genre de truc, ça n’arrive que dans les films de cinéma.
 
Thank you both !!
This is getting intriguing !!
What is going to happen in the car ??
Will Quentin & Jennifer be discovered ??
Good story .... More please
Harry
 
Chap. VI

Il faut dire tout d’abord que je ne comprends pas très bien le rapport entre le fait pour Sébastien de vouloir faire réparer sa moto par un garagiste à quelques encablures de là et d’y aller, chez ce garagiste, avec ma voiture. Vu que la moto elle ne rentrera pas dans mon tas de tôle... Vu que ma voiture c’est une 4L… Mais bon, je ne vais pas chipoter alors que le destin m’offre un voyage en tête à tête avec le mec le plus bandant de la terre !…

Enfin, quand je dis en tête à tête, la petite escapade risque plutôt de tourner au cauchemar, dans la mesure où cette pétasse de Sandra veut absolument nous accompagner. Qu’est-ce qu’elle va aller faire chez un garagiste, alors que ce n’est pas sa moto qui est en panne et qu’en plus elle n’y connaît rien en mécanique ? Qu’elle nous foute la paix, grand Dieu ! Enfin. Sébastien a la bonne idée de lui suggérer qu’il vaudrait mieux qu’elle reste ici, dans la mesure où le garagiste aura certainement besoin de venir voir la moto ; il montera alors dans ma voiture – Enfin… si tu veux bien faire l’aller-retour ? Bien sûr, pas d’problème ! Et comme ta voiture n’est pas très grande, enfin excuse-moi ! Non, non, t’as raison, c’est vrai, on va vite être serré… Alors, tu vois, c’est peut-être pas la peine qu’on soit quatre… ? Comme Sébastien a un charme fou, Sandra accepte de ne pas nous accompagner, même si j’ai bien remarqué qu’elle prenait la chose assez mal.

Nous voilà donc partis tous les deux, moi au volant, lui à côté. A la différence du trajet avec Damien, Sébastien est bavard. Ou plus exactement, il n’hésite pas à commenter ce qui peut l’intriguer, ou l’amuser, ou l’étonner, tout au long du parcours. C’est dit avec entrain et bonne humeur. Je rentre pour ma part dans son jeu et je n’hésite pas, à mon tour, à commenter tout ce qui peut paraître insolite, en y ajoutant une touche d’humour et de répartie, ce qui le fait rire régulièrement. Je sens néanmoins son inquiétude qui transparaît derrière sa bonhomie ; je lui en fais la remarque. Il me dit craindre que le garagiste ne puisse pas réparer sa bécane. C’est manifestement pour lui un gros investissement, cet engin. Il a d’ailleurs contracté un prêt pour se la payer entièrement. Il l’a acquise depuis ses seize ans, soit depuis bientôt presque deux ans. Il travaille régulièrement pour gagner l’argent nécessaire au remboursement de ce prêt et cette panne n’arrange pas ses affaires : s’il doit investir dans des réparations, en plus des annuités à couvrir… Pour ma part, je n’ai pas ce souci d’argent. Ma voiture, même si elle n’est pas de première jeunesse – elle a dix-huit ans, mon âge – elle est encore en bon état ; c’est ma mère qui la conduisait auparavant et qui me l’a laissée lorsque j’ai réussi mon permis de conduire au début de l’année. Comme elle roulait peu avec, je n’ai pas trop de souci pour renouveler les pièces. Je suggère donc à Sébastien que, si c’est un problème de fric, vis-à-vis du garagiste, je peux le dépanner, s’il veut. Merci, me dit-il tout simplement.

Ce que j’aime chez lui, au-delà de son physique, c’est sa simplicité, sa candeur, son innocence. Voilà un type qui ne dissimule pas, qui n’a pas peur de dire ce qu’il ressent, ce qu’il craint, ses peurs, ses angoisses, ses joies aussi. Moi, j’ai le vertige ; c’est un truc que je cache soigneusement, de peur qu’on se foute de ma gueule. Sébastien, lui, non. Un jour, on est venu à parler de ça au bahut. Il n’a pas hésité à m’assurer que, lui aussi, avait le vertige. Il l’a dit le plus naturellement du monde, le plus simplement du monde, sans affectation. Une autre fois, j’ai su de sa bouche même qu’il n’aimait pas trop la vue du sang. Là encore, c’était dit sans chichi. Notre conversation se poursuit donc jusqu’à ce que j’aperçoive l’enseigne du garagiste. Je me gare et je le laisse aller pour y trouver le patron. J’observe sa dégaine depuis ma voiture ; Sébastien marche droit, sans se dandiner, sans traîner ; il se tient droit. Il se tourne vers son interlocuteur, son visage s’illumine, rayonne. Il me fait signe de m’approcher. Je salue le patron d’un signe de tête, Sébastien me présente comme son ami et son chauffeur, avec un large sourire aux lèvres – je suis intérieurement comblé. Tous deux poursuivent leur conversation très technique sur ce que l’un pense des causes de la panne, ce que l’autre préconise pour y remédier.

Je suis très proche de Sébastien. Je ne cesse de le scruter des yeux. J’admire son profil que je juge parfait. Il a les cheveux blonds, sans être platines. Il est imberbe ou presque. Mon Dieu, qu’il est beau ! Les proportions de son visage sont harmonieuses. Il a le nez légèrement retroussé, les narines exactement positionnées, la bouche bien dessinée, rieuse, le teint entre blanc et mat. Mon Dieu, qu’il est beau ! Ses yeux sont bleus, bleu ciel, assez clairs. Ils sont mobiles, mais lorsqu’il parle il fixe son interlocuteur, sans que son regard soit fuyant. Pas de fossette, pas de rouge aux joues, pas un soupçon de graisse sous le menton, pas de cou de taureau, mais au contraire des traits assez fin, les épaules sont droites, les mains agiles, les ongles courts et propres, les mains, les bras, les jambes – et le reste j’espère – sont bien proportionnés, même s’il n’est pas très grand ; je pense même qu’il doit se trouver trop petit, alors qu’il doit mesurer un peut plus de 1m70. Mon Dieu qu’il est beau. ! Quant à son allure, il est sexy en diable. Jeans aux teintes délavées, baskets blanches – peut-être la seule faute de goût – chaussettes blanches, tee-shirt à col rond montant imprimé sur le devant, gros collier en argent plat autour de son cou, duquel pend une fine croix latine. Il porte au poignet droit une gourmette également en argent, avec son prénom gravé dessus, et au bras gauche une montre-bracelet à très gros cadran, au mécanisme à quartz très sophistiqué. Branché et dans le vent sans être caricatural. Seigneur, mais Seigneur, que ce garçon est beau ! Mais comment est-ce Dieu possible ? Tout proche, je hume son souffle, je le dévore des yeux, je scrute chacune de ses mimiques, chacun de ses sourires, je suis chaque mouvement de tête, chaque mouvement de son corps, suffisamment expressif, qui accompagne cet échange avec ce garagiste. Tout d’un coup, alors que je suis tellement captivé par sa personne, que j’en deviens sourd à leur dialogue, ils se déplacent vers le fond de l’atelier, me laissant planté là, oublieux de les suivre. Je reprends mes esprits et je les regarde s’éloigner. Je croyais que le garagiste nous accompagnerait avec une caisse à outils, ou nous suivrait dans sa dépanneuse, mais en réalité, c’est Sébastien que je vois revenir vers moi, avec la caisse à outils, suffisamment lourde pour le faire pencher par le bras qui la porte. Il a obtenu du patron de pouvoir tenter de réparer seul sa moto, avec un assortiment de pièces qu’il lui a passées pour y arriver. Sébastien est tout heureux de cet arrangement. Il a cependant promis de rapporter la caisse et les pièces de rechange non utilisées avant la fin de la journée – et de payer aussi bien sûr les pièces qui auront servi naturellement. Je sens l’excitation poindre dans le ton de sa voix.

Nous voilà donc repartis vers la maison de Quentin. Sébastien est tout excité à la suite de la chance incroyable qu’il vient de décrocher avec ce garagiste prêt à lui faire confiance, à lui laisser sa caisse à outils, une avance sur les pièces à changer… tout ça à moindre coût. Je vois ses yeux pétiller, son sourire s’élargir un peu plus encore. Il ne cesse de me parler, de m’abreuver de paroles, je devrais dire. Je le sens vraiment heureux !

Nous sommes maintenant arrivés. Je me gare. Nous descendons ensemble – Sébastien ne s’est pas précipité vers la maison, mais il a su m’attendre pour ne pas partir devant et me laisser seul derrière. Je lui en sais gré intérieurement. Avant de passer la grille, il me tend la main et, d’un air radieux, me souffle un grand merci… Pas d’quoi ! Tu veux venir avec moi, m’aider ? Tu sais j’y connais pas grand-chose en mécanique… Pas grave ! Tu m’tiendras les outils ! Et puis c’est plus sympa à deux. Y a Sandra pour ça, si tu veux, elle est fortiche pour tenir les outils !… Et il éclate de rire !

Les premières minutes, j’ai beaucoup de mal à comprendre les outils qu’il me réclame. Je suis franchement très nul en mécanique. Je le lui redis. Il ne tient pas compte de mes réserves et fait montre d’une patience infinie en se déplaçant pour me désigner à chaque fois – c’est-à-dire en fait toutes les fois – ce à quoi correspond le nom de l’outil qu’il m’a réclamé… Au bout d’un moment, je lui dis que je ne lui sers vraiment à rien et qu’il serait peut-être préférable de le laisser travailler tout seul. Non ! Reste s’il te plaît. OK. Mais vaut quand mieux que j’arrête de faire semblant de te passer tes trucs ! De nouveau, il rit aux éclats. D’accord ! Quelques minutes passent encore. J’ai toujours la caméra d’Hélène dans ma poche. Je lui demande si ça ne le gênerait pas que je le filme en train de réparer sa bécane : C’est pour Hélène. Elle m’a demandé de filmer ce qu’elle loupe de ce week-end, vu qu’elle a pas pu venir. Pas d’problème. Si tu veux. Moi, ça m’dérange pas. Je ne me le fais pas dire deux fois et, aussitôt dit, aussitôt fait, je branche ma caméra et me mets à le filmer. Je zoome sur chacun de ses traits, chacun de ses membres, de son corps, chacun de ses gestes. De près, de loin, de près… Je me régale à l’idée du visionnage que je vais pouvoir repasser en boucle pendant mes soirées de solitude, dans ma chambre, lorsque tout ça sera terminé.

Peut-être vingt minutes après que nous sommes revenus, Sandra déboule dans le garage. Elle nous a entendu discuter, pendant que Sébastien réparait sa moto. Elle vient donc de nouveau traîner autour de lui, prenant un malin plaisir à se mettre dans le champ de vision de ma caméra, de dos naturellement, histoire de faire écran. Je tente plus ou moins adroitement de m’écarter à chaque fois pour pouvoir continuer de filmer mon « modèle ». Elle suit le mouvement de plus belle, au point que Sébastien, irrité, lui en fait la remarque et lui demande de s’écarter, vu qu’elle me gêne. Son ton est sec, ses traits sont durs ; je ne l’ai jamais vu perdre son sang-froid comme ça. Mon beau chevalier blond qui prend ma défense ! Sandra ne pipe mot, mais obtempère malgré tout ; elle aussi a été surprise de la vivacité de la réaction de Sébastien.

Voilà, c’est fini. La panne, ça venait de … ; je ne sais pas ! Sébastien m’a dit un mot qui est du chinois pour moi ! Je ne le connais pas et je sais encore moins à quoi ça correspond et où ça se situe… Mais, mon prince charmant a l’air d’être satisfait ; il fait démarrer sa bécane : elle marche ! Il la fait vrombir au point de couvrir les petits cris de joie que Sandra se croit obligée de pousser, ce qui me fait me gondoler et fait bouger la caméra : l’image sera floue sur ce passage du film ! Sébastien coupe le moteur et, s’adressant exclusivement à moi, me propose, si ça ne m’ennuie toujours pas, de retourner au garage pour rendre compte au garagiste, lui rendre sa caisse à outils et les pièces de rechange qui ne lui ont pas servi et, quand même le payer pour ce semi-dépannage.

Nous repartons donc tous les deux, plantant là Sandra une seconde fois, sans même lui consentir ni un mot ni un regard ; pas moi naturellement, je ne peux pas la saquer ! mais pas Sébastien non plus, ce qui paraît plus surprenant alors qu’il est d’une courtoisie et d’une politesse exquise en toutes circonstances habituellement.

Arrivé chez le garagiste, Sébastien m’attend de nouveau pour sortir de voiture et nous allons ensemble trouver le patron. De nouveau, tous les deux parlent mécanique, Sébastien lui expliquant l’origine de la panne et les moyens qu’il a mis en œuvre pour y remédier. Le garagiste s’en félicite et nous entraîne tous les deux dans son petit bureau, à côté de l’atelier, pour établir la facture, au moins des pièces de rechange utilisées. Je trouve bien qu’il pourrait en faire cadeau, vu qu’il n’a finalement rien fait, mais je ne dis rien. A son bureau, le garagiste s’assied et après avoir fait vibrer sa calculatrice, remplit son quittancier et en détache une facture gribouillée de haut en bas. Il la tend à Sébastien. En une seconde, je vois ce dernier blêmir. Je tente de lire par-dessus son épaule le montant final à acquitter : une somme à trois chiffres ! N’en croyant pas mes yeux, je m’approche franchement cette fois de mon compagnon et lis bien : 110,50 euros !! Je regarde Sébastien, en pensant qu’il va négocier. Celui-ci me fixe à son tour, le regard implorant. Je comprends qu’il faut que je discute moi-même le bout de gras. Je demande donc au patron s’il ne s’est pas trompé. Celui-ci me reprend la facture des mains et, après quelques instants de silence, me fait valoir qu’effectivement il n’a pas compté la TVA, mais qu’il nous en fait cadeau puisqu’il n’a pas eu à se déplacer… Je suis éberlué par tant de duperie ! J’essaie de reprendre maladroitement la main en lui faisant valoir que sa note est un peu élevée, alors même que c’est Sébastien qui a assuré la réparation lui-même… Le garagiste prend très mal ma remarque, que je pensais pourtant avoir formulé avec mesure, et se met à nous injurier en se plaignant que nous voudrions le gruger, alors qu’il n’était pas obligé de nous faire confiance, de nous prêter ses outils et de nous les laisser partir avec, que nous devrions reconnaître sa générosité, etc., etc. Abasourdi par la violence de sa réaction, je suis incapable de lui répondre. Et je vois que Sébastien est encore plus malheureux, totalement renfermé sur lui-même, comme un petit enfant pris en faute qui ne sait pas exprimer sa douleur. Je sors donc mon portefeuille et je lui rédige un chèque du montant qu’il nous réclame. Il se met à m’insulter voulant refuser un chèque qu’il affirme être en bois ! petit con que je suis… La colère m’envahit alors et hurlant plus fort que lui, je le somme d’accepter ce moyen de paiement, qu’il n’y en aura pas d’autre en remplacement et que, s’il persiste, je n’hésiterai pas à le dénoncer à la Répression de fraudes et même au Fisc vu qu’il truande sur la TVA ! Bizarrement, ça le calme aussi sec et je peux terminer de remplir mon chèque. Je le lui dépose avec rage sur son bureau et, entraînant Sébastien par le bras, je tourne les talons et nous regagnons ma voiture. Je suis outré ; débordant de rage ; rouge de colère. Pas pour la somme que j’ai dû lui verser, non, pour la façon dont il a traité mon ami le plus cher. Il n’avait pas le droit. Il n’avait pas le droit. Je ne cesse de me répéter cette parole en moi-même, tout en remontant dans la voiture. Sébastien continue de se taire, tête baissée. Après quelques minutes de route, je me tourne vers lui et ma colère cesse en un instant : je suis malheureux qu’il soit malheureux. Je me gare donc sur le bas-côté de la route, laissant tourner le moteur. Je me tourne franchement vers lui, en posant ma main sur son bras. Je suis désolé de m’être emporté comme ça. Excuse-moi. Je suis désolé. Je retire ma main et je la repose sur le levier de vitesse. Il relève la tête. Je suis nul ! C’est moi qui suis désolé. Je te demande pardon. Je sais pas négocier. J’ai pas su négocier. Je savais pas quoi faire. J’avais pas l’fric pour payer. Je savais pas quoi faire.

Je sens les larmes lui monter aux yeux. Je ne veux pas le voir pleurer. C’est qu’un gros con de toute façon. Et on l’emmerde !!! Allez, laisse tomber. On s’en fout. On est là pour un week-end d’enfer et c’est pas ce gros con qui va nous gâcher not’ week-end ! Et je me remets en place et je redémarre. A son tour, il pose sa main sur mon bras et, tourné vers moi, me dit merci ; qu’il me remboursera. Laisse tomber, j’te dis. On verra ça plus tard. Et je me force à conserver un grand sourire, en espérant que la joie illuminera de nouveau son visage. Malgré cela, le reste du trajet se passe en silence. Je me gare. En descendant ensemble de voiture, Sébastien s’approche de moi, ouvre la bouche pour tenter de me dire quelque-chose, mais aucun son n’en sort. Il me regarde de nouveau avec des yeux implorants. T’inquiète ! Tout ça reste entre nous. Allez, on y va !

Nous rejoignons le reste du groupe.
 
Chap. VII

Lorsque nous rejoignons le reste de la bande, Quentin est avec Mélanie, comme si de rien n’était. Visiblement, celle-ci ne semble pas se douter de ce qui s’est passé avec Jennifer. Ils sont en effet enlacés tous les deux et Mélanie bisouille son homme, sans retenue. Jennifer pour sa part est assise sur un fauteuil de jardin, le sourire aux lèvres, indifférente aux gestes tendre des deux tourtereaux. C’est bien ce que je pensais : elle a accroché Quentin parmi ses trophées de chasse et c’est uniquement ce qui compte !… Damien est toujours après son barbecue. Sandra est assise, elle aussi, dans un fauteuil, assez loin de Damien, la mine boudeuse. Apparemment elle s’est égalament faite jeter par ce dernier !

Une exclamation unanime s’élève, saluant notre arrivée. Jennifer questionne Sébastien sur ses dernières aventures mécaniques ; Mélanie se réjouit de ce qu’il a réussi à réparer sa moto ; Quentin le félicite d’avoir pu bénéficier d’un chauffeur à sa merci, en me lançant un clin d’œil pétillant de malice dans un large sourire ; Damien lui pose quelques questions d’ordre technique. Seule Sandra ne pipe mot. Elle doit certainement être encore vexée de s’être faite vertement rabrouée par Sébastien tout à l’heure. Celui-ci, le sourire revenu aux lettres, répond de bonne grâce, en omettant sciemment les dernières péripéties financières de l’histoire. Je sors ma caméra de ma poche, expliquant à Mélanie le pourquoi et les buts de son utilisation. Elle trouve que c’est une bonne idée, avant de réclamer aussitôt à Damien, sans plus s’attarder sur moi, si le barbecue est enfin apte à faire cuire ces fichues saucisses. Elle a faim et elle aimerait bien pouvoir passer à table.

Ce à quoi Damien lui répond en maugréant que, si elle voulait manger plus tôt, elle n’avait qu’à s’occuper elle-même du barbecue. Jennifer se précipite alors à son cou, en le bécotant, et en lui susurrant qu’il ne faut pas qu’il l’écoute...! Elle jette un regard en coin vers Quentin, pour savoir s’il est jaloux de son soudain intérêt pour son copain, mais ce dernier fait mine de l’ignorer totalement et embrasse goulûment Mélanie. Je continue de filmer.

Un quart d’heure, vingt minutes plus tard. Nous pouvons enfin passer à table. Il est près de deux heures de l’après-midi. Sandra s’est littéralement jetée sur les chips ; Quentin fume clope sur clope. Jennifer grignote quelques olives. Sébastien s’est rabattu sur les apéritifs au fromage. Et moi, je filme toujours. Mais lorsque nous nous installons autour de la table, je pose quand même ma caméra près de moi. Le repas se passe, sans grand intérêt. Si. A un moment, Quentin fait le pitre avec un merguez, qu’il prend dans sa bouche le nez collé à l’assiette et à la table. Il a décidé de la gober sans l’aide de ses couverts. Elle pend ainsi au bout de sa bouche ; il l’ingurgite centimètre par centimètre, en simulant une pipe. Ca fait s’esclaffer Sandra, Jennifer et Sébastien. Damien se contente de sourire. Moi, j’essaie de faire bonne figure… Jennifer tente alors de faire comme lui ; elle arrive à l’avaler plus rapidement que Quentin, l’habitude sans doute ! Sébastien s’y met à son tour, mais il a nettement plus de mal ; surtout, il la croque trop vite et le reste du morceau tombe sur la table. Tous éclatent de rire de sa maladresse, lui le premier. Quentin, tout d’un coup, jette alors une partie du contenu du pot d’eau au visage de Sébastien, dans un grand cri de ses voisines de table, Jennifer et Mélanie. Lui, ça le fait rire. Sébastien est trempé. Celui-ci empoigne à son tour mon verre, rempli d’eau lui aussi, et tente de le jeter à la tête de Quentin. Il n’y parvient pas et une partie du liquide est déviée vers Sandra, qui hurle qu’elle est « trempée » – l’épaule droite à peine mouillée, la pauvre ! Prévenant le coup, Quentin s’est levé et a reculé du cercle du repas. Sébastien se lève également, tente de prendre n’importe quelle bouteille qui se trouve à sa portée, attrape une canette de bière et court après Quentin autour du jardin. Il réussit à l’asperger un peu. Tous deux continuent leur course, en hurlant à travers la propriété, Quentin se retournant régulièrement dans sa course en avant, faisant le mariole en simulant la danse de Saint-Guy, avant de repartir en tête de plus belle. Ils reviennent vers la tablée. Quentin agrippe Mélanie et tente d’en faire un rempart face à Sébastien. Celui-ci vient se planter devant eux deux et, bouchant l’orifice de la canette, la secoue pour en activer l’ébullition. Il ôte son pouce d’un seul coup et le liquide en jaillit tel un geyser, avant de venir se répandre sur les cheveux de Quentin, une partie de ses épaules, de son tee-shirt, avant que des gouttelettes vienne éclabousser Mélanie. De nouveau, des cris fusent autour de la table. Quentin éclate de rire. Mais Mélanie ne trouve pas ça très drôle et lui en fait doucement le reproche.

Ôtant son tee-shirt mouillé, torse restant à l’air, Quentin se penche vers Mélanie et, déposant un baiser sur ses lèvres, lui demande de l’excuser. Il lui propose de lui donner un gage en signe de réparation. Elle se pique au jeu et lui intime de faire le tour de la table avec les deux mains au sols, la tête en bas. Les filles s’exclament. Beau joueur, Quentin s’exécute et, après de nombreuses chutes, arrive enfin à opérer son tour de table sur les mains. Il se remet sur ses pieds en fin de parcours et salue à la manière des baladins. Il se tourne alors vers Sébastien et, le doigt menaçant mais le sourire très large, décide de lui donner un gage à son tour : il devra marcher quelques secondes sur le reste des braises du barbecue, qu’il s’empresse aussitôt de renverser au sol et d’étaler devant lui. Nouvelles exclamations du groupe. Sébastien tente de palabrer, mais Quentin se montre inflexible. S’il ne s’exécute pas, il sera obligé de finir attaché nu à un des arbres de la propriété, le corps enduit de miel, et les trois filles ici présentes devront lui lécher tout le corps… Tout le monde éclate de rire, les filles en rajoutent des tonnes en suppliant Sébastien d’opter pour le second gage ! Elles se jettent sur lui et laissent leurs mains glisser tout le long de son corps, comme un geste d’incantation. Sébastien rit lui aussi de bon cœur ; il décide néanmoins de se déchausser, enlève ses chaussettes, retrousse le bas de ses jeans et s’approche, clopin-clopant, vers le tas de cendres répandues sur le gazon. Il reprend son sérieux, tourne autour en se demandant comment attaquer cette « ascension ». Une clameur sourd du groupe qui l’encourage, de plus en plus forte. Il avance un pied, le retire aussitôt en mimant la douleur, recommence, tient le coup, avance l’autre pied, piétine quelques fractions de secondes, avant de traverser tout du long le tas de cendres et se retrouver de son autre côté. D’un même mouvement, tout le monde l’applaudit. Il se laisse tomber à terre, prenant ses pieds entre ses mains, examinant les plantes des pieds pour évaluer les dégâts. Celles-ci sont noircies par la cendre et restent douloureuses. Excités par l’exploit, tous parlent en même temps et se soucient finalement assez peu du héros. Le repas étant désormais clos par cet épisode, chacun se renfonce dans son fauteuil, poursuivant la discussion à bâtons rompus. Sébastien se mêle naturellement à la conversation, mais il reste assis dans l’herbe, les mains entourant toujours ses pieds endoloris. Je décide pour ma part de faire un tour dans la maison, en espérant trouver une trousse à pharmacie ou quelque-chose s’en rapprochant, histoire de permettre à Sébastien, de se soigner. Ayant trouvé mon bonheur, du coton et du mercure au chrome, je reviens vers mon ami et les lui tend. Il me regarde et, avec un sourire plein de bonté et de reconnaissance fraternelle, me fait signe de m’asseoir près de lui sur l’herbe. Il tente de soigner sa blessure, mais elle est trop ouverte pour qu’il s’en sorte. Sachant sa répulsion pour le sang, je lui propose de l’aider et, détendant sa jambe, j’empoigne son pied et je m’applique à le désinfecter, avec le plus de douceur que je puisse procurer. Nous somme assis à terre, l’un l’autre, lui le buste repoussé vers l’arrière, ses deux bras plantés dans le sol, moi recroquevillé vers l’avant, assis en tailleur, ses deux jambes sur les miennes, à m’appliquer à lui tamponner le mercure au chrome avec mon coton. La situation amuse beaucoup Mélanie, qui se lève, empoigne ma caméra, restée sur la table, et décide de nous filmer tous les deux. Inquiet, je la regarde, le front soucieux, tandis que Sébastien se laisse filmer de bonne grâce. Je suis anxieux qu’elle fasse une mauvaise manœuvre qui efface la bande. Pire encore, je crains qu’elle ne décide ensuite de la visionner dans sa totalité et qu’elle tombe sur la scène graveleuse, dans le bureau, de ce matin…

Mais non. Après quelques minutes sur nous, elle se tourne vers le reste du groupe, zoome sur chacun d’eux, plus ou moins avachi, et repose l’appareil là où elle l’avait pris. Pour ma part, je termine mon petit travail de saint-bernard et je rend Sébastien à sa liberté. Plus de peur que de mal, ce dernier n’aura guère souffert de sa marche zouloue. Je me relève, je vais récupérer ses chaussettes et ses chaussures et les lui tend. Je ne pense pas opportun de les lui enfiler moi-même, ça paraîtrait trop suspect ! Il me remercie d’un très large sourire, chaleureux, appuyé. Péniblement, il les enfile et se remet debout avec appréhension et difficulté. Il boitille. S’appuie sur mon bras pour regagner son siège. Et s’y laisse tomber.

C’est le moment que Quentin choisit pour se jeter sur moi et m’ébouriffer en me frottant le crâne avec son poing, comme avec un savon. Il se moque gentiment de moi et se réjouit ironiquement de ma future carrière d’infirmière. Je lui donne une baffe amicale. Il se penche un peu plus encore sur moi et dépose un baiser sur ma joue, bien sonore. Guillaume, le Bon Samaritain ! Il me délaisse aussi vite qu’il s’est approché et, sautillant, va cette fois enquiquiner Damien, en ne cessant de lui passer la main dans les cheveux. Ce dont il a manifestement horreur et qu’il le lui reproche avec un agacement amusé. Et si on piquait un tête ? Oui, mais tous à poil alors ? Les mecs, oui. Et nous, on vous regarde ! Ah, non, l’inverse ! Vous à poil, et nous on vous mate… ! Moi j’ai pas de maillot de bain. T’as rien compris, t’en as pas besoin, puisque tu t’baignes à poil ! Alors là, tu rêve vieux vicieux ! Quentin vient de tenter de dégrafer l’espèce de chemisier de Sandra, comme pour l’aider à se déshabiller. Mais cette dernière se rebiffe et l’envoie bouler assez sèchement ; manifestement, elle goûte peu la plaisanterie. Elle est où la piscine ? De l’autre côté. D’un mouvement, Mélanie et Jennifer se lèvent et prennent la direction de l’équipement. Elle passent par l’intérieur de la maison, pour aller récupérer des serviettes de bain pour tout le monde. J’aide Sébastien à se lever – je précise : à sa demande – suivi par Damien et Quentin. Ce dernier se moque de nouveau gentiment de moi et m’empoigne par l’autre bras, bras dessus bras dessous, en s’appuyant exagérément dessus comme une petite vieille qui traîne la patte…. Nous avançons ainsi cahin-caha, en faisant le tour par l’arrière du jardin. Sandra, après bien des hésitations, se décide à son tour à se lever et nous suit, de loin en loin ; elle a peut-être peur que Quentin ne se jette subitement de nouveau sur elle et ne re-tente de la forcer à se dévêtir contre son gré ? La piscine est assez grande, sans être de taille olympique ; elle est sans aménagement particulier sur son pourtour. Nous nous affalons autour, dans l’attente que Mélanie et Jennifer nous rejoignent. Ce qu’elles ne tardent pas à faire quelques minutes plus tard.

Quentin se relève le premier. Il est resté torse nu depuis sa bataille d’eau et de bière de tout à l’heure. Il décide d’enlever son jeans après avoir balancé ses Knickers sans ménagement. Le voilà en chaussettes grises fantaisie qui lui tombent sur les chevilles, leurs élastiques légèrement détendus, en en caleçon, passablement défraîchi lui aussi, à motifs à carreaux vichy maronnés imprimés. Il ôte ses chaussettes et, en courant, il se jette dans l’eau dans un grand plongeon clownesque. Bien sûr il éclabousse tout le monde et Sandra se recule en gémissant de dégoût ! Mélanie, elle, ne bronche pas ; elle doit avoir l’habitude… Après quelques ronds dans l’eau, Quentin vient s’accouder, menton sur les poignets, devant nous et nous encourage tous à le rejoindre. Sans succès. Aussi pour mieux nous y forcer, il se met à nous asperger à grande eau ! Damien décide de le rejoindre. Il retire à son tour son tee-shirt, ses baskets, son jeans et ses chaussettes et effectue le même plongeon – moins clownesque toutefois, qui le jette dans la piscine. Il en ressort tout ébouriffé quelques secondes plus tard. Allez Guillaume, Sébastien, allez, venez ! Allez les filles ! Sébastien fait signe que non. Il a encore mal aux pieds. Sandra non plus, naturellement, qui fait sa mijaurée. Mélanie n’a pas ses hésitations ; elle se déshabille à son tour et, seins nus, en petite culotte, elle se jette à l’eau, elle aussi. Je regarde Jennifer, qui me regarde. Elle est plus prompte que moi et fait de même que les autres. Je me désape à mon tour, ne conservant que mon boxer – blanc malheureusement – et commence prudemment à barboter les pieds et les jambes uniquement dans l’eau. Quentin s’approche avec Damien, et d’un même geste, tous deux m’empoignent par les mains et m’attirent à eux, me faisant glisser tête la première au fond de la piscine. Je ne sais pas nager les yeux ouverts dans l’eau, aussi j’ai du mal à me repérer et je remonte comme je peux la tête hors de l’eau, reprenant avec difficulté ma respiration. A peine ai-je le temps de reprendre mon souffle que Quentin se jette de nouveau sur moi et m’enfonce à nouveau la tête et tout le corps dans l’eau. Comme s’il avait décidé de me faire payer ma curiosité de ce matin, alors qu’il forniquait avec Jennifer… Je me débats et je tente de nouveau de sortir la tête hors de l’eau, ayant de plus en plus de peine à respirer. Je crache, je tousse, je me frotte les yeux. Il m’entoure de ses bras et me demande, avec une voix très douce et presque chuchotante si ça va. Je me dois de répondre que oui, mais il a vite compris mon dilemme, aussi il me presse contre lui en un geste affectueux. Nous restons ainsi de longues minutes, l’un collé contre l’autre, tandis que les filles batifolent dans l’eau, aspergent à leur tour Damien, tout en tentant de lui échapper. Sébastien nous voyant tous ainsi, éclate de rire. Sandra sourit elle aussi ; elle se lève, se décale de quelques mètres et vient s’asseoir au plus près de Sébastien. Elle ne s’arrêtera donc jamais ?! Quentin me susurre dans l’oreille que nous nous lancions à la poursuite de Damien, pour défendre Mélanie et Jennifer. Il se jette le premier sur lui ; je le suis avec moins de rapidité et, comme pour moi, Quentin se jette à son cou et essaie de l’enfoncer dans la piscine. Mais Damien est plus doué que moi et, tel un poisson dans l’eau, en ressort aussitôt pour tenter de déguerpir. Nous nous courons après, nous nous aspergeons copieusement, nous crions, nous reprenons notre course, nous recommençons les coups de moulinet avec les bras, nous aspergeant de plus belle… Tout ça dure un bon moment. Puis Quentin, assez délicatement, me demande d’approcher du bord ; il l’enjambe et tente de monter sur mes épaules. Y étant parvenu, il m’incite à m’avancer vers les autres, encourageant Mélanie à faire de même avec Jennifer. Nous tentons une bagarre de géants, avec Damien resté sans cavalier. Malgré les attaques perfides – si, si – de l’équipe des filles, aidée par Damien, nous résistons vaillamment et nous parvenons même à leur faire perdre l’équilibre. Elles dégringolent au fond de l’eau, avant de remonter à la surface. Quentin lève les bras au ciel en signe de V de la victoire, braillant son triomphe… et il se laisse tomber à l’eau en arrière. Revenant à la surface, il se repend à mon cou et me presse contre sa poitrine. Décidément, ce garçon sait se montrer affectueux ! Les filles décident de sortir de l’eau. Elles se précipitent sur une serviette, masquant leur bas-ventre à peine voilé par des culottes mouillées devenues assez transparentes ! Elles s’enroulent dans leur draps de bain, qu’elles nouent au-dessus de leur poitrine et se rassoient dans l’herbe, face à nous. D’un signe de tête, Quentin incite Damien à cramponner Sébastien et à l’attirer dans la piscine à son tour. Mais celui-ci tente maladroitement de résister à leur assaut. Non ! je ne peux me réfréner de leur crier et je me jette sur eux pour les en empêcher, tête la première pour mieux les encorner. Je perce leur défense, Quentin surtout, que je canonne vers l’arrière et que je parviens à propulser au fond de l’eau – chacun son tour ! Resté seul, Damien renonce au projet et lâche rapidement la main de Sébastien. Ce dernier s’empresse de reculer de quelques mètres du bord de la piscine, le sourire toujours aux lèvres. Ouf ! Revenu de sa surprise – et du fond de l’eau, Quentin se jette sur moi, pendu à mon cou. Il m’entraîne vers le fonds et, alors que tous deux nous sommes intentionnellement enlacés, il me remonte à la surface. Il reste accroché une nouvelle fois autour de moi, non seulement les bras autour de mon cou, mais enlaçant aussi mon torse de ses jambes et s’y accrochant tel un bernard-l’hermite sur son rocher. Nous chahutons encore quelques instants. Je ne suis pas pressé de sortir, sachant la transparence découlant de mon boxer mouillé… J’attends donc prudemment qu’un autre des garçons se dévoue pour le faire le premier ! Mais Quentin s’est de nouveau accoudé au bord de la piscine, bientôt rallié par Damien. Je les rejoins à mon tour.

Nous sommes largement après le milieu de l’après-midi. Le soleil s’est soudainement voilé, assombrissant le ciel avec vigueur. Une brise vigoureuse s'est levée. On sent la fraîcheur qui vient de s’abattre d’un coup. Jennifer a froid, aussi elle se lève et décide de rentrer chercher un pull à se mettre sur les épaules. Mélanie se lève à son tour et nous encourage à sortir de l’eau et à rentrer, nous aussi. Quentin sort donc le premier. Son caleçon déjà tombant lorsqu’il était sec, s’allonge encore plus le long de ses jambes, une fois mouillé. Il épouse parfaitement ses formes : ses fesses – toujours aussi fermes et rebondies – et son entrejambe : le dessin de sa bite soulignée du tissu qui lui colle est bien visible. Il embrasse Mélanie d’un baiser tendre et rapide, attrape une serviette et commence à s’essuyer vigoureusement. Damien a quitté le bord et s’essaie à quelques longueurs dans la piscine ; il n’est manifestement pas pressé d’en sortir, à moins qu’il ne craigne de se montrer trop à son avantage ? spécialement devant Sandra qui ne cesse de le lorgner du coin de l’œil, tout en jouant les indifférentes… Moi, je reste près du bord, attendant la suite des événements.

Sans façon, Quentin enlève son caleçon encore dégoulinant. Le voilà nu devant nous tous, toujours en train de s’essuyer. Il se tourne vers Sébastien pour échanger avec lui quelque plaisanterie. Je me trouve ainsi face à lui, pouvant l’admirer dans toute sa splendeur. Je le soupçonne même de s’être orienté vers Sébastien et donc vers moi volontairement, comme un clin d’œil au spectacle qu’il m’a offert ce matin… Il termine de s’essuyer très naturellement et se rhabille : il enfile son jeans à même la peau. Venu torse nu, il reste torse nu. Mélanie le couvre de sa serviette. Elle s’est elle-même rhabillée en même temps que lui – sans que j’y fasse plus attention que ça, bien sûr ! Après l’avoir ainsi couvert, elle l’entoure de son bras et le force à repartir vers la maison. Elle hèle Sandra et l’invite à les suivre. Insistante dans le ton employé, cette dernière se sent obligée de se lever et de leur emboîter le pas. Elle propose à Sébastien de faire de même. J’arrive, oui ! Mais il ne fait pas mine plus que ça de se bouger. Attends ! Tu veux que j’t’aide ? Elle se précipite vers lui. Mais il la repousse d’un geste, accompagné néanmoins d’un sourire. C’est bon ! Ca va aller ! Mélanie et Quentin se sont retournés pour observer la scène. Muets. Nouveau râteau pour Sandra qui ne peut que se résoudre maintenant à les suivre sans plus attendre. Comme tu veux ! Je les vois s’éloigner tous les trois.

Sébastien restant le dernier, je me décide à sortir de l’eau. Effectivement mon boxer me rend vraiment transparent. Je tente de tirer dessus nonchalamment, tout du moins de le décoller de ma peau, histoire de lui donner un peu d’ampleur aux endroits stratégiques… Sébastien me regarde, le sourire toujours aux lèvres. Ca va ? Elle était pas trop froide ? Non, ça va ! Sébastien me tend une serviette ; je l’en remercie et je commence par me sécher. Damien nous rejoint et sort de l’eau également. Lui aussi a le caleçon qui colle. Il est à gros motifs très enfantins, ce qui le rend moins transparent. Sébastien lui fait une remarque gentiment ironique sur son retour en enfance, avec ses gros éléphants roses et bleus incrustés sur le tissu. Il sourit. Il lui tend une autre serviette. Nous nous frottons énergiquement. C’est vrai qu’il fait frisquet. Je me demande intérieurement quelle attitude à adopter : imiter le sans-gêne de Quentin en enlevant mon boxer et en me mettant à nu devant Sébastien et Damien, ou jouer les prudes en tentant de me dissimuler derrière ma serviette ? J’aimerais que Damien me montre l’exemple, mais il n’est pas spécialement pressé… En plus, je ne voudrais pas manquer une seconde du spectacle qu’il pourrait à son tour m’offrir en se muant en Adam, même pour quelques secondes. Ce serait un juste aboutissement du rendez-vous manqué de ce début de matinée ! Je continue donc de m’essuyer, avec plus de lenteur cette fois…

Damien se retourne alors quelques instants, en faisant mine de rassembler ses vêtements ; il enlève son caleçon. Il nous offre de dos son postérieur, aussi ferme et aussi musclé que celui de Quentin. Glabre. Il s’essuie devant, derrière, tout en nous tournant le dos. Il ramasse son jeans et l’enfile. Il manque de se casser la figure et sautille ainsi d’une jambe sur l’autre, ses pantalons à moitié enfilés, ce qui l’amène à légèrement se tourner vers moi. Dans un mouvement de battement, j’entraperçois – oh, l’espace d’une fraction de seconde – sa bite qui s’agite. Juste le temps de finir d’enfiler son jeans et de le boutonner. Un minuscule instant. A peine le temps de voir et de mémoriser. Sébastien n’a pas bronché. Il n’a pas fait mine de regarder dans la bonne direction.

Je décide donc de faire comme Quentin et je me déshabille à mon tour, face à lui. Je le fixe bien du regard, pour voir s’il me mate. Non. Je m’essuie sans m’attarder et j’enfile, moi aussi, mon jeans et mon tee-shirt. Ainsi que chaussettes et baskets. Sébastien est toujours assis, tentant sans succès de se lever, plein de courbatures. Je m’approche et je l’aide de nouveau à se mettre sur pieds. Il profite de nouveau de mon bras pour s’y accrocher et nous repartons, comme nous sommes venus, vers la maison, suivi de Damien à côté de nous. Le soleil fait sa réapparition…
 
Chap. VIII

Jennifer a pris un pull qu’elle porte maintenant sur ses épaules. Mélanie a fait de même. Mais avec le retour du soleil, la chaleur revient et elles sont amenées à le poser. Elles se sont rassises autour de la table de jardin, ainsi que Sandra. Nous les rejoignons, Damien, Sébastien et moi. En nous voyant arriver, ce dernier accoudé à mon bras, Quentin ne peut s’empêcher de me lancer un nouveau clin d’œil. Nous nous asseyons. Et Quentin en profite pour se placer derrière mon siège et se met à me masser les épaules ; son manège dure quelques secondes, avant qu’il m’entoure le cou de ses bras. Décidément, voilà quelqu’un de très affectueux !… Mélanie lui en fait la remarque ironiquement. C’est parc’qu’Hélène n’est pas là, il faut bien que quelqu’un s’dévoue pour le chouchouter ! Je n’en demandais naturellement pas temps et Quentin ne se doute sûrement pas qu’Hélène ne m’a jamais « chouchouté » comme il dit et certainement pas comme il le fait en cet instant ! Il s’anime de nouveau et lance à la cantonade qu’il conviendrait de monter les tentes avant le repas du soir. Ah bon, tiens, on va dormir sous la tente ? alors même que la maison, visiblement, est suffisamment grande et spacieuse pour nous permettre de tous dormir à l’intérieur – quand bien même nous ne disposerions pas d’une chambre individuelle pour chacun de nous ! Mais comme le soulignait Damien la veille au soir au téléphone, Quentin est effectivement imprévisible ! Les filles s’exclament en chœur en commençant à ronchonner de cette nuit imposée à raz du sol, en lieu et place d’une literie confortable. Sandra précise qu’elle n’a pas de tente chez elle et que, forcément, elle n’en a pas amené – c’est sûr que les grosses bourges comme elle préfèrent les palaces cinq étoiles au camping des flots bleus ! Damien non plus, n’en a pas ; il s’excuse. Il m’interroge alors si moi, j’en ai une ; comme je lui réponds par l’affirmative, il me demande si j’accepterais que nous la partagions. Pas de problème évidemment !

Sébastien va chercher la sienne, restée sur le porte-bagage de sa moto, dans le garage. C’est à cet endroit aussi qu’est remisée celle de Quentin. Tous deux vont donc chercher la leur, tandis Damien, qui me l'a immédiatement proposé, rejoint ma voiture pour y extraire du coffre la mienne. Il part accompagné de Jennifer qui souhaite également retirer sa canadienne de l’arrière de sa voiture. Nous restons là, assis, Mélanie et Sandra, et moi légèrement en retrait. J’ai repris ma caméra en main et je les filme. Sandra tire un tronche pas possible à l’idée de devoir dormir sous la tente. D’un autre côté elle entrevoit le fait que, puisque Damien a choisi – et annoncé – qu’il dormira avec moi, et que Mélanie va dormir tout naturellement avec Quentin, il reste Sébastien qui se retrouve seul, dans la mesure où Jennifer va coucher dans sa propre tente… Mélanie, elle, a l’air de rester totalement indifférente à tout ce qui l’entoure ; elle fume les yeux dans le vague.

Nos amis « campeurs » reviennent chargés comme des mulets. Quentin a l’air tout excité à l’idée de cette nuit passée (presque) à la belle étoile. Il nous suggère de nous installer à quelques mètres à peine de l’ensemble de jardin et, pour mieux donner l’exemple, commence à déballer le sac de toile. Damien me tend mes clefs de voiture et je sens obligé de le suivre pour que nous montions ensemble notre propre tente. J’abandonne ma caméra sur la table. Jennifer clame à la cantonade qu’il lui faut un homme, un homme fort, pour l’aider, pauvre chétive, à surmonter cette épreuve. Elle y met tellement d’instance et de trémolos dans la voix que Sébastien, suivi d’une courte tête par Quentin, se dévoue et lui assure qu’il – que tous les deux – l’aideront dans cette tâche ! Sandra se glisse à côté de Sébastien justement et lui offre son aide – qu’il ne décline pas, j’oserais dire, pour une fois… Ces quatre tentes étant toutes des petites canadiennes deux-quatre places, il est nécessaire de s’enfiler dedans pour y planter le piquet du fond et aider l’autre à stabiliser l’ensemble. C’est donc Mélanie qui s’y colle pour la sienne avec Quentin. Quentin qui ne peut s’empêcher d’en profiter pour la taquiner pendant qu’elle est recouverte de la toile de tente. Elle crie, elle trébuche, tout s’écroule, elle crie de plus belle, Quentin crie à son tour, tout le monde éclate de rire ! Mélanie sort la tête, l’air ahuri ; ce qui provoque un redoublement de rire du groupe. Elle fait le pitre, aboie comme un toutou et Quentin se remet à la tâche. Jennifer a eu la bonne idée de se saisir de ma caméra et de filmer la scène. Damien et moi montons ma tente assez rapidement, lui comme moi ayant visiblement l’habitude de ce type d’équipement. Je le lui en fais d’ailleurs la remarque ; ce à quoi il me rétorque qu’il part camper tous les étés avec ses parents et sa petite sœur, bien qu’il s’agisse dans ce cas d’une grande tente familiale, nettement plus compliquée à monter au passage. Lorsque je lui demande où il part camper ainsi, je n’obtiens de lui que le silence. Je n’en saurais pas plus et je n’insiste pas ; au surplus, les autres n’ont pas suivi notre conversation et aucun d’eux ne vient insister non plus pour le faire parler alors qu’il n’en a pas l’envie… Sébastien se fait aider par Sandra qui, comme Mélanie, rentre dans la tente pour en dresser le piquet arrière. Quentin profite de cet instant pour nous mimer de garder le silence, un doigt planté devant sa bouche ; il fait le tour de la tente et assène un grand coup de pied dans l’arrière-train de Sandra. C’a pour effet de la propulser en avant, elle s’étale alors de tout son long, dans un grand cri d’indignation ! Sébastien a lâché le piquet avant de la tente, dans la chute de Sandra, pour éviter qu’elle ne se déchire. La toile de tente recouvre donc entièrement le corps de Sandra, affalée au sol. C’est à ce moment-là que Quentin en profite pour se laisser tomber à son tour sur Sandra et la recouvrir entièrement, les bras en croix. On entend un cri étouffé s’échapper de dessous cet amas humain. Sébastien se précipite et tente d’assurer un peu d’air à Sandra en dégageant l’ouverture de la tente. Elle y apparaît enfin, les cheveux entièrement en bataille, les paupières mi-closes, les sourcils froncés. Assurément, cette petite plaisanterie ne la fait pas rire ! Quentin, qui se trouve toujours écrasé sur elle, lui passe le bras autour de son cou, lui fait pivoter la tête dans sa direction et lui assène un immense sourire jusqu’aux oreilles. Ca va ma bichette ? Alors heureuse ? Et de la gratifier d’un langoureux baiser sur la bouche – avec la langue ? – pour se faire pardonner. Leur embrassade dure bien quelques secondes, sans effrayer Mélanie pour autant d’ailleurs, ce qui a néanmoins pour effet immédiat de calmer la fureur de Sandra ! Quentin se relève, il attrape le faîte de la toile de tente et chacun se remet à terminer son montage.

Reste la tente de Jennifer. Celle-ci continue à filmer le groupe et ses péripéties. Elle ne semble pas avoir envie de poser la caméra pour monter, même avec l’aide des autres, sa propre tente. Quentin et Sébastien s’y attellent seuls en conséquence. Quentin suggère à Sébastien de s’y glisser à l’intérieur, mais connaissant la suite, ce dernier s’y refuse en riant. Quentin, prenant faussement la mine outragée, s’enfile sous la toile en beuglant à qui mieux-mieux. Mélanie ne manque pas naturellement de se jeter sur lui, tel un prêté pour un rendu ! Naturellement, Quentin se met à crier comme un putois… et aussi à s’agiter dans tous les sens, simulant l’asphyxie. Jennifer filme toujours, tout en commentant la scène. Lorsque ce petit manège est terminé, Mélanie ayant accepté de se relever, Sébastien et Quentin peuvent enfin finir de monter la dernière tente : le campement est fin prêt pour la nuit ; il en manque plus que le feu de bois en son centre et qu’on chante tous en choeur youkaïdi, youkaïda !

Ressorti de la tente de Jennifer, la tête ébouriffée comme toutes ses victimes précédentes, Quentin se laisse tomber dans l’herbe, bras en croix. Jennifer s’approche de lui pour mieux le filmer. Il fait mine de scruter sous sa jupe de manière tellement vicieuse que ça en devient gênant pour Mélanie. D’autant que Jennifer semble apprécier… C’est le moment que Mélanie choisit pour lui renverser une bouteille d’eau sur la figure. Surpris, Quentin se relève comme un ressort ! Il est dégoulinant, trempé jusqu’aux os. Ce qui ne l’empêche pas de prendre la chose avec le sourire. Il se relève et tente de choper sa copine. Tous les deux se mettent à courir à travers le parc, encouragés, selon les cas, Mélanie par les filles, Quentin par les garçons. J’espère que les voisins habitent suffisamment loin, ou mieux, sont absents, car depuis le temps que ça crie dans tous les sens, les pauvres !…

Quentin et Mélanie cessent enfin leur course, sans vainqueur ni vaincu. Sandra se tord en effet de douleur. Ses amies s’approchent d’elle, inquiètes. Mélanie se retourne vers Quentin et lui reproche son action d’avoir écrasé Sandra tout à l’heure, alors qu’elle se trouvait coincée sous la toile de tente de Sébastien. Ayant déversé sa bile sur son boyfriend, elle reporte toute son attention sur Sandra, qui semble vraiment avoir mal au ventre, comme si, c’est vrai, le fait que Quentin se fût aplati de tout son long sur elle l’avait étouffée et avait déplacé je ne sais quoi à l’intérieur provoquant maintenant ces douleurs abdominales. Après moult mimiques – qui ne provoquent en moi, je l’avoue, aucun effet compatissant à son égard – Sandra tente de faire accroire qu’elle va mieux, que tout ça va passer et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Elle ne veut surtout pas que l'occasion de passer une nuit avec Sébastien sous sa tente soit perdue par les conséquences de la plaisanterie stupide de Quentin ! Mais à peine a-t-elle essayé de nous rassurer qu’elle est prise d’une envie de vomir ; elle ne peut s’empêcher de régurgiter depuis sa place, par-dessus l’accoudoir de son fauteuil de jardin. Les garçons d’un même élan se reculent de trois pas en arrière !… Mélanie et Jennifer tentent de l’aider à rentrer dans la maison pour s’allonger. Mélanie lance au passage un regard noir à Quentin. Même allongée sur le divan, Sandra est toujours secouée de douleurs. Mélanie se résout à appeler les urgences.

Quelques minutes plus tard, la sirène stridente à deux tons de l’ambulance des pompiers retentit devant les grilles de la propriété. Deux hommes s’approchent en courant vers la maison. Ils y sont accueillis par Quentin qui a quelque peu blêmi depuis tout à l’heure. Ils lancent un jovial bonjour à la cantonade, à peine rendu par le groupe. Les secouristes examinent leur jeune patiente et, après quelques rapides examens, l’un d’eux se relève et nous annonce que Sandra a une vulgaire appendicite. Il va falloir l’emmener à l’hôpital pour qu’elle s’y fasse opérer. Rien de grave. Plus de peur en fait que de mal. Ce même pompier nous demande si l’on peut prévenir quelqu’un, ses parents, sa famille. Jennifer annonce qu’elle s’en occupe. Sandra gémit qu’elle ne veut pas aller toute seule à l’hôpital ; Quentin, qui a retrouvé des couleurs, la plaisante et lui assure qu’elle n’est pas toute seule puisque deux beaux pompiers sont là pour l’y conduire et lui tenir la main ! En fait, il exagère à mon avis parce qu’aucun des deux n’est franchement canon ! du moins pas à mon goût… Les pompiers reviennent avec un brancard, ils y installent Sandra et l’emmènent dans leur fourgon. Nous entendons la sirène retentir à nouveau et s’éloigner. Jennifer raccroche et nous annonce que les parents de Sandra sont prévenus et qu’ils vont la rejoindre à l’hôpital.

Un ange passe. Tout le monde est un peu abattu par la fin de cette partie du week-end. Quentin, jamais en reste, retrouve vite son énergie sautillante et rappelle à haute voix la nécessité de préparer la pâte si chacun veut pouvoir manger des crêpes ce soir. Ces quelques mots suffisent à re-dynamiser le groupe et tous recommencent à s’activer. Damien est invité à regarnir le barbecue : les crêpes seront sautées sur la grille. Mélanie aide Quentin à transporter les ingrédients sur la table de jardin : la pâte sera confectionnée dehors. Sébastien et Jennifer décident de remonter de la boisson du garage pour la soirée. Et moi je reprends en main ma caméra.
 
Les personnages sont en place, les relation s'installent entre eux...attendons la suite
 
Chap. IX

C’est Quentin qui s’y colle pour faire la pâte à crêpes. Farine, lampée d’huile, œufs, lait, eau, il marie les produits avec savoir-faire et manie le mixeur avec dextérité. Sa pâte prend vite. Naturellement, il y a trop de farine, dans la mesure où nous ne savions pas, ni les uns ni les autres, ce qu’il comptait en faire. Au bout d’une demi-heure, le barbecue est à nouveau opérationnel et permet donc de commencer à lancer les crêpes. Quentin lance à chacun de nous le défi d’en faire sauter une, sans la faire tomber. Il commence le premier et, après un rattrapage de justesse, il parvient à la retourner sans qu’elle termine sa course au sol… Vient le tour de Mélanie, qui paraît avoir fait ça toute sa vie, à moins qu’elle soit entraînée du fait de la longue fréquentation de Quentin et de l’habitude de relever ses paris les plus invraisemblables les uns que les autres.

Damien s’y colle ensuite. Il rate totalement son lancé de crêpe qui vient se ratatiner dans les barreaux du gril et commence à carboniser ! Après les exclamations d’usage, face à un tel « exploit », tout le monde se précipite pour tenter d’éteindre le feu et s’agite en tout sens. Ayant perdu, Damien se voit gratifier bien entendu d’un gage : se barbouiller la figure de Nutella ; ayant privé le groupe d’une crêpe – qui aurait été fourrée de ce nectar – chacun pourra la remplacer en allant lui lécher la figure… Damien tente mollement de s’y opposer, mais la nouvelle enchante les deux filles restantes qui se jettent littéralement sur le pot de pâte à tartine et commence à lui en recouvrir le visage, faisant fi de ses récriminations ! C’est une bonne partie du pot qui y passe : nez, pourtour des lèvres, front et joues sont ainsi recouvertes de chocolat. Jennifer veut être la première à léchouiller Damien ; elle lui assène donc un grand coup de langue sur la joue gauche, se barbouillant elle-même de chocolat. Tout le monde éclate de rire. Puis Quentin ne se gêne pas pour le lécher à son tour : il choisit le pourtour de sa bouche… et en fait des tonnes quant au plaisir qu’il feint d’en tirer. Mélanie prend le relais et choisit la joue droite ; comme un petit chien, elle le couvre de coups de langue, tout en imitant les aboiements d’un chiot. Sébastien opte pour le nez, vite fait bien fait. Je suis le dernier à prendre le tour ; encouragé par le reste de la troupe, je dois poser ma caméra, aussitôt reprise en main par Jennifer qui décide de me remplacer au pied levé, et je termine la « toilette » de Damien en lui lapant le front, en calant pour cela sa tête entre mes deux mains ; ma langue dérape un peu sous l’émoi et j’ai tendance à faire déborder le chocolat à la racine de ses cheveux. Mon action est d’autant moins facilitée que Quentin a le nez collé sur nous, à scruter les réactions de l’un et de l’autre ! Il termine le gage en nous prenant à son tour nos deux têtes dans ses mains et nous dépose à tous deux un baiser sonore sur nos deux fronts.

Saluant le courage de Damien, il m’invite à lancer ma crêpe à mon tour. Mais contrairement à ce que j’aurais pensé – et à ce que Quentin peut-être pensait, je ne m’en sors pas trop mal, même si la crêpe ne retombe qu’aux trois-quarts dans la poêle. Malgré les protestations, je m’arrange, en secouant l’ustensile, à rétablir la crêpe entièrement et je beugle plus fort que les autres que le coup est bon et qu’il doit être homologué !…

Quentin me l’accepte et passe le manche à Jennifer. Elle commence à monter le son du poste de radio posé sur la table proche et entame une danse tout en jeu de jambe avec déhanchement étudié du derrière. Elle tourne ainsi autour du barbecue, tout en conservant le manche de la poêle en main. Au moment de retourner la crêpe, elle la lance avec une dextérité manifeste, esquisse un tour pivot sur elle-même et réussit, de manière incroyable à parvenir à la faire retomber dans la poêle pour terminer de l’y faire cuire. Subjugué par son tour de main, tout le monde applaudit ! Elle fait sa révérence à chacun de nous et laisse la place à Sébastien. Ce dernier commence par dire qu’il n’est pas aussi doué que Jennifer… Quentin coupe court en le soupçonnant de vouloir se défiler. Se récriant, Sébastien tente alors de retourner sa crêpe, lui aussi. Malheureusement pour lui, elle termine carrément sur le gazon. Perdu ! Il est obligé de récolter un gage ; le second de la journée… Quentin s’apprête à le lui donner, mais Jennifer le prend de vitesse et réclame le droit de le faire. Dans une révérence clownesque, Quentin lui tend la main en signe de lui en laisser l’honneur. Après avoir fait semblant de réfléchir quelques instants, d’une petite voix mutine, Jennifer impose à Sébastien d’aller, en courant, faire l’aller-retour de la rue qui borde la propriété de Quentin – nu, s’il vous plaît ! A nouveau une clameur s’élève du groupe ; Damien fait savoir qu’il préférait encore le coup du Nutella ; Quentin souligne combien Jennifer est cruelle, ce qui ne serait jamais arrivé si lui avait pu donner le gage ; quant à Mélanie, elle singe la pâmoison et entame le mouvement de s’évanouir dans ses bras. Sébastien, d’humeur toujours joyeuse, accepte son sort avec le sourire. Il demande toutefois s’il ne pourrait pas assurer la manœuvre plutôt en cours de soirée – en gros, lorsque la nuit sera tombée et que plus personne dans le voisinage ou la circulation ne pourra l’apercevoir… Finement tenté, mais son stratagème est découvert immédiatement. Il doit s’exécuter. C’est donc sous les rires qui fusent qu’il entame de se déshabiller. Il commence par le tee-shirt, qu’il fait mine de tournoyer au-dessus de sa tête, à la manière d’un strip-tease. Tout le monde l’entoure alors et l’encourage en claquant des mains. Il éjecte d’un pied avec l’autre ses baskets. Puis dégrafe son jeans, qu’il fait glisser, lentement, en cadence, le long de ses jambes, avant de l’enlever complètement. Le voilà en chaussettes blanches et boxer blanc à large ceinture rouge Calvin Klein : sexy en diable ! Il tente de masquer son sexe en plaçant ses deux mains devant et interroge des yeux s’il doit vraiment continuer. Tout nu ! Tout nu! clament en chœur Jennifer et Mélanie. Mais Sébastien commence à grimacer, spécialement à l’idée d’ôter ses chaussettes alors qu’il a encore la plante des pieds douloureuse. Je suggère à ce moment-là de lui permettre de les conserver, en arguant justement des suites de ce midi. Quentin n’émet pas d’objection et impose ma proposition au reste du groupe. Sébastien aura le droit de garder ses chaussettes, mais il doit enlever son caleçon ! Cet arrangement l’agréant, Sébastien s’exécute et commence à retirer son boxer… tout en conservant une main sur sa bite, pour tenter de la cacher. On voit apparaître une touffe de poils pubiens, châtains. Je sens intérieurement mes sens s’exciter, je tente de me concentrer sur ma caméra et sur ce que je filme : il est impératif de ne rien manquer de la suite et la qualité de l’image est à ce niveau-là primordiale. Je zoome donc aux endroits les plus intéressants. Sébastien se dandine, termine de faire glisser son caleçon d'entre ses jambes, lève un pied, manque de perdre l’équilibre, se résout à enlever sa main, découvrant entièrement sa bite, assez fine, assez longue, non-circoncise. Il se dépêche de passer son boxer d’entre ses pieds, le jette précipitamment et se cache de nouveau l’entrejambes avec ses deux mains. Le sourire est cependant toujours conservé, sans trace de honte ou de gêne sur les joues. Non, manifestement il s’amuse autant que nous de la situation et se prête volontiers au jeu. Au coup d’envoi de Quentin, il s’élance en courant vers le portail, claudiquant quand même en franchissant la séparation entre le gazon et l’allée en gravier. Nous le suivons dans la foulée, en désordre et avec une certaine bousculade, toujours en vociférant des encouragements. Sébastien franchit le portail, qu’il entrouvre d’une main, jette un regard à droite, puis à gauche : personne à l’horizon – malgré tout le tapage que l’on fait qui pourrait légitimement amener le voisinage à se pencher au-dehors pour vérifier ce qui se passe… Et il s’élance dans la rue. Il court aussi vite qu’il le peut et surtout que ses douleurs au pied le lui permettent. Il arrive au bout de la route, se retourne, nous lève le bras au ciel, en signe de victoire, depuis le bout du chemin, essuyant une rafale d’applaudissements et des cris d’encouragement redoublés et repart dans notre direction, toujours en courant et en agitant cette fois les deux bras dans tous les sens ; foin de toute pudeur ; il est fier de montrer qu’il en a ! Il arrive près de nous légèrement essoufflé ; s’arrête quelques instants devant le portail, toujours dans la rue, les fesses – belles à croquer – donnant carrément sur la chaussée et la maison d’en face, les bras posés sur les cuisses, le torse légèrement arqué pour reprendre son souffle. Je filme toujours, naturellement. Clameur de nouveau, applaudissements, félicitations s’élèvent de toute part ; Jennifer l’embrasse dans le cou, Quentin lui prend la tête entre ses mains et dépose sur son front un baiser retentissant à la manière des footballeurs… Puis Mélanie fait remarquer que le barbecue est peut-être en train de s’éteindre. Tout le monde repart donc au petit trot vers le jardin pour continuer la confection du restant des crêpes. Nous nous retrouvons seuls, Sébastien et moi, sur le trottoir devant le portail. Je le regarde ; caméra rabaissée. Il lève la tête vers moi, me sourit encore, toujours recroquevillé vers le sol. Je pose le plat de ma main sur le haut de son dos, en geste d’amitié – à défaut de tendresse affichée. Il se redresse. On rentre ? Ouais ! C’était cool, c’que t’as fait ! Ma remarque le fait rire. Ses yeux pétillent ; il est heureux de son exploit. Nous franchissons ainsi ensemble le portail, côte à côte, tandis qu’il ne protège plus aucune partie de son corps et s’offre à ma vue dans toute sa nudité, dans toute la beauté de sa nudité de jeune adulte de bientôt 18 ans. Je sens que je dois être rouge de confusion et je prie le Ciel que mon émotion ne se lise pas trop sur mon visage.

En approchant du groupe, Sébastien regagne le réflexe de tout à l’heure et se couvre de nouveau la bite. Son arrivée est saluée comme à chaque fois ; il rassemble ses vêtements entassés au sol, se met légèrement à l’écart et, nous tournant le dos, commence à se rhabiller. Chacun commente son exploit, la proximité des voisins, etc. et, une idée en entraînant une autre, la conversation dérive naturellement. Sébastien y prend sa part. A peine a-t-il renfilé son jeans, que Quentin le hèle. Il se retourne vers lui. Quentin lui balance alors une partie du contenu du paquet de farine entamé resté sur la table de jardin. Un nuage de farine est projeté en l’air et s’y éparpille, mais l’essentiel atterrit sur le torse et une partie du visage de Sébastien. J’ai pour ma part fait un bond de côté pour tenter d’éviter la bagarre à coup de sacs de farine que je sens poindre ! Mélanie se lève, furieuse ; elle est toute blanche elle aussi ; elle se penche en avant et se secoue énergiquement les cheveux pour tenter - et y parvenir - de faire disparaître la poussière qui s'y est incrustée. Jennifer s’est reculée comme moi, pour parer le coup. Sébastien se rue sur Quentin qui fuit la table. Il s’empare d’un paquet, tente de l’ouvrir maladroitement d’une main tout en continuant de courir après Quentin, en faisant l’un derrière l’autre le tour de la table. A un moment, Quentin se trouve à proximité de Damien, qui continue imperturbablement à faire cuire les crêpes ; il lui renverse alors le reste du sac de farine sur la tête, le recouvrant entièrement de blanc du sommet du crâne jusque sur le bas du torse. S’étant laissé surprendre, il se laisse empoigner et projeter vers Sébastien comme bouclier et moyen de diversion pour mieux permettre à Quentin de fuir. Je filme la scène. Sébastien rattrape enfin Quentin et l’asperge à son tour de la farine. Tous deux roulent sur le gazon et s’empoignent joyeusement. Mais Quentin parvient à s’échapper, se relever et se jette sur la table pour y puiser un troisième paquet de farine. Il déchiquette l’emballage et, le tenant d’une main, commence de l’autre à jeter une pluie de farine autour de lui. Me trouvant près de lui à cet instant, je me laisse surprendre et je ne le vois pas arriver pour se jeter sur moi, me plaquer à terre et me renverser, à son tour, un sac de farine. Arrivent alors sur nous, Sébastien et Damien, qui ont tous les deux attrapé au vol chacun un paquet. Nous voilà tous entassés en pyramide humaine sur le gazon. Je tente avec désespoir de préserver la caméra que je tiens toujours dans la main et que je n'ai pas voulu lâcher dans ma chute. Je hurle de faire attention et qu’on me laisse la préserver mieux que ça. Jennifer se précipite vers moi, me l’arrache des mains et, plutôt que de m’aider à me dégager, s’empresse de nous filmer tous les quatre. L’image ne doit pas être excellente puisque c’est un véritable nuage de farine qui nous enveloppe entièrement. Nous crions, nous frappons, nous nous débattons, bref nous nous comportons en petits gamins dans une cour d’école. Oui, des gamins ! J’ai le dos complètement labouré par trois mec qui ne cessent de me plaquer au sol, tout en gesticulant et en s’agressant entre eux. Coups de coude, coups de genoux, chacun de nous s’en donne à cœur joie sur l’autre, même si j’ai le désavantage d’être tout en dessous et d’être ainsi largement limité dans mes mouvements. Ce manège dure bien cinq minutes, avant que Sébastien soit éjecté hors du tas. Epuisé mais ravi il reste allongé au sol sur le dos, sa jambe entravant mon cou. Damien se dégage à son tour et reste accroupi près de nous. Quentin, lui, reste avachi sur moi, ventre contre ventre, la tête sur ma poitrine, mon menton et son crâne faisant tenaille sur la jambe de Sébastien, à deux doigts de me couper la respiration. Nous restons ainsi encore cinq bonnes minutes. Les filles nous regardent atterrées. Au bout d’un moment, Mélanie nous suggère quand même de cesser nos enfantillages et d’aller nous changer plutôt que de répandre encore un peu plus de farine partout. Elle se lève de son siège et vient se planter devant le barbecue pour tenter de récupérer – et de terminer – les crêpes qui peuvent l’être encore. Jennifer, qui est elle-même pleine de farine – effets co-latéraux de la bagarre entre nous – pose ma caméra sur la table et annonce qu’elle va se changer et prendre un douche pour cela. Ses cheveux sont poivre et sel, tellement elle a ramassé de farine ! Trois-quatre minutes plus tard, Quentin se décide enfin à se lever. Il est blanc de la tête au pied. Moi aussi. Damien aussi. Et naturellement Sébastien itou. En se regardant, nous éclatons de rire. Mélanie se retourne vers nous et lève les yeux aux ciels. Des-Ga-mins !

Quentin me tend la main pour m’aider à me relever. Il fait de même ensuite avec Damien et moi avec Sébastien. Le dernier à la douche a un gage ! Quentin n’a pas terminé sa phrase qu’il est déjà parti au pas de course. Il ne s’arrêtera donc jamais ! En courant ainsi il sème de la farine partout sur son passage. Il va falloir nettoyer sérieusement sa maison, lundi avant de partir ou même plus tôt si ses parents ne veulent pas retrouver une porcherie à leur retour… Nous le suivons néanmoins, pris au jeu du gage annoncé pour le dernier arrivé. Mais sans courir : dès que nous faisons un pas c’est une grande trace blanche que nous imprimons au sol derrière nous ! Nous ralentissons donc l’allure une fois arrivée dans la maison. Avec un peu de mal, nous finissons par trouver la salle de bains ; avec l’aide quand même de Quentin qui avait fait un détour par la cuisine entre temps. Foin de gage. Nous grimpons les escaliers ensemble, tranquillement, en échangeant et en plaisantant. Sur le pallier de l’étage, Jennifer franchit la porte de la salle de bain, terminant de se passer la brosse démêlante dans ses longs cheveux ; elle a fait vite à mon avis. Lorsque nous arrivons à sa hauteur, je m’aperçois qu’elle n’a pas changé de vêtement en réalité ; il lui reste des traces de farine sur son calicot. Elle nous lance à tous un clin d’œil rieur et s’engouffre dans la pièce d’en face et referme soigneusement la porte derrière elle.

Pour notre part, nous entrons tous les quatre dans la salle de bain. Elle est grande et spacieuse. Entièrement carrelée du sol au sommet des murs. Deux vasques lavabos, un immense miroir qui les domine, une cabine de douches en demi-lune ultra-sophistiquée extra-large : on y rentre facile à quatre – et je suis sûr à beaucoup plus tellement elle me paraît gigantesque.
 
Back
Top