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Savoy’s (French-speaking) story [English version added]

Chap. XI

Passé le moment de stupeur, je réponds sur le même ton à son humour ironique en lui faisant remarquer que, manger ensemble ou pas, il est bon pour un gage en guise de réparation de l’énooorme rayure qu’il a occasionnée à ma rutilante berline… et que, naturellement, je me garderai bien de ne lui annoncer le supplice que je lui infligerai qu’au moment voulu et pas avant ! Dialogue un peu surréaliste et plutôt niais lorsqu’on le lit après coup, mais qui, sur l’instant, est le signe d’une réelle complicité d’esprit entre nous.

Je lui propose donc de monter et nous essayons, tous les deux, de plier sa vieille bécane pour la faire rentrer dans le coffre minuscule de ma minuscule voiture : peine perdue bien entendu ! Je me résous donc à faire rentrer à moitié son vélo, l’autre moitié dépassant largement à l’extérieur et, avec un tendeur, je rabaisse la portière du coffre au maximum : nous roulerons cahin-caha jusque chez moi… Heureusement, le temps est clément et la distance est courte. Je lui suggère néanmoins de nous arrêter d’abord chez le pâtissier du coin – je sais combien il est gourmand ; et aussi combien la pâtisserie produite localement est succulente – et aussi chez le boucher-charcutier pour compléter un dîner que je sais, si je devais m’en tenir à ce qui reste dans le réfrigérateur, être des plus légers !

Nous voici chez moi. Qui l’eût cru un an auparavant ? Je me sens soudain un peu gauche ; je n’ai jamais trop ramené de copains chez mes parents, lorsque j’étais enfant ; encore moins à l’adolescence… Et en plus, je ne sais jamais trop quelle contenance avoir face à des gens qui, par simple politesse le plus souvent, me complimentent sur la splendeur de mon habitation – le mot est volontairement exagéré. Que répondre à un compliment, fût-il sincère ? éternelle question… Ce qui me touche toutefois dans celui que me fait Cyrille, visiblement pensé, c’est l’expression qui le complète : « - j’aimerais bien vivre ici » Oh, je sais, combien d’entre nous nous affirmons la même chose chaque fois que nous découvrons sous nos yeux une maison ou un paysage qui nous plaisent ? à peine passons-nous en un autre lieu que nous formulons la même phrase ; la plupart du temps elle est dite sans vraiment y penser. Mais là, je veux y croire et elle me permettra, même en sachant son peu de valeur, de rêver lorsque Cyrille aura « passé à autre chose » !

Je l’invite naturellement à se mettre à l’aise, le temps que je monte me changer – ma chambre est au premier étage – plus particulièrement de tomber la veste, bleu de travail des administratifs, contre des vêtements moins guindés. Et voilà-t-y pas qu’il me suit à l’étage, tout en poursuivant notre conversation ! L’occasion de repérer les lieux pour un possible emménagement ?! Alors là, tu rêves, mon pauv’ garçon, tu planes même à 2.000 ! Et notre discussion de se poursuivre de plus belle tandis que je me déshabille et me rhabille sous ses yeux… J’ai droit à cette suite à un petit commentaire sur le décor de ma chambre. C’est tout juste s’il ne s’étend pas sur le lit ! Toujours aussi détonnant ce garçon. Je tente, sur un mode humoristique, de poser des jalons pour la suite – au cas où – en lui rappelant la règle, la seule, de la maison pour faciliter son installation : toujours s’asseoir sur la cuvette des W.C., quoi qu’on y fasse – sauf s’il a envie de vomir, où dans ce cas, il serait dommage que, obligé de s’asseoir, il se fasse dessus… Je sais. Dit comme ça, juste avant de dîner, ça peut surprendre, mais sur le coup, ça permet de plaisanter à moindre frais, même si c’est un peu scatologique !

Nous redescendons et je me mets à préparer le repas. Je lui présente mes excuses en ne lui proposant pas de s’attabler à la salle à manger, mais d'avoir choisi de dresser la table en cuisine – l’office, le coin des domestiques – mais… s’il veut vivre ici, il ne faut pas croire que ce sera dimanche tous les jours – avec sa table de fête dans le séjour… Au moment même où je prononce ces paroles, je sais que je suis un peu lourd et que, à trop insister, son envie d’habiter dans un tel lieu – chez moi, « chez nous » – risque fort de lui passer ! Mais comme je me dis que ce ne sont que paroles en l’air, je ne risque finalement pas grand-chose. Cyrille m’aide à mettre la table : il ne pose pas beaucoup de question sur les placards dans lesquels sont rangés vaisselle et couverts : aurait-il déjà pris ses marques ? Je ne peux m’empêcher de le lui faire remarquer, ce qui me vaut une réplique pleine de malice, avec cet éternelle lumière pétillante au coin de l’œil !

Le repas se déroule, dans un esprit d’échange et de convivialité. Il n’y a pas à dire, Cyrille est bien élevé ! Je l’avais déjà remarqué au cours de nos casse-croûtes de fin de trimestre du temps de cette année d’escrime : Cyrille se tient bien à table, il n’est pas avachi, ne met pas ses coudes sur la table – combien de fois nous sommes-nous faits reprendre par nos grands-parents, mes cousins et moi – il ferme la bouche lorsqu’il mastique, ne parle pas la bouche pleine, etc., etc. Un vrai régal, c’est le cas de le dire ! Sa présence m’empêche de trop manger ; il s’en étonne, pour mieux, lui, se resservir ! Un sportif, finalement, ça ingurgite beaucoup… Poursuivant notre conversation, faite de tout et de rien, je débarrasse la table, l’invitant à ne pas bouger – il est mon invité – et j’entame la vaisselle : celle de notre repas et celle de la veille au soir, sale, restée entreposée dans l’évier – bonjour l’accueil en arrivant ! ce n’est pas très glamour de la vaisselle sale.

Tandis que le café passe, Cyrille se lève pour couper le gaz sous la cafetière – italienne, célèbrissime. Il s’approche de moi, posant ses deux mains sur mes épaules, presque collé à moi dans mon dos. Il voudrait bien un peu de sucre. Un instant d’extrême sensualité s’exprime par ce geste, que je trouve d’une tendresse absolue et en même temps d’une audace érotique puissante. Abandonnant mon eau de vaisselle, j’attrape aussitôt un torchon pour m’essuyer les mains et je sors de son placard la boite à sucre, en la déposant sur la table. Cyrille est toujours debout ; il repose de nouveau ses deux mains sur mes épaules, de face cette fois, me les rabaissant et les approchant de lui, dans un geste propre à me faire me pencher vers lui. Il dépose alors un baiser – marqué – sur le front, joignant ainsi le geste à la parole, tandis qu’il me dit merci – petit mot prononcé le plus simplement du monde… qui me rappelle furieusement la scène où j’avais déjà eu droit à ce témoignage de gratitude, si naturellement exprimé ce soir de combat de l’hiver passé. Wouah-ou !

Je finis ma vaisselle, avant de me remettre à table pour partager mon café avec lui. Le tableau d’une vie de couple parfaite se joue devant mes yeux ! Je crois rêver. Je ne rêve pas. Du moins l’espace d’un repas. Je redoute juste « l’après repas » : comment va-t-il se terminer ? Car il faudra bien que ce moment de grâce, comme suspendu dans le temps, s’estompe et que la réalité ordinaire reprenne ses droits. Une boule commence à se former dans mon estomac, assombrissant imperceptiblement, mais indiscutablement, mon humeur à l’idée que Cyrille reprenne ses activités, quitte cette maison, me quitte – choses légitimes en soi : il a sa vie et elle ne semble pas – du moins, pas jusqu’à présent – bâtie avec moi. Et il n’y a pas de raison que ça change ; ce n’est pas un repas sympa, ni un instant de tendresse qui vont la faire basculer du tout au tout…

Mais le temps continue de s’égrener sans que Cyrille semble manifester la moindre intention pressante de repartir. De la cuisine nous passons au salon. Je sais, dit comme ça, cuisine, salle à manger, salon – ou séjour – premier étage, chambre, etc. ma maison a l’air d’un château ! Bien sûr que ce n’est pas le cas. D’un autre côté, comparée au petit logement qu’occupe Cyrille dans la localité voisine : un séjour avec cuisine à l’américaine et une chambre, deux pièces contiguës reliées entre elles, d’un côté par un vestibule sur lequel donne aussi une salle d’eau (avec cabinet de toilettes) et sur lequel s’ouvre la porte d’entrée et, de l’autre côté une terrasse – l’appartement de 45 m², dixit Cyrille, étant implanté au rez-de-chaussée – ça a l’air forcément plus grand et plus spacieux chez moi ! Je n’ai jamais - encore ? - mis les pieds chez Cyrille, mais dans ma recherche frénétique de Noël passé, outre d’avoir compulsé la liste électorale, j’en avais profité pour faire un détour par le service chargé de l’urbanisme, histoire de consulter les plans d’architecte annexés au permis de construire de l’immeuble dans lequel loge aujourd’hui l’amour de ma vie… Naturellement, je me garde bien de lui raconter tout ça ; ce serait le meilleur moyen pour passer pour un fou furieux, un psychopathe, un obsédé sexuel !

Installé dans le canapé – non pas vautré : quand je dis que j’ai affaire à quelqu’un d’exceptionnellement bien éduqué… – nous reprenons notre discussion. Moi qui d’habitude suis incapable de soutenir une conversation, persuadé que ce que je pense n’intéresse jamais personne, je me surprends à soutenir le dialogue initié par mon vis-à-vis ; même si je ne peux m’empêcher de toujours ressentir ce complexe d’infériorité en la matière : comme si tout ce que je pouvais dire n’était écouté qu’avec une politesse indifférente… Je reconnais néanmoins, sans vouloir attribuer à Cyrille plus de mérites qu’il n’en a – et je lui en confère beaucoup ! – qu’il a le don de valoriser ses interlocuteurs jusqu’à les faire les considérer comme SON seul centre d’intérêt au moment où il les écoute et qu’il converse avec eux.

A ce rythme-là, l’après-midi se déroule à la vitesse grand V et, bien qu’étant encore en août, le jour décline assez rapidement, cependant que je lui propose s’il veut souper – bien que personnellement, je n’aie pas faim. A ma grande surprise, il ne dit pas non ; je m’attendais pourtant à ce qu’il voulût partir, l’heure aidant, pour rejoindre ses pénates ou accomplir je ne sais quelle tâche qu’il aurait programmée pour cette après-midi… Mais non. Il veut bien manger de nouveau en ma compagnie. Une petite sirène témoin se met alors à retentir de plus en plus fort en moi, à la crainte que – tandis que notre rencontre se prolonge incidemment – je vais tomber d’encore plus haut lorsque viendra le moment de la séparation.

Le temps ayant viré au sombre, c’est un orage (d’été) qui éclate, renforcé par des rafales de vent, pendant que je retourne en cuisine préparer le souper, avec Cyrille sur mes talons. Je lui fais remarquer combien il va lui être difficile dans ces conditions de rentrer à vélo chez lui, d’autant plus qu’il y aura la côte à grimper pour reprendre la grand-route, qui elle-même n’est pas toute plate… S’il le veut, je le ramènerai en voiture, ça devrait être plus simple et moins mouillant…

« - On verra » n’ai-je droit que pour seule réponse.
 
What a delicate little story!
Auto, you are doing a grand job of translating ..... Thank you hopyra & Autolycus.
My schoolboy French wouln't make a very good job but this is very understandable & readable.
Harry
 
merci pour ce nouveau chapitre. Tout en nous livrant de nouvelles lignes, tu distilles
quelques secrets pour séduire et faciliter la vie.......
 
Chap. XII

Le repas fini, Cyrille manifeste son intention de s’en retourner chez lui. Naturellement que ce que je redoutais est arrivé. Le prince charmant qui étreint la Belle au bois dormant et lui exprime son amour, à grand renfort de baisers, ça n’arrive que dans les contes, jamais dans la réalité… L’orage est passé et même si le sol est encore humide, la route est praticable, même en vélo. Mon prince charmant à moi n’a donc qu’à enfourcher le sien et à repartir comme il est venu. J’en ai la gorge nouée. Mais impossible de faire la trogne au risque qu’il n’y ait jamais plus d’autre fois ; je pourrais aussi, bien sûr, tenter de le retenir en lui déclarant ma flamme comme on dit dans les livres, mais ce n’est pas si évident que ça, j’ai peur de rompre le charme et, pour tout dire, de me prendre un râteau, ce qui risquerait, outre à mon amour-propre d’en prendre un coup – mais ça, ce n’est pas le plus grave – d’éloigner définitivement Cyrille de moi, effrayé qu’il pourrait être par l'amour que je lui offre mais qu’il ne partage peut-être pas.

Je le laisse donc partir, après avoir échangé une poignée de main franche et chaleureuse. J’ai l’habitude, lorsque je serre un main – de quelqu’un que j’apprécie ça va sans dire – d’exercer une légère pression avec le pouce sur la paume de sa main, comme pour renforcer le toucher et souligner, telle une caresse, toute l’estime ou l’affection que je peux porter à mon interlocuteur. Et je m’aperçois souvent que ce geste est reconnu et apprécié ; dans le cas présent, c’est la première fois que l’on se touche la main, Cyrille et moi. Jusqu’à présent, nos bonjours n’étaient que verbaux. C’est donc un contact physique, qui pourrait paraître anodin, mais qui pour moi ne l’est pas… Cette poignée de main, elle s’accompagne entre nous d’un regard porté l’un à l’autre, droit dans les yeux. Peu de paroles sont finalement échangées entre nous : mon sempiternel « merci » que je place à tous les coins de phrase, qui témoigne de mon réconfort de ce que mes interlocuteurs ont daigné me consacrer un peu de leur précieux temps – son « merci » à lui, expressif et appuyé, sans fioriture mais manifestement sincère pour le temps passé ensemble aujourd’hui.

Son départ me laisse nerveusement épuisé, intérieurement vidé. Un grand désert m’envahit. C’est maintenant que je réalise véritablement le bonheur que m’offrait sa présence, chez moi, toute cette longue journée à ses côtés. Souvent, c’est lorsque ce bonheur disparaît qu’on réalise la chance qu’on avait ; on se remémore tous les événements survenus, ces petits riens, ces mots échangés, ces expressions, ces regards, ces attitudes qui reviennent en mémoire et qui accentuent la saveur des instants vécus. Ils soulignent alors plus fortement que les meilleures choses ont une fin et que, là, en ce moment précis, et bien... Cyrille est parti, et que ce que j’espérais n’a pas eu lieu : non, il n’est pas raide dingue de moi au point de ne plus vouloir me quitter, ; oui, nous avons passé un bon moment ensemble, à son initiative, mais « en toute amitié » – l’expression qui tue lorsque l’un aime l’autre d’amour et que l’autre, justement, n’aime l’un que « bien » ou « beaucoup » et non pas l’aime « tout court »… Mon esprit est soudain envahi d’un indicible spleen, d’un cafard monumental, qui me donnerait presque envie de pleurer – ce que je me retiens pourtant de faire. Finalement, heureusement que la maison est vide : si une autre personne était présente à cet instant, je serais exécrable avec elle ! Il vaut mieux que personne ne me voie dans l’état mental dans lequel le départ de Cyrille me plonge. Je me réinstalle dans un fauteuil : rien à voir à la télévision, aucun programme intéressant à la radio, Internet ne m’attire pas – il serait le miroir trop cruel du vide sexuel et sentimental de ma vie amoureuse… Le soir étant tombé, je me contente d’allumer un petit abat-jour dans la pièce et de repasser, sur la hi-fi, un disque laser de grands airs de musique classique, propres à renforcer ma mélancolie, mais qui, paradoxalement, arrivent à me calmer. Au bout de soixante minutes de ce régime déprimant, je monte me coucher. Seul. Comme d’habitude.

Vendredi. Jour de travail, dernier jour de la semaine. Finalement, heureusement que je travaille, plutôt que d’être en congé : ça me permet de me vider l’esprit de mes déceptions, pour me consacrer à mes soucis de boulot. La journée est même particulièrement chargée et, comme tous les jours, épuisante nerveusement, me laissant, le soir, sur les rotules. En m’approchant de ma voiture pour rentrer chez moi, voiture garée au même endroit que la veille, cette fois j’ai beau regarder à droite et à gauche, il n’y a plus le vélo appuyé sur le véhicule d’à côté, plus cette silhouette adossée sur sa portière accompagnant cette voix de rêve qui me faisait la surprise – et l’immense joie – de me proposer de passer la journée – la soirée – ensemble. Comme dans ces films au cinéma où mari et femme sont toujours heureux de se retrouver , l’un après une journée harassante – forcément toujours harassante – de travail, l’autre après avoir vaqué aux multiples tâches domestiques, mais néanmoins palpitantes !… Mais non, il n’y a personne et je dois me résoudre à monter en voiture et à m’en retourner à la maison. Seul. Où personne ne m’attend pour – comme au cinéma – me demander comment s’est passée ma journée, pour manifester sa joie de me retrouver, après m’avoir vu partir le matin, pour me servir un verre de scotch ou toute autre boisson alcoolisée apéritive, pour me masser la nuque et les épaules, amoureusement, tout en se passionnant pour le récit de mes péripéties de bureau… Non là, bon c'est vrai, j’en fais un peu trop ! je ne souhaite pas spécialement que chacun de mes retours du travail se vive comme je les décris, jour après jour, mais il est vrai que je suis en manque d’une présence, de SA présence.

Il pleut. Il ne manquait plus que ça. Des trombes d’eau. Décidément, le temps, lui aussi, se met au diapason de mon humeur ! Arrivée à la maison. Telle quelle est configurée, je peux en faire le tour avec la voiture, pour la garer sous une remise et accéder à l’intérieur par la porte arrière, celle qui donne directement dans la cuisine.

C’est en terminant ce petit tour de voiture, en m’engageant sous la remise, simple auvent, qu’une ombre apparaît en pleins phares, se détachant de l’embrasure de la porte arrière de la maison. Le vélo aussi est là, appuyé au poteau de soutènement de la remise, qui me gène pour ma manœuvre. La présence des deux m’a fait sursauter. La silhouette est trempée, ruisselante d’eau. Elle déplace la bicyclette. Je gare la voiture, coupe le moteur, sort précipitamment. « - Qu’est-ce qui se passe ? »

Cyrille, c’est lui, me tombe dans les bras, dégoulinant, mouillé des pieds à la tête. Il fait plus que tomber dans mes bras, il s’y blottit. Je ne comprends toujours pas, je crois à un événement grave, à une mauvaise nouvelle, à la mort d’un de ses très proches peut-être. Il ne dit rien.

La scène est surréaliste. Au cinéma, elle ne serait pas crédible. Elle n’est digne que d’un (très mauvais) romain à l’eau de rose. Elle dure quelques secondes. Aucune parole n’étant toujours pas prononcée de sa part en réponse à ma question initiale, je me sens obligé de me dégager de son étreinte et de le faire rentrer. J’ouvre la porte et la lui fais passer avant de lui emboîter le pas. Je la referme derrière moi. J’ai allumé le plafonnier. Ca me permet de mieux le détailler ; il est réellement trempé : cheveux dégoulinants, collés sur le sommet de son crâne, tee-shirt et pantalons plaqués contre sa peau par l’eau, chaussures de sport imprimant la trace de leur semelle sur le sol à chaque déplacement, mains mouillées le long du corps, bras ballants. Et toujours aucun mot.

L’angoisse m’envahit. Le pire est arrivé, qui l’empêche de s’exprimer : ami, parent, proche, amoureux (?) décédé – catastrophe ou événement irréparable, qui l’ont brisé ; j’échafaude toutes sortes d’hypothèses. Tant pis pour l’amour. L’amitié qu’il paraît m’avoir offerte la veille est là, qui doit s’exprimer dans ce moment difficile – tant pis pour le verre de scotch ! tant pis pour le massage apaisant de fin de journée exécuté par une épouse attentive et compatissante !...

Avec douceur, je lui dis la nécessité qu’il ne prenne pas froid, qu’il doit se changer, revêtir des vêtements secs et chauds. Je m’approche de lui. Je lui demande qu’il veuille bien me laisser faire, que c’est nécessaire. Je lui dis que ça va aller. Je lui prends la tête entre mes deux mains, je lui dépose un baiser avec compassion sur le front. Je lui demande de ne pas bouger, que je monte à l’étage récupérer une serviette-éponge, que je reviens dans un instant, qu’il veuille bien m’attendre, que je ne serai pas long.

Un détour par le vestibule, je me déchausse, pose mon trousseau de clefs. Monte à la salle de bain. Prends la serviette de bain. J’en profite pour tomber la veste, rapidement jetée sur le fauteuil. Je redescends aussi sec, rapidement, en silence, mes déplacements seulement soulignés par le craquement du parquet de l’étage.

Me revoici en cuisine. Cyrille n’a pas bougé. Je lui essuie délicatement le front, les cheveux, le visage. Comme si je maniais de la porcelaine, fragile et précieuse. Comme si, de mes gestes attentifs et précis, dépendait la suite des événements. J’essuie ensuite son cou, écartant légèrement l’encolure de son tee-shirt. Puis ses mains, ses bras et jusqu’à ses avants-bras, laissés dégagés par son vêtement à manches courtes. L’un après l’autre. Il a de belles mains, fines, des ongles soignés. Des bras duveteux sans être poilus, musclés sans être puissants.

Je lui murmure la nécessité de se déchausser, pour pouvoir ensuite monter avec moi à l’étage, se changer et revêtir des habits propres que je lui passerai. Ajoutant dans un sourire qu’ils ne seront naturellement pas à sa taille, puisque je suis « une grande saucisse », de corpulence bien plus grande que la sienne – qu’il veuille bien me pardonner pour cette « disgrâce » dont la nature m’a affublée. Mais je n’obtiens pas de réaction autre qu’un pâle plissement de la commissures de ses lèvres. Ce que je prends pour un acquiescement à ma suggestion.

Je m’agenouille donc à ses pieds et j’entreprends de délacer ses chaussures. Je le déchausse, un pied après l’autre. Je me relève, m’empresse de retourner dans le hall pour dénicher une paire de chaussons qui lui éviteront de devoir marcher pieds nus sur le carrelage. Je reviens à ses côtés. Le forçant légèrement à plier les genoux, auxquels collent toujours ses pantalons, imbibés d’eau, je lui ôte ses chaussettes blanches et lui sèche ses pieds, avant de les chausser de ma paire de chaussons dégottée juste avant. Accomplissant ces gestes avec lenteur et application, accroupi à ses pieds, je dois avouer qu’un léger durcissement se manifeste dans mon entre-jambes… une certaine excitation ayant envahi mon esprit à la vue de ses pieds portant chaussettes de sport – je trouve ça très sexy, bien plus d’ailleurs que des pieds nus – mais je chasse très vite ces pensées que d’aucun qualifieraient d’honteuses, particulièrement en cet instant où je ne sais toujours pas ce qui a mis Cyrille dans cet état de prostration totale.

Je me relève et me penche à son oreille pour l’inviter maintenant à me suivre : nous allons monter dans ma chambre ; il pourra se dévêtir, finir de s’essuyer et je lui prêterai du linge sec. Nous pourrons ensuite discuter ensemble, tandis qu’il sera plus à l’aise. Je passe devant, serviette sur l’épaule, et lui demande de me suivre. Mais après trois pas, je m’aperçois qu’il n’a pas bougé d’un iota. Je fais donc demi-tour et, m’approchant de nouveau de lui, je le prends par les épaules pour le faire pivoter, doucement, dans le sens de la marche ; ceci fait, je lui prends la main, que je tiens bien serrée, et, tel un enfant qu’on accompagne au portail de la cour pour son premier jour d’école, je le tiens près de moi, marchant côte à côte, lentement, jusqu’au bas de la rampe d’escalier. Je lui lâche alors la main : il n’est pas possible de monter les escaliers à deux de front. Je prends donc les devants. Mais, tandis que je commen ce à gravir les marches, il reste planté en bas, sans bouger. De plus en plus inquiet par tant de volonté annihilée, je redescends et, lui reprenant la main, je l’aide à monter, marche après marche, les escaliers. Je l’amène ensuite dans ma chambre, le laissant planté là, le temps de tirer du placard un autre tee-shirt, une paire de jeans, une paire de chaussettes et un slip – je sais qu’il ne porte que ça pour l’avoir constaté, semaine après semaines, chaque mercredi soir de l’année passée au cours duquel nous nous étions retrouvé pour nos cours d’escrime.

Le voyant toujours sans énergie, je m’inquiète de savoir s’il veut se changer seul ou s’il préfère que je l’aide, s’il souhaite que je me retire pendant ce temps, lui proposant seulement de me prévenir si les vêtements choisis ne sont pas à sa taille ou pas à son goût. Mais une nouvelle fois en l’absence de toute réaction, craignant par ailleurs pour mon parquet qui risque de ne pas se remettre de l’eau qui ne cesse de suinter de ses vêtements, je décide de continuer à prendre les choses en main et, empoignant le bas de son tee-shirt, toujours dégoulinant, je le lui retire en le retournant, en forçant pour cela Cyrille à lever les bras vers le ciel ; ceux-ci retombent aussitôt, lourdement. Je vais porter ce tee-shirt à la salle de bain, l’abandonnant dans le lavabo en attendant d’avoir le temps de l’essorer. Je reviens dans la chambre, pour essuyer avec ma serviette son torse désormais mis à nu. Il est toujours aussi parfaitement dessiné, sa musculature affleurant sous mes doigts. Devant, derrière, sur et autour des épaules, sous les bras, dans le dos, le long de sa colonne vertébrale, j’essuie chaque partie de ce corps, méticuleusement, avec douceur, la serviette d’une main, l’autre main plaquée à même la peau de l’autre côté du buste pour mieux le maintenir.

Après quelques secondes d’hésitation, tout en le frictionnant avec ma serviette, je décide de ne pas lui enfiler le tee-shirt sec tout de suite, voulant jouir – idée perverse et si peu charitable en cet instant de douleur muette – de la beauté de son corps, rendu nu petit à petit sous mes doigts.

D’un regard porté vers ses yeux, je scrute l'expression d’une éventuelle volonté de poursuivre, cette fois seul, sans mon aide. Mais toujours en l’absence de réaction, je décide de m’attaquer aux pantalons. Dégrafant sa ceinture, je le déboutonne, puis déroule sa fermeture–éclair. Je suis légèrement accroupi, le nez et les yeux à hauteur de son nombril. La toison pubienne y remonte en filet sombre, dépassant de dessus l’élastique de son sous-vêtement.

Délicatement, ne voulant pas le déculotter inutilement, ni l’effrayer du même coup, j’ôte son pantalon, lui faisant passer le rebondi de son fessier, qui n’est pourtant pas spécialement proéminent, mais au contraire ferme et superbement découpé, comme toutes fesses de sportif digne de ce nom. Je sais ce qui se cache sous son slip, devant comme derrière, l’ayant à plusieurs reprises apprécié sous les douches des vestiaires de la salle d’escrime.

Le sentant tanguer au moment de lui faire retirer les jambes de pantalons, je m’accroupis de nouveau à ses pieds et, plaquant mes épaules contre ses jambes, je lui fais plier les genoux, l’un après l’autre, tirant vers le sol ses pantalons. Je sèche ses mollets, ses jambes et ses cuisses, poilues mais fermes et musclées ; c’est un délice qui glisse sous mes doigts !… J’attrape ensuite la paire de chaussettes que j’avais sortie du tiroir, la détache et tente, plus ou moins maladroitement de les lui enfiler, chacune de ses jambes adossée à mes épaules, mon bras enroulé autour de ses mollets, tentant tant bien que mal d’éviter de lui faire perdre l’équilibre – et à moi aussi – essayant aussi, par mes gestes, de ne pas le brusquer. Mais je me heurte toujours pour l’instant à une absence totale de réaction de sa part.

Encore accroupi, je relève ma tête dans sa direction, pour l’interroger sur l’état de son slip. Est-il mouillé au point qu’il veuille le changer ? Je sais, pour l’avoir vécu, qu’il souhaite être au propre en la matière. Une fois que j’avais participé au cours d’escrime ancienne du jeudi soir, dite escrime de duel, à l’invitation du maître d’armes pour voir en quoi cette pratique consistait et variait de l’escrime sportive traditionnelle – je n’ai d’ailleurs pas aimé ce type de combat – j’avais rejoint, en fin de cours, Cyrille dans le vestiaire, pour nous changer. Ayant peu combattu ce soir-là, je n’avais pas ressenti le besoin de me doucher et je m’étais rhabillé sans attendre. Mais lui avait souhaité passer sous l'eau. Or, déjà nu, il s'était aperçu qu'il avait oublié son sac dans la salle d’armes. Ne voulant pas se rhabiller pour aller le récupérer, pour se déshabiller ensuite de nouveau, il m’avait demandé de lui prêter ma serviette et mon gel-douche ; ce que j’avais consenti bien volontiers, l’attendant, tout habillé, sur mon banc, face à lui, jouissant ainsi du spectacle qu’il m’offrait. Pendant son passage à la douche, je m’étais alors absenté pour aller lui rechercher son sac de sport, sachant très bien duquel il s’agissait. A son retour, il avait pris le temps de s’essuyer devant moi, puis de replier ma serviette, exactement comme je la lui avais donnée (c’est-à-dire pliée en six sur elle-même) ; nous en avions alors plaisanté ! Mine de rien, ce temps de pliage lui avait donné l’occasion, volontaire ?, de se pavaner nu devant moi. Puis il s’était rhabillé, enfilant ses sous-vêtements, slip et chaussettes, marqués de sueur. Ensuite seulement, il s’était aperçu de la présence de son sac, que j’avais déposé sur le banc près de lui ; il s’en était étonné auprès de moi. Je lui avais alors signalé que j’était allé le rechercher. Il m’avait remercié chaleureusement et s’était exclamé qu’il pourrait finalement enifler slip et chaussettes propres, plutôt que de conserver sur lui les sales. Et aussitôt de se re-déshabiller, ôtant slip d’abord, chaussettes ensuite, tout en conservant son tee-shirt !… puis en enfilant chaussettes d’abord, slip ensuite et le reste de ses habits. Tout en conversant avec moi, de tout et de rien. Ce qui m’avait estomaqué - spécialement sa volonté de se re-présenter nu devant moi, voyant bien que je ne le quittais pas des yeux, et surtout ce qui m’avait frappé, c’était l’ordre dans lequel il s’était d’abord déshabillé, puis rhabillé, restant le sexe à l’air le plus longtemps possible !

Ce soir, son slip est vraiment mouillé : l’eau a d’abord transpercé le tissu de ses pantalons, en simple toile d’été, avant d'imprégner entièrement le sous-vêtement – ce ne sont pas de simples auréoles susceptibles de sécher au contact de la peau et de la température du corps. Or, je suis embêté car, si c’est moi qui lui enlève son slip, il va falloir essuyer sa peau : s’il accepte de le faire, pas de problème, mais si je dois le faire, moi, comme j’ai essuyé les autres parties de son corps jusqu’à présent, je vais forcément devoir toucher son sexe. Naturellement, ce n’est pas pour me déplaire, mais c’est un geste qui n’est absolument pas anodin. Et dans les circonstances présentes, je ne suis pas sûr qu’il serait sans conséquence sur nos relations : mon souci premier reste toujours et encore de conserver des liens durables avec Cyrille, qui ne soient pas irrémédiablement coupés à la suite d’une malencontreuse initiative. A toute vitesse, mon cerveau analyse la situation et étudie les différentes possibilités qui s’offrent à moi. Finalement, je me dis qu’il n’est point besoin que je m’escrime (!) à essuyer ses parties génitales dans leurs moindres recoins : la serviette passée entièrement autour de son bas-ventre, en insistant plutôt sur l’essuyage des fesses, tout en orchestrant savamment un mouvement d’ensemble, devrait permettre de sécher le tout sans trop m’appesantir sur le devant et tant pis si, en lui enfilant un slip propre, « tout » n’est pas entièrement sec.

J’opte donc pour cette tactique, qui me semble sauver l’honneur et la bienséance pour nous deux. Et puis advienne que pourra. Après tout, je fais ce que je peux, n’étant finalement guère soutenu – encouragé ou découragé – par Cyrille dans cette histoire. D'accord, je ne sais pas quel événement l’a complètement abattu moralement et pourtant il l’empêche de réagir normalement. Mais il me semble que je n’abuse pas, pour ma part, de la situation, du moins je pense ; c’est vrai, quoi, après tout ! je ne lui saute pas dessus, je ne le viole pas en le déshabillant de la sorte, en le séchant, et en le rhabillant...
 
Merci pour ce nouveau chapitre, mais là , nous restons statufié en plein vol tout comme ton héros....
 
Chap. XIII

Et hop ! comme disait cette pub des années 80 pour une dalle de linoléum portée en cache-sexe par un homme tout nu (l’un des premiers aperçus à la télévision) mais tellement pas beau qu’il ne risquait pas de faire fantasmer grand-monde… Me voilà donc en train de descendre, avec ma foi beaucoup de maladresse, un petit bout de tissu qui, étant mouillé, a dû mal à coulisser sur et entre les jambes de son propriétaire !

Brusquement, Cyrille se laisse tomber sur le lit, le corps renversé, à la manière d’un christ en croix. Il ne dit toujours rien. Mais il m’a tellement surpris que j’en tombe à la renverse, le cul par terre. J’ai d’ailleurs bien failli prendre ses jambes en pleine figure, dans le mouvement de balancier qu’elles ont engagé au moment où il s’est affalé sur le lit ! Je me relève un peu péniblement – je sais que je ne suis pas très bon à cet exercice-là : je donne l’impression d’un p’tit vieux perclus d’arthrose lorsque je peine à soulever mon grand corps du sol… – et je m’approche du lit, inquiet de la réaction, ou plutôt de l’absence de réaction de mon ami.

Tandis que je me penche sur lui, pour m’assurer – je sais, c’est bête – qu’il est bien toujours vivant, son bras jaillit soudainement et agrippe le mien avec une telle vigueur, une telle force, une telle rapidité aussi, que j’en sursaute dans un mouvement de recul. Il le tire vers lui, ce qui a pour effet de me faire tomber : je m’affale sur Cyrille, à deux doigts de me cogner la tête contre les montants du lit. Quel couillon ! Je tente de me redresser – j’ai peur de l’étouffer – mais il continue de tenir fermement mon poignet. J’arrive néanmoins à me dégager légèrement et à rouler sur le côté, pour éviter au moins de lui comprimer la poitrine. Nous somme là, tous les deux, allongés côte à côte sur mon lit, lui nu comme un ver, moi habillé à ses côtés, un peu hagard, ne comprenant absolument pas ce qui vient de se passer…

Tout à coup, il se met à éclater de rire. Visiblement, j’ai un tête à susciter l’hilarité. Mais très vite, en fait, un sentiment de colère m’envahit irrépressiblement : comme si Cyrille me menait en bateau depuis le début. Je suis alors vraiment furieux. Je me suis fait un sang d’encre à la vue de la tête de six pieds de long qu’il me tirait devant ma porte d’entrée, à son mutisme complet qui me laissait m’imaginer le pire – et le voilà qui éclate de rire, parce que j’ai un tronche d’ahuri… Je me dégage violemment de son étreinte, je tente de me redresser sur le lit pour me remettre debout ; mais à peine suis-je sur pied, lui tournant le dos, qu’il s’accroche de nouveau à mon bras, essayant, avec plus de douceur cette fois de me ré-attirer vers lui. Je me retourne, l’air très courroucé, prêt à lui décocher une volée d’injures, mais d’une voix très douce, presque enfantine, il me demande de l’excuser et de m’approcher de lui.

Dans ces moments-là, le héros est censé fondre devant tant de charme. Mais, moi, je ne suis pas dans un film, le scénario ne m’impose pas de devenir tout miel et je continue d’être vraiment en colère ! Cyrille relève le buste et s’assied au pied du lit. Il me tient toujours par le poignet. Il lève la tête vers moi – qui suis toujours debout – et renouvelle sa demande de pardon. Il est vrai que le spectacle qui s’offre à mes yeux est des plus alléchants : voilà un homme sur qui je fantasme depuis des mois, qui se présente devant moi, nu, juste revêtu d’une paire de chaussettes blanches de sport, le corps divinement sculpté – à la musculature finement mise en valeur par sa position assise – et qui prend un air contrit, un air de cocker, pour s’excuser de je-ne-sais-quoi… De quoi justement ? Cette vision – et la curiosité excitée – me radoucissent. Je lui demande alors ce qui lui a pris – non seulement de me prendre pour un imbécile en agissant de la sorte, mais surtout de se pointer comme ça chez moi, en se laissant tremper par la pluie et déshabiller ensuite…

Il se rallonge – plus exactement il se laisse retomber sur le lit – et tente de nouveau de m’entraîner avec lui. Mais je n’ai pas envie d’une gaudriole : même si son visage d’ange a atténué mon courroux, il n’empêche que, dans cette histoire, j’ai franchement le sentiment d’avoir été pris pour un con ! Pire encore, d’avoir pu laissé découvrir mon attirance pour Cyrille, qui, même si elle est réelle, ne doit pas être éventée par de telles circonstances. Il se relève, lâchant mon poignet, pour glisser aussitôt sa main dans la mienne, la serrant très fort, et se rallonge sur le lit. Ce mouvement m’oblige à m’asseoir près de lui ; je veux toutefois ne lui accorder que cette concession, tant que je ne serai pas fixé sur les raisons qui l’ont poussées à agir de la sorte !

« - J’avais envie de savoir… » ai-je pour seule réponse. De savoir quoi ? si je l’aime ? si j’aime les garçons ? s’il peut jouer avec moi, avec mes sentiments ? s’il peut foutre la honte à un pédé ? Je me garde bien d’embrayer sa réponse avec toutes mes questions ; je préfère attendre la suite de ses explications, mais ma colère refait surface illico, plutôt ulcéré de ce que cette seule phrase, laconique, laisse augurer de sous-entendus…

« - Viens ! » ajoute-t-il. Mais je n’ai pas envie ; je veux des explications lui fais-je valoir – sur un ton, que je perçois aussitôt intérieurement comme glacial et très cassant… Lui aussi l’a surpris ! Alors, il se relève une nouvelle fois et, tandis qu’il est maintenant tout près de moi, tout en continuant de me tenir la main, il précise sa pensée : il avait envie de savoir s’il en serait capable… Mais capable de quoi, grand Dieu ? De sauter le pas. Dès qu’on le titille sur ses « relations », sur ses amours, il a tendance à se refermer comme une huître, à éluder les questions par une pirouette, voire carrément à fuir, jouer les silence radio, rompre même avec ceux qui se font un peu trop insistants. C’est comme ça qu’il a quitté sa région et sa famille – et aussi naturellement pour assouvir sa passion de la voile – en émigrant sur la Côte d’azur. Puis qu’il est remonté vers les Alpes, en Savoie. Il n’a jamais été à l’aise avec ces questions, niant l’évidence : le beau mariage de l’athlète, du dieu du stade, avec une jolie jeune femme, ce ne sera jamais pour lui. Non, il préfère alors l’image du navigateur solitaire, du vieux loup de mer : il a l’avantage de jouer sur les clichés développés dans l’imaginaire collectif : pas d’attache, car une femme dans chaque port – même si de femme il n’y en a pas, pas pour le moment du moins… Mais ça, les gens n’ont pas besoin de le savoir, juste de croire que… Par contre, des amis il s’en est fait, des tonnes. C’est facile, il est très doué pour ça. Des amis et aussi des amies.. Mais pas d’amoureuse. Pourquoi ? Il s’est d’abord dit que ça se ferait tout seul, que la femme de sa vie, elle se pointerait un jour, sans crier gare, mais qu’il saurait la reconnaître au premier regard – oui, il sait, ça fait un peu cliché, un peu fleur bleue, mais ça lui évitait de se poser trop de questions. Et puis, il y avait sa passion, la voile, son travail auprès des enfants qu’il éduquait à ce sport – il est très doué avec les enfants, il a un bon feeling avec eux – et puis ses potes avec qui il expérimentait toutes sortes d’aventures sportives : montagne, randonnée, ski, course à pied, vélo, etc., etc. Et puis l’escrime ! C’était chouette, l’escrime. Non ?

Oui, c’était bien. Mais il n’a pas repris l’activité cette année. Pourquoi, si c’était si bien que ça ? Temps de silence. Problème d’argent. Enfin non. Enfin si, mais pas que ça. Depuis qu’il a démissionné, au printemps dernier, il a tenté de se ré-orienter professionnellement. Il s’est lancé dans la préparation à un diplôme supérieur. Mais en fait, il ne l’a dit à personne, ça n’a pas marché : il lui manquait quelques points. Il a peur d’être un peu trop vieux maintenant ; il s’est retrouvé en compétition face à des candidats nettement plus jeunes que lui. Il vivote depuis lors. Les allocations chômage, qui n’étaient déjà pas tellement élevées, ont maintenant diminué. Mais ce n’est pas trop une question d’argent… Quoi d’autre alors ? C’est toi. Ah bon, ben désolé si je t’empêche de pratiquer l’escrime, c’est promis je n’irai plus ! comme ça tu pourras retourner au cours ! Non, en fait, c’est toi qui m’a troublé. Ah ben en voilà une affaire ! Nouveau temps de silence. Avec ma grande gueule, moi qui ne suis pas doué d’habitude pour les réparties, là, justement, j’aurais mieux fait de me taire : j’ai dû le vexer et je n’aurai pas le fin mot de l’histoire…

Tu te rappelle, cet été, tu m’as envoyé un mail – c’est vrai que, dépité de ne plus savoir comment renouer contact avec « l’amour-de-ma-vie », j’avais dégotté son adresse Internet sur le site du centre de voile, son ancien employeur, sur lequel elle figurait toujours, bien qu’il l’eût licencié depuis plusieurs semaines déjà, et je lui avait envoyé un message volontairement énigmatique, mais pas trop pour que, s’il prenait la peine de creuser un peu, il sût que c’était moi. Mais ça, je me gardais bien de le lui rappeler… Le problème, c’est qu’il m’avait bien répondu – je garde pieusement, depuis, sa réponse dans ma boite à messages – mais il ne semblait pas savoir qui lui avait écrit… ce qui m’avait fort déçu ! et le mot est faible. J’avais néanmoins renvoyé un nouveau message, un peu plus explicite cette fois, mais qui était alors resté totalement lettre morte – à mon grand désespoir.

Ce mail, ça l’avait fait réfléchir. Il avait eu une irrésistible envie de me revoir, sans toutefois bien savoir comment s’y prendre. D’où l’idée de ce rendez-vous « impromptu » à mon travail. D’où le repas et l’après-midi passée ensemble. Mais, le soir venu, il n’avait pas osé franchir le pas. Quelque-chose le retenait, le bloquait. Il ne se sentait pas prêt. Ce n’est qu’en rentrant chez lui, en retrouvant son petit appartement après avoir quitté ma « grande » maison, en tournant en rond toute la journée, privé de boulot et donc à même de ruminer, de n’avoir rien d’autre à penser, qu’il avait imaginé ce stratagème, le lendemain même de notre rencontre : ce soir donc. Il était vraiment désolé. Il ne voulait pas que je fusse en colère pour ce qui était une mauvaise plaisanterie. Enfin…

Qu’attend-il de moi ? Est-ce vraiment une plaisanterie, le coup de m’attendre, trempé, devant ma porte, et de me laisser le déshabiller entièrement, comme il l’est maintenant ? Si, vraiment, c’en est une, alors je lui dis qu’elle ne me fais pas rire. Elle ne me fait pas rire, parce que, d’abord, j’ai eu peur, très peur qu’il lui soit arrivé quelque-chose. Je le luis dis. Elle ne me fait pas rire, ensuite, parce qu’on ne fait pas un coup pareil à quelqu’un qu’on aime. Du moins, moi, je ne le lui aurais pas fait. Silence. Je veux dire, lorsqu’on aime quelqu’un d’amour – …et même aussi d’amitié, d’ailleurs. Nouveau silence. Je n’ose pas le regarder dans les yeux ; mon regard préfère s’étendre au loin, par la fenêtre de la chambre – j’ai peur de croiser le sien, peur qu’il n’ait pas compris mon sous-entendu, pire, qu’il l’ai justement compris… Je sens que mon sang se retire de mon visage, que je blanchis ostensiblement de honte, après cet aveu. J’ai peur de la suite. De la parole qui va rompre le fil…

« -Je suis désolé… » A nouveau, Cyrille me présente ses excuses. Il tient toujours ma main, depuis le début de cette conversation surréaliste. Il tire la mienne, comme pour m’attirer vers lui – mais j’aurais l’impression, en m’allongeant près de lui, d’être un petit garçon qu’il convient de consoler pour le calmer, avant de le renvoyer dans sa chambre ! Il lève alors son autre main pour mieux m’amener à lui. Je n’ai d’autre choix que de céder et c’est comme ça que je me retrouve blotti contre lui, la tête sur son épaule, le nez coincé sur son cou. Il se contorsionne et dépose d’abord un baiser sur mon front. « - Merci d’avoir pris soin de moi et de ma santé… » Il se tourne légèrement vers moi pour mieux nous faire face. Et il m’étreint de ses deux bras ; c’est à son tour de se blottir contre moi. Et de me serrer si fort que j’ai un peu de mal à respirer. A mon tour de me retrouver allongé sur le lit, le visage face au plafond et de recueillir Cyrille contre mon épaule.

Il fait nuit dehors depuis longtemps. Nous restons là, un long moment en silence, le plafonnier allumé qui nous éblouit. J’avoue que je savoure ces instants… C’est encore une fois surréaliste ! Soudain, je sens monter tout d’un coup en moi, mais vraiment monter depuis l’estomac jusqu’au cerveau, une envie forte, intense, paralysante, de l’embrasser – je veux dire l’embrasser sur la bouche, le fameux french kiss ! Je me fous de sa réaction – j’entends par là de sa réaction éventuelle de répulsion. Nous roulons donc sur le lit à nouveau pour mieux nous retrouver face à face, comme à l’instant précédent, et, droit dans les yeux, je prends sa tête dans mes deux mains et j’approche mes lèvres près des siennes ; je les applique doucement, délicatement comme il l’avait fait lorsqu’il m’avait baisé le front tout à l’heure. Je glisse ma langue au travers de mes lèvres ; tentant de l’insérer au travers des siennes. Celles-ci s’entrouvrent à leur tour et sa langue rejoint la mienne…

De tout ce que j’ai pu lire sur ce fameux french kiss, certains disaient que c’était merveilleux – la version officielle et so romantic – d’autres, plus honnêtes que c’était un peu dégoûtant, avec un goût de salé, de bave d’escargot ! En tout cas, ç’a un effet excitant ! Et ce baiser – le premier pour moi – je le savoure, comme j’ai savouré le moment précédent de calme, entrelacés que nous étions dans le silence de cette soirée.

Notre étreinte s’éternise. Mon baiser est relayé – il faut bien respirer – par un second baiser, mais à l’initiative cette fois de Cyrille. Langoureux. Passionné. Un courant électrique parcoure mon ventre et mon bas-ventre. Parcoure son corps. Nous roulons l’un sur l’autre, moi en-dessous, lui dessus. Je ne peux m’empêcher de prendre alors ses fesses – fermes à souhait – dans mes deux mains. Je me la joue super-héros en rut ! comme dans les films érotiques… Lui a ses mains autour de mon cou, de mes épaules. Il m’embrasse goulûment, avidement. Comme s’il était en manque.

Puis, il se relève brusquement. Il est sur moi, à hauteur de mon bassin. Le sexe devant. A peine turgescent. Le ventre toujours aussi plat, toujours aussi finement sculpté. Les bras tendus, les mains posées sur moi. Il me regarde. Il est beau ; que dis-je sublime. Il a ce regard dans lequel je me noierais, même s’il n’est pas bleu océan… (mais gris noisette). Mon Dieu, qu’est-ce qui nous arrive ?

Il veut enlever ma cravate, dégrafer ma chemise. Je me sens soudain ridicule, en décalage entre ma tenue de bureau – costume cravate – et sa nudité affichée. Or, les cols blancs qui se font sauter sur le bureau, moi, ça ne m’a jamais excité. Et puis, je n’ai pas – soupir – son corps de rêve. Alors, si la cravate, je lui laisse le soin de la dénouer, lorsqu’il s’agit de lever les bras pour laisser passer la chemise par la tête, je ne peux pas m’empêcher de résister au mouvement. Cyrille s’en rend compte et change de tactique : il commence par déboutonner mon col. Mais passée la poitrine, mon corps, involontairement, exprime un geste de répulsion. Je blêmis. Cyrille s’interrompt. Que se passe-t-il ? Je n’ai pas envie ? Je trouve que ça va trop vite ? Non, je ne tiens pas à ce qu’il me voit nu… Mais pourquoi, puisque nous avons pris plusieurs fois la douche ensemble ? C’est d’ailleurs parce que je me suis douché la première fois qu’il m’a vu nu, qu’il a choisi, la fois suivante, de faire la même chose. Mais, je ne suis pas comme lui. Je ne suis pas fait comme lui. Je ne suis pas aussi bien que lui – je voudrais tellement, par mes métaphores, qu’il comprenne ce que je veux lui faire comprendre, sans avoir à prononcer les mots « bourrelets », « gros », « gras », « moche », etc. Mes yeux supplient ; ma gorge se noue. La panique m’envahit petit à petit. Je ne voudrais tellement pas le décevoir ; je voudrais tellement à cet instant être comme Brad Pitt, être ce corps d’éphèbe, que je n’ai pourtant jamais eu, même au long de mon adolescence. ..

Cyrille se penche vers moi. Il m’embrasse de nouveau. Tendrement. Attentionné. Tout en finissant, mains glissant entre nos deux corps collés, de déboutonner ma chemise, d’en retirer les pans de mes pantalons, il fait glisser ses paumes le long de mon torse. Je ne suis pas velu, sans être totalement glabre non plus. Ses mains courent de long en long, jusqu’au nombril, avant de glisser le long de mes hanches et de s’enfoncer dans mon dos et de me serrer très fort contre lui.

A mon tour de passer mes bras autour de son buste. A mon tour de le serrer très fort contre moi. Mon appréhension s’estompe à son contact ; j’en ai besoin pour oublier mes défaut corporels et me sentir bien à ses côtés.
 
Not too much lost in the translation .... if it wasn't for you we wouldn't have the story in English .... Thank you Auto.
And thank you Hopayra, for a great tale.
I'm so glad they have finally got together !!!!
Harry
 
Grand merci pour ces nouvelles pages, tes lecteurs attendent la suite. Nous saurons patienter.......quelques paragraphes laissent percer une note d'expérience vécue....
 
J'espère que l'inspiration ne t'as pas abandonné? Livre nous donc un nouveau chapitre........
 
Chap. XIV

Bizarrement ce soir-là, nous n’avons pas fait l’amour. Nous n’en avons pas ressenti le besoin, juste celui d’être ensemble, serrés l’un contre l’autre. C’est comme ça que nous avons passé cette première nuit : dans les bras l’un de l’autre, collés, on pourrait même dire aimantés l’un à l’autre, nus tous les deux comme des vers, glissés sous la couette. C’a été une nuit incroyable. Pas eu besoin de discuter, d’échanger, de nous raconter nos vies ou je ne sais quoi, non ! Seulement d’être l’un avec l’autre. Bon, en plus, il ne faisait pas très chaud dehors, alors forcément on a cherché à se réchauffer et, comme par hasard, la seule chose qu’on a trouvé pour ça, c’était de se coller ensemble… !

La nuit a passé, le jour s’est levé et nous n’avions pas bougé d’un iota. Comme nous nous étions couchés rapidement, à la suite des événements que l’on sait, je n’avais pas eu le temps, la veille, de tirer les volets, ni même les double rideaux. Aussi, c’est le petit jour qui nous a réveillés. Même si, je dois bien l’avouer, je n’ai pas beaucoup dormi, cette nuit-là. Trop occupé à cogiter, à me repasser le fil de l’histoire : les moments au cours de l’année scolaire dernière qui m’ont fait espérer que j’avais enfin trouvé l’homme de ma vie, les tentatives de rapprochement, les échecs, le découragement, et aussi ces deux derniers jours : l’après-midi de ce jeudi et cette soirée passée, proprement incroyable. Tout ça continue de me trotter dans la tête, à peine suis-je réveillé : toujours la crainte de vivre un rêve et que, fatalement, l’heure du réveil va sonner qui va faire disparaître cette illusion pourtant si agréable. Je suis réveillé le premier, Cyrille dort encore. Je ne peux m’empêcher de le regarder – je devrais plutôt dire le contempler, tellement je le trouve beau ! Même si, en fait et objectivement il ne l’est pas tant que ça… je me dis que l’amour rend vraiment aveugle et surtout rend les gens aimés beaux. Je sais, ce genre de paroles un peu cucul-la-praline, peut paraître franchement stupide, surtout si elles étaient prononcées à voix haute dans une discussion de salon. Mais, même si je suis vraiment amoureux, je n’en garde pas moins une once de lucidité et je sais reconnaître que, objectivement, l’homme endormi à mes côtés n’est pas un ange, ni physiquement – encore que je n’en ai jamais côtoyé qui fût descendu du ciel – ni moralement. Je crains par-dessus tout le quotidien, dont on dit tant qu’il tue l’amour. A commencer par l’haleine fétide au réveil : se faire souffler dans le nez par quelqu’un, même s’il est beau comme un dieu, ça reste très désagréable !… Or, si je suis prêt à « endurer » un souffle pestilentiel de mon « chéri », je ne suis pas sûr que la réciproque soit vraie et, quand bien même, je ne me sentirais pas très à l’aise de lui infliger ça. Malheureusement pour moi, impossible de me lever en douce, pendant son sommeil, pour aller me brosser discrètement les dents et me remettre au lit : nous sommes toujours accrochés l’un à l’autre, ce qui fait que si je tente de me dégager, je risque de le réveiller et j’aurais perdu le moyen de me rincer le gosier avant d’enfourner ma langue dans sa bouche pour un baiser fougueux de salut matinal…

Tant pis ! Et puis, je l’avoue, je n’arrive pas à me détacher de lui, même pour deux minutes de brossage de dents. Je ne me lasse pas de l’observer, tout en faisant mes commentaires intérieurement. Je crois que je vire midinette, blonde-stupide – je sais c’est un pléonasme… – en extase perpétuelle devant mon homme.

Est-ce mon regard insistant, la lumière du jour qui vient lui taper dans l’œil, ou la fin naturelle de son cycle de sommeil, toujours est-il que Cyrille finit par s’éveiller à son tour. Et, vu notre position scotchée, je me retrouve fatalement dans son champ de vision immédiat. J’ai alors droit à un beau sourire et un bonjour doux et joyeux, qui provoque en moi un sensation de fluide qui parcourt tout mon être.

Le premier geste que nous échangeons, c’est un nouveau baiser, tout aussi passionné que la veille au soir. Tout en unissant nos lèvres, j’ai la main baladeuse, qui descend le long de son torse, puis de son ventre, pour se perdre dans sa toison pubienne – Dieu que j’aime ça ! je ne supporte pas les gens qui se rasent le pubis : je trouve ça tellement sexy les poils pubiens ; je trouve que ça fait viril, c’est-à-dire littéralement que ça fait « homme » ; seuls les pré-pubères ne sont pas poilus… – ma main descend ensuite sur son sexe. Il n’est d’ailleurs pas en érection au moment du contact avec mes doigts – à croire qu’il n’a pas rêvé de moi cette nuit, puisqu’il n’en garde aucun effet au réveil ! Non seulement, j’aime les poils couronnant le sexe, mais j’aime tout autant malaxer celui-ci et plus encore les deux couilles qui s’y accrochent…

En fait, je n’y tiens plus : j’ai trop envie de masturber le sexe de cet homme sur lequel j’ai fantasmé pendant tous ces longs mois. Et comme je vois qu’il ne m’en empêche pas, je continue de plus belle !

Internet a ceci de bien, c’est qu’il est formateur – n’en déplaise aux ligues de vertus. Il permet de capter quelques trucs sensuels qui éveillent le plaisir de son partenaire, le fameux point G. Encore faut-il naturellement les tester grandeur nature, avec un partenaire bien réel… c’est ce qui me manquait jusqu’à ce jour. Alors maintenant que j’en ai un sous la main – et pas n’importe qui, pour sûr – je me sens plein d’envie de mettre mes « cours » en pratique !

C’est comme ça que je teste le léchage de lobe de l’oreille. Tout en tenant bien en main son braquemart, je me contorsionne sur le matelas, pour étirer la tête et approcher ma langue du lobe de l’oreille droite de Cyrille. Au début, j’avoue que je sais pas trop comment m’y prendre ; je me trouve même un peu ridicule, pour tout dire. J’arrive néanmoins à passer d’abord le bout de ma langue sur son lobe, en la faisant tourner en rond, dessus, dessous, sur le côté. Des fois, elle dérape même dans le creux de l’oreille, mais je me rattrape aussitôt… Puis j’appose mes lèvres, légèrement humectées, toujours sur son lobe, en le titillant, en continuant de le léchouiller avec le bout de ma langue… Je sens un léger émoi dans son sexe, que je tiens toujours dans ma main…

Mes lèvres parcourent alors sa joue, puis de nouveau sa bouche, en une multitude de petites baisers, comme dans ces dessins animés de mon enfance ou le héros baisait la main, puis le bras, puis la bouche de sa belle… C’est reparti de plus belle pour une série de french kiss de bon matin. Et tant pis pour l’haleine ! D’ailleurs, j’avoue franchement que ça ne me gêne pas plus que ça – qu’est-ce que l’amour ne fait pas faire !

Mon envie m’amène ensuite à descendre mes lèvres dans son cou, sur sa pomme d’Adam d’abord, puis dans le creux du cou, puis sur l’échancrure de son torse, avant de gober ses tétons, un à un, tout en les caressant de nouveau avec ma langue. Je sais que Cyrille a un corps de rêve, exactement dessiné comme les héros de cinéma, avec cette musculature fine qui ne le fait pas ressembler à un culturiste, mais à un jeune homme – à peine trentenaire – rudement bien foutu !… Et de passer ma langue, et mes lèvres, sur ce torse imberbe, superbement sculpté, c’est un vrai régal : ça vaut tous les petits-déjeuners ! J’aime son torse ; j’aime ses avants-bras ; j’aime ses aisselles, duveteuses, légèrement imprégnées de la sueur de la nuit ; j’aime ses bras, ses poignets, ses mains… Le fait de le toucher, sans restriction, sans gêne, sans honte – sentiments qui m’avaient freinés dans la douche, ce soir d’hiver dernier – me fait monter au septième ciel. Le fait de sentir Cyrille sous mes doigts, sous mes lèvres, d’entendre sa respiration, de voir son corps se soulever à chaque souffle d’air, d’apercevoir ce petit sourire satisfait au coin de ses lèvres, à chaque pan d’exploration de sa peau, tout ça ne fait que m’exciter…

Je repars donc vers ses tétons, sa poitrine, puis le creux de son ventre, suivant de la langue ses abdominaux, pour rejoindre le filet de toison pubienne qui parcourt son bas-ventre jusqu’à son nombril. Ce dernier est en creux : le cordon ombilical a dû être convenablement sectionné à sa naissance. J’en profite pour y enfourner ma langue, toujours aussi baladeuse…

C’est ensuite mon nez que je laisse descendre de ce filet de poils jusqu’à son pubis. J’aime cette odeur de la nuit qui émane de toute la région de son sexe. Dans ma quinzième année, j’ai eu ma première – et jusqu’alors mon unique – expérience sexuelle avec le fils d’amis de mes parents, qui était âgé d’un an de plus que moi et qui se rengorgeait d’aimer les filles !… J’avais pourtant réussi à le faire jouer avec moi aux « Romains » : rien qu’un toge, en drap ou en serviette de bain, pour s’habiller et déambuler dans une maison laissée vide par nos parents respectifs. Le voir nu – bien qu’il ne fût pas spécialement beau – m’avait suffi pendant de longs mois. Il fallait bien néanmoins qu’un jour, on passât à l’acte et nous nous étions alors allongés sur un lit, toujours sous le prétexte du jeu, chacun ayant pour mission de découvrir le corps de l’autre de la paume de sa main. J’avais commencé le premier et ma main avait – oh ?! – effleuré son sexe au repos. Il avait enchaîné et fait de même. Il en avait alors profité pour me proposer de nous embrasser – ce que j’avais refusé, cette idée me répugnant sur le coup – mais j’avais été d’accord pour qu’il me suçât la tige. Ce qui m’avait procuré un plaisir inouï, que je n’avais jusqu’alors jamais connu – j’avais néanmoins refusé moi-même de lui donner ce plaisir, ce que j’ai, depuis, regretté amèrement... C’est pourquoi, j’ai décidé ce matin de me lâcher et de céder à cette envie : mon exploration reprend donc de plus belle et mes lèvres viennent se poser sur le sexe de Cyrille : d’abord pour l’embrasser – sentir la peau de son sexe sur le bout de mes lèvres. Puis commencer à le mettre dans ma bouche, lentement, ma langue titillant son prépuce non décalotté. Accentuant ensuite le mouvement pour le faire se durcir de plaisir. Continuer de glisser ma langue sur le dessus de son gland…

A ce stade-là, je me dois de m’accroupir au-dessus de ses jambes, le cul en arrière, la tête penchée en avant sur ses hanches. Ma main droite empoigne son sexe brandi, ma main gauche se glisse sous lui, sous ses fesses : j’ai besoin de le tenir, de le savoir dans ma main. Le mouvement de ma bouche autour de sa queue se poursuit, l’action de ma langue aussi. Sa main vient alors subitement se poser sur mon crâne, comme pour accompagner mes gestes. Je ne peux m’empêcher de lever les yeux vers lui pour lire dans les siens. Il a toujours ce sourire aux lèvres, celui-là même qu’il m’a gratifié à son réveil. Je me détache donc de son sexe pour remonter de nouveau le long de sa toison pubienne, dépasser son nombril, revenir autour de ses tétons, avant de faire se rejoindre nos deux bouches, pour un nouveau baiser. Ma main gauche s’est détachée de son fessier pour prendre sa main, doigts entrelacés…

Nous roulons sur le côté, toujours enlacés. Après quelques secondes, je repars de plus belle : cou, poitrine, nombril, bas-ventre et toujours sa queue, bien droite, puissante. Au repos, sous la douche, elle ne m’avait pas paru extraordinaire. Là, elle m’impressionne, dressée face à moi. Je m’en saisis de nouveau. Je l’enfile dans ma bouche, veillant toutefois à ce qu’elle n’atteigne pas le fond de mon gosier – si je ne veux pas lui vomir dessus… j’ai toujours été sensible de cette partie-là et un peu de dégueulis au petit matin, avec l’amour-de-ma-vie, je pense que ça ferait un peu désordre !… Ca ne m’empêche pas de ré-actionner ma langue, histoire de faire monter sa testostérone… Je sors son gourdin de ma bouche, pour poursuivre mon léchouillage du dessous de son sexe dressé, avant de descendre encore sur ses petites couilles poilues : dessus, dessous, à gauche, à droite, en remontant par l’aine, puis le pubis, puis le dessus de son sexe… avant de le ré-enfourner goulûment dans ma bouche avide… Chaque étape est l’occasion de baisers sans fin, posés doucement comme s’il s’agissait de porcelaine très fragile…

Comme s’il était désormais à point, je prends sa queue dans ma main – je suis recroquevillé à ses pieds, au fond du lit. Je décide de la pomper énergiquement, tout en la maintenant dans ma bouche et en effleurant son gland de ma langue – j’ai vu faire ça sur Internet… ! Je pompe, je pompe, sans me soucier que son sperme risque à tout instant de gicler dans ma bouche – je verrai bien au moment où ça arrivera. Je sens soudainement une contraction de son ventre, qui se creuse – le spectacle est saisissant. Je poursuis de plus belle, léchant, suçant, asticotant… Lui me tient la tête entre ses deux mains, m’accompagnant dans mes mouvements.

Brusquement, le sperme jaillit de son orifice. Je le sens envahir mon palais, se mêler à ma salive. Il a un goût légèrement salé. Je me sens décontenancé : qu’est-ce que je dois en faire ? l’avaler ? m’arrêter pour aller ensuite me rincer la bouche ? La question du sida, des MST, affleure dans mon esprit, une fraction de secondes. Mais j’ai envie de me la jouer romantique – inconscient aussi. Je décide d’avaler, tout en poursuivant mon action sur sa queue, histoire de la vider entièrement.

De Cyrille aussi j’ai senti un instant d’hésitation au moment où il a joui. Comme si, lui aussi, ne voulait pas me « souiller » la bouche. Nos regards se sont alors croisés un instant, avant que je me concentre sur la fin de mon suçage…

C’est fini. Je sens ses muscles se relâcher après l’effort. Il se retourne sur le dos, yeux levés vers le plafond, mains à plat de part et d’autre sur les draps. Ma main remonte le long de son corps, sur son côté, son aisselle droite, son avant-bras, son épaule, le creux de son cou. Elle redescend sur sa poitrine où je la pose à plat, histoire de sentir sa respiration au plus près. Je suis sur le côté, à côté de lui. Je le regarde. Mon Dieu, qu’est-ce qu’il est beau ! J’ai de nouveau envie de l’embrasser, de le couvrir de baisers. Mais j’ai peur, aussi, de le lasser de tant de fougue – et qu’il me trouve très vite un peu trop pot de colle…

Il baisse les yeux du plafond pour les poser sur moi, après s’être légèrement retourné – le visage et les épaules dans ma direction. Il me sourit toujours. Il s’approche de moi. Je sens son souffle sur ma joue, effleurant mes yeux. Il pose délicatement ses lèvres sur mon nez, puis sur mes lèvres, les entrouvre et y glisse sa langue. C’est un long, doux, très long, très doux baiser d’après l’amour.
 
Bel enchainement, mais la passion t'entraine Conseiller l'utilisation d'une protection et/ou d'éviter de recevoir du sperme dans la bouche, même si l'on est emporté par la passion ou que l'on a peur de passer pour un naze, dans le cadre d'une histoire me semble possible.
Pourquoi gâcher la chute par un moment d'égarement? l'éjaculation dans la bouche n'est pas une condition sine qua none du premier rapport entre 2 individus
La déception pointe le bout de son nez
 
C'est tout?
Je viens de découvrir cette histoire et ai pu lire sans attente tous les chapitres d'un coup mais m'étonne de cette fin qui laisse un goût d'inachevé dans la bouche :)
pas de suite?
 
What can one say? This tale so sensitively written by Hopra, and equally sensitively translated by Autolycus, is so evocative of the fears held by us who were so tightly bound in the closet. One could heavily recommend Hopra's writings as compulsory reading for intending clergymen.
 
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