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Guitare

c'est très bien écrit et le suspens monte crescendo sauf que j'attends avec une impatience non dissimulée maintenant qu'il atteigne un paroxysme de gayttitude révélée -enfin- *|*
Evidemment, l'approche d'une douche commune des quatre garçons me fait frémir le caleçon alors ...Vite! La suite !(!)
 
Thank you hopyra! and autolycus
They certainly are a group of schoolkids !!
Will the lads take a naked shower together ???
This is unfolding very nicely!
Harry
 
Chap. X

C’est sans façon que Quentin, le premier, se dévêtit. Du reste, il ne portait pas grand-chose sur lui : toujours uniquement son jeans puisqu’il s’est baladé toute la journée sans tee-shirt, depuis sa bagarre de bouteille d’eau mémorable de ce midi avec Sébastien. Le voilà donc à poil en deux temps trois mouvements. Il rentre dans la cabine de douche et commence à tirer l’eau ; comme c’est l’eau froide qui sort la première, il hurle comme un goret, en faisant de grands geste de noyé… Ce qui nous fait tous éclater de rire. Je suis le deuxième à le suivre sous la douche : je ne veux pas me retrouver le dernier à me déshabiller, à donner l’impression de faire ma chochotte. Je rentre avec plus ou moins de facilité mon grand corps malingre dans la cabine, pour me retrouver face à Quentin. Ce dernier, sur qui coule enfin l’eau chaude à bonne température, me regarde l’œil pétillant, le sourire largement ouvert sur son visage. Suit Sébastien, dont la beauté nue m’est de nouveau confirmée : ce type est non seulement beau habillé, mais encore plus beau nu ! Enfin, Damien, qui semble avoir perdu toute pudeur depuis sa sortie de la piscine tout à l’heure, nous suit tous de peu et vient se faufiler entre nous tous.

C’est bien à quatre que nous nous retrouvons sous une unique pomme de douche centrale. Et même si la cabine est suffisamment vaste, elle n’est quand même pas conçue pour accueillir quatre personnes en même temps ; ce qui nous amène à devoir nous serrer les uns près des autres. Cette promiscuité est fatalement source d’effleurements : bras, coups de coude, coups de genoux… nous nous frôlons sans cesse. A un moment, Quentin, me surprenant par derrière, empoigne ma bite à pleine main, en me criant C’est quoi, ça ? Je suis tellement surpris par son geste, que j’ai une réaction épidermique : je lui envoie mécaniquement un grand coup de coude vers l’arrière, qui vient heurter le haut de son estomac et le plie en deux de douleur, le souffle coupé. Il lâche prise. Je me retourne et je tente de le secourir ; les autres font bloc autour de nous et s’essaient de même. L’eau continue de couler. Après quelques secondes, il relève la tête, le sourire réapparu sur son visage ; il me fait remarquer combien j’ai une droite percutante ! Tout en continuant de son avant-bras gauche à se protéger le ventre, il me caresse la joue avec sa main droite. Alors ma poule, sensible de ce côté-là ? Aussitôt dit, aussitôt il empoigne sa propre bite, et dans un mouvement de recul contre la paroi de la douche, il la brandit comme une épée, l’air bravache. Nous nous reculons tous les trois, riant de son geste, et nous entamons une sorte de danse de mousquetaire, chacun notre engin en main, prêt à croiser le fer… Nous tournons en rond dans la cabine, chacun fixant l’autre du regard. C’est paradoxalement Sébastien, le plus petit d’entre nous, qui se jette le premier sur nous, comme étourdi par des vapeurs d’alcool qu’il aurait bu. S’ensuit une mêlée que, par miracle, le receveur de douche supporte sans se fendre, tellement nous trépignons et nous nous rentrons dedans à grands renforts de cris de guerre, façon Braveheart ! Si la cabine n’avait pas été équipée de parois, c’est toute la salle de bain qui s’en serait trouvée inondée. Après quelques minutes de cette bagarre mémorable, nous finissons tous les quatre serrés l’un contre l’autre, bras dessus-dessous passés sur les épaules de l’autre et nous nous mettons à entonner le chant de la victoire, en tournant en farandole. Apaisés par ces rites virils, Damien prend la bouteille de shampooing et me la tend en me demandant de lui frotter les cheveux. Quoiqu’un peu surpris, je m’exécute bien volontiers. Trouvant l’idée super, Quentin se propose de me laver les miens, m’obligeant par la même à fléchir sur mes jambes pour lui permettre de nous trouver à même hauteur, tandis que Sébastien se place devant Damien pour que ce dernier fasse de même. C’est là que Quentin entame une énième chanson barbare, histoire de continuer nos délires. A peine chantons-nous tous en chœur, qu’il fait glisser sa main pleine de mousse de mon crâne à ma bouche, histoire de me débarbouiller les dents ; résultat, je me redresse d’un bond, toussant et crachotant à qui mieux-mieux, bavant sur Damien, qui se retourne brusquement, en entraînant dans son geste Sébastien, qui, lui, glisse et se retrouve à terre. Quentin éclate de rire, me glissant à l’oreille qu’il s’agit là d’un prêté pour un rendu, pour le coup de coude de tout à l’heure précise-t-il... Suffoqué par son effronterie – c’est lui, après tout qui a commencé, en me tripotant – je me jette à son cou et en l’entourant d’un bras, je déploie l'autre et je me mets à lui frotter le ventre énergiquement, appuyant bien pour sonder d’éventuel résidu de douleur passée, avant de descendre et de le tripoter à mon tour encore plus énergiquement… Il hurle de nouveau comme un goret, ce qui ne fait que provoquer l’hilarité des deux autres. Ma colère s’étant estompée, je cesse immédiatement mon « savonnage » et je retire mon bras. Feignant l’outragé, il se jette à son tour à mon cou, mais se contente de me serrer contre lui, ou plutôt de se serrer contre moi, torse contre torse et dépose sur ma joue son troisième baiser de la journée : décidément, je suis gâté par tant de marques d’affection !

Il m’entraîne illico sur Damien, m’invitant d’un signe à l’aider à lui faire passer, à son tour, un sale quart d’heure. Jouant le jeu, je tente de bloquer ses deux bras pour permettre à Quentin de le savonner là où ça le chantera ; mais le bougre se défend, lance des coups de pieds, rétracte le bassin vers l’arrière, gigote, tente de se dégager de mon étreinte, sans y parvenir tout à fait. Quentin fonce tête baissée sur lui et simule une série de coups de poings sur son torse et sur son ventre à la manière d’un punching-ball. Sébastien regarde la scène, hilare. L’eau coule toujours à flots. Quentin se relève, aussi soudainement qu’il s’est jeté sur Damien, et se retourne brusquement pour empoigner Sébastien, qu’il enlace de ses bras vigoureux. Il nous encourage bruyamment de nous attaquer à lui, ce que, ni une, ni deux, nous faisons aussi sec, Damien et moi ! Celui-ci se met à quatre pattes et tente de glisser sa tête entre les deux jambes de Sébastien, histoire de le soulever et de le renverser, tandis que moi, je m’empare de la pomme de douche et je lui baigne le visage d’eau en pleine figure. Riant aux éclats, il tente de se dégager, tournant la tête de droite à gauche, jusqu’à suffoquer et donner des signes de malaise. Voyant cela, je m’arrête aussitôt, je laisse tomber la pomme de douche au sol, et, d’un bras j’écarte Quentin, lui intimant par mon geste l’ordre implicite de le désenchaîner. N’ayant pas vu sa réaction, Damien continue sa stratégie de renversement et parvient à soulever Sébastien, la tête du premier coincée sous la bite de l’autre, les jambes faisant alors étau ; Damien se relève d’un bond. Sébastien perd l’équilibre, comme projeté en avant. Comme je suis grand, je tends les bras vers lui et je le rattrape au vol ; il finit la tête au creux de mon épaule, son visage a viré au rouge, puis au blanc. Je le serre contre moi quelques instants ; des secondes qui semblent être une éternité. Ca va ? Il ne répond pas dans un premier temps, toujours blotti entre mes bras. Puis, je le sens légèrement bouger la tête ; il la lève, lentement. Je repose ma question. Eh, dis, ça va ? Quentin a placé sa main sur son épaule dans un geste affectueux et compassionnel. Lui aussi est soucieux et ça se voit sur son visage. Damien, qui après s’être relevé, a dégagé sa tête de l’entrejambes de Sébastien, reste un peu en retrait, comme penaud du malaise qu’il croit avoir provoqué chez notre ami ; lui aussi est inquiet. Sébastien pose son regard sur moi, son sourire réapparaît et illumine de nouveau son visage. Je sais pas c’qui m’arrive, j’ai eu comme un étourdissement. J’suis désolé… T’as pas à l’être, c’est nous, enfin, c’est moi, j’aurais dû faire attention. Excuse-moi. Ouais, excuse-nous, Seb ! C’est Quentin qui s’exprime après moi. Il traduit ses excuses en embrassant Sébastien sur la joue et en posant son front sur sa tête, en signe de repentance. J’ai lâché Sébastien, déroulé mes bras pour mieux le laisser libre de se dégager. Il reste néanmoins scotché à moi encore quelques secondes, avant de se séparer. Son sourire est de nouveau affiché en permanence et ses yeux ont retrouvé leur luminosité. Ayant pour ma part un peu pitié de Damien, resté à l’écart, tel un pestiféré, je m’approche de lui et lui entoure les épaules de mon bras. Un ange passe entre nous tous. La pomme de douche est certes à terre, mais elle n’en continue pas moins de projeter son eau, à la manière d’un geyser. En la désignant des yeux, Quentin lance alors à la cantonade : Qui est-ce qui ose se baisser pour la ramasser ? Sa répartie nous ramène à tous le sourire et, en chœur, nous lui répondons que « c’est celui qui dit qui y est » ! Il nous tourne donc sciemment le dos et, ostensiblement, se penche en avant, nous offrant à la vue son petit cul bien rebondi. Lentement, il prend la pomme de douche, se dandine un peu du cul, histoire, croit-il, de nous émoustiller, avant de promptement se relever et, d’une pirouette, se retourner vers nous, la mine radieuse de sa plaisanterie. Il raccroche le flexible sur son support et, ouvrant grand les bras, il nous étreint, Sébastien et moi, qui entraîne par ce geste Damien, nous forçant à nous resserrer autour de lui. C’est ainsi que nous terminons de nous rincer et de nous doucher.

Nous sortons un à un de la cabine et, nus comme des vers, nous attendons que Quentin nous sorte des placards une serviette de bain pour chacun. Nous somme là, qui à attendre, qui à commencer de nous essuyer, lorsque entre en trombe Jennifer, caméra au poing, bien décidée à filmer quatre bites à l’air ! Stupéfaits par cette irruption soudaine, elle n’appelle d’abord aucune réaction de notre part. C’est Quentin le premier qui, se servant de sa serviette, l’enroule pour l'utiliser comme fouet. Et commence à frapper de loin en loin la malheureuse, bientôt imité par nous tous. Elle beugle que nous somme tous des sauvages, alors même qu’elle continue de nous filmer – je suppose que l’image devrait être plutôt cahoteuse, vu les écarts qu’elle doit faire pour parer à nos coups de boutoir ! Nous parvenons en effet, après quelques coups d’estoc, à la faire sortir de la salle de bain, dans un grand cri de victoire…

Ayant terminé de nous sécher, Quentin nous suggère de regagner la chambre d’amis, où sont entreposés nos bardas, pour éviter de devoir renfiler des vêtements encore imprégnés de farine. Nous voilà tous déambulant dans le couloir de l’étage, nus comme Adam, en file indienne, quittant la salle de bain pour nous engouffrer dans la pièce dans laquelle nous allons pouvoir nous rhabiller. Après quelques plaisanteries échangées, nous pouvons enfin redescendre dans le jardin. Nous en profitons pour secouer nos vêtements du restant de farine incrustée, de telle sorte à pouvoir nous en resservir le lendemain. Sans grand espoir néanmoins…

En quittant la salle de bain, Jennifer est redescendue avant nous dans le jardin rejoindre Mélanie, toute contente d’elle-même et du bon coup qu’elle nous a joué en nous filmant à poil. Elle en fait part en riant à sa comparse, avant de déposer la caméra sur la table. Mélanie rit avec elle et demande à visionner les images. Toutes les deux tentent de bricoler l’appareil et, après avoir compris son fonctionnement et enclenché le bouton de retour rapide, puis celui de lecture, elles se penchent toutes les deux sur le minuscule écran digital pour y découvrir l’épisode mis en bobine. Effectivement, l’image n’est pas très nette, surtout elle n’est pas fixe, du moins à partir de l’instant où nous nous sommes attaquée à la caméraman… Ce qui ne les empêche pas de faire moult commentaires sur nos anatomies respectives. Il faut reconnaître que, chacun dans notre genre, nous somme bien foutus, pour ne pas dire bien pourvus là où il faut ! Et je dis cela sans me vanter… Après avoir bien ri de son exploit, Jennifer part s’absenter quelques minutes, histoire de satisfaire à une envie pressante, laissant Mélanie seule au jardin, caméra-visionneuse dans les mains.

Elle allume une nouvelle clope, la dernière du paquet, lorsque nous la rejoignons dix bonnes minutes plus tard. Jenni’ n’est pas là ? Non, elle a eu un coup de téléphone de ses parents, elle a dû rentrer précipitamment chez elle. Ce départ pour le moins inopiné jette un froid dans l’assemblée. Qu’est-ce qui s’est passé pour que le groupe soit de nouveau réduit et se retrouve, à moins de vingt-quatre heures, avec deux de ses membres en moins ? Rien de grave au moins ? Enfin, je veux dire, y’a pas mort d’homme quand même ? C’est Quentin qui a tenté d’obtenir une explication ; c’est normal après tout, c’est lui qui nous a invités et deux personnes qui s’en vont, ça n’est pas très glorieux pour un week-end qui se voulait d’enfer – du moins pas de cet enfer-là, de ce sens-là de l’expression, je veux dire ! Non, non, rien de vraiment grave, un truc qui l’oblige à partir. Mélanie lui a répondu très calmement, tirant sur sa cigarette au bec. Tout ça est dit avec tellement de placidité que nous prenons sa réponse pour argent comptant. Nous nous asseyons tous autour de la table et nous entamons le plat de crêpes qui nous y attend : Mélanie a terminé de les cuire pendant que nous batifolions sous la douche. Pendant que nous les ingurgitons, chacun de nous prend soin de parler le moins possible, du moins de ne pas engager de conversation particulière. Quentin spécialement paraît soucieux et semble avoir perdu son entrain habituel. Ce qui ne l’empêche pas de se goinfrer, tout en en restant souriant et prévenant avec Mélanie.

Vite rassasié, je vais me laver les mains, rendues graisseuses au toucher des crêpes et, revenu au jardin, je m’empare de ma caméra pour filmer ce temps de repas du soir. Machinalement, je vérifie d’un œil le temps restant de la bande. Quelque-chose ne va pas.
 
Chap. XI

Je blêmis soudainement. Quelqu’un a manipulé ma caméra, en rembobinant la bande jusqu’au début : soit pour la lire, soit pour l’effacer. Je n’ose pas penser que cet acte est volontaire… Est-ce Jennifer qui, par mégarde, a fait une mauvaise manipulation ? Je me refuse à penser à une autre raison… Mélanie… Je tente discrètement de m’éclipser pour visionner la bande loin des regards indiscrets. J’embarque donc l’appareil et je rentre dans la maison, l’air faussement dégagé. Pour plus de sûreté, je monte à l’étage, dans la chambre même dans laquelle nous nous sommes rhabillés tout à l’heure, les autres et moi. Je m’installe sur le bord du lit et je tente de visionner l’ensemble du film depuis les premières minutes. Tout ce que j’ai filmé s’y trouve. Ouf ! La bande n’a donc pas été effacée, ni volontairement, ni par erreur. Ca n’écarte pas la thèse du visionnage éventuel par Jennifer, pire encore par Mélanie… Il va falloir que je mène mon enquête. Je repositionne en tout cas la bande à la fin de la dernière scène, pour éviter que la suivante ne vienne se superposer à la précédente et l’effacer du même coup ; je vais pouvoir ainsi continuer de filmer.

Lorsque je redescends, les autres viennent de terminer de manger et se mettent à débarrasser la table. Par précaution, j’enfouis ma caméra sous mon pull sur ma chaise et je donne la main pour ranger. C’est Quentin qui suggère de faire une partie de Monopoly. Même si sa proposition ne provoque pas un grand enthousiasme – les départs de Sandra et de Jennifer pèsent toujours sur le groupe – nous nous attablons tous de nouveau et nous commençons la partie. Ce jeu a toujours ceci de surprenant, qu’on se laisse immanquablement tous aussi vite prendre au jeu de l’argent à amasser et des hôtels à bâtir pour mieux grossir son magot… On sent d’ailleurs à un moment donné une compétition s’engager entre Quentin et Mélanie, à qui fera payer la station de l’un sur les emplacements possédés par l’autre. Le ton monte, l’ambiance s’anime, la partie se déroule ainsi pendant plus d’une heure, avant que, soudainement, Mélanie déclare qu’elle est fatiguée et qu’elle a décidé d’aller se coucher. C’est le signal aussi pour nous tous de faire de même. Nous rangeons donc le jeu dans sa boite et nous nous préparons à dormir sous la tente. Pour ma part, je fais d’abord un détour par la salle de bains, pour me brosser les dents – je vais dormir à quelques centimètres de Damien et qui sait ce qui va pouvoir se passer cette nuit… je ne veux pas lui infliger une haleine nauséabonde ! Je suis rejoint par Sébastien, puis Damien. Après nos ablutions, nous redescendons tous les trois. Quentin et Mélanie sont déjà dans leur tente ; la lumière de leur lampe de poche crée des ombres chinoises à travers la toile qui dessinent leurs corps et leurs mouvements. Sébastien se glisse à son tour dans sa propre tente, tandis que Damien et moi nous nous apprêtons à faire de même. Il s’y introduit le premier, je le suis aussitôt. Ma canadienne est petite. Elle l’est déjà trop pour moi qui suis grand, alors à deux, chacun à fort gabarit… Nous nous marchons vite l’un sur l’autre ! J’hésite à me déshabiller sans savoir de quelle manière Damien dort la nuit : pyjama ? tout nu ? slip ou boxer du jour ? Le sentant lui-même peu pressé, je prends les devants et pose, avec une lenteur calculée, mon jeans, puis mon pull ; je me retrouve ainsi en chaussettes, boxer et tee-shirt. Lui aussi enlève son jeans et son tee-shirt. Pendant que l’un enlève le bas, l’autre enlève le haut, dans un croisement de jambes et de bras en tous sens, qui viennent frôler l’autre ou, à l’inverse, enfoncer la toile de tente… Dieu qu’elle est vraiment petite ! Damien est maintenant en caleçon et chaussettes. Il pose encore ces dernières et se retourne un instant pour farfouiller dans son sac à dos ; je profite de l’instant pour retirer mon propre boxer et enfiler un short de nuit. Nous nous sentons tous les deux un peu gênés : c’est une chose de nous afficher nus sous la douche, tous les quatre à faire le mariole, dans un contexte précis, et de nous retrouver là tous les deux, confinés dans cette minuscule tente, à dormir dehors à côté d’une maison vide – et suffisamment grande de surcroît – à camper faussement comme deux vieux amis alors que nous nous connaissons finalement si peu. Je termine d’enlever mes chaussettes et mon tee-shirt et je me glisse, avec peine dans mon duvet. Damien se glisse à son tour dans le sien. Je le vois se tortiller quelques instants : il enlève son caleçon, qu’il balance ensuite négligemment à ses pieds au fond de la tente. Il s’installe confortablement. Visiblement, il va dormir nu puisqu’il n’enfile aucun vêtement, slip ou pyjama à la place !… Je sens des picotements me parcourir le corps tout entier, à cette idée de pioncer à côté d’un des mecs les plus bandants qui soient, qui dort nu la nuit, nous deux côte à côte même si nos deux duvets nous séparent et nous empêchent physiquement de nous toucher. Ne sachant trop que dire – nous sommes aussi peu causants l’un que l’autre – je lui marmonne un "bonne nuit", tout en tentant de dormir sur le dos, les yeux collés au plafond, sans bouger. Je bouge beaucoup la nuit. Alors, si jamais… Enfin… Tu s’ras pas surpris si tu reçois des coups ou si j’te bourre un peu, tu vois ?! Pas d’problème. Sa prévenance m’a fait sourire. Il se tourne sur le côté, son bras sous sa tête, tournée vers moi. Il ferme les yeux. Nous restons là sans bouger.

Le sommeil finit par venir. Il a eu du mal, parce que la présence de Damien à mes côtés m’empêche de m’abandonner totalement dans les bras de Morphée. Mon cœur palpite ; mon cerveau cogite à toute vitesse, échafaude des scénarios de nuit torride… En plus, le coup du rembobinage de la caméra ne s’est pas entièrement dissipé de mon esprit… Je n’ose pas bouger ; je ne sais pas où placer mes grands bras ; je suis trop serré, trop coincé comme ça dans mon duvet ; je n’ai d’ailleurs pas l’habitude de dormir dans un espace aussi contraint : j’ai besoin de place, d’espace, habituellement…

C’est à peine après que j’ai enfin sombré que je suis réveillé par de l’agitation au-dehors. Oh, pas grand-chose, pas d’éclats de voix, non, à part un seul peut-être. Une voix féminine qui balance seulement un « Gros con ! ». Un zip retentit dans la nuit, des pas martèlent le sol, assourdis par l’herbe qui absorbe le bruit. Puis plus rien. Quelques minutes passent. Un bruit de moteur de voiture retentit dans la nuit. Tout redevient calme. On est à la campagne, dans un quartier pavillonnaire vraiment calme. Manifestement aucune circulation routière nocturne ; à moins que la haute haie de thuyas ne vienne atténuer les bruits de la rue. Ces quelques bruits m’ont réveillé, mais pas tout à fait quand même ; mon cerveau semble douter que tout ce qu’il a capté a bien eu lieu. Je me tourne vers mon compagnon, qui semble ne pas s’être réveillé et continue de dormir comme un bébé : Damien est très beau quand il dort ; il a le visage reposé, les traits fins, de jolis cils ourlés qui ornent ses paupières closes. Il ne ronfle pas, il respire normalement, le bras toujours replié sous sa tête, l’autre main dépassant à peine de son duvet.

Luttant contre la reprise d’activité frénétique de mon cerveau, excité par la présence à quelques centimètres de mes lèvres du visage de Damien, je me force à vider mon esprit pour retrouver de toutes mes forces le sommeil. Je sais sinon que je ne serai pas frais demain et que la journée va me paraître encore plus morose. Je tente de repasser certains événements de la journée d’hier – spécialement mon escapade avec Sébastien chez le garagiste, ses réactions successives, le secret qui nous lie désormais… En me concentrant sur Sébastien, je parviens à oublier Damien et, choisissant volontairement de me retourner dos à lui, visage près de la toile, je parviens enfin à reprendre mon cycle de sommeil.

Ce qui me paraît avoir duré des heures, ne l’a été en réalité qu’une dizaine de minutes tout au plus. Je me suis retourné de nouveau pendant mon sommeil, me replaçant sur le dos. Oh, juste quelques secondes : je ne sais pas dormir dans cette position. C’est ce moment qu’a choisi Damien pour s’étirer : entravé par le duvet, sa jambe droite a entraîné la gauche et le bas du sac de couchage dans son mouvement, pour venir chevaucher mes propres jambes et les plaquer au sol. Son bras qui lui servait d’oreiller s’est déplié pour se rabattre sous son épaule, venant heurter la mienne. Son autre bras s’est dégagé du duvet. Sa tête n’étant plus reposée sur rien, a cherché inconsciemment un autre support pour s’y adosser : dans un mouvement du corps – d’un corps endormi qui ne fonctionnerait plus que par automatisme – Damien a posé sa tête sur mon épaule gauche, son bras gauche m’enroulant la poitrine pour laisser sa main pendre de l’autre côté de ma couche. Le voilà collé contre moi, lui servant partiellement de matelas. Son geste m’a légèrement réveillé, mais je reste néanmoins somnolant. Juste un peu plus entravé, finalement !

Ce n’est pas les empiètements de Damien qui m’ont complètement réveillé, mais le zip de la fermeture-éclair de la tente et surtout le froid qui s’y est engouffré à sa suite. Ma première réaction, en découvrant Damien quasiment sur moi, au surplus le haut du corps découvert, a été de remonter le duvet : le sien d’abord pour l’empêcher de prendre froid – comme une bonne petite mère poule bien attentionnée que je rêve d’être avec « mon homme » – et le mien aussi parce que ce froid est piquant. Je prends bien soin de ne pas trop bouger pour ne pas réveiller Damien à son tour. Le fait qu’il se soit blotti comme ça contre moi me comble d’aise. Même si je me doute bien qu’il s’agit là des hasards de la nuit, sans volonté délibérée de sa part… Je lève ensuite les yeux vers l’entrée de la tente pour comprendre quelle est la raison de cette entrée d’air frais. C’est une tête penchée vers moi que je découvre ! Avec des yeux grands ouverts qui me scrutent. Pendant une fraction de seconde, je ferme les yeux, essayant de me remémorer où je suis, qui est avec moi, qui est susceptible de s’introduire comme ça dans notre tente, si la propriété est bien clôturée, etc. etc. Je rouvre les yeux. L’autre paire d’yeux me scrute toujours ; non, je n’ai pas rêvé. Tu dors ? La question est chuchotée, murmurée. Le regard qui l’accompagne est lui aussi interrogatif, anxieux, attentif à la réponse. Qu’est-c’qui s’passe ? C’est sur le même ton que je réponds, d’une voix tout aussi basse. Ca t’ennuie si j’viens avec toi ? Non, non… bien sûr. Mais tu sais, on va être un peu serré… Désolé. Ce dernier mot a été prononcé avec tellement de regrets dans la voix, sur un ton tellement plaintif, tellement peiné, que j’en suis tout remué. Alors que la tête s’apprête à se retirer, je ne peux m’empêcher de tenter de la retenir. C’est pas grave, viens ! Attention, Damien dort ! La fermeture-éclair s’ouvre encore un peu plus et je vois apparaître, qui essaie de m’enjamber en faisant très attention à ne pas me marcher dessus, ni à marcher sur Damien, d’abord un pied nu, puis une jambe toute poilue, puis un genou qui se plie, puis une cuisse, puis deux couilles et une bite qui se balancent, puis l’autre pied, l’autre jambe, l’autre genou, l’autre cuisse, puis tout le corps de… Quentin, entièrement nu, qui tente maladroitement de se faufiler dans notre canadienne deux-places toujours aussi petite ! Pour mieux l’aider à rentrer, je me suis précautionneusement déplacé, me collant volontairement un peu plus à Damien, de son côté à lui, pour laisser le troisième dormeur se glisser plutôt de mon côté à moi. Le voilà justement qui m’enjambe, ses deux genoux pliés au sol de part et d’autre de moi, la bite à hauteur de mon cou et de mon menton, plié en deux à s’escrimer à redescendre la fermeture-éclair de la tente. Putain ! j’y arrive pas ! Ah si ! Là ! Ca y’est ! Bonsoir ma biche ! Ses yeux sont braqués sur moi. Quentin tente de se montrer jovial, mais je lis dans son regard que le cœur n’y est pas. D’ailleurs, il ne poursuit pas sur sa lancée, mais se love contre moi, le dos tourné à la toile. Il est frigorifié, son corps est parcouru de frissons réguliers. Tandis que mon bras gauche reste coincé sous Damien, depuis que je nous ai déplacés au centre de la tente, avec mon bras droit j’essaie d’ouvrir mon duvet pour y faire une petite place à Quentin. Celui-ci se tortille de nouveau, arrive à glisser une jambe, toute froide, qu’il enroule autour de ma jambe droite – à glisser un bras, qu’il enroule autour de mon torse – il se sert le plus possible contre moi, au point que je me retrouve en sandwiche entre lui et Damien ! la tête de Quentin posée près de la mienne, la bouche proche de mon oreille.

Mélanie m’a quitté ! Je ne peux m’empêcher de me dire intérieurement « merde alors ! » J’ai peur que ce soit à cause de moi, à cause de la vidéo. Je me mets soudainement à trembler de tout mon long. Quentin s’en aperçoit et s’excuse : il est gelé et il s’est collé contre moi ; il ne voulait pas me donner froid. Je lui réponds que ce n’est pas du tout de sa faute, c’est seulement le froid de la nuit… Je joins le geste à la parole et je passe mon bras droit autour de son cou, de ses épaules et je le sers un peu plus encore contre moi, en signe de bonne volonté. Je sens qu’il a apprécié mon geste d’amitié protectrice et il se love dans mes bras, restant quelques minutes sans rien dire. Elle me r’proche d’avoir sauté Jennifer ! Un blanc suit cette affirmation. C’est une peur irrépressible qui m’envahit cette fois et me tenaille le ventre. Je ne suis qu’un briseur de ménage, j’ai foutu en l’air le couple de Quentin, qui est pourtant si chouette avec moi depuis le début. J’ai honte. Je ne sais plus quoi dire, comment avouer la vérité, dire que c’est ma faute, que Jennifer et lui… ensemble… dans la caméra… Mon esprit bouillonne, les idées, les pensées, les mots s’entrechoquent dans ma tête, tout se brouille. C’est elle qu’a dit à Jennifer de s’casser tout à l’heure ! Et maint’nant c’est elle qui part ! Quelle conne !

Ses paroles résonnent dans ma tête. Tout à coup, je me décide à lui dire la vérité ; je ne veux pas prolonger mon supplice plus longtemps. Alors qu’il est là, nu, blotti contre moi, que je sens sa bite posée sur mes hanches, sa tête contre mon épaule, ses bras et ses jambes enroulés autour de moi. Alors que Damien dort toujours ; qu’il est lui-aussi agglutiné à moi. Je ne veux pas mentir plus longtemps : si Quentin m’en veut, et il a le droit, même si, quand même, c’est lui qui a choisi de tromper Mélanie avec Jennifer - autant qu’on règle le problème tout de suite et, s’il le faut, que je sache si je vais devoir partir à mon tour… En fait, Quentin… tout ça, c’est ma faute ! Hier matin… pendant que les autres préparaient le repas… Je cherche mes mots ; je butte sur mes phrases ; je ne sais pas comment amener la chose, apporter des explications convaincantes qui atténueront ma responsabilité, tout en ménageant celle, à mon sens, de Quentin – et finalement aussi celle de Jennifer qui n’est pas toute blanche dans cette histoire ! Enfin… tu vois… Je f’sais un tour de chez toi, pour voir comme ça… Et puis, Hélène m’a demandé de filmer, tu sais… Alors, j’ai pas pu m’empêcher… La fenêtre était ouverte… En fait, c’est la réverbération qui m’a attiré… Mais je sais toujours pas quoi c’a a fait qui a réverbéré… Je m’emmêle les pinceaux ; je ne finis pas mes phrases ; je raconte les événements de manière totalement décousue ! En fait, j’ai filmé… Je vous ai filmé tous les deux… avec Jennifer… Jennifer et toi… J’suis désolé… Ce soir, je m’suis aperçu que quelque-chose n’allait pas, avec ma caméra, enfin… la caméra d’Hélène. La bande était rembobinée. J’ai eu peur que quelqu’un l’ait effacée ou l’ait vue. Je savais pas qui vraiment, même si je pensais bien que c’aurait pu être Jennifer ou Mélanie. J’ai vérifié si elle avait été effacée, mais non. J’ai pas voulu t’en parler. J’suis désolé. Je voulais mener comme une enquête, tu vois, discrètement, enfin… pour éviter que tout l’monde le sache. Enfin… J’ai parlé d’une seule traite, sans chercher mes mots, sans trou dans mes phrases. Jusqu’à la fin, où je ne sais plus trop comment conclure mes explications. T’a l’droit d’m’en vouloir ! J’comprendrais, tu sais ! Même… si tu veux… demain j’vais rentrer ! Comme ça, si t’a plus envie d’me voir, enfin, j’veux dire, comme c’est ma faute, j’comprendrais qu’tu veux plus voir ma tronche ! Et puis, si tu veux rattraper l’coup avec Mélanie, vaut mieux qu’tu dises… Mes chuchotements se terminent dans un murmure. Ma voix s’éteint. Je ne sais plus quoi dire, quoi faire. Je suis prêt à retirer mon bras de sous son cou. Je voudrais rentrer sous terre, me faire tout petit. Je me maudis. Je suis très mal. J’attends le verdict comme un couperet. C’est une conne, de tout’ façon ! C’est la seule réponse que j’obtiens de Quentin. Le silence se fait. Rien. Rien d’autre, aucune autre parole ne vient. Si ! il se serre encore plus fort contre moi. Sa tête posée sur mon épaule, ses cheveux sous mon nez, contre mon menton. J’ai froid ! voilà ce qu’il ajoute au bout de quelques secondes. Comme une invitation à le serrer encore plus, comme pour compenser l’absence de Mélanie, à moins que ce ne soit je ne sais quelle punition qu’il veut m’infliger, à l’avoir ainsi séparé de sa chérie… Je serre donc mon bras autour de lui, le rapprochant de moi, si c’était encore possible. Conscient de ce mouvement, il lève soudainement la tête, accrochant au passage mon menton, il me dépose un baiser sur la joue et il me glisse à l’oreille que je dois pas m’en faire, que ce n’est pas grave. Il me re-dépose un baiser sur la joue. Même dans la nuit, je devine qu’il a retrouvé le sourire, affiché sur ses lèvres.
 
Chap. XII

Nous restons tous les deux, tous les trois, dans cette position serrés les uns contre les autres, pour ne pas dire serrés les uns sur les autres, pendant un bon moment. Ni Quentin ni moi ne dormons, ni même ne voulons dormir. Quant à Damien, il faut croire qu’il a le sommeil profond puisque aussi bien nos discussions – bien qu’à voix basse – que l’agitation dans la tente avec la venue d’un troisième campeur ne l’ont réveillé semble-t-il : il est toujours contre moi, sa tête et son bras posés sur moi. Je ne sais pas l’heure qu’il est. Je sais juste que je n’ai pas envie de me rendormir, du moins pas pour l’instant. Les tout derniers événements de la nuit encombrent mon esprit et m’incitent à réfléchir : le départ de Sandra, puis de Jennifer, puis de Mélanie, le fait que nous ne nous retrouvions plus que tous les quatre, quatre garçons, que cette situation est dans une large mesure ma faute, avec ce fichu plan d’Hélène de vouloir que je filme ce week-end, Hélène justement, parlons-en, qui, elle, n’est pas venue du tout, la réponse de Quentin à mes excuses piteuses, le fait qu’en ce moment même il soit tout contre moi, nu, comme Damien est lui-aussi nu, chacun de part et d’autre et moi au milieu,…

J’ai froid ! Voilà ce que vient de me chuchoter Quentin, visiblement pour la seconde fois, vu que j’étais perdu dans mes pensées. Pour quelqu’un qui dort nu la nuit, qui nous a imposé de dormir sous la tente, alors même qu’en ce début du mois de juin la température extérieure n’est pas franchement caniculaire, qui est un « vrai mec », « à femmes » – les « vrais » hommes, c’est bien connu, n’ont jamais froid, ni aux yeux, ni ailleurs – même si, bon, d’accord, sa meuf vient de le quitter ! Mécaniquement, je le presse une nouvelle fois tout contre moi. Mais ça ne lui suffit pas et il accompagne mon geste du bras en s’aplatissant carrément sur moi, faufilant ses deux bras sous mon dos et en me serrant ainsi bien fort, posant sa tête tout contre mon cou et ma joue, ses jambes glissées entre les miennes ou dessus… Même si j’apprécie la position, il n’en reste pas moins que Quentin m’écrase ainsi : m’écrase d’abord la bite, coincée entre ma jambe gauche et sa jambe droite, m’étouffe aussi, en s’appuyant sur mon ventre et sur mes poumons, me fait mal enfin par ses bras faisant obstacle dans mon dos, alors que le sol est déjà suffisamment cabossé ! Aussi, je ne tiens pas trois minutes dans cette position, malgré mon envie de poursuivre le plus possible cette étreinte inopinée. Et c’est comme ça que je ne peux me retenir de lui souffler dans un râle combien il me fait mal, accompagnant le geste à la parole, d’une manière instinctive, en tentant de me dégager. Ma volonté, c’est seulement de trouver une meilleure position, pour lui et pour moi, pas de le renverser ou de le chasser naturellement. Mais mon brusque mouvement de retrait ne conduit qu’à le faire basculer entre Damien et moi, réveillant ce dernier du même coup, dans un grognement bourru. Qu’est-c’qui s’passe ? C’est le signal qu’attendait Quentin pour reprendre de la voix. T’es réveillé ? Enfin ! C’est pas trop tôt ! Mon vieux, c’est l’heure ! Allez, debout ! Et joignant le geste à la parole, Quentin se met, d’abord à tâtonner tout autour de nous, histoire de mettre la main sur la lampe de poche, faisant comme exprès de palper nos visages, puis, l’ayant trouvée, il l’allume et la braque violemment successivement, d’abord sur Damien, puis sur moi, puis de nouveau sur Damien, ensuite sur moi, et ainsi de suite, poursuivant son petit manège, avec l’air de beaucoup s’amuser. Mais il s’arrêt’ra donc jamais, c'bouffon ?!… Quentin est maintenant accroupi, redressé sur ses deux genoux, la tête coincée au faîtage de la tente ; d’un coup sec, il tire à lui le duvet de Damien, découvrant son corps nu, et sa bite aussi, en semi-érection… Ah, mon cochon ! Tu f’sais un rêve érotique, c’est ça, hein ?! Ou alors, c’est d’Guillaume que tu rêvais ? Fais chier, Quentin ! J’ai pas pu m’empêcher de réagir, à l’idée de lui laisser penser, et de clamer surtout, que je pouvais être la source de cette érection bien normale d’un jeune mec de 18 balais, interrompu dans son sommeil. Et quand bien même j’en serais effectivement la cause, ce qui pour moi serait très flatteur, Quentin n’a pas à le dire de cette façon…

Fais chier Quentin ! Cette fois, c’est Damien qui râle : le corps découvert subitement, une sensation de froid l’envahit, lui parcourant le corps dans son entier, accentuée par un réveil provoqué qui le met de mauvais poil. Le fait de subir les rayons de lumière de la lampe de poche violemment braquée sur son visage ne sont pas pour arranger son humeur, non plus. Allez quoi, c’est pas la mort ! Oh, moins comm’ça, on va savoir que t’a pas une p’tite bite ! Et de passer son index sur la veinure de la bite de Damien, justement, depuis sa base, dans les poils de ses couilles, jusqu’à son gland, à peine décalotté !… Aucune réaction. Damien le regarde sans le voir ; est-il encore dans les brumes du sommeil ? Quentin persévère et recommence une seconde fois à frotter son doigt le long de la bite à Damien, retournée sur son bas-ventre. Cette fois, Damien réagit. Arrête, tu fais chier ! D’un mouvement léger du bassin, ce dernier repousse la main baladeuse de Quentin, qui n’en conserve pas moins son sourire en coin. Alors ? Heureuse ? T’es con ! La réplique mythique de Quentin a fait sourire Damien qui ne peut que s’amuser de ses pitreries, après avoir protesté pour la forme… Quentin qui se tourne alors vers moi, l’œil gourmand, s’étonnant que je sois en pyjama – en réalité en caleçon – alors qu’eux deux, Damien et lui, sont entièrement nus. Il en profite, d’un geste rapide, pour tirer mon caleçon d’un coup sec en bas de mes genoux, genoux sur lesquels Quentin est assis depuis un moment, me retenant ainsi prisonnier de tout mouvement. Pour ma part, là aussi je reste sans réaction. Ah, tiens tu bandes pas, toi ? J’aurais cru pourtant que j’te f’rais de l’effet quand même, non ? Ah non, vraiment, j’suis déçu… ! Et de tendre sa main au-dessus de ma bite, en lui imprimant des ronds dans l’air, comme des incantations, ponctuées d’un hummmm à la manière vaudoue ! Rien qu’avec mon esprit, j’suis capable de t’la lever ! Penché en avant sur moi, Quentin tente un coup de magie. Soudain, il abaisse sa paume et m’attrape la bite à pleine main, tirant dessus pour mieux l’élever. Tu vois qu’j’y arrive ! C’est magique, j’te dis !… J’éclate de rire, Damien aussi. Quentin me tient toujours la bite d’une main ferme, tirant dessus en tous sens, en imitant le vrombissement des avions. Je sens néanmoins, au bout d’un petit moment, le sang affluer à force d’être tripoté et ma bite commence à durcir. Je me recroqueville le bassin au maximum du sol, gêné par la tournure des événements. Quentin aussi a senti à travers la pression de ses doigts que ma bite se raidissait. Il la lâche alors et s’affale brutalement sur moi, manquant de m’étouffer totalement ; sa tête est à quelques centimètres de la mienne. Il me souffle sur le visage, me scrute des yeux, longuement, intensément, puis, aussi brusquement qu’il vient de se laisser tomber, il m’embrasse sur la bouche – carrément – sans y mettre la langue toutefois, avant de lancer à la cantonade « Et si on allait réveiller Sébastien ? »

Sébastien ?! Sébastien ?! Quentin hurle son prénom, après s’être relevé promptement et s’être de nouveau agenouillé sur mon ventre, sa bite à quelques centimètres de mon menton. Tu dors ?! Je ne peux m’empêcher de vouloir le faire taire – d’abord parce que je souhaite préserver le sommeil de « mon » Sébastien, ensuite parce que, dans le silence de la nuit, Quentin est en train de nous, de me casser les oreilles ! Sébastien ! Tu dors ?! Mes chut ! n’ont pour effet que de l'inciter davantage à s’égosiller. Tandis que rien ne bouge dans la tente voisine, Quentin se faufile vers la sortie, remonte la fermeture-éclair, ses couilles carrément plantées sur mon visage, et, y étant parvenu, il se coule dehors. Damien et moi, d’un même mouvement, nous nous retournons sur le ventre, bras plantés dans le sol, jetant chacun une tête dehors pour mieux observer la suite des événements. Quentin se retourne, fait une pirouette devant nous, une révérence aussi, et atteint le devant de la tente de Sébastien, en claudiquant d’un pied sur l’autre. Il commence par la saccader en beuglant son prénom, tant et si bien que Sébastien finit par répondre en lui demandant ce qu’il veut. T’es réveillé ? Evidemment qu’il ne peut que l’être vu le cirque qu’il vient de faire pour arriver à ses fins ! S’étant accroupi, Quentin tire la fermeture-éclair de la tente de Sébastien et y introduit une tête qu’il se met à secouer de droite à gauche comme une vache bêlante… Nous, évidemment, ça nous fait rire. Quentin retire sa tête de dedans la tente, tandis que Sébastien fait émerger la sienne dehors. Ss yeux sont encore embrumés, mais son sourire – légendaire ! – est déjà largement affiché sur son visage. Tu viens ?! Où ça ? Dans la tente. A Guillaume. A quatre tu vas voir, ça va être super ! Décidément, ce garçon ne doute de rien : entassés à quatre dans une canadienne deux-places… Se ravisant, Quentin se relève et crie à notre attention à tous les trois : « Le dernier à l’eau a un gage ! » Et il se met à courir en direction de la piscine ; manifestement, c’est un adepte des bains de minuit… et des gages aussi ! Tout surpris par sa réaction, il nous faut à tous les trois, encore engoncés dans les tentes et pour Sébastien dans son duvet, un certain temps avant d’émerger et de le suivre dans son délire. Nous nous regardons les uns les autres, avant de nous extraire. Une fois dehors, nous nous élançons et courons à notre tour vers la piscine dans laquelle nous plongeons dans un grand fracas d’eau. Elle est allumée par le sol, lui assurant des reflets bleutés d’un meilleur effet, et mettant au passage en valeur les attributs virils de Quentin, qui s’y trouve déjà, qui flottent au gré de ses mouvements… Comme l’après-midi d’hier, nous nous lançons dans de vastes moulinets à grands renfort de battements d’eau, s’aspergeant à qui mieux-mieux les uns les autres. Même Sébastien, qui n’est pourtant pas complètement réveillé, se prête au jeu. Cet épisode de franche camaraderie est l’occasion de poursuites tête sous et hors de l’eau, de marche en chenille bras tendus sur les épaules du voisin, à grands cris de Ah ! Ah ! Ah ! La queue leu-leu !, de farandoles encerclées bras dessus, bras dessous autour du cou, etc. Nous nous en donnons à cœur joie, comme des gamins de sept ans. Il ne nous manque plus que les bouées à tête de canard pour mieux barboter dans la piscine !

Lorsque nous ressortons de l’eau, après plus de trois-quarts d’heure à y patauger, aucune serviette ne nous attend pour nous permettre de nous essuyer. Le coup du bain de minuit n’était pas préparé et c’est au contraire le froid qui nous saisit. Quentin essaie bien d’attraper le premier linge qui lui tombe sous la main, mais il s’agit d’un torchon resté étendu après avoir servi à essuyer la vaisselle de la veille. Ce n’est pas avec ce petit carré de lin que nous allons pouvoir sécher nos quatre grand corps trempés ! Pourtant, après s’être rapidement égoutté, Quentin s’empresse de nous frictionner avec, d’abord le dos, puis les bras, puis le crâne en veillant bien à nous ébouriffer ! puis l’arrière des jambes, avant de se relever et, un bras plaqué autour de notre cou, de s’attaquer à notre torse, notre ventre, avant de passer la main et le torchon sur notre pubis et notre bite, s’attardant avec délectation… La nuit étant plutôt sombre, son petit manège n’est pas visible précisément. C’est d’abord à mon tour de subir – ou de bénéficier selon le point de vue à adopter – de ses attentions. Ayant terminé, Quentin me gratifie d’un baiser sur la joue, plus long qu’à l’ordinaire et je dirais aussi plus affectueux – à force de me tripoter et de me bisouiller à tout bout de champ, il va finir par me préférer à Mélanie ! C’est ensuite Sébastien qui a droit aux faveurs de Quentin. Sébastien qui paraît frigorifié. Et qui ne peut s’empêcher de sautiller d’un pied sur l’autre : la rapidité avec laquelle il a couru se jeter dans la piscine, pieds nus, et le contact de l’eau sous la voûte plantaire, ont rouvert ses blessures nées de son épisode sur les cendres du barbecue. Lui aussi a droit au baiser sur la joue, avant de se voir projeté dans mes bras. Tiens ! réchauffe-le notre p’tit cœur ! S’étant laissé surprendre, Sébastien s’effondre dans mes bras ; je le retiens de justesse en le plaquant contre mon torse, mes bras en étaux autour du sien. Il me marche sur le pied, de tout son poids. Je ne peux réprimer un sifflement de douleur. Désolé ! Non, non, c’est pas grave ! Il n’en reste pas moins blotti dans mes bras, sans manifester le désir de s’en dégager. Il a vraiment froid : il est tout froid ! Je lui glisse à l’oreille de se hisser sur mes pieds s’il le veut, pour atténuer le contact de l’herbe s’agglutinant à ses plaies vives. Il s’exécute en me lançant un large sourire en signe de remerciement. Quentin s’attaque maintenant à la grande carrure de Damien. Selon le même rituel : dos, bras, crâne arrière des jambes, torse, ventre, avant de finir sur son pubis et sa bite… Avec invariablement le petit baiser sur la joue en signe de conclusion. Sébastien a gloussé au moment du contact, du malaxage je devrais plutôt dire, de la main de Quentin avec sa bite – Damien, lui, a grogné, sans que son râle fût bien méchant…

Le ramenant vers nous en le tenant par le cou, son bras enroulé autour, Quentin passe son second bras autour de mon propre cou et, tournant la tête de l’un à l’autre, un grand sourire affiché aux lèvres, il nous entraîne, à petits pas, vers ma tente : il n’a pas oublié son idée de nous y entasser tous les quatre pour y passer le restant de la nuit.
 
Wow !! Thank you both !
Things really are hotting up !!
Four naked horny guys crammed into a two man tent !!!!!!!
More please
Harry
 
Re: Guitare [English Version included]

Hopayra... tu es Tantale ré-incarné !
le suspens est à son comble !!!!
 
Re: Guitare [English Version included]

Very intriguing! this more twists and turns, ups and downs than a scenic railway. Oh, I wish my French was better so I could read it in the original as well. Thank you Autolycus for the translation.
 
Re: Guitare [English Version included]

Chap. XIII

Aux premiers mètres franchis, nous devons faire une première pause. Sébastien a énormément de mal à marcher et paraît souffrir le martyre à chaque pied posé par terre. Ce qui me fait m’arrêter derrière lui, souffrant à mon tour en silence pour lui. Et comme Quentin m’enlace par l’épaule, il cesse lui-aussi d’avancer, bloquant du même coup Damien qu’il tient également par le cou. Notre caravane n’est pas rendue si elle s’arrête tous les trois centimètres !… Après une premier encouragement de Quentin à l’adresse de Sébastien, auquel ce dernier répond par un sourire contrit, je décide de prendre le taureau par les cornes et, d’un geste rapide et précis, je me détache de Quentin et vais me placer face à Sébastien. Là je l’empoigne comme on porte un bébé, mon bras droit passé dans son entre-jambe pour le soulever et le plaquer contre mon torse, mon bras gauche le tenant par le dos pour éviter qu’il ne tombe en arrière... Ma main est ainsi en contact avec sa bite : d’abord pour avoir glissé dessus puis l’avoir écartée au moment où je l’ai pris dans mes bras ; ensuite en la serrant du plat de ma main contre sa jambe, pendant que je le porte. Dieu que c’est bon ! En tout cas, mon initiative soudaine l’a pris par surprise, mais n’a, c’est sûr, entraîné aucune réaction de rejet de sa part ; au contraire, j’ai eu droit à un rire franc. Sébastien se laisse donc faire bien volontiers et, c’est comme ça que nous pouvons cette fois aller vite nous coucher et surtout nous mettre au chaud. Il est près de deux heures du matin !

Sébastien s’attendait à ce que je le déposasse devant sa tente pour qu’il y retournât dormir. Mais, alors même que je me dirigeais dans cette direction, Quentin m’est passé derrière et m’a guidé, de ses mains plaquées sur mes hanches vers ma tente. Il n’y a pas de doute, nous allons nous y entasser à quatre ; soit obligatoirement les uns sur les autres si l’on veut tous pouvoir y rentrer ! Quant à dormir… ça c’est une autre paire de manche ! Arrivés donc devant ma tente, Damien s’y engouffre le premier. Suivi de Quentin. Je dépose Sébastien an sol et, claudiquant sur les genoux, celui-ci pénètre à son tour dans la tente. C’est le moment que choisit Quentin pour me faire barrage. C’est complet ! C’est complet ! répète-t-il comme une machine, d’une voix stridente, m’opposant une main relevée, bras tendu. Si son petit manège me fait rire, il n’en reste pas moins que je commence sérieusement à me cailler les miches ! Je secoue donc bruyamment le piquet de la tente, histoire de secouer le cocotier, ce qui fait redoubler les cris discordants de Quentin. Puis je décide de foncer à l’intérieur de la tente, tête baissée à la manière d’un bélier, où j’atterris en tombant lourdement sur les corps agglutinés de mes trois compères, dans des hurlements et d’eux et de moi. Rires généralisés au constat de mon action de kamikaze. La nuit risque encore d’être longue…

Entré la tête la première, il me faut encore me retourner pour être dans le sens du reste du groupe : pieds au fond, tête près de la porte. Ce qui m’oblige à enjamber les uns et les autres – ou plutôt à les écraser en voulant poser mes mains et mes genoux pour opérer mon demi-tour. Nouveaux cris d’orfraie. Nouveaux rires qui fusent. Finalement, je parviens à mes fins, en prétendant qu’il me faut impérativement dormir à même le sol, prêt à accueillir les autres sur moi, dans la mesure où je suis le plus grand ; sinon, je menace de bouger toute la nuit et, mes bras et mes jambes étant très longs, cela va risquer de provoquer pas mal de cognements. J’arrive sans mal à convaincre Sébastien et Quentin aussi, qui a déjà testé la position « de la couverture » et semble y avoir pris goût ! Damien également a droit de dormir « en-dessous ». Notre premier réflexe est alors de nous serrer tous les deux, en pensant pouvoir dégager la place suffisante pour permettre à un troisième de s’allonger à nos côtés. Peine perdue. Profitant de la situation, Quentin décide de s’allonger sur nous. Et pour être sûr que le – peu – de place que nous avions réussi, Damien et moi, à aménager, ne soit pas occupé par Sébastien, il prend un malin plaisir à se vautrer sur nous, entraînant ce dernier en le tenant d’un bras ferme passé autour de ses reins. Ce qui le fait éclater de rire de nouveau. Finalement, « j’hérite » de Sébastien, le plus léger soit dit en passant : 50 kg tout mouillé de chaud – tandis que Quentin, après s’être agité tant et si bien, finit par se caler à cheval entre Damien et moi – si, si c’est possible ! Mais, après que chacun a réussi à trouver sa place, la moins inconfortable possible, nous nous apercevons que nous avons tellement tourné en tous sens dans cette minuscule tente que les duvets ont glissé au fond… Et puis, il serait mieux de les rassembler tous les deux par leur fermeture-éclair respective, histoire de constituer un grand sac de couchage. De nouveau, branle-bas de combat général, chacun s’agenouille dans un coin de la tente, on extrait du dessous les deux duvets, on tente de les rassembler, on doit s’y reprendre à deux fois pour arriver à les scotcher l’un à l’autre… Mais au bout de dix minutes, enfin c’est fait. Damien et moi nous y glissons dedans, les deux autres s’écartant de chaque côté pour nous laisser faire et nous laisser nous allonger au sol. Puis Sébastien vient reprendre sa position sur moi – je le retiens et je le cale de mon bras droit posé sur ses fesses – délicieusement fermes… Enfin, Quentin avec moult simagrées se faufile à l’intérieur lui-aussi et reprend également sa position à cheval entre nous. Il étire ses bras pour nous envelopper tous et pousse un grand soupir, simulant la satisfaction du devoir accompli ! Il enchaîne aussitôt par une imitation de ronflements sonores, histoire de terminer cet épisode par une pitrerie.

Nous voilà tous agglutinés les uns sur les autres, serrés à quatre dans un sac de couchage pour deux, dans une tente pour deux. La présence de nos sacs à dos à Damien et à moi réduit encore un peu plus la place. Tant et si bien que Quentin décide – après être parvenu à rester quelques minutes sans s’agiter ! – de les virer dehors purement et simplement… sans se soucier d’ailleurs de les fermer avant de les jeter. Ce qui fait qu’il en perd une partie en route : des vêtements à Damien, puis d’autres à moi, qu’il jette dehors à leur tour sans ménagement, malgré nos protestations. Il reprend ensuite sa position sur nous deux. Quelques minutes passent encore. Arrête Quentin ! C’est Damien qui a protesté. Sébastien a sombré dans le sommeil et rouvre un œil à ces mots. Il est blotti sur moi dans mes bras et doit s’y trouver bien puisque ce haussement de voix de Damien ne le trouble guère plus que ça. Pour ma part, bien que réveillé – ou plus exactement n’arrivant pas à dormir, moi ! – pour autant je ne pipe mot. Le silence retombe dans la tente. Putain, Quentin, tu fais chier, arrête ! C’est pas moi, c’est Guillaume ! Petite voix fluette pour gros mensonge que personne ne gobe… Un coup sec en bout de duvet accompagne cette protestation de Damien. Y en a qu’essaient de dormir ! Oh, ça va ! Tu veux faire croire que tu dors alors que c’est toi qui tripote Damien ! Et après y dit qu’c’est moi ! Quel culot il a c'Guillaume !… Damien et moi avons souri à ces excuses minables, mais dites avec tellement de drôlerie par Quentin. Damien se contente donc de prendre la main de se dernier et de la lui reposer sur le dos, hors de portée de sa bite. Le silence se fait à nouveau. Quentin ! Arrête ! Mais quoi ?! Guillaume, y fait pas tant d’histoire, lui ! Et, joignant le geste à la parole, Quentin m’empoigne la bite et la malaxe consciencieusement. Tu vois ?! Damien ne voit rien du tout, vu qu’il fait nuit et qu’il n’aperçoit pas la main baladeuse de Quentin sur moi ; ce qu’il sait, c’est que Quentin le tient aussi par les couilles et qu’il ne semble pas trop aimer ça. Et pourtant ! Manifestement Quentin est très… « tactile » ; un obsédé sexuel, quoi !

C’est vrai que je ne bronche pas. C’est excitant et apaisant en même temps. Cette fois, je ne bande pas comme tout à l’heure. Non. Simplement, je m’amuse de cette propension de Quentin, dont je ne peux douter de son hétérosexualité, vu qu’il saute toutes les filles qui s’offrent à lui, Jennifer étant le dernier (bon) exemple en date, de me tripoter les roubignolles… Je ne lui retire pas sa main, je le laisse faire, tout simplement. Il ne paraît d’ailleurs pas avoir l’intention de l'enlever ! Je trouve même que ça aurait tendance à le calmer et à l’aider à s’endormir – comme un nain-nain d’un petit bébé ! Je ne sais pas si Damien est aussi « conciliant » de son côté, mais il est vrai que Quentin a cessé depuis quelques minutes de s’agiter et semble enfin trouver le sommeil. Ce qui est sûr, c’est que Sébastien, lui, dort comme un bébé, justement. Encore une fois, il est pelotonné sur moi. Sa peau est douce et chaude. Je me hasarde à la caresser et je la trouve soyeuse et très agréable au toucher ; je laisse ainsi mes doigts, ma paume, glisser sur l’arrière de son bras, sur son dos, le bas de ses reins, ses fesses… Je remonte ma main dans le creux de sa nuque, je lui effleure les cheveux. Ce geste, très érotique, n’en est pas moins pour moi la marque de toute la tendresse que ce garçon m’inspire. J’ai envie de le serrer encore plus fort dans mes bras – ce que je fais – de lui embrasser tendrement le dessus du crâne, qui se trouve à hauteur de mon menton, sa tête au creux de mon cou – et je le fais aussi. Sur le coup, j’ai crains qu’il ne se réveillât et que j’essuyasse une réaction de rejet, même si j’ai pu me rendre compte au fil de la journée écoulée combien Sébastien sait être sociable… Mais non, il dort suffisamment profondément pour ne pas se rendre compte des gestes attentionnés que je lui prodigue. Aussi, je m’enhardis chaque fois un peu plus. Et comme Quentin somnole de l’autre côté, en me cramponnant toujours aussi fermement la bite…

N’arrivant toujours pas à trouver le sommeil, l’esprit concentré sur l’incroyable chance que constitue cette nuit particulière, je laisse mon esprit vagabonder entre les événements de la journée passée, ceux de la nuit en cours, la présence de ces trois camarades de classe, demi-dieux fantasmés tout au long de l’année scolaire, qui s’offrent aujourd’hui à ma concupiscence, et mes rêves amoureux de (tout) jeune adulte. J’aimerais que ces instants durent indéfiniment ; j’aimerais que cette nuit ne finisse pas. Que Sébastien recherche toute la vie à se réfugier dans mes bras comme il l’est en ce moment. Que notre complicité née de son altercation avec le garagiste d’hier matin se prolonge en une amitié sincère et durable – plus finalement qu’en un amour charnel qui prendrait fin tôt ou tard, je suis trop lucide sur ce point ! Ce qui m’importe dans l’immédiat, c’est lui, c’est sa présence irradiante à mes côtés, son incroyable charisme, cette connivence qui me donne de pouvoir partager avec un être sensible et compréhensif – et non de continuer de devoir côtoyer cette foule d’hétéros machos et incultes… J’aimerais que l’attention affable que Quentin a su me témoigner sans faiblir depuis le début de notre week-end, même si je me sens coupable de sa rupture amoureuse, avec les clins d’œils complices qu’il m’a adressés en de multiples circonstances, avec ses accolades et autres baisers, mêmes chastes, en un mot l’attachement que je crois déceler de sa part à mon égard, ne soient pas feints, ne soient pas le résultat d’une bonne éducation, d’une urbanité de classe sociale supérieure, mais bien l’expression authentique d’un véritable fraternité entre nous… J’aimerais enfin que la concorde entre Damien et moi, même si elle s’est surtout traduite par des silences plutôt que par des mots, avec ses attentes que je fusse à ses côtés en de nombreux rendez-vous au cours des dernières quarante-huit heures, ne soient pas l’expression d’une certaine forme de condescendance, mais bien une véritable marque d’estime et de sympathie… Je sens alors mon corps envahi petit à petit de ce fluide sensoriel apaisant qui se propage dans chacun de mes membres, spécialement dans mon ventre, remontant par l’intérieur, se répandant dans chaque organe, cœur, poumons… , bref, le signe tangible du bonheur. Guillaume ? Tu dors ? Damien chuchote en cet instant, voulant éviter le plus possible d’alerter Quentin et qu’il ne se remette à faire le clown et à perturber cet espace contraint qu’est notre tente. Non, naturellement, je ne dors pas. Et je le lui fais savoir sur le même ton doucereux. Ca va ? Ben oui, ça va, pourquoi ça n’irait pas : Sébastien dort enlacé sur moi, Quentin me tient toujours aussi solidement la bite, lui aussi rencogné en partie sur moi, tous nous sommes nus, nos bites se touchent, nos souffles s’entremêlent, la moiteur de nos corps se mélange. Ca va, oui, merci ! Pourquoi ? T’es pas trop écrasé par Quentin ? Non, ça va, j’tiens le coup… ! Parc’que j’ai l’impression qu’il est plus sur toi, qu'sur moi ! A part qu’il s’accroche à mes couilles… ! Ah, toi aussi ?! Ma remarque le fait pouffer. Ca t’gêne pas ? Non ! Conscient que ma réponse a fusé peut-être un peu trop rapidement, je tente de la tempérer. Enfin… ça va ! Il va bien finir par la lâcher… ! De nouveau, ma répartie le fait s’esclaffer. Et toi, ça va, tu tiens le coup ? Ouais… ! Ca t’gêne, toi ? Non ! Sa réponse a été tout aussi rapide que le mienne. Et il ne ressent pas le besoin, lui, de la justifier plus que ça ! ...C’est chouette, finalement… ! Je n’arrive pas à savoir ce que Damien trouve chouette : le fait que Quentin lui tienne la bite, ou bien que nous soyons tous réunis dans cet endroit minuscule, mais assurés d’une complicité manifeste ? Et que signifie son « finalement » ? Tout cela me laisse quelque peu perplexe… Bonne nuit ! Sa salutation s’est enchaînée d’un seul coup, sans lien apparent avec sa phrase précédente. Damien l’accompagne d’un baiser qu’il me dépose sur la joue, après avoir étiré le cou dans ma direction. Un baiser comme celui d’un petit garçon à ses parents qui viennent le border dans son lit. Ca me touche. Plus encore, ça me bouleverse. A tel point que je garde le silence et ne réponds pas à son salut. Ouais, bonne nuit à toi aussi ! Ayant repris mes esprits, bien quarante secondes après, je me dois de le lui rendre, surtout si je ne veux pas qu’il croie que je n’ai pas apprécié son geste et que cela le mette alors mal à l’aise – surtout en fait, si je veux qu’il ait envie de recommencer la nuit prochaine ! Ce dernier baiser est le grain de sable fatal qui me fait – enfin – perdre mes esprit et sombrer dans le sommeil. Il est près de quatre heures du matin…
 
Re: Guitare [English Version included]

La tendresse de l'écriture et la qualité de la langue m'ont conquis et je suis impatient de lire la suite... Et, quelle fraîcheur que de lire un cousin français qui n'utise pas au moins un mot d'anglais à chaque phrase!

Continuez le bon travail! Et ne nous laissez pas languir trop longtemps pour la suite...


The tenderness or the writing and the quality of language used have enchanted me and I am impatient to read on through... And, I must say, how refreshing it is to read a French cousin (I'm from the french-speaking Canadian province of Quebec) that doesn't use at least a word of English in every sentence (a growing French tendancy lately)!

Keep up the good work! And, please don't make us wait too long for the other chapters!
 
Re: Guitare [English Version included]

Merci Trebs, ça me touche ton p'tit mot... même si je préfère l'expression "cousin savoyard" (nous sommes francophones depuis avant les Français de France) que "cousin français" (je milite pour que la Savoie redevienne libre comme elle l'a été pendant près de 900 ans...).


Chap. XIV

La journée n’avait pourtant pas trop mal débuté. Lorsque je me suis réveillé, après deux heures à peine de sommeil, je n’avais toujours pas bougé – Sébastien non plus. Nous étions tous les deux collés l’un à l’autre dans la même position, lui sur moi, côté droit, légèrement recroquevillé tout contre mon épaule, à cheval sur ma jambe droite, moi dessous le calant par mon bras posé sur lui en bandoulière. Si lui s’était très vite endormi, malgré les pitreries de Quentin qui avaient duré jusque fort tard dans la nuit, moi j’avais eu beaucoup de mal à m’abandonner au sommeil. Et cette position sur le dos, et non pas en fœtus comme je dors habituellement, et le fait d’avoir sur moi quelqu’un, pas n’importe qui, Sébastien, nu en plus, mais aussi Quentin vautré en partie sur moi lui-aussi, n’avait pas facilité mon endormissement…

Sébastien en revanche n’a pas l’air d’en avoir été gêné ; bien au contraire, si j’en crois la régularité de ses traits au repos. Le cocon que je lui ai offert cette nuit semble avoir été apprécié au plus haut point ! D’ailleurs il dort encore au moment où j’ouvre les yeux. J’ai fait très attention de ne pas le réveiller et de le laisser se reposer le plus longtemps possible, priant pour que Quentin ne s’éveille pas trop vite à son tour et nous laisse encore le temps de profiter de ces quelques minutes entre chien et loup. ME laisse profiter de ces instants précieux où je serre un homme dans mes bras, où je peux – discrètement – le câliner, le caresser, humer son odeur corporelle, sentir ses cheveux, y apposer mes lèvres, apprécier la douceur de sa peau, le duveteux de sa pilosité…

Quentin ouvre un œil à son tour. Il a fini par lâcher ma bite au cours de ces quelques heures de sommeil passées. Coincé par la position de Sébastien, il n’a pas pu glisser son bras autour de ma hanche droite ; il a donc entouré ma jambe gauche, comme une corde amarrée à un piton, qui le maintient en place. Après quelques secondes pour reprendre ses esprits, il me regarde ; le jour est déjà levé au-dehors et la luminosité de ce dimanche matin de juin éclaire l’intérieur de notre tente. Il me sourit, d’un sourire ironique. Son bras est remonté de ma jambe au contact de mon sexe en érection. Malgré tous mes efforts de concentration, je n’ai pas réussi à faire refluer le sang et me voici raide comme la Justice de Berne, coincé entre deux mecs (et même trois), nus eux aussi, qui sont incroyablement sexy ! Impossible de ne pas bander… D’ailleurs, je crois déceler une certaine raideur aussi du côté de Sébastien, là tout contre ma jambe. A moins de rêver, je ne trouve pas ça désagréable du tout !… Rien à faire, Quentin ne peut s’empêcher d’empoigner ma bite à pleine main, faisant parallèlement remonter tout son corps vers la tête de notre lit improvisé, glissant sa bouche contre mon menton. Et si j’te branlais, t’aim'rais ça, hein ? Me susurrant cette audacieuse proposition, il décide de la mettre en pratique illico, en commençant à m’astiquer. Je reste pétrifié, incapable de bouger, comme paralysé. Je n’éprouve aucun plaisir à cette masturbation. Alors que ça aurait pu être extrêmement jouissif : faire l’amour avec Quentin. Le fait qu’il profite de mon incapacité à me mouvoir, bloqué par Sébastien encore en train de dormir, par Quentin lui-même, par l’étroitesse de notre sac de couchage commun, par l’aube à peine surgie, le fait qu’il m’ait chuchoté son intention avec une voix mielleuse, provocatrice, mâtinée de perversité, m’ont coupé littéralement la parole. Je n’arrive pas à parler, à protester d’abord ; je n’arrive pas non plus à repousser sa main ou à contracter mon bassin vers l’arrière…

Ce qui me sauve, si je puis dire, c’est que pour entreprendre ses mouvements de haut en bas sur mon sexe, Quentin est obligé, à un moment donné, de changer de position. Il enfonce par mégarde sa main droite, pour se soulever, sur la hanche droite de Damien, ripant et pinçant ce dernier, ce qui le fait se réveiller brusquement et échapper un juron de douleur. Damien se relève précipitamment, comme un ressort. Tu fais chier, Quentin ! Dès l’matin, comm’ ça ! Oh, ça va ! Fais pas ta chochotte, non plus ! Faut t’en prendre plutôt à Guillaume ! J’suis obligé d’le branler pour qu’i’ t’laisse dormir… ! Au lieu de s’excuser, Quentin a réagi en haussant la voix sur celle de Damien, tentant une blague qui est tombée à l’eau. J’ai blêmi lorsqu’il a expliqué ce qu’il était en train de me faire. Et Damien semble s’en être aperçu – à la fois de ce que Quentin réellement me masturbait, et aussi de la blancheur soudaine de mon visage et de mes yeux exorbités de peur. Tu fais chier, Quentin ! C’est par ces mots de conclusion que Damien se recouche, se tournant sur le côté de la toile de tente, dos à nous, tirant un peu plus sur le duvet et dénudant du même coup le corps de Sébastien. Surpris par le froid, et aussi par cet échange sonore un peu vif entre Quentin et Damien, Sébastien se réveille. Il regarde d’abord Quentin, puis moi, sans comprendre ce qui vient de se passer ; ses yeux sont encore lourds. Quentin, profitant de ce nouveau public à charmer, amplifie la mise à découvert de Sébastien, en retirant entièrement le duvet et en dégageant complètement et le corps de Sébastien et le mien. Il nous voit alors totalement nus tous les deux : moi, toujours sur le dos, la bite encore en semi-érection posée sur mon ventre, légèrement mouillée, Sébastien accroché sur mon côté, ses bras repliés sur mon torse, sa tête au creux de mon cou, sa jambe droite enroulée sur ma jambe droite, le sexe posé sur ma hanche droite, lui-aussi en érection – entre parenthèses je ne m’étais pas trompé tout à l’heure ! Cette connivence de nos deux corps, et de nos deux sexes, amène aussitôt Quentin à souligner notre supposée intimité sexuelle et nos préférences amoureuses l’un pour l’autre. Son ton est ironique et je trouve sa raillerie un peu lourde ; je n’ai d’ailleurs pas la force de même sourire à sa galéjade. Sébastien en esquisse un, lui, son visage retrouvant en ce début de journée sa luminosité ordinaire. Il n’en couvre pas moins de sa main sa bite dressée.

Sentant que notre humeur ne se déride pas à ses tentatives d’enjouement, Quentin décide d’un bond de sortir de la tente, nous bousculant tous du même coup, relevant la fermeture-éclair de la tente et s’en extrayant rapidement. Il se plante debout devant l’entrée, manifestant bruyamment ses étirements de bras et de jambes, laissant même échapper un pet retentissant ; avant de partir à grandes enjambées vers la maison – laissant du même coup l’ouverture de la tente grande ouverte… Sébastien me regarde, l’œil interrogateur. Puis il décide de changer de position et se laisse glisser sur le côté dans l’interstice entre le bord de la tente et moi ; sa main masque toujours sa bite qui s’est entre-temps détendue. Il se frotte les yeux. Je me redresse et je tire à nous le duvet pour nous recouvrir à nouveau. Je tente aussi de refermer la fermeture-éclair à moitié. Et je me recouche. Pendant tout ce temps, Damien n’a pas bougé ; s’est-il rendormi ? Je n’ose pas bouger, moi non plus, ne sachant quelle attitude je vais devoir adopter dans un moment, lorsque tout le monde sera pleinement réveillé et décidera de se lever. Je tente de cogiter des scénarios de réactions, pour anticiper les éventuelles moqueries ou les regards en coin auxquels je m’attends inévitablement. Mais mon esprit s’embrouille, n’arrive pas à se fixer pour réfléchir, butte sur les paroles de Quentin, la réaction de Damien, ou encore sur le sexe de Sébastien ; ce qui empêche le mien de se ramollir plus rapidement qu’il ne devrait… Libéré de l’emprise de Sébastien, je ramène, moi-aussi, mon bras sur ma bite pour tenter de la masquer – même sous le duvet – et éviter que sa forme raide et massive ne transparaisse trop au travers du sac de couchage.

Après une demi-douzaine de minutes, restés tous là sans rien dire, ni bouger, Damien se retourne sur le dos, les yeux ouverts fixant le faîte de la tente. Il se redresse sur ses fesses, se frotte les yeux, se retourne vers nous, nous jetant un regard vide, puis décide de se lever à son tour. Il sort de la tente. Il n’a échangé aucun mot, avec personne. Peut-être n’est-il pas du matin ? Ou bien alors il me manifeste son mépris par son silence ? Il est suivi dans la foulée par Sébastien qui décide également de sortir. Lui en revanche a pris le temps de m’adresser un sourire attentif, bien qu’il n’échange également aucun mot. Ce bref sourire me réconforte un peu, même si je ne le trouve pas suffisamment chaleureux à mon goût… Me voilà désormais seul dans cette tente – minuscule lorsque nous y logions tous les quatre, presque trop grande maintenant que je n’y suis que moi. Je reste là quelques instants, sans pouvoir me décider pour la suite. Le spleen s’abat sur moi. J’ai honte. Honte de ce qui s’est passé, de mon incapacité à avoir réagi lorsque j’aurais dû, honte de mes pensées et de mes sentiments pour ces trois garçons, honte du plaisir que j’avais eu de les savoir – et de les voir – nus à mes côtés, de nos corps en contact, peau contre peau, membres contre membres, honte d’avoir senti les couilles de Sébastien contre ma jambe, de l’érection que cette proximité avait suscitée, honte de la joie intime procurée par les attouchements appuyés de Quentin tout au long de la nuit, honte somme toute de mes penchants homosexuels, alors que les autres paraissent si tranquillement hétérosexuels, si sûrs de leurs réactions les uns vis-à-vis des autres et du reste du monde, en un mot si… normaux ! Le désespoir naissant me fait monter une boule dans la gorge ; je suis à deux doigts de chialer.

Pour surmonter mon cafard, je décide de rester plus longtemps au lit. Après tout, libéré de la présence des autres, je peux bien tenter de me rendormir et de récupérer ces heures de sommeil dont ils m’ont privées. Mais le sommeil ne vient pas. Je reste donc là, les yeux ouverts, fixant le plafond de la tente, essayant de vider mon esprit. Allez debout la-d’dans ! Cette injonction prononcée par Quentin s’accompagne d’une secousse donnée à la tente à partir de son piquet avant. Il se penche au-dedans, tenant d’une main le revers de la toile d’ouverture. Alors… ! T’a fini d'te branler, p’tite tapette ?! Allez ! Debout ! Au mot de « tapette », j’ai cessé de le fixer des yeux. J’ai cru m’enfoncer six pieds sous terre ; j’aurais voulu devenir invisible. Une fois encore, je n’ai pas su protester, comme je l’aurais dû, surtout au bon moment où j’aurais dû. Cette expression me révolte – pour ce qu’elle est : insultante, diffamante, injustifiée, lexicalement infondée ; pour moi : je ne veux pas être une « tapette », je redoute que cette réputation me colle à la peau, me suive toute la vie… Mais, une nouvelle fois, je suis incapable d’ouvrir la bouche, pour me défendre, pour répliquer. Misérablement, je me dis que je ne dois pas obéir dans l’instant, au doigt et à l’œil et, savamment, je prends encore quelques secondes avant de bouger. Je me redresse, lâchant ma bite. Je reprends mon équilibre, d’abord sur mes genoux, offrant ainsi mon fessier à Quentin, puis je me retourne et je sors. Ma bite est au repos ; je ne lui jette qu’un regard, que je veux méprisant, sans être sûr que mes yeux traduisent bien ce que mon cerveau commande, et je pars vers la maison, nu comme un ver, droit comme un i, le pas volontairement lent. Je m’imagine drapé dans toute ma dignité outragée ; pas sûr que j’aie réussi à convaincre… Quentin, lui, paraît déjà être passé à autre chose. Il n’est pas encore habillé, sans volonté manifeste de le faire.
 
Re: Guitare [English Version included]

Chap. XV

Lorsque je reviens des toilettes, je trouve Quentin attablé, toujours nu. Sébastien aussi est à table, également nu. Ainsi que Damien. Je tente de ne manifester aucune surprise : après tout, je ne connais pas suffisamment les uns et les autres et ils ont peut-être l’habitude de ne s’habiller qu’après avoir déjeuné, même si je doute que chacun d’eux se balade à poil de bon matin en présence de ses parents et du reste de sa famille… Tous trois ont commencé à prendre leur repas : café pour Damien et chocolat au lait pour Sébastien et Quentin ; chocolat en poudre et casserole de lait, paquet de céréales, restant des crêpes d’hier soir, sucre en poudre, pot de confiture et beurre sur son beurrier trônent sur la table. Pour ma part, ce n’est pas mon habitude de me montrer nu à la vue de tous, comme ça, aussi je me dirige vers la tente pour tenter d’y rassembler les vêtements que je porterai pour la journée et qui ont été éparpillés dehors suite à la frénésie de Quentin de la nuit passée. Malheureusement, d’une part la rosée du matin les a beaucoup mouillés, d’autre part, Quentin m’interpelle et m’indique qu’aujourd’hui, c’est « journée à poil », ajoutant que ça devrait me faire plaisir ! Même si la remarque n’est prononcée sur un ton ni acerbe, ni moqueur, elle me fait mal quand même. Les larmes me remontent aux yeux et je détourne précipitamment la tête. En plus, je n’aime pas m’exhiber nu, ni moi, ni les autres. Alors…

Comme je ne déjeune jamais le matin – oui, je sais, c’est très mal, le petit-déjeuner-c’est-le-plus-important-repas-de-la-journée, c’est-celui-qui-nous-permet-de-prendre-des-forces, patati-patata, je connais tout ça par cœur… Il n’empêche que, moi, je ne déjeune pas le matin ! un point c’est tout. Aussi, plutôt que de me mettre à table avec les autres, à les regarder manger – et accessoirement à vérifier qui est bien élevé, qui sait bien se tenir à table et à l’inverse qui mange comme un porc ; un bon moyen souvent pour faire redescendre les dieux de leur piédestal… – je préfère m’écarter et aller m’asseoir au bord de la piscine. Quentin en a plein la bouche, il ne lève pas les yeux de sa tartine. Damien, son grand bol de café aux lèvres, me regarde m’éloigner. Sébastien aussi m’observe, mais ne dit mot. C’est Quentin qui, quelques secondes plus tard, s’en inquiète en me criant sa question. Hé, Guillaume ! Tu viens pas manger ? Je ne réponds pas. Tu m’laisse ta part de crêpes, alors ?! Si tu veux, je murmure en moi-même. De toute façon, non seulement je n’ai pas faim le matin, mais particulièrement ce matin : la boule au fond de la gorge est loin d’avoir disparu. J’ai une vague sensation que la journée va être pourrie. Alors même que le soleil est rayonnant dans le ciel et que la température est pour ainsi dire estivale. Contraint de rester nu, puisque tel en a décidé Quentin, c’est finalement supportable, « climatiquement » parlant.

A la table de jardin, les conversations se sont animées. Je ne saisis pas nettement les paroles échangées – je crois comprendre qu’ils parlent mécanique, à moins que ce soit des résultats sportifs ? ou de la dernière chanson de je ne sais quel groupe de rock ? Toujours est-il que ces échanges, qui m’écartent un peu plus du reste du groupe, me font mal. Décidément, je suis à fleur de peau. Pour autant, je ne me sens pas le courage de me relever et de les rejoindre ; oui, je sais, je ne sais pas ce que je me veux… Ce serait facile pourtant. Ce serait aussi l’occasion de prouver que je suis au-dessus de tout ça et que je suis capable de m’affirmer comme je suis – quel que soit celui que je suis. Mais non. Je reste donc assis devant la piscine, le regard tourné vers l’horizon. Alors même que l’horizon n’offre rien à voir ! de l’eau qui clapote sur la surface de la piscine, les dalles en pierre qui la ceinturent, le gazon au-delà et la haie dense de thuyas au fond du jardin… J’arrive néanmoins à m’extraire du réel et je décroche quelques secondes – quelques minutes ? – des bruits ambiants pour ne plus rien n’entendre. Je m’allonge sur le dos dans l’herbe, les yeux levés au ciel. Comme la lumière finit par m’aveugler, je ferme les yeux. Perdu dans mes rêves. J’entends le bruit des bols qu’on débarrasse, des affaires qu’on range, des va-et-vient entre la terrasse et la maison. Chacun s’agite. Le silence retombe. Personne ne vient me rejoindre. Quelques minutes passent encore. Une musique s’élève de l’intérieur de la maison : de la musique de sauvage ! je ne connais ni la chanson, ni l’interprète. Deux voix suraiguës se surajoutent à la mélodie : deux qui chantent sur la bande-son : est-ce Quentin avec Sébastien ? avec Damien ? je n’arrive pas à reconnaître les voix. La plage s’arrête avant la fin de la chanson. Elle est remplacée par un autre titre, tout aussi peu évocateur à mes oreilles. Puis un troisième titre s’enchaîne. Sébastien me rejoint au bord de la piscine. Sans un mot. Il est nu, tout comme moi. Sans que ça ait l’air de le déranger plus que ça. Il me regarde. Me sourit. Peut-être plus chaleureusement que ce matin au sortir de la tente ? Du moins je le pense – ou je tente désespérément de le croire. Nous n’échangeons aucune parole ; simplement ce sourire sur ses lèvres, accompagné de ce regard si lumineux qu’il m’adresse. Je le regarde, les traits légèrement crispés ; j’ai du mal à lui rendre son sourire. Il va croire que je lui en veux, alors que ce n’est vraiment pas le cas. Et pourtant, c’est plus fort que moi, mes muscles ne m’obéissent pas comme je le voudrais. Après un effort intense pour discipliner mon cerveau, j’esquisse une grimace qui se veut sourire… Je détourne aussitôt mes yeux que je replonge vers l’horizon. Nous restons là un long moment, sans rien dire.

Et ben, dis-donc, c’est pas la joie ici ! Le ton est redevenu enjoué et amical. Quentin se tient debout au pied de ma tête. J’ai sa bite et ses couilles poilues qui pendent en plein dans ma ligne de mire. Je ne l’ai pas entendu venir, j’avais refermé les yeux. Je le regarde. Il me sourit. Ni une ni deux, il court soudain et plonge dans la piscine. Il y effectue plusieurs longueurs aller-retour. Damien nous a rejoint et s’est assis sur un autre côté du bassin, sur les dalles, les pieds barbotant dans l’eau. Quentin s’approche de lui et le taquine pour qu’il le rejoigne. Damien ne tarde pas à se laisser entraîner. Il se relève donc et plonge à son tour. Tous deux nous font signe, à Sébastien et à moi, de nous jeter à l’eau également. Sébastien me regarde, comme cherchant mes encouragement ; je le fixe d’un œil vide. Il plonge, le visage rieur. Je n’ai pas bronché. Je n’ai pas envie. Pas envie de jouer la comédie. Quentin s’approche du bord, face à moi. Il est rejoint par Sébastien. Allez, Guillaume ! Tu viens ? Allez… ! Viens… ! P’tite tapette, t’as peur de t’la mouiller ou quoi ? Revoilà l’expression maudite. Quentin et Sébastien m’envoient par-dessus bord de grandes brassées d’eau, histoire de tenter de m’asperger et de m’inciter à les rejoindre. La colère et la rage m’envahissent tout soudainement. Je sens comme une explosion qui couve en moi, une violence qui surgit qui me donne envie de cogner. Que Quentin continue de me traiter de la sorte, je ne peux déjà pas le supporter ; mais que Sébastien s’amuse de ses moqueries et participe à l’hallali, je ne peux en souffrir davantage. Je me lève d’un bond, je plonge dans la piscine, pieds en premier et je me jette sur Quentin. Je m’accroche à sa tête, je la plonge dans l’eau. Ce dernier, d’abord surpris par la vivacité de ma réaction, a cependant tôt fait de se ressaisir et sait se défendre. Lui aussi se suspend à mon cou et m’enfonce dans l’eau. Je bois la tasse. Ma rage n’en est pas moins toujours aussi vive ; j’ai envie de lui faire payer tous ses affronts, sa méchanceté, son insouciance et son hétérosexualité aussi, qui le rendent si sûr de lui, si nonchalant, si supérieur à moi. Nous glissons tous les deux au fond du bassin, où je le lâche : je n’ai pas su prendre mon souffle correctement, j’ai besoin de revenir à la surface, je commence à m’asphyxier. Je remonte. Je sors la tête de l’eau ; je tente de reprendre ma respiration, les yeux exorbités. Quentin me rejoint, mais il ne me laisse pas le temps de souffler et me renfonce la tête dans l’eau. Juste le temps d’absorber un peu d’air pour ne pas sombrer. Je donne des coups de coude, de jambe. Je me dégage et remonte à la surface. Quentin se rejette sur moi et me replonge entièrement dans l’eau. Je commence à perdre pied, à m’agiter dans tous les sens ; je me vois couler. Sébastien et Damien se jettent sur nous. Je les entends vaguement crier, intimant à Quentin de cesser et de relâcher son étreinte. Je me libère. Damien m’empoigne par le bras et me propulse vers la surface. Sébastien repousse Quentin vers l’arrière, la main du premier barrant la poitrine du second. Lui-même se jette au cou de Quentin, histoire de faire diversion, et tous deux poursuivent ces enfantillages. Je reprends mon souffle. Damien m’a lâché et se penche vers moi. Rageur, je le rejette et détourne la tête. L’humiliation est suffisante pour ne pas y ajouter la commisération. J’ai besoin de m’éloigner pour reprendre contenance. Je m’approche du bord tout en restant dans la piscine. Damien a rejoint Quentin et Sébastien et s’amusent tous les trois à s’enfoncer dans l’eau, dans de grandes éclaboussures. Je les regarde faire. La honte m’envahit de nouveau et prend la place de la colère. Décidément, je ne suis bon à rien : une tapette qui ne sait pas se défendre dans l’eau, qui se noie au premier à-pic, qui n’est pas capable de combattre, une vraie chochotte ! Je me retiens de toutes mes forces pour ne pas pleurer. Merde, quoi, j’ai dix-huit ans et je suis là comme une chiffe-molle ! Je reste encore quelques minutes dans l’eau, avant d’en sortir et d’aller me rallonger sur l’herbe que je n’aurais jamais dû quitter…

J’y suis rejoint un peu après par les trois autres. Tous s’allongent à quelques mètres de moi, pour se laisser sécher au soleil. Je ne bronche pas. Le calme revient à peine en moi. Le temps passe ainsi, sans que personne ne bouge. Le silence s’est abattu entre nous. Nous restons bien une heure sans rien faire, juste à profiter du soleil. Soudain, Quentin se redresse et fait remarquer à la cantonade combien Sébastien s’est transformé en écrevisse. Instinctivement, nous nous relevons pour vérifier cette assertion. Si Quentin exagère largement, il est exact que la peau de Sébastien a bien rougi ; il paraît sensible au effets du soleil. Le fait qu’il soit blond, sans doute. T’as pas de la crème pour lui ? Pour une fois, c’est Damien, ordinairement si peu causant, qui s’est inquiété pour Sébastien auprès de Quentin. Celui-ci signale qu’effectivement, ses parents doivent avoir conservé de la crème apaisante quelque-part dans une armoire de la salle de bain. Il se relève et entraîne Sébastien à sa suite ; ce dernier, manifestement, ne montrant aucun signe d’anxiété ou d’inquiétude sur l’état de sa peau… Nous restons seuls, Damien et moi. Je me suis rallongé et j’ai refermé les yeux, montrant par là que je n’ai pas envie d’entamer une quelconque discussion. Le silence s’abat de nouveau autour de la piscine, seulement entamé par le roulis de l’eau. Damien se lève. Il me jette un regard avant de s’éloigner vers la maison. Il est ruisselant de sueur et a besoin d’une serviette pour s’éponger. Je le laisse aller, en feignant le désintérêt. Je reste seul. Damien ne revient pas. J’entends de la musique jaillir de la maison ; ce n’est pas la même que tout à l’heure. Bien que je ne la connaisse pas mieux.

Je suis rejoint au bout de dix bonnes minutes par Sébastien, le tube de crème à la main. Il vient s’asseoir juste à côté de moi, replié sur ses fesses, ses bras enserrant ses genoux, le dos face à moi. Il reste là sans broncher. Sa présence me trouble. Je rouvre les yeux. Il est vraiment assis tout près de moi, presque contre moi, et je ne comprends pas qu’il y reste, ainsi, immobile. Je me redresse. Au moment où je tourne mon visage vers lui, lui détourne le sien, l’accompagnant d’un revers de la main contre sa cornée. Il pleure ? Je ne dis rien. Je me contente de le regarder fixement. Après quelques secondes, il se tourne vers moi et, d’une voix mal assurée, il me demande si je veux bien l’aider à le barbouiller de crème dans le dos. Je ne réponds pas, mais je tends la main ouverte vers lui pour qu’il y dépose le tube. Son visage est fermé et a perdu de sa jovialité. Il me regarde intensément. Je détourne mes yeux et je me concentre sur le tube que je débouche. J’enduis la paume de ma main d’une bonne quantité de crème et je m’applique à la passer dans son dos, sur ses omoplates, ses épaules, sa nuque, avant de redescendre sur ses reins. Je reprends un peu de crème et j’en enduis l’arrière de ses bras, puis tout leur pourtour, ainsi que ses avant-bras. Je m’arrête volontairement. Je n’ai prononcé aucune parole pendant cette action. Je referme le tube de crème et je le rends à Sébastien. Celui-ci le récupère et le pose à côté de lui. Nous restons là, tous les deux, assis sur nos fesse, les genoux serrés, le regard au loin. En silence.

T’es con, Quentin ! Tu fais vraiment chier ! Putain, merde ! Damien a crié. Depuis la maison, nous l’avons entendu très distinctement. A peine quelques secondes après que la musique a cessé. Je n’avais jamais entendu Damien s’exprimer avec une telle violence dans le ton de sa voix. Il doit faire partie de ces gens si calmes que leurs rares accès de colère deviennent alors dévastateurs. Avec Sébastien, nous nous somme regardés, surpris l’un et l’autre de cette altercation inattendue. Nous n’avons pas échangé de paroles. Seulement, regardés l’un l’autre. Puis nous avons retourné chacun la tête vers l’horizon, comme si l’incident n’avait jamais eu lieu. Le silence est retombé. J’entends des pas sur l’herbe. Damien se plante quelques mètres à côté de Sébastien. Ce dernier lève la tête vers lui. Moi, je décide de l’ignorer ; je n’ai pas encore digéré l’épisode dans la piscine. J’vous cherchais ! Ce sont les seuls mots que Damien prononce. On ne sait ni pourquoi il nous cherchait, ni dans quel but, ni ce qui pouvait le faire douter que nous ne fussions plus là où il nous avait laissés. Il s’assied à son tour, un peu éloigné de nous deux. Puis s’allonge dans l’herbe. Il coupe une pâquerette près de lui et se met à en mâchouiller la tige. Le silence revient.
 
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cest tres bon. mais je'nai parles bien le francais. merci beaucoup le histoir.
 
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Chap. XVI

L’envie m’a prise de nager. Seul dans l’eau, loin de l’obligation de chahuter avec les autres sous prétexte qu’on serait tous ensemble dans la piscine. Je me lève donc et, d’un pas assuré, je descends par l’échelle d’accès dans le bassin. Après ce bain de soleil, l’eau est fraîche. Je frissonne, avant de me lancer. J’ai ainsi l’occasion de faire plusieurs longueurs. Je suis bon nageur et j’aime aller me baigner chaque semaine à la piscine municipale. Ma musculature d’ailleurs s’en ressent, même si je ne suis pas inscrit au club des nageurs du coin et que je ne pratique pas la compétition. Sébastien me regarde faire depuis l’herbe dans laquelle il est assis depuis tout à l’heure. J’ai parfois l’impression qu’il me regarde sans me voir. J’essaie de ne pas m’attarder, mais au contraire de me concentrer sur mes mouvements. J’alterne brasse et crawl. Cette incursion – choisie – dans l’eau me fait du bien et m’apaise. J’ai pu réfléchir plus calmement – je réfléchis toujours intensément au cours de mes sorties piscine – et j’ai pris ma décision.

Je ressors de l’eau, couvert de gouttelettes. Naturellement, il n’y a pas de serviettes pour que je puisse m’essuyer. Sébastien a levé la tête vers moi lorsque je suis sorti du bassin, me suivant des yeux jusque vers lui. Il me sourit. D’un sourire affectueux. Je lui rends son sourire, en faisant mieux qu’une simple grimace. Je ne m’attarde pas et j’accélère le pas en direction de la maison. Je frissonne légèrement. Je compte bien trouver une serviette, ainsi que des vêtements secs ; cette exigence d’évoluer nu me pèse et entrave mes déplacements – ce qui est un comble ! Je passe devant les meubles de jardin, table, chaise, barbecue. Je rentre par la baie vitrée qui donne sur la grande cuisine, avant de franchir le salon. Là, j’aperçois Quentin. Assis sur le sofa. Seul. Dans le silence de l’intérieur de son habitation. Il ne m’a pas entendu rentrer, aussi sursaute-t-il lorsque le flic-floc de mes traces de pas sur le carrelage se fait entendre. Je retiens de jurer : je suis en train de tout inonder sur mon passage… Quentin se retourne brusquement pour voir qui s’approche. Son regard est noir. Il a pourtant les yeux rougis. Il se tient la bite de sa main gauche, la main droite posée à plat sur les coussins du canapé. Il a une légère érection. A peine. Tu viens pour que j’finisse le travail de c’matin ? C’est dit avec hargne. Je m’arrête. Je le regarde d’un air las. J’ai décidé que ses remarques acerbes ne m’atteindraient plus. Je ne réponds rien. Ou alors, t’es v’nu pour t’faire sucer ?!

Pourquoi t’es agressif, comm’ ça ? Tu sais, ça sert à rien… ! Il ne répond pas à ma question, que j’ai pris soin de poser très calmement. Après quatre ou cinq secondes de silence, je lui annonce ma volonté de partir. Puisqu’il semble m’en vouloir, et je suis prêt à le comprendre, il me paraît plus judicieux de rentrer chez moi. Je ne doute pas qu’il en sera soulagé et que Damien saura disposer, le moment venu, d’un moyen de transport pour pouvoir repartir. A mon annonce, Quentin s’est levé d’un bond. L’œil furibard. Tu pars pas avec ton p’tit protégé ? Vous pourriez baiser ensemble pourtant ! Je le regarde interloqué. De quoi parle-t-il ? De qui parle-t-il ? Je ne comprends rien à ses propos… Mon visage devant imprimer l’hébétude, Quentin s’approche vers moi. Oh, fais pas croire qu’tu sais pas c’que j’veux dire ! Tu crois qu’j’ai pas compris ton p’tit manège, c’matin ? Sébastien et toi, ça va tous les deux ?! Je suis éberlué. Qu’est-ce qu’il est encore allé inventer là ? Décidément, ce garçon s’égare depuis ce matin. Le départ de Mélanie l’a déboussolé, à moins qu’il soit en manque de je ne sais quelle substance, qui le rende aussi agressif et, surtout, aussi stupide. Faut qu’t’arrête de fumer la moquette, mon vieux ! Tu disjonctes total’ment… ! Je n’ai pas pu m’empêcher de hausser légèrement la voix, pour répondre à tant d’inepties. J’ai pris mon air sévère, de père fouettard, histoire de prouver que Quentin ne m’impressionne plus et que je ne vais pas continuer à me laisser faire. Non, je ne suis pas une tapette ! M’enfin !

Lui aussi a été surpris du ton de ma voix. Et de ma réaction. Ca ne l’empêche pas, pourtant, de continuer ses délires. Quoi ?! T’as peur ?! T’as honte de dire qu’avec le p’tit Sébastien, vous vous envoyez en l’air ?! Ah, y cache bien son jeu, c’ui-là ! Et voilà que Quentin se met à sautiller d’une jambe sur l’autre, comme un boxeur en préparation d’un combat, commençant à me bousculer l’épaule de sa main et du bras érigés en ressort… Je lui saisis alors le poignet, d’un geste ferme et calme. Tu laisses Sébastien en-dehors de tout ça, o.k. ? Sébastien, il y est pour rien ! Si t’as que’que chose à m’reprocher, c’est à moi qu’i faut qu’tu l’dises ! Sébastien tu l’laisses tranquille ! J’ai nettement haussé le ton en prononçant ces dernières paroles. Le rouge commence à m’envahir, la colère me monte au nez. Quoi ?! T’aime pas qu’on dise que tu l’niques, ce p’tit merdeux ?! Ah… ! Sous ses airs de sainte-nitouche… ! Son p’tit air de pas y toucher… ! Son p’tit sourire en coin… ! Ma main est partie. Je n’ai pas pu m’en empêcher. Elle s’est néanmoins arrêtée à un demi-millimètre de sa joue. Dans un effort absolument surhumain, j’ai voulu éviter de le frapper. Ce n’était pas l’envie qui m’en manquait pourtant. Mais, j’ai estimé plus classe de ne pas tomber aussi bas. Quentin me fait maintenant pitié, avec ses accusations à deux balles. Il pense ce qu’il veut de moi, finalement je m’en fous. Et puis, c’est la fin de l’année, la fin du lycée et j’espère bien que je n’aurais plus à croiser sa tronche de cake dans les années à venir. Non, tout ce que je regrette c’est qu’il attaque Sébastien comme il le fait. Surtout qu’il n’est pas là pour se défendre. Ca, je ne supporte pas. Tu veux, qu’j’te dise, Quentin, Damien avait raison tout à l’heure ! T’es qu’un gros con, qui fait chier tout l’monde ! Et je tourne les talons, reprenant ma marche vers l’étage pour tenter d’essuyer le peu d’eau sur mon corps qui n’a pas encore séché tout seul.

Quentin m’agrippe par le bras. Il le presse en serrant fort. Il me fait mal. Je me retourne violemment, n’arrivant pas toutefois à le détacher. Mes yeux sont injectés de sang ; la colère est clairement affichée sur les traits de mon visage. C’est alors que Quentin fond en larmes, devant moi. Ses yeux sont baignés de larmes. Ses joues sont baignées de larmes. Sa bouche se tord dans un rictus. Il baisse la tête, les bras ballants. Il a lâché mon bras. Son corps est secoué de spasmes. Il pleure en silence. Beaucoup. Abondamment. Comme pour extirper toute l’angoisse, tout le chagrin, tout le désespoir accumulés. Depuis combien de temps ? Ma colère naturellement s’estompe immédiatement. D’abord, je ne sais comment réagir : les gens en pleurs m’ont toujours un peu effrayé ; je ne sais pas quoi dire, quoi faire dans ces moments-là. C’est lui qui, spontanément, s’est jeté dans mes bras, contre ma poitrine, en marmonnant des « Excuse-moi ! Excuse-moi ! » Après une fraction de seconde, pendant laquelle je me suis senti décontenancé, j’ai enserré mes bras autour de lui et je l’ai enlacé très fort, en le blottissant contre moi. J’ai posé mon menton et ma bouche sur le dessus de son crâne – je le dépasse d’une bonne demi-tête – et je l’ai embrassé, me retenant toutefois de le bercer.

Nous restons de longues, minutes, de très longues minutes ainsi, serrés l’un contre l’autre. J’attends qu’il ait terminé de pleurer, que ses spasmes s’estompent peu à peu. Il dégage ses bras pour me les passer autour de mes hanches. Lui aussi me serre très fort, scotché à moi sans vouloir s’en décoller. Au bout de ce long moment d’intimité inopinée, il lève enfin les yeux vers moi, encore tout embués. J’suis désolé ! Il rabaisse la tête aussitôt, s’essuyant les yeux du revers de sa main. Il pose son front contre mon épaule, menton rentré ; mes deux poignets cette fois posés sur ses épaules, mes maint tombantes sur ses omoplates. Nous restons encore plusieurs minutes dans cette position. C’est moi qui suis désolé, Quentin ! T’as toutes les raisons d’m’en vouloir pour Mélanie et toi ! C’est moi, vraiment, qui suis désolé ! Il relève la tête et me regarde. J’m’en fous d’Mélanie ! J’t’ai dis, c’est qu’une connasse ! Mais… ! J’croyais… ! Je suis perdu ; je ne comprends plus. Quentin passe de l’agressivité aux larmes, il m’insulte avant de se blottir contre moi, il m’injurie – ou plus exactement il injurie Sébastien – puis il vide toutes les larmes de son corps, il ne cesse ensuite de me demander de l’excuser ; je lui présente les miennes à mon tour, réellement contrit d’avoir largement contribué à ce qu’il ait craqué, ayant causé la séparation de son couple avec mon idée de film. Et voilà qu’il me redis combien il s’en moque, que Mélanie se soit cassée !… Est-ce une nouvelle fois une réaction pour se protéger, pour recréer une carapace derrière laquelle se cacher et masquer sa douleur ? J’suis désolé pour Seb ! J’sais qu’i’ compte beaucoup pour toi ! J’voulais pas êt’ méchant ! C’est plus fort que moi ! J’lui en veux… ! Quentin ne finit pas sa phrase. Elle meurt dans un chuchotement. Je suis de plus en plus dans le brouillard. Je ne comprends rien, mais alors rien du tout. De quoi lui en veut-il ? Qu’est-ce qui l’a poussé à être si méchant selon sa propre expression ? En quoi, le fait de déverser sa bile sur lui, devant moi, règle-t-il ses éventuelles démêlées avec lui ? Mon regard est interrogatif ; je le scrute des yeux, en voulant chercher une explication que je n’ai pas encore trouvée. Et puis, soudain, une lueur jaillit dans mon esprit. T’es quand mêm’ pas en train d’me dire, qu’t’es jaloux, quand même ?! Non… ! Non… ! Sa réponse est évasive ; sa voix à peine perceptible. Il a baissé les yeux pour masquer sa gêne. Ce n’est pas vrai ! Quentin jaloux de Sébastien ? vis-à-vis de moi ? Il sort pourtant d’une histoire d’amour – non ? – avec Mélanie… Il vient de tringler Jennifer… Ne me dites pas qu’il est amoureux de moi ? La situation commence à m’amuser et un sourire vient poindre à la commissure de mes lèvres. D’une main, je relève le menton de Quentin dans ma direction. Tu peux me donner plus d’explications, s’il te plaît ?
 
Re: Guitare [English Version included]

Bon, voilà, je suis accroc! Plus, j'ai besoin de plus! C'est trop bon, j'ai besoin d'une autre dose et vite!

Je ne sais pas si cette histoire me parle tant parce que j'ai toujours été du genre à me rendre compte des sentiments des autres envers moi trop tard, mais, vraiment, je suis totalement épris de ces personnages.


There you go, I'm an addict! More, I need more! It's too good, I need another fix and quick!

I don't know if this story speaks to me so vividly because I am generally the type to realize other people's feelings toward me too late, but, truly, I'm totally getting attached to these characters.
 
Re: Guitare [English Version included]

Chap. XVII

Quentin est allé se rasseoir sur le canapé. Dos confortablement installé ; jambes largement écartées mettant bien en évidence sa bite et ses couilles ; pieds posés à plat sur le tapis au sol. Ses mains sont posées à plat elles-aussi sur les coussins du sofa, de part et d’autre de son corps. Je le regarde. Je l’observe plutôt. Je ne sais pas trop quoi faire, comment agir, que dire. Je ne veux pas rompre la magie de cet instant. Quentin retire sa main gauche et la pose sur sa cuisse, comme une invitation à m’asseoir près de lui. Du moins c’est comme ça que j’interprète son geste. Je m’installe donc près de lui. Nos cuisses se touchent. J’ai pourtant bien essayé de me décaler légèrement, mais d’une part le canapé n’est pas très grand, d’autre part Quentin est assis presque au milieu et crée une sorte de pente qui me fait glisser immanquablement sur lui. Je m’y résous donc en supputant que ça doit lui être agréable autant à lui qu’à moi, non ? Nos épaules aussi se touchent. J’ai néanmoins pris bien soin de poser mes mains, l’une sur ma cuisse, l’autre sur mon genou ; en fait, comme d’habitude, mes bras sont tellement longs – comme mes jambes – que je ne sais jamais quoi en faire, où les poser, quelle attitude, quelle contenance adopter. Je suis trop grand. Parfois c’est bien, ça procure certains avantages, mais en réalité, le plus souvent, c’est plutôt handicapant. Je me tais. J’attends.

…J’suis désolé, tu sais ! Vraiment ! J’sais qu’j’ai dit des choses pas très sympas… sur toi… sur Seb et les autres aussi ! J’regrette ! J’veux pas qu’tu partes à cause de ça ! Pas toi ! C’est chouette, qu’tu sois v’nu ! Quentin a levé la tête au moment où il a prononcé ces dernières paroles. Il m’a regardé droit dans les yeux. Il a ce sourire un peu triste qui lui barre le visage. Ses yeux ont perdu de leur pétille-ment, mais ils n’en restent pas moins très doux. Quentin a de beaux yeux. Bruns. Pas noirs, ni clairs, ni vraiment marrons, non, bruns. Son visage aussi est bien dessiné. Il a une légère barbe de deux-trois jours qui lui ombre le menton et le haut du cou ; il ne s’est pas rasé ce matin et ça lui confère un petit côté cow-boy qui lui sied bien. Il a un pubis très poilu, avec une touffe très garnie qui lui remonte jusqu’au nombril. Un léger duvet commence aussi à recouvrir son torse entre ses tétons. Naturellement, pas un poil de graisse qui transparaît, même assis ; en fait, Quentin est maigre comme un clou : la clope sans doute qui le distrait de manger… Je le regarde en même temps qu’il me parle. Je prends mon air attentif et pénétré qui attire toujours les confidences des uns et des autres, comme si je ne m’intéressais qu’à eux, et qui les met en confiance pour tout me déballer ! En réalité, mon cerveau oscille entre ce que mon interlocuteur me débite et son physique, que je détaille avec beaucoup de minutie, pour mieux capter chaque recoin et le fixer dans mon esprit pour plus tard, lorsque je serai seul et que je me remémorerai l’événement. Quentin détourne la tête et replonge ses yeux sur son bas-ventre. Le silence retombe. Manifestement, il a dû mal à exprimer ce qu’il ressent. Je décide volontairement de me taire pour le laisser – l’obliger à parler, lui.

J’t’ai vu hier matin… Par la f’nêtre du bureau à mon père ! Sur l’coup, j’étais pas sûr qu’cétait toi. C’est quand tu t’es r’tourné et qu’t’es parti qu’j’t’ai r’connu. Tu sais… En fait, on n’est pas allé jusqu’au bout avec Jenni’ ! J’ai eu… comme qui dirait une « panne » ! C’est elle qui m’avait entraîné dans c’coup foireux ! Elle m’a fait la totale ! Moi, j’pensais qu’ce s’rait marrant d’me la taper, comme ça, juste pour rire… ! Sur l’coup, putain, j’bandais comm’un puceau ! Elle m’excitait à mort ! Et puis j’t’ai vu et ça m’excitait encore plus ! Et puis, t’a disparu et l’envie m’est tombée ! J’avais plus envie ! J’me suis r’trouvé comme un con, avec ma bite qui pendait… J’étais pas capab’ de jouir ! J’avais qu’une trouille, c’est qu’elle raconte que j’suis qu’un pétard mouillé ! Mais ! t’avais pas peur plutôt qu’elle raconte tout à Mélanie ? Oh ! Non ! Ca, ça risquait pas ! Mais pourquoi ?! Mélanie sait qu’j’suis un bon coup ! Alors, là… ! Jenni’ pouvait pas dire qu’ensemble on n’était pas allé jusqu’au bout ! La logique de ce garçon me dépasse ! Il craint, d’un côté que Jennifer clame partout qu’il n’a pas pu la tirer, qu’il s’est arrêté en route – ce qui ne peut que forcément ternir considérablement sa réputation ; d’un autre côté, il ne redoute pas qu’elle ait pu vendre la mèche à la principale intéressée, c’est-à-dire Mélanie, sa copine en titre – enfin… son ex-copine. Et justement, c’est bien parce que Mélanie l’a su, non pas qu’il ne l’avait pas tringlé, mais bien qu’il était censé se l’être tapé, qu’elle a d’abord foutu Jennifer dehors avant de le jeter, lui, Quentin ! Je me garde toutefois de lui dévoiler ces commentaires….

Sur l’coup, ça m’a fait chier que Mélanie s’casse, comm’ ça, en pleine nuit ! En plus, elle m’a balancé des trucs à la gueule, comm’ si j’avais dézingué les Twin Towers ! Putain ! C’était pas la mort, quand même ! Mais, tu lui as dit justement qu’i’ s’était rien passé entre Jennifer et toi ? Ca aurait pu la calmer, non ? Je sais, à l’instant même où je prononce ces mots, que je viens de dire une grosse connerie : ce n’est pas le fait que Quentin ait couché avec Jennifer, même si finalement il a couché sans vraiment coucher : il n’a pas réussi à aller jusqu’au bout – non, ce qui a dû mettre Mélanie hors d’elle, c’est naturellement que Quentin avait l’intention de coucher avec Jennifer, et donc de la tromper, elle, avec cette allumeuse – sa meilleure amie, soi-disant ! Que Quentin lui ait dit ou pas qu’ils n’avaient pas « consommé » n’y changeait pas grand-chose… J’aurais mieux fait de me taire ! Quentin ne relève pas toutefois la stupidité de ma remarque. Et pour cause !

Si, j’lui ai dit ! Mais elle a rien voulu entendre ! C’est qu’une conne ! Ces paroles sont prononcées avec véhémence par Quentin, dont la voix s’est brisée. Même s’il se refuse à reconnaître que cette rupture est traumatisante, son corps parle pour lui : il subit un véritable chagrin d’amour. Les larmes sont à nouveau au bord de ses yeux. Son regard se voile. Il pointe fixement ses cuisses, sourcils froncés, bouche tendue. L’envie soudaine me prend : je passerais bien mon bras autour de ses épaules pour le serrer contre moi, mais j’ai trop peur que mon geste soit mal interprété ; l’envie de me traiter de petite tapette lui a passé – pas la peine de la lui remettre à l’esprit ! Et pourtant, c’est de lui-même que Quentin bouge de place et vient frotter son dos contre mon épaule. Il s’abandonne ainsi tout contre moi – comme Sébastien l’a fait de multiples fois ces dernières heures. Il relâche même sa tête et vient l’appuyer entre mon épaule et mon cou. J’suis nul ! J’ai tout gâché ! Les larmes recommencent à couler sur ses joues. Ils les essuient mécaniquement d’un revers de main, sans vraiment parvenir à se sécher. Mon instinct reprend le dessus et je passe mon bras autour lui ; il dégage son propre bras. Je joins alors les deux miens en forme de ceinture sur son bas-ventre. Il pose ses mains sur les miennes. Il les serre fort. Comme un objet qui rassure. Nous restons là de longues minutes sans bouger, en silence. Son front est maintenant posé contre ma joue. Décidément, j’ai le chic pour attirer contre moi ces garçons qui, hétéros affichés, n’en réclament pas moins beaucoup de tendresse masculine !

Dis… Tu veux bien rester encore jusqu’à demain et pas partir tout d’suite ?! T’auras l’droit de préférer Seb et faire c’que tu veux avec lui ! Mais reste encore… ! S’il te plait ! Mais ! Enfin, faut qu’t’arrête avec Sébastien ! Excuse-moi, j’disais pas du mal… ! Non, mais c’est pas ça ! Mais… y’a rien entre nous ! Faut t’arrêter d’t’imaginer des choses ! J’ai pas dis qu’vous couchiez ensemble ! Ben… franchement si ! C’est c’que tu dis ! Excuse-moi… ! Sa voix est lasse, contrite. Ses excuses paraissent sincères. Il a de la peine et ça se voit. Non ! J’voulais just’ dire qu’Seb il a d’la chance, c’est tout ! D’la chance de quoi ? Ben… d’t’avoir ! J’veux dire, vous êtes très proches, tous les deux, non ? Tu t’occupes de lui… I’ s’laisse faire… I’ t’défend… Quand il a un blème, i’ peut compter sur toi… Attends, attends ! Qu’est-c’t’entends par là ? Comment, çà ? Qu’est-c’tu veux dire par « i’ m’défend » et « i’ peut compter sur moi » ? Ben… t’t’ à l’heure, j’ai dit des choses pas très sympas sur toi… – tu sais, j’suis vraiment désolé, j’regrette – mais Seb, il a pris ta défense ! T’aurais vu comment ! Ca m’a encore plus foutu les boules ! Mais pourquoi ? Quentin ne répond pas à ma question qui a fusé comme un boulet. Il baisse la tête, mu par la honte. A nouveau de la jalousie ? Je ne veux pas insister. J’ai au moins l’immense satisfaction que Sébastien, que j’aime tant, a su prendre ma défense – dixit Quentin – ce qui signifie d’après moi qu’il éprouve au moins quelque-chose pour moi, même si ce quelque-chose n’est « que » de l’amitié, c’est déjà ça… et c’est beaucoup ! Un qui m’aime et prend ma défense, un autre qui m’aime et se montre jaloux du premier, me voilà verni. Il ne manque plus que Damien pour parfaire ce tableau de chasse auquel je n’aurais jamais osé rêver, ne serait-ce que jusqu’à vendredi dernier…

Quentin ne dit plus rien. Comme s’il avait tout dit, comme si ce qui restait à venir était trop énorme pour pouvoir être mis en mots. Nous restons donc immobiles, serrés l’un contre l’autre, lui me serrant les mains dans les siennes plus fort que jamais. Au bout de quelques minutes, il desserre l’étau et laisse glisser ses doigts le long de mon poignet. Je le regarde faire. Après quelques allers et retours ainsi, il repose sa main sur les miennes, toujours croisées sur son bas-ventre, et les serre de nouveau. Nous restons sans bouger. J’aim’rai bien qu’on aille camper, c’t été ! Il se redresse… Ses yeux pétillent. Pas qu’tous les deux, rassure-toi ! T’auras l’droit d’venir avec Seb aussi ! Tout heureux de sa plaisanterie, Quentin affiche un large sourire, tout en me fixant d’un regard effronté. J’plaisante ! Et il se penche sur moi pour me déposer un baiser appuyé sur la joue. J’ai dégrafé mes mains et mes bras, que j’ai laissé retomber ballants. A la remarque sur Sébastien, j’ai senti le rouge me monter aux joues. J’ai détourné les yeux, ce qui fait que sa marque de tendresse, qui a suivi, m’a pris par surprise. Je le regarde. Je souris. J’ai l’impression d’être un grand nigaud. Quentin s’assoit sur le bord du canapé, une fesse dans le vide ; il me serre la jambe gauche avec son bras, un peu comme ce matin dans la tente. Nous restons là sans bouger. Je me sens un peu gêné. Parcourant du regard la pièce, j’aperçois une guitare accrochée au mur : une guitare flamenco. Quentin m’a suivi des yeux et comprend ce sur quoi je m’attarde. C’est mes parents qui l’ont ram’né d’un d’leurs voyages à Séville ! Tu sais en jouer ? Ouais… ! Enfin, pas de celle-là, mais d’la guitare baroque, oui ! C’est quoi ? De quoi « c’est quoi » ? Une guitare baroque ? Je n’ai pas envie de faire un cours magistral sur les différentes catégories de guitares au fil des siècles ; ce serait fastidieux et extrêmement ennuyeux dans l’état présent. Je me contente donc de signaler simplement que la différence repose essentiellement sur le nombre de cordes et la distinction entre cordes simples (la guitare classique) et cordes doubles (la guitare baroque). Tu veux en jouer ? Quentin a très vite repris son enthousiasme et, avant même que j’ai eu le temps de répondre, il s’est levé pour aller décrocher la guitare flamenco du mur sur lequel elle sert de décoration. Il revient d’un pas rapide et me la tend, tout fier. Je m’installe au bord du sofa, la jambe droite tendue sur laquelle je pose la guitare ; je vérifie son accordage et je commence à plaquer quelques accords. Quentin s’est rassis à côté de moi, l’œil émerveillé que prennent les petits enfants face à un spectacle extraordinaire. Comme si ces quelques mesures esquissées évanouissaient le souvenir douloureux de ces dernières heures, le départ de Mélanie, le chagrin qu’il avait suscité, l’abandon que Quentin avait consenti dans mes bras...

Je prends des cours de guitare depuis l’âge de huit ans. Je suis donc capable de jouer de nombreux morceaux de tête, sans besoin de partition. Des morceaux baroques, comme le nom de la guitare l’indique. Le flamenco n’est pas trop mon répertoire, mais je connais néanmoins quelques airs. En revanche, je ne sais pas chanter en m’accompagnant de cet instrument. Le coup du jeune animateur de colonie qui égaie les feux de camps, le soir – et fait craquer les filles, accessoirement – ce n’est pas mon truc ! Ca n’empêche pas Quentin de me regarder jouer, l’air totalement fasciné. Lorsque je m’arrête, je découvre Sébastien et Damien, debout, derrière moi, derrière l’un des fauteuils du salon. Je ne les ai pas entendus venir. Sébastien a le sourire radieux ; à peine terminé, il se précipite sur moi et pose son bras sur mon épaule, dans un geste d’amitié. Il me félicite chaudement, avec moult exclamations, relayées par Quentin qui est tout aussi enthousiaste. Damien, lui, est resté légèrement en retrait. T’aime pas ? Quentin, qui a relevé la tête, le questionne sans grand ménagement. Damien ne répond pas. Il a le regard voilé. Il hoche néanmoins la tête.
 
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