Re: Guitare [English Version included]
Chap. XXI
Nous sommes là à rêvasser : Quentin, allongé, les bras repliés sous sa tête ; moi, allongé aussi, pas très loin ; Sébastien, qui a décidé d’utiliser sans gêne mon ventre comme oreiller ; et même Damien, qui utilise, lui, ma cuisse droite, de même. Ces deux-là sont donc côte à côte à papoter comme deux commères. Je les écoute, gardant pour ma part le silence, impressionné par la connivence qui semble poindre de leurs discussions ; tandis que leur conversation porte sur tout et sur rien, je reste ébahi par les rires et les exclamations qui ponctuent les répliques de chacun. Je repense à ce qui s’est passé à la maison et j’ai – je l’avoue – un peu de mal à accepter que ce dialogue soit aussi riche et aussi animé entre eux. J’ai l’impression d’avoir manqué quelque-chose, comme si je n’étais bon qu’à servir de poupée gonflable, sans âme, sans sentiment. Serait-je jaloux ? Oui, je l’avoue sans fausse honte ! J’aimerais que ma « relation » avec Sébastien – si je peux parler ainsi – ne soit pas seulement sexuelle – encore qu’il s’agit là d’un grand mot – mais que la complicité que j’avais cru déceler entre nous deux soit totale… Mon Dieu, je suis en train de virer hystérique !…
Quentin opère un mouvement de rapprochement vers moi, en se retournant sur le ventre et rampe dans ma direction. A quelques centimètres de mon visage, le voilà qui se penche vers moi et commence à me parler en me soufflant dans le nez.
– Ca va ma biche ?!
Je le regarde en souriant à demie. J’attends en fait de voir où il veut en venir : j’ai appris que ce rituel annonçait toujours quelque-chose d’inattendu…
– On n’est pas bien, là ?! Hum ?!
Et Quentin de poser sa tête dans le creux de mon cou… Me voilà coincé de haut en bas par mes trois compères qui me prennent vraiment pour le traversin de service !
Quentin retourne la tête, les yeux braqués cette fois sur mon menton. Avec sa main droite, il commence à passer ses doigts sur le contour de mon profil, depuis la gorge jusque dans les narines… Je me disais aussi ! Il coupe ensuite quelques brins d’herbe et commence à me chatouiller le nez, les yeux, la bouche, sachant pertinemment qu’il bloque mon bras gauche, de par sa position sur moi. Je n’ai donc plus que mon bras droit pour l’empêcher de me faire éternuer ! Je lui arrache l’herbe des mains.
Il retourne une nouvelle fois la tête vers celles de Sébastien et de Damien, posées sur le bas de mon corps. Il a arraché entre temps une nouvelle poignée d’herbe et se met à titiller mon bas-ventre. Le voilà qui tente maintenant de me toucher la bite ! Il essaie de faire un lasso avec ses minuscules brins d’herbe pour me la prendre d’assaut… Il n’a peur de rien ! Non pas que je prétende en avoir une gigantesque – je ne suis pas présomptueux à ce point – mais ses fétus sont tellement petits qu’il est déjà difficile de les assembler… alors de là à vouloir en faire un lasso pour prendre ma bite au vol ! D’ailleurs, énervé de ne pas y arriver, après de multiples tentatives, il se met rageusement à me la tripoter. Ses gestes brusques finissent par attirer l’attention de Sébastien qui tourne légèrement la tête, regard oblique, pour voir ce qui se passe, suivi de peu par Damien qui relève la tête, lui, et la tourne vers mon entrejambe. Silence des deux – Damien soucieux, Sébastien rieur comme à son habitude. Quentin lève les yeux vers eux à son tour. Regard d’ange. Ou plutôt regard du petit garçon pris la main dans le sac qui tente de faire accroire que ce n’est pas lui !…
Quentin se lève illico et propose à la cantonade ce qu’il appelle un « concours de tir à la bite ». Littéralement un tir à la corde mais où l’on tire la corde à soi avec sa bite et non avec ses mains. Chacun s’esclaffe de cette nouvelle trouvaille encore plus farfelue que les précédentes. – Pas chiche ! C’est ainsi que Quentin nous met tous au défi. Nous nous regardons, un peu ahuris. Quentin a déjà bondi sur son sac et en sort, dans un geste belliqueux, le rouleau de scotche marron. Bon. Il a juste oublié les ciseaux ou un couteau, mais cela ne l’empêche pas de le couper avec ses dents, après bien des difficultés d’ailleurs…
– Concours en trois manches ! Celui qui gagne à chaque fois rencontre le vainqueur de l’autr’ poule, jusqu’à ce qu’i’ y ait plus qu’un gagnant ! OK ?
Une fois de plus nous nous laissons prendre au jeu et à la frénésie de Quentin qui ne cesse de ponctuer ce week-end de moments plus loufoques les uns que les autres, mais qui, nous le reconnaissons tous sans pour autant le lui avouer, met bien de l’ambiance dans ce week-end !
Quentin tient absolument à démarrer la compétition contre moi. Il déroule donc un bout de scotche et se l’enroule autour de son pénis. Il ne manque pas ensuite d’attacher l’autre bout autour du mien, en le faisant lui-même et en refusant que je le fasse : je m’y prendrais mal et fausserais ainsi le jeu à ce qu’il paraît… Mon œil, oui ! D’autant que, non seulement, une fois de plus, il me malaxe mon engin, mais trouve le moyen de coller quelques poils sur le scotche. J’ai beau protester, rien n’y fait : il faut que ça tienne, me dit-il !…
La manche se joue en trois rounds. Damien est préposé au chronométrage : dix secondes pour chaque round. Nous avons, dans une clameur unanime, tous les trois réussi à convaincre Quentin de rabaisser le temps à dix secondes et non pas vingt ou trente comme il l’envisageait : beaucoup trop long.
Nous nous positionnons chacun à un bout, pour tendre la « corde » improvisée. Au top départ donné par Damien, nous reculons : nos deux bites se dressent à l’horizontale, le scotche s’étend de tout son long, nous tirons, nous tirons… L’effet ficelle me comprime le pénis, il provoque une douleur certaine ; le fait que Quentin me l’ait enveloppée sans dégager les poils augmente cette douleur. Nous tirons toujours. Nous tirons, nous tirons. Et crac ! Mon nœud cède le premier dans un grand déchirement… et un grand cri de ma part également : quelques poils de couilles épilés par la même occasion ; ça fait un mal de chien ! Je ressens comme une déchirure de la peau autour de ma bite ; elle est d’ailleurs toute rouge sur le dessus. Je sautille d’un pied sur l’autre, croyant, dans un geste de protection, pouvoir apaiser la douleur en l’enveloppant de la paume de mes mains. Bien évidemment, ça ne sert à rien. Mon visage se contorsionne, ma bouche se tord en de multiples rictus. Je souffre le martyre…
Je suis furieux de ce coup tordu de Quentin, qui, lui, tout en ayant manifestement mal à la bite, a surtout mal au ventre à force de se gondoler en me voyant réagir de la sorte ! Je fonce sur lui, d’un pas vif, à très grandes enjambées et, récupérant la longueur du scotche tombé à terre, je commence, d’une main à lui tirer sur la bite avec le bout de cette fausse corde restée attachée, de l’autre main à lui entourer l’étendue restante de scotche autour de sa bite et aussi de ses couilles, comme on ficelle un saucisson… Il tente bien de m’en empêcher, mais assez mollement, je dois dire ; il ne cesse de s’étouffer de rire ! Les deux autres ne sont d’ailleurs pas en reste qui sont littéralement pliés en deux, riant à gorges déployées devant la situation et ma mine furibonde. Ah ça, ils manquent singulièrement de charité ! Mais ils ne perdent rien pour attendre, leur tour aussi viendra et je ne manque pas de le leur rappeler, comme une ritournelle.
Après quelques instants de coups lâches sur la poitrine de Quentin, je finis par me calmer. Ce dernier profite de cette pause pour m’enlacer et me glisser à l’oreille qu’il est désolé… Même si le ton pris ne me paraît pas très convainquant, je fais mine d’accepter sa contrition – je ne veux pas jouer non plus les mauvais perdants. J’exige néanmoins de reprendre les opérations personnellement en main et de faire désormais les nœuds moi-même : il s’agit de mettre à exécution ma vengeance… Pour le deuxième round qui m’oppose à Quentin, j’empoigne donc sa bite – c’est la première fois que ça m’arrive et ça me fait tout drôle. Il ne bronche d’ailleurs pas. Je m’assure que le scotche est bien enroulé autour et j’entoure la mienne avec l’autre extrémité du papier collant, avec cette fois beaucoup de précaution, en évitant toute incursion de poils !
Nous reprenons nos places pour le combat. Chronométrage. Dès les premières secondes, le scotche cède et je perds une deuxième fois. Mais en ayant moins mal quand même. Manifestement, la colle s’est bien atténuée, qui empêche au système d’attache de tenir très longtemps. Cette victoire – rapide et un peu imméritée – provoque à nouveau l’hilarité de Quentin et de Sébastien, Damien se contentant de pouffer. Je cède aussi pour ma part à la bonne humeur et demande à prendre ma revanche aussi vite que possible. Je récupère donc le scotche et cherche une partie plus résistante pour me l’enrouler une troisième et dernière fois autour de mon pénis ; en prenant toujours moult précautions avec les poils. Nous nous remettons en place. Top départ. Je tiens cette fois la distance, si l’on peut dire et, tirant, tirant toujours, c’est le nœud de Quentin qui cède sous mes coups de boutoir : c’est ma tactique pour gagner : donner du leste avant de rapidement tirer en arrière… Et ça marche. Car c’est au tour de Quentin de souffrir atrocement de l’arrachage du scotche ! Et il rit toujours, certes, mais en y mêlant des cris rauques qui traduisent ses maux… Les deux autres sont toujours pliés de rire, de voir cette fois Quentin pris à son propre jeu.
Malgré cela, je dois m’avouer vaincu, un contre deux en faveur de ce dernier. Au tour de Damien et de Sébastien de passer à la casserole. Ah, ils vont voir ce que ça fait de se faire arracher la bite… ! J’empoigne le rouleau d’adhésif et je le découpe, moi aussi avec mes dents. J’en enroule un bout autour de la bite à Sébastien, sans omettre de dégager les poils qui tenteraient de s’y glisser – ça me fait l’occasion de bien le tripoter et ce n’est pas désagréable, ma foi ! Je me tourne ensuite vers Damien et je fais de même – pour lui aussi, c’est la première fois que je peux « entrer en contact » de cette façon… Entre temps Quentin a récupéré des mains de ce dernier le chronomètre – sa montre en fait – et, d’une voix de stentor , il les invite à se mettre en position.
Au premier round, c’est Damien qui gagne. Il a tiré tellement fort sur la « corde » que Sébastien s’est laissé surprendre et, dans un immense cri de douleur, s’est plié en deux à la suite du décrochage du scotche autour de sa bite, qui paraît lui avoir fait un mal de chien… Il ne rit plus du tout, tellement il souffre. Les deux autres par contre, Damien et Quentin, eux aussi sont pliés, mais de rire ! Les mésaventures des autres font toujours rire l’être humain. Pour ma part, j’ai également tellement été surpris de la rapidité de l’action que j’en suis d’abord resté muet d’étonnement. Puis, voyant la détresse de Sébastien, je me précipite vers lui pour tenter de le réconforter ; en lui posant d’abord la main sur l’épaule et en me penchant vers lui pour lui demander si ça va. Devant son absence de réponse, je me penche sur lui et, passant mon bras autour de ses épaules, j’essaie de le consoler ; je le presse contre moi, sans mot dire – aucun mot ne peut apaiser la douleur. Le mal a d’ailleurs été tellement violent que ses yeux sont légèrement baignés de larmes : réaction épidermique du corps humain… Lorsque je m’en aperçois, je fait pivoter Sébastien sur lui-même, légèrement de côté, pour le masquer à la vue des autres : pas besoin qu’ils voient qu’il pleure – malgré lui – et le traitent de chochotte ! Au bout de quelques minutes, il se redresse enfin, s’essuie les yeux du revers de la main ; je me détache de lui aussitôt et reformule ma question de savoir si ça va. Il me regarde, l’œil légèrement rougi, baisse son regard sur sa bite, l’ausculte, examine l’étendue des dégâts et me répond finalement par l’affirmative : – Putain ! Ca fait un mal de chien, ce truc !
Les autres, qui se sont rapprochés après s’être remis de leur fou rire, se remettent à se gondoler en entendant cette réplique. Je souris pour ma part et, à l’attention de Sébastien, je lui confirme que je m’en suis bien rendu compte lorsque je suis, moi aussi, passé à la casserole tout à l’heure. Ce qui, entre parenthèses, l’avait bien fait marrer lui aussi…
Je lui demande néanmoins s’il consent à poursuivre le deuxième et le troisième rounds ou s’il préfère arrêter. Mais avant même qu’il ait répondu, Quentin, qui tente de se reprendre, proteste et exige que le jeu aille jusqu’à son terme ! Sébastien ne peut donc qu’acquiescer et je récupère le scotche à terre qui pendouille de la bite de Damien. Je l’étudie minutieusement, à l’endroit où il était accroché à Sébastien, pour y déceler une quelconque trace de résidu de peau de ce dernier ; je n’y trouve qu’un ou deux poils de couilles, mais rien d’autre. J’appuie du plat de la main aux endroits ayant servi pour savoir s’ils restent collants et, avec moult précautions, je propose à Sébastien de re-fixer le scotche autour de son pénis. Il se laisse faire, tout en contractant le ventre en réaction, craignant de raviver la douleur. Je fais naturellement bien attention et, en usant du plus de douceur que je pense possible, j’enroule à nouveau le scotche. J’aime sentir sa bite sous mes doigts, dans la paume de ma main, écarter ses couilles, retirer les poils – oui, tenir tout simplement en main son engin…
Au deuxième round, c’est encore Damien qui gagne : comme pour la manche entre Quentin et moi, le scotche n’est pas suffisamment résistant à plus d’un assaut et se décroche vite. Le coup a été toutefois moins rapide et donc, moins violent. Je reconnais que Damien a fait attention cette fois – il a quand même du cœur ! Sébastien a très vite retrouvé des couleurs et affiche son sourire aux lèvres. Mais il a eu beau se battre pour tenter de remporter la manche, rien n’y a fait. La « corde » a cédé et, mécaniquement il s’est protégé la bite de ses mains. La douleur n’a pas été aussi forte ; aussi il se découvre rapidement.
Pour le troisième round, je suggère à Sébastien de faire, comme je l’ai fait pour moi, de choisir un endroit plus résistant du scotche pour qu’il tienne mieux. Avec son assentiment, je cherche donc à l’accrocher un peu mieux pour qu’il gagne au moins une fois. Nous échangeons tous les deux sur la meilleure position possible et, ensemble, nous enroulons le scotche du mieux que nous pouvons. Malgré cela, Sébastien perd ce troisième round, sans appel. Quentin se précipite vers Damien, lui lève le bras en signe de victoire, avant de venir vers Sébastien et de lui poser un baiser sur le front en signe de consolation. Ce dernier s’amuse de son geste d’amitié. Damien se décroche le scotche et Quentin lui propose de le prendre au combat pour déterminer le vainqueur de l’épreuve. Je découpe donc une nouvelle longueur d’adhésif et je commence à enrouler chaque extrémité autour, respectivement, de la bite de Damien, puis de celle de Quentin. Sébastien, lui, récupère la montre-chronomètre de Damien.
Au premier round, le combat paraît vraiment serré. D’autant que j’ai pris un malin plaisir à bien enrouler chaque bout de scotche autour des bites des deux concurrents, en n’omettant pas – petite vengeance personnelle – quelques poils, histoire de les voir souffrir en cas de défaite… Mais, connaissant la tactique de Damien, Quentin a tenté de réagir plus vite que lui et a tiré, le premier, le plus fort possible sur le ruban pour le faire céder. Or, comme les deux ont agi de même simultanément, la « corde » n’a fait que se tendre au maximum, tirant sur leur bite au point de les faire gémir, les obligeant dare-dare à se rapprocher l’un de l’autre !
Mais, à peine, se sont-ils avancés que Damien tente de prendre Quentin par surprise et se recule aussi sec. L’effet joue à plein et le scotche cède sous le cri de Quentin. Lui aussi souffre de l’arrachage soudain de l’adhésif de sur sa bite et se tord – chacun son tour – à nouveau de douleur ! En fait, son rire se mêle à ses râles ; il est beau joueur… Il n’empêche que le coup a été brutal et que pour ce qui est de l’épilation des poils de bite, déjà qu’en temps ordinaire c’est délicat

, mais effectué de cette manière… Il plaque donc ses deux mains sur sa bites et sautille d’un pied sur l’autre en soufflant fort. Sébastien et Damien rient tous les deux à gorges déployées ; moi, je ricane : - Ah, tu vois ! hein, tu vois… ! Je tiens ma revanche – mesquine, je l’avoue.
Nous nous repositionnons tous pour le deuxième round. Je récupère le scotche qui traîne à terre et le rembobine autour de la bite de Quentin. Ce dernier s’assure qu’il est bien fixé, refait de lui-même un tour supplémentaire autour du pénis : il veut gagner, cette fois, et sait que les deuxièmes manches ne sont jamais à l’avantage du perdant de l’épreuve précédente… Au top départ, chacun essaie de tirer la « corde » à lui. A grands coups de boutoir. Comme elle résiste bien, Damien et Quentin agissent par à-coup. Après une dizaine de tentatives, c’est Quentin qui gagne. Le ruban cède et se décroche de Damien, mais là aussi, ça se passe moins violemment et, s’il ressent bien quelques douleurs, qui l’incitent à couvrir sa bite quelques instants de ses mains, elles sont quand même nettement atténuées.
La partie est serrée : un point partout. C’est donc la belle qui se joue pour savoir qui va remporter le jeu. D’un commun accord, il est décidé de découper une nouvelle longueur de scotche plutôt que d’utiliser celle-là. Comme si on repartait à zéro. Le vainqueur n’en sera que plus méritant. Je cisaille donc le rouleau avec mes dents et j’enroule chaque bout autour de leurs bites, en faisant bien trois à quatre tour de chaque pour être sûr que ça tienne. Les deux se mettent en position, genou droit et bras légèrement pliés, poings serrés, mine de combattant affichée. Top départ. Ca tire, ça tire, provoquant cris d’orfraie de chaque concurrent devant leur bite tendue au maximum. Celles-ci s’allongent, s’étirent. Ils sont obligés, comme auparavant, de revenir sur leurs pas pour atténuer les souffrances que le tir provoque. Chacun essaie de prendre l’autre par surprise, mais, à force, ils savent s’y préparer et contrer. La manche dure donc plus longtemps et, au bout des dix secondes réglementaires, personne n’a cédé. C’est pourquoi, dans la clameur, il est convenu de rejouer la partie.
A peine le chronomètre enclenché, Quentin tire d’un coup sec, au risque de se « décrocher » lui-même la bite. Mais le résultat est là : le scotche cède et se déchire de celle de Damien. Quentin a gagné ! Mais Damien, comme lui, comme moi, comme Sébastien, ne peut réfréner un cri de douleur. Le décrochage soudain et brutal du scotche est un vrai supplice. Il se tord en deux, tombe même les genoux à terre, recroquevillé sur lui-même. Le calvaire est d’autant plus grand que j’avais pris bien soin, outre de coller quelques poils – mais ça encore, ce n’est rien – d’entortiller le scotche plusieurs tours autour de son pénis… Damien a vraiment mal. Nous nous précipitons sur lui pour le soutenir. Comme pour Sébastien, je l’enroule de mes bras, agenouillé à ses côtés. Sébastien s’assied devant lui et lui prononce des paroles de réconfort. Quentin ravale sa victoire et se penche vers lui, main à plat dans son dos, en ne cessant de le questionner : – Ca va ? Ca va ?
Damien a vraiment très mal. En ôtant sa main, celle-ci est légèrement maculée de sang : une partie de la peau a bien été arrachée – superficiellement certes, mais quand même. La rougeur est là. Elle est aussi sur les joues de Damien, ses yeux étant également baignés de larmes. Il tente quand même de faire bonne figure.
Naturellement, Quentin n’a pas pensé à emmener de trousse à pharmacie et nous ne disposons d’aucun moyen pour soigner Damien. Ce dernier se relève et nous assure – sans grande conviction – que ce n’est rien, que ça va passer, qu’il n’y a pas besoin de nous en faire. Sa voix est pâteuse. Il s’écarte légèrement du groupe, s’essuie le visage du revers de la main. Fait mine de nettoyer ses lunettes. Damien s'étant relevé, Quentin se croit autorisé à crier sa joie : il entraîne Sébastien par le cou et sautille à droite à gauche à qui mieux-mieux. Je préfère, moi, m’approcher de Damien, qui nous tourne le dos. Je repose à nouveau, d’abord ma main, puis mon bras gauche, autour de ses épaules.
– Ca va ?
– Oui ! Ca va mieux !
C’est dit après un léger temps de silence.
– Ca m’a fait super mal, tu sais ?!
Il me regarde en prononçant ces paroles. Son visage est encore rouge de chaud. Ses yeux aussi sont rougis. Au moment où il parle, les larmes n’ont pas totalement disparu. Il s’en aperçoit et détourne la tête pour terminer de s’essuyer les yeux. Je détache ma main gauche de son épaule et vient la poser sur sa joue pour le forcer à re-pencher la tête vers moi.
– Eh… ! C’est pas grave, tu sais ?!
Je lui dépose un baiser sur la joue. L’envie a été la plus forte, soudaine, irrépressible. Ce n’est qu’après coup que je réalise la folie de ce geste. Mais Damien semble l’apprécier sur l’instant. Il me sourit timidement. Repositionne ses lunettes sur son nez. Penche légèrement la tête sur moi, effleure mon cou avec son front. La scène dure une fraction de seconde. Puis il se reprend. Il se détache de moi et rejoint les deux autres, ma laissant un peu planté là. Surpris, il me faut un certain temps avant de reprendre mes esprits. Avant de le suivre et de retrouver mes compagnons.