The Original Gay Porn Community - Free Gay Movies and Photos, Gay Porn Site Reviews and Adult Gay Forums

  • Welcome To Just Us Boys - The World's Largest Gay Message Board Community

    In order to comply with recent US Supreme Court rulings regarding adult content, we will be making changes in the future to require that you log into your account to view adult content on the site.
    If you do not have an account, please register.
    REGISTER HERE - 100% FREE / We Will Never Sell Your Info

    To register, turn off your VPN; you can re-enable the VPN after registration. You must maintain an active email address on your account: disposable email addresses cannot be used to register.

Guitare

Re: Guitare [English Version included]

Chap. XXVIII


Quentin a une faculté extraordinaire de rebondir dans la vie, qui me fascine. Au cours de ce week-end, il n’a pas hésité à tromper allègrement sa bonne-amie en titre, avant de se faire légitimement larguer par cette dernière. Il a éclaté en sanglot devant moi, parfait inconnu si l’on y réfléchit bien qui n’avait jamais eu de véritable relation amicale avec lui au cours de l’année scolaire passée, ni des années antérieures de lycée ou de collège d’ailleurs. Il m’a tripatouillé bite et couilles – et pas qu’à moi entre nous soit dit – m’a branlé plusieurs fois, s’y est essayé avec Sébastien, a eu moins de chance avec Damien – encore que je ne sache pas tout ce qui a pu se passer la nuit dernière. S’est fait rembarré, traité de chieur. Son week-end a failli tourner au vinaigre par la défection d’abord de quatre de ses membres, les quatre filles qu’il avaient invitées ; les quatre restants, quatre garçons, nous nous sommes écharpés au cours de notre escapade de dimanche après-midi ; la réconciliation n’est que balbutiante ce matin. Et lui, Quentin, frais comme un gardon, vient d’imaginer une nouvelle facétie pour relancer l’ambiance et re-dynamiser notre groupe, en se grimant de la tête aux pieds tel un zoulou ou un pygmée, je ne sais pas. Sans crainte du ridicule. Et pourtant il l’est vraiment, dans cet accoutrement, à huit heures du matin, alors que nous déjeunons et que nous émergeons à peine, les uns les autres, d’une nuit de sommeil assez peu régénératrice…

Evidemment que son déguisement nous fait tous nous esclaffer. Mais sa joie de vivre – un peu épuisante, parfois, il faut bien le reconnaître – sait judicieusement nous redonner la pêche pour cette dernière journée. Nous nous levons tous de table pour nous rapprocher de lui, bras sur l’épaule, à le questionner sur sa nouvelle lubie. Il se refuse obstinément à nous dévoiler ce qui lui trotte par la tête, se contentant de rabâcher que c’est une surprise et que nous verrons bien. « On va voir c’ qu’on va voir » est son leitmotiv, nous rappelant que nous sommes indignes d’avoir commencé à manger sans lui. Et de se jeter sur le petit-déjeuner comme un glouton…

Si moi je ne mange jamais le matin, je peux dire qu’il n’en est pas de même de mes trois compagnons ! A croire que chacun tente de gagner un hypothétique pari de celui qui enfournera le plus de nourriture et avalera le plus grand bol de café ou de chocolat au lait… Cette convivialité autour de la table a au moins l’avantage de relancer la conversation, chacun y allant de son commentaire ou de ses réflexions sur l’affublement de Quentin et, d’une manière générale, sur les civilisations africaine, amérindienne ou européenne qu’il sous-tend, avec leurs avantages et leurs inconvénients. On frise même le combat politique dans cet échange d’idées de jeunes adultes de dix-huit ans ou presque.

J’avoue que, pour ma part, ayant peu d’idées préconçues et surtout peu de connaissances réelles sur ces peuplades dites primitives, ayant à vrai dire en fait peu d’intérêt pour l’Afrique ou l’Amérique – qu’elle soit latine, antique ou anglo-saxonne – je me garde bien d’exposer avec fracas mon opinion et de défendre mes idées avec acharnement. J’ai en revanche plaisir à observer tout ce petit monde, qui, s’éloignant des rivages de l’adolescence fantasque et abêtissante, a su devenir sérieux et passionné le temps d’un repas, autour de la question de l’histoire de l’humanité et du devenir du monde. Tout ça à partir d’une énième bouffonnerie de Quentin…!

Tandis que chacun est désormais rassasié et que la conversation « sérieuse » a fini par s’éteindre par faute de munitions, nous entreprenons de débarrasser la table. Non sans avoir reçu la consigne impérieuse de Quentin : obligation de passer à la table de maquillage tout de suite après ! Ces instructions nous amusent. Comme de serviles soldats, nous suivons donc notre chef qui nous demande de rester debout, dehors, pendant qu’il va chercher le matériel nécessaire pour tous nous barbouiller à son image. Aussitôt dit, aussitôt fait, il revient effectivement avec un vanity-case devant appartenir à sa mère, dans lequel il a entassé, pêle-mêle, tubes de rouge à lèvres, onguents, blush, mascaras et autres fond de teint. Il dépose son paquet à même le sol et s’empare d’abord du tube de rouge à lèvres.

Je ne sais pas si Madame PERRILLAT – la maman de Quentin – porte ce type de maquillage, à moins que sur elle cela soit réellement avantageux, autrement je trouve cette couleur de rouge un peu tendancieuse, limite pouffiasse ! Quentin s’étant érigé maître-perruquier ne laisse à personne le soin de nous grimer. Et commence naturellement à barbouiller les lèvres de ce pauvre Sébastien de ce rouge infâme, débordant à qui mieux-mieux de leur pourtour… Ce qui le rend un peu féminin, ses yeux bleus pétillants faisant éclat avec ce rouge vif sur le bas de son visage. Lui n’est nullement gêné, toujours aussi rieur et réjoui. Quentin termine en traçant trois traits à l’iroquoise de part et d’autres de sa bouche, sur ses joues. Il se recule, visiblement satisfait de son œuvre, et s’approche de moi pour faire de même.

Je ne peux m’empêche de protester et de lui intimer l’ordre de ne pas m’affubler de rouge sur les lèvres comme il vient de le faire pour Sébastien. Je ne veux pas paraître plus efféminé que je crois que le monde me voit. C’est évidemment la requête à ne pas formuler : Quentin s’empresse de me maculer les lèvres de rouge, mais je me défends et son geste dévie un peu plus encore que pour Sébastien, me traçant une grande balafre en travers jusqu’au menton. Je râle ; les autres éclatent de rire ; Quentin s’entête ; je persiste à résister ; Quentin râle à son tour. Nous finissons par passer un compromis, tous les deux : va pour les traits bardant mes joues, quatre, cinq, six s’il le souhaite, mais pas, plus de rouge sur les lèvres. J’ai droit en définitive – parce que Quentin veut avoir le dernier mot – à un grand cercle entièrement rempli sur chacune de mes pommettes… Je juge ça toutefois moins grotesque que des lèvres débordantes de rouge !

Au tour de Damien de se laisser farder. Il est finalement, lui-aussi, modérément favorable à se laisser maquiller comme une femme. Si ses protestations sont moins ouvertes que les miennes – faux-cul va ! – il bouge malgré tout, et du visage et du corps tout entier, faisant immanquablement dévier la main déjà peu experte de Quentin en la matière. Le résultat n’est donc pas extraordinaire… Compte tenu au surplus que Damien porte le bouc, de ce fait légèrement tâché de rouge, l’ensemble n’est pas du meilleur effet, c’est le moins qu’on puisse dire ! Les traits sur les joues se transforment d’ailleurs pour lui en croix pattées, sans bien savoir pourquoi…

Quentin abandonne ensuite son tube de rouge à lèvres largement diminué – que va penser sa mère ? – pour s’emparer cette fois du fond de teint en vue de nous en enduire le corps au maximum. Voilà encore une occasion de nous palper un peu partout, pense-je en moi-même… Et, de fait, il commence, muni d’une grosse couche au creux de la main, à nous passer du fond de teint sur tout le ventre, le torse et les épaules, descendant aux avants-bras et aux bras, débordant légèrement sur les omoplates et le haut du dos. D’abord moi. Je sens sa main glisser sur ma peau, minutieusement, enduisant avec application la crème brunissante. Mais je dois lui reconnaître qu’il ne profite pas de la situation, du moins pour l’instant. Vient ensuite Damien, puis Sébastien, avec lesquels il opère de même.

Ce fond de couleur étant maintenant appliqué, il passe au mascara, en tentant de dessiner avec des formes géométriques plus ou moins complexes par-dessus le fond de teint. Mais le résultat n’est apparemment pas à la hauteur de ses espérances. Il est vrai que le crayon à mascara n’est pas fait pour ça ! Il reprend donc en main le tube de rouge à lèvres et achève son œuvre avec celui-ci. Il faut lui reconnaître un certain talent et une connaissance approfondie des cultures primitives, arrivant assez justement à recréer les peintures festives ou guerrières des peuples indigènes.

Comme il lui reste encore du fond de teint – il a dû dévaliser tout le stock de la salle de bain – Quentin décide de s’attaquer à nos jambes et à nos fesses, sans oublier bien sûr nos bites bien flasques… C’est Damien qui y a droit en premier – heureux homme ! Et, étonnement, il se laisse faire sans broncher… Y aurait-il eu quelque-chose cette nuit qui les aurait rapproché ?! Il ne proteste même pas lorsque Quentin prend bien soin de brunir son pénis, avant de le rehausser d’une touche de rouge à lèvre par un trait tracé à la verticale ! Je passe à mon tour à la casserole, si je puis dire et je tente, héroïquement – si, si – de me comporter aussi distinctement que Damien. Bon, d’accord, ce n’est pas si difficile que ça pour moi… Mais je n’apprécie pas spécialement malgré tout que Quentin se permette, une énième fois, ce genre de privautés sur ma petite personne ! Ce dernier passe ensuite à Sébastien qui prend tout – comme toujours – avec le sourire.

Nous voilà maintenant fin prêts à exécuter la danse du scalp à grands renforts de hululements et de coups de tambours. C’est ce que fait valoir en riant l’un de nous à Quentin, mais celui-ci nous annonce triomphalement, que nous sommes tous les quatre appelés à défiler dans cet accoutrement dans sa rue et jusqu’à la boucherie implantée un peu en contrebas, sur l’axe passant du quartier – boucherie censée représenter le grand territoire de chasse des petits hommes noirs que nous sommes devenus ! Nous nous regardons, Sébastien, Damien et moi, interloqués. Et d’une, il n’est pas question que nous défilions dans un tel accoutrement, entièrement nus, même (partiellement) grimés, dans les rues de cette ville ; et de deux, nous sommes un lundi férié et le boucher a certainement tiré le rideau de sa boutique pour profiter, lui-aussi, de ce jour de repos supplémentaire…

Erreur, nous rétorque Quentin, aujourd’hui, comme tous les lundis, la boucherie est ouverte. La preuve, cet écriteau apposé sur sa devanture la semaine précédente, avertissant son « aimable clientèle » d’un tel service ! Ce boucher est trop bon ; nous n’en demandions pas tant ! Mais quand bien même la boucherie serait ouverte, il reste que nous refusons catégoriquement de nous balader à poil dans le quartier. Un débat houleux ne peut que s’instaurer entre nous, avec d’un côté Quentin prêchant pour que nous relevions tous ensemble – lui y compris – ce défi, faisant au passage valoir que Sébastien l’a déjà fait ce samedi, même si, c’est vrai, il n’est allé qu’au bout de la rue, mais quand même, il fallait le faire et il l’a fait et ça ne l’a pas fait mourir. De l’autre, nous trois, d’abord unis comme un seul homme, puis certains se laissant fléchir, qui arguons que ce serait là pure folie et que nous avons une réputation à tenir et que c’est une chose de délirer à poil depuis trois jours dans une propriété fermée et clôturée des regards extérieurs, même si, bon, oui, d’accord, on a pu en sortir et aller à poil jusque dans la forêt voisine, mais c’en est une autre que d’aller cette fois en pleine rue, en pleine ville, dans un secteur fréquenté, dans un magasin de surcroît, petit commerce de quartier forcément passant et de se laisser apercevoir dans notre entière nudité !

J’ai dit que le front uni contre ce projet s’est un peu fissuré au fil de la discussion. C’est vrai. L’argument à propos du défi assigné joyeusement à Sébastien au début de notre rencontre, puis la promenade en forêt où nous courrions le même risque de croiser des promeneurs du dimanche, a un peu ébranlé notre superbe. Moi le premier. Je me dis que, au fur et à mesure de la conversation, je n’ai pas forcément intérêt à jouer les mères la pudeur, ayant dans l’idée, à tort ou à raison, que les mecs, les vrais, les hétéros quoi, ont l’exhibition facile et que ça fait plus rire qu’autre chose. La preuve : leurs exploits filmés et téléchargés sur le Net font le bonheur des voyeurs en tout genre, comme moi !

Paradoxalement, c’est Sébastien qui manifeste le plus de réticence à ce projet délirant. Il est vrai que Quentin ne l’a pas raté en le fardant de cette façon. Il ressemble plus à une veille maquerelle sur le retour qu’à un maori sur le sentier de la guerre ! Je suis même étonné de la virulence avec laquelle il s’oppose, du moins au début, à cette excursion en pleine ville – alors même qu’il a déjà dû l’affronter au début de son séjour ici. Il est le dernier à céder, après que je lui ai proposé, pour tenter de calmer le jeu, de le porter sur mes épaules s’il le veut, tandis que Quentin marchera bien fièrement en tête, histoire d’assumer les conséquences de sa mascarade. Celui-ci proteste de la proposition que j’ai faite à Sébastien, mais ce dernier a aussitôt sauté sur l’occasion et menace de ne pas suivre le mouvement si cette faveur ne lui est pas accordée ; tout juste consent-il à ne s’ériger sur mes épaules qu’à l’entrée de la grand-rue, acceptant de courir avec les autres dans les parties les moins fréquentées du secteur.

Quentin cède à son tour à cette revendication, mais, se tournant vers Damien, réclame que ce dernier accepte lui-aussi de l’accueillir, au moins sur une partie du trajet, également sur ses épaules. Après tout, ce pourrait être amusant, d’après lui. Ben voyons ! Damien n’est pas spécialement enchanté par cette perspective, n’étant déjà pas très chaud, doux euphémisme, pour aller s’exhiber dans le quartier, en plein jour… Mais il fait contre mauvaise fortune bon cœur, cédant aux yeux de cocker que Quentin lui adresse malicieusement.

Nous voici finalement pris au piège… et au jeu. J’embarque ma caméra, je commence à nous filmer, debout là dans le jardin de Quentin, prenant le temps de détailler chaque partie barbouillée du corps de chacun de mes partenaires, en réclamant qu’ils commentent eux-même les images… Quentin me propose de faire pareil avec moi et j’accepte de jouer le jeu à mon tour. Je reprends ensuite la caméra en main et il nous donne le signal. Notre groupe se met en branle, marchant avec précaution comme si nous parcourions un champ truffé de mines à éviter ! Nous passons la grille ; nous jetons un regard dans la rue. A droite. A gauche. Personne. Nous nous élançons. Chacun de nous pouffe un peu, histoire de masquer sa gêne d’une situation assez embarrassante.

On se met à courir comme des dératés, Quentin devant, qui sautille comme un pantin, pour faire le mariole ou plus sûrement pour se donner du courage dans la mesure où cette excursion est son idée, suivi de moi, de Sébastien et de Damien qui ferme la marche. Je me retourne, régulièrement, pour m’assurer que les deux autres – les plus réticents – suivent bien et ne se sont pas débinés, nous laissant seuls, Quentin et moi, aller au charbon… Mais non, ils sont là tous les deux, Sébastien se cachant la bite des deux mains, un peu contorsionné, Damien se la barrant aussi, mais d’une seule main, en se voulant l’air dégagé. Je suis surpris par tant de pudeur de leur part à tous deux, à laquelle je n’avais pas été habitué au cours de ce week-end ! Alors que Quentin y va franc-jeu… Et même moi, je me surprends à évoluer nu sans honte dans la rue, sans appréhension particulière.

Je filme notre course, en ayant peur que le résultat soit très cahoteux ! Il n’est pas facile de filmer tout en courant soi-même ; de plus, je ne capte en fait que les fesses – appétissantes, certes – de Quentin devant moi, et le sexe masqué de Sébastien et de Damien derrière moi. J’en profite donc pour zoomer également sur les alentours, pour mieux témoigner de notre exploit en public. Arrivés au carrefour, Quentin tourne à gauche, nous le suivons. La rue nouvelle qui s’étire devant nous est moins pavillonnaire que celle qui borde sa maison et plusieurs devantures de magasins y sont implantées, heureusement pour nous, rideau baissé, ce qui en limite l’affluence ! Quentin fonce droit, sans s’arrêter, sauf une ou deux fois où il se retourne, gigote dans notre direction, et repart. Nous le suivons, vents debout, sans laisse croire que nous pourrions flancher.

En fait, Quentin habite un endroit peu peuplé et peu habité ; nous ne craignons pas grand-chose et celui qui aurait le plus à pâtir de ce genre d’excursion et de ses conséquences serait Quentin lui-même qui y vit à l’année et y est connu, à la différence de nous… Cette perspective n’a cependant pas l’air de l’inquiéter outre mesure. Est-ce par qu’il est coutumier du fait et que les voisins en ont pris leur parti ? Je ne saurais dire. Arrivé l’approche d’un nouveau croisement, nous entendons des voix. Je sens mes compagnons se figer derrière moi et ralentir leur course. Je me retourne, toujours caméra au poing. Effectivement, Sébastien a stoppé et Damien, un peu plus derrière lui, aussi. Je me retourne pour voir comment Quentin réagit. Mais il n’a pas dû faire attention qu’il poursuivait seul en tête maintenant. Toutefois, je ne veux pas le laisser aller au casse-pipe seul, aussi je décide de me rapprocher de Sébastien et de Damien pour tenter de les re-motiver. J’en suis là à essayer de palabrer, lorsque je suis rejoint par Quentin.

– Ben ! Qu’est-ce ’ vous foutez ?

Les autres n’osent pas répondre. Sur un mot de Quentin, nous repartons tous, mais en ordre plus resserré et en ralentissant le pas. Je sens bien que même Quentin n’est plus aussi téméraire que sur la première partie du parcours. Les bruits de voix de passants proches se font plus ou moins entendre, au gré sans doute de leurs propres déplacements. Nous arrivons ainsi à nouveau à un croisement, en fait un coude que forme la rue que nous venons d’emprunter. Nous stoppons notre avancée. Quentin jette un œil sur le prolongement de la route dans son nouveau tracé. Nous reprenons notre souffle, mains légèrement repliées sur nos parties intimes…

Sébastien est tendu ; Damien est manifestement peu à l’aise. Même si je prends un air détaché, au fond de moi je ressens comme un mélange d’excitation et d’appréhension. Est-ce que Quentin est comme nous trois ou éprouve-t-il réellement cette indifférence qu’il manifeste face à l’événement ? Soucieux d’honorer mon combat de chevalier blanc, je propose à Sébastien de le prendre sur mes épaules, alors que nous sommes censés arriver au but de notre défi ; je le vois imperceptiblement se détendre à cette idée. Mais cette dernière ne peut que difficilement se mettre en œuvre, parce que notre différence de poids n’est pas énorme, même si celle de notre taille respective est plus marquée. Aussi, après m’être accroupi pour passer ma tête et mon cou entre ses jambes, j’ai toutes les peines du monde à me relever ! Cet effort, vain, réitéré, nous fait tous éclater de rire et nous accapare un bon moment…

Sébastien et moi nous décidons finalement de revenir un peu sur nos pas, vers un banc public installé sous les arbres dans la portion de rue que nous venons de traverser. Il monte dessus, les fesses en équilibre sur la tranche du dossier, je m’accroupis de nouveau près de lui, il passe ses jambes par-dessus mes épaules, lentement, une à une, je me relève… mais rien n’y fait ! notre position n’est pas bonne et je n’arrive pas à le soulever de cette manière ! Nous pouffons… Nous voyant gesticuler de la sorte, Quentin et Damien viennent nous rejoindre, d’autant que j’ai laissé ma caméra à Damien qui continuer de tourner et a capté la scène. Il se rapproche avec.

Je ne veux pas que cela soit dit et je tiens absolument à assurer à Sébastien cette – maigre – protection de mes épaules pour masquer son petit oiseau dans notre escapade. Aussi, je reprends la manœuvre. Il est aidé des deux autres, qui sont tous autant que lui pris de fous rires, ce qui ne facilite vraiment pas son escalade sur mes épaules ! Après bien des efforts et sans que je sache bien comment, je parviens enfin à y hisser Sébastien. Le voilà maintenant à nous dominer de toute sa hauteur et de la mienne réunies ; notre association tangue d’abord un peu, avant de se stabiliser plus ou moins : j’apprends à me mouvoir avec 58 kg au-dessus de ma tête – le poids exact de Sébastien (il me l’a confirmé). Vu nos difficultés, Quentin a renoncé pour sa part à faire de même avec Damien.

Notre expédition peut donc repartir, ceux-ci devant, avançant bien plus vite, Sébastien et moi derrière étant plus prudents. J’ai cette sensation soudaine bizarre d’être un père de famille qui promène son enfant de deux ans sur ses épaules, qui déambulerait dans une fête foraine ou une manifestation du 19-Février, alors que nous sommes quasiment du même âge et que ce n’est pas du tout un bébé qui est juché au-dessus de moi ! Et pourtant, je le tiens fermement par les jambes, mes mains bien rivées sur ses mollets à la peau très douce – j’ai trop peur, vu sa corpulence et la mienne, qu’il tombe à la renverse – et lui a croisé ses mains sous mon cou, corps légèrement penché en avant : en position exacte comme un enfant sur son trône ! Avec un tel poids, il m’est impossible de courir sauf à ce que nous nous cassions la gueule tous les deux ; j’en fais donc la remarque à Sébastien, mais sa nouvelle position, même inconfortable, a l’air de le satisfaire et il ne s’en émeut pas : il domine l’ensemble et prend le temps de regarder à droite et à gauche, profitant du panorama improvisé que je lui offre… Il semble bien calé, sa bite logée au creux de mon cou, et le fait qu’il puisse être le point de mire de tous ceux que l’on pourrait croiser dans nos pérégrinations, alors qu’il est nu, ne l’effraie pas plus que ça.

Nous nous rassemblons à l’angle de la rue. J’ai prévenu Quentin que je n’allais pas vite, chargé ainsi comme un mulet ; il m’a écouté, apparemment d’une oreille distraite, concentré sur la suite des événements, se contentant d’approuver machinalement de la tête. Il nous fait signe soudain de nous élancer. Mais, au lieu de courir, il prend bien soin de marcher normalement, l’air dégagé, d’un pas lent qu’il tente de maîtriser, même si je sens quelques gouttes d’appréhension perler sur son front. Je le suis. Ainsi que Damien qui a conservé ma caméra, sur ma demande – j’ai trop peur de lâcher Sébastien et qu’il s’écroule. A ma surprise, Damien va jusqu’à nous précéder, pour filmer notre équipée, marchant alors à reculons. En fait, il n’y a quasiment personne dans la rue ; ça ne nous empêche pas, Quentin surtout, de marcher la tête à haute, faisant mine de saluer comme le roi honorerait ses courtisans sur son passage. C’est d’ailleurs ce geste que Quentin se met à prodiguer, à la manière de la reine d’Angleterre saluant depuis son balcon… Nous éclatons tous de rire, d’un rire libérateur avec toutes ces tensions accumulées depuis le départ, au point que j’en viens à vaciller, et Sébastien avec moi.

La devanture de la boucherie est en vue. Quentin avait raison, il semble bien que le magasin soit ouvert. Mais la rue et les alentours sont toujours aussi déserts. Tant mieux quand même ! Nous nous en approchons, le corps et les nerfs légèrement tendus. Quentin n’a pas oublié de prendre l’argent nécessaire et sort pour cela son porte-monnaie du petit sac à dos qu’il a jeté sur ses épaules en quittant la maison. Damien filme toujours, prenant la liberté de capter lui-aussi, en plans larges ou en zoomant selon les cas, l’environnement dans lequel nous avançons.

Nous voici maintenant à la porte de la boucherie. A l’intérieur, personne. Est-elle bien ouverte ce matin ? Quentin pousse la porte d’une main ; elle s’entrouvre, laissant une clochette tintinnabuler pour signaler son entrée. Il est suivi de Damien. D’un commun accord, nous restons dehors, Sébastien ne manifestant nulle envie de descendre de son trône. Je me recule même légèrement pour qu’il puisse suivre la scène de toute sa hauteur, à travers la large façade vitrée du magasin. Sortant de l’arrière du magasin, c’est une jeune fille qui se présente derrière la caisse. Merde ! c’est Corinne, une fille du lycée… Je la connais parce qu’elle est en cours de latin avec moi, cette année – oui, je fais du latin en terminale ; je sais, ça n’aide pas à être le mec le plus cool du lycée de faire « latin »… ce serait au contraire plutôt du genre tête d’ampoule… Machinalement, j’ai reculé pour qu’elle ne me découvre pas dans ce simple appareil. Mon écart de quelques centimètres a été néanmoins assez brutal et Sébastien, qui ne s’y attendait pas, maugrée un peu. Je lui précise qui est cette fille et comment je la connais. Il me charrie sur l’effet bœuf que je dois alors lui faire ce matin ; c’est dit avec humour et bonne humeur, tandis qu’il se penche vers moi, tête baissée par-dessus la mienne. Il me pince le nez tout en se moquant gentiment de moi…

Corinne est amusée de découvrir Quentin et Damien sans rien sur eux si ce n’est ces peintures corporelles ridicules. Elle lève également les yeux vers moi, par-dessus la vitrine, m’aperçoit et me manifeste – à ma grande surprise – un petit signe amical de la main. Quentin et Damien tournent aussitôt leur regard dans ma direction, Quentin l’air goguenard. Ce dernier fait toutefois mine de rester naturel et réclame seize godiveaux, quatre pour chacun de nous. Je sens bien malgré tout qu’il n’est pas si à l’aise qu’il veut bien le faire croire, sa main droite tenant le porte-monnaie étant posée sur le bas de son ventre, comme s’il voulait se cacher tant bien que mal… Damien, lui, est accolé devant la banque qui supporte la caisse, mais légèrement en arrière, le dos tourné vers la vendeuse comme pour mieux s’en cacher… ; il filme toujours.

Corinne sert maintenant avec professionnalisme la commande que lui a passée Quentin, sans un mot. Lui la regarde fixement, la suivant des yeux dans chacun de ses gestes, comme par bravade. S’assurant qu’il ne veut rien de plus, elle passe à la caisse, si rapidement qu’elle fait sursauter Damien qui fait un bond de côté. Nous rions à l’extérieur de sa crainte, tandis qu’elle attire une sourire ironique sur les lèvres de Corinne. Quentin s’approche de la caisse à son tour, paie son écot et tous les deux, avec moult remerciements appuyés, quittent le magasin. Corinne les regarde partir, tout en restant professionnelle jusqu’au bout sans broncher. Instinctivement une nouvelle fois, j’ai anticipé le départ de Quentin et Damien et surtout le possible regard de Corinne sur leur sortie et donc sur moi dehors. Je préfère lui offrir mes fesses à voir – et celles de Sébastien, accessoirement – que ma bite !

Nous voici de nouveau réunis dans la rue. Sans un mot, nous repartons par où nous sommes venus, en pressant néanmoins le pas, d’abord imperceptiblement pour ne pas donner l’impression à notre vendeuse de ce matin que nous fuyons, puis de manière plus ouverte après quelques pâtés de maisons, avant de courir franchement jusqu’au croisement en angle de tout à l’heure – enfin, pour moi je trottine plus que je ne courre, secouant Sébastien tant et plus comme un Orangina… Nous nous rassemblons à cet endroit, hilares et contents de nous, commentant à qui mieux-mieux la brillante prestation de Quentin dans cette boucherie – non, notre brillante prestation à tous les quatre ! Je crois bien que le fait d’avoir accompli cet « exploit » ensemble sans faillir nous a re-soudé pour le restant du week-end.

Je propose à Sébastien s’il veut redescendre, mais, d’une petite voix mutine, celui-ci m’assure qu’il est très bien là où il est et qu’il ne compte pas en partir… Je suis d’abord un peu estomaqué par sa réaction, mais, finalement assez flatté. J’en prends acte et nous repartons pour parcourir le dernier tronçon du parcours qui vient achever notre aventure : direction la maison. Nous y parvenons sans encombre, sans rencontrer aucune âme qui vive sur cette partie du parcours. C’est donc avec une certaine excitation que nous franchissons de nouveau le portail d’entrée de la propriété, Quentin ne cessant de sautiller dans tous le sens, agitant les bras, le cornet de saucisses brinqueballant à la main. Damien, qui le suit, filme avec précision et en plans rapprochés chacun de nous, y apportant même des commentaires élogieux à la manière des journalistes sportifs, pour décrire notre prouesse du jour ; je ne l’ai jamais vu aussi disert !

Sébastien enfin ne semble pas pressé de quitter son perchoir et, sur un trait d’humour de Quentin, se met à jouer les cavaliers et, d’une cravache imaginaire en main, à me fouetter tel son cheval pour que je galope et que je caracole jusqu’à la terrasse. Mais, au lieu de m’arrêter, l’envie soudaine me prend et je poursuis ma course, tel un cheval fou, jusqu’à la piscine, au fond de laquelle je plonge dans un grand fracas d’eau et de cris des trois autres. Quentin et Damien, qui ont posé leurs affaires au passage sur la table de jardin, me suivent dans mon délire, faisant ainsi jaillir un grand plouf collectif du bassin…
 
Re: Guitare [English Version included]

Non, mais, Hopayra, que d'imagination! La qualité de l'écriture a fait que je ressentais l'appréhension de chacun... Encore un fois bravo! C'est un plaisir de retrouver ces personnages à chaque nouvelle aventure.

Une seule question, peut être impertinente: est-ce que la guitare du titre va revenir jouer un rôle plus important dans la suite? Oh et puis, non, ne me répond pas, j'ai hâte de le découvrir en lisant la suite.
 
Re: Guitare [English Version included]

Chap. XXIX


En plongeant dans la piscine au retour de notre escapade chez le boucher, j’ai répondu à une envie soudaine de délirer, avec Sébastien sur mes épaules. Je n’avais pas réfléchi au fait que j’ai pénétré – que nous avons pénétré – dans l’eau, le corps barbouillé de maquillage. Et le contact de tous ces onguents avec l’eau produit un effet vaseux : manifestement, le maquillage de Madame PERRILLAT, ce n’est pas du waterproof… Encore que je suis mal placé pour savoir vraiment les propriétés du maquillage féminin ! Toujours est-il que les peintures appliquées sur nos corps par Quentin tombent en déliquescence, formant des halos saumâtres autour de nous, dans l’eau, sans vraiment s’effacer pour autant. Ca ne nous empêche pas, tous les quatre, de sauter, frapper l’eau, nous asperger et de chahuter comme des gamins de huit ans.

En sautant dans l’eau, Sébastien a bizarrement tenu bon et il est resté accroché à moi, ses pieds et ses jambes enroulés autour de mon torse, au point de s’y agripper vaille que vaille, les bras également enroulés autour de ma tête. C’est donc une secousse assez forte que j’ai ressentie en pénétrant dans la piscine, comme si je portais un sac de cent kilos sur les épaules, qui se serait alourdi un peu plus en s’imbibant d’eau. Les deux autres – Quentin et Damien – y sont entrés, eux, séparément . Et ils ne trouvent évidement rien de mieux à faire que de nous donner des coups de boutoir pour essayer de faire tomber Sébastien à l’eau. Or, il résiste, le bougre ! Et il s’accroche en me lançant, à chaque assaut, de grands coups de talons dans les côtes. Eh ! Je ne suis pas un cheval qu’on éperonne, tout de même ! Malgré cela, fier comme Artaban, je prends un soin jaloux à protéger mon cavalier des attaques perfides de nos assaillants.

Nous ne pouvions pas faire le poids indéfiniment… Il s’est trouvé un moment où Quentin et Damien se sont jetés sur moi, se sont accrochés tels des bernard-l’ermite et, à force de persévérance, ont réussi à nous décoller l’un de l’autre, Sébastien et moi, et à le faire, enfin, tomber à l’eau. Ils en ont profité en même temps pour m’y enfoncer, moi aussi, Quentin prenant toutefois bien soin de me tenir et de me hisser ensuite hors de l’eau – heureux ami attentionné… Sébastien de son côté, à peine a-t-il plongé, qu’il tente d’échapper à ses poursuivants et de regagner le bord. Mais Damien est plus rapide que lui – et surtout plus grand – et il arrive à le rattraper et à l’agripper par les chevilles, le tirant alors à lui comme une vulgaire couverture sur un lit. Beau joueur, Sébastien se laisse faire, mais, finaud, il en profite, aussitôt attiré sur Damien, pour s’accrocher à son cou et tenter de lui faire boire la tasse à son tour. Ce qu’il parvient plus ou moins à faire.

Nos jeux aquatiques se poursuivent un long, long moment au cours de cette dernière matinée du week-end, comme si chacun de nous ressentait le besoin de rattraper le temps perdu, hier soir, où les réactions et les émotions nous avaient éloignés aux quatre coins de la maison. Je suis d’ailleurs le premier à ne pas bouder ce plaisir d’une franche et innocente camaraderie, ayant peu l’occasion de goûter à ce genre de délires entre copains. Même si je suis lucide sur le caractère un peu superficiel de ces jeux bon enfant, je ne veux pas faire la fine bouche et, à quelques jours des vacances et de la fin du lycée, je sais que, peut-être, plus aucune occasion de ce type ne se représentera jamais plus. C’est donc un peu gauche, que je tente de chahuter, sans trop savoir comment m’y prendre : je ne veux paraître ni trop brusque, ni trop en retrait, ni trop en faire, ni trop… Mais Sébastien, après s’en être pris à Damien, a décidé de s’attaquer à mon cas et fait justement peu de cas de nos liens, réfutant tout ménagement, pour mieux m’asperger et me faire boire la tasse. Je me dois de me défendre, évidemment. Et de le prendre par la taille, de le serrer de mes deux bras, de le soulever, têtes contre tête, joues contre joues, de le renverser comme une crêpe, tout en le maintenant bien enserré comme dans un étau entre mon bras et mon côté, de l’embrocher en le prenant d’un bras autour de son épaule, de l’autre passé entre ses deux jambes, et de le retourner de plus belle, dans de grands cris de rire et de bonne humeur.

Après près de deux heures de chahuts et d’aventures en tous genre dans la piscine – faisant disparaître pour le coup tout résidu du maquillage, et sur notre peau, et dans l’eau – nous sortons du bassin, harassés mais heureux. Nous n’avons rien pour nous sécher, aucune serviette non plus sur laquelle nous étendre, aussi nous nous laissons tomber comme des masses dans l’herbe. Le soleil est au beau fixe, il fait un chaud temps de juin. La température va très vite nous essuyer naturellement. Damien s’allonge sur le ventre, offrant son dos au soleil. Sébastien fait de même à côté de lui. Moi, je me contente de m’asseoir les fesses dans l’herbe, dans un premier temps, genoux pliés, bras enroulés autour. Quentin est reparti vers l’intérieur de la maison pour nous chercher des serviettes à tous. Nous restons là en silence, un peu groggy. Sébastien lève les yeux dans ma direction, par-dessus les épaules de Damien. Je le fixe, le regard légèrement perdu, avant de détourner les yeux vers l’horizon devant moi. Je pressens qu’il met du temps avant de reprendre sa position initiale, allongé de tout son long.

Quentin revient avec quatre serviettes de bain, qu’il tend – plus exactement qu’il balance à la figure de chacun de nous. Le soleil nous ayant effectivement réchauffés, ces serviettes ne sont plus nécessaires pour nous éponger ; en revanche, on peut plus agréablement s’y allonger dessus, sur le gazon. C’est ce que je fais, seulement en m’accoudant en arrière, jambes étirées. Sébastien, qui a récupéré sa serviette, vient l’étendre perpendiculairement à moi, s’y installe et vient se servir de mon ventre comme appui-tête. Je le regarde faire, sans mots dire. Une fois installé, il lève les yeux vers moi, un sourire mi-radieux, mi-ironique aux lèvres. Je lui rends son sourire. Il ferme les yeux, faisant mine de baigner son visage de soleil.

Quentin, lui, décide de s’asseoir à califourchon sur le dos de Damien, arrachant à ce dernier des grognements de protestation. Mais il ne le voit pas, vu qu’il s’est assis sciemment en lui tournant le dos. Quentin a en effet décidé d’explorer les fesses de Damien, ou plus exactement il tient en main un rasoir mécanique avec l’intention de s’en servir aux dépens de son ami… Damien ne paraît pas s’être aperçu de ce que Quentin possédait. Aussi est-il tout surpris lorsque le rasoir commence à crisser sur la pliure de ses fesses avec ses cuisses… Il tente de se relever, mais le poids de Quentin l’en empêche. Il parvient toutefois à le déstabiliser un peu. Heureusement, Quentin a stoppé son action, tout en se mettant à protester vigoureusement d’être ainsi interrompu dans son ouvrage ! Nous le regardons faire, Sébastien et moi, mi-amusé, mi-surpris, dans l’expectative de la suite des événements.

– Putain, Quentin, tu fais chier ! Qu’est-c’ tu fais encore ?!

– Tu sais qu’ t’as d’ jolies fesses, mon biquet ? Dommage qu’y ait quelques poils qui dépassent, là…

Et de souligner son propos en faisant glisser son doigt à l’endroit indiqué.

– J’ vais t’arranger ça… ! T’inquiète !

Mais Damien craint le pire, connaissant trop Quentin et ses idées farfelues. Il tente de nouveau de se sortir de ce guêpier en se dégageant de son emprise. Sans succès. Il décide alors de hurler comme un putois. Le seul effet est de tous nous faire éclater de rire. Et finalement, comme Quentin se bidonne tellement, il s’affale de rire sur le côté, dégageant un court instant sa jambe d’autour du corps de Damien. Prompt, ce dernier en profite pour se retourner dans un roulement dans l’herbe et parvient ainsi à se libérer. Il se jette sur Quentin et lui arrache le rasoir des mains. Il le brandit et le lui met sous le nez en forme de menace amicale. A son tour de tâter du rasage…

Il commence par s’asseoir sur lui, comme Quentin l’a fait avec lui quelques instants auparavant, mais cette fois sur son ventre, tout en lui tournant lui-aussi le dos. Il a même réussi à enserrer, avec ses jambes, les bras de Quentin, en les coinçant le long du corps. Damien offre ainsi ses fesses à Quentin que ce dernier voulait tant lui raser… Assis juste à hauteur du ventre, fort de sa masse corporelle nettement plus élevée que celle de Quentin, Damien commence à passer le rasoir dans le pubis de Quentin. Or, celui-ci se débat, ne manifestant pas l’envie de se laisser faire ! Il agite donc les jambes, restées dégagées de toute emprise. Et il agite le bassin dans une impulsion circulaire, histoire d’enrayer les mouvements du rasage. Damien tente donc, d’une main étendue, de stopper Quentin dans ses gesticulations, mais, d’une seule main, il ne peut bloquer au mieux qu’une cuisse sur les deux… Ca ne l’empêche pas de poursuivre le rasage des poils de Quentin, insoucieux de ce qu’il lui fait très mal : passer ainsi une lame de rasoir dans une toison fournie, sans mousse à raser ni passage à l’eau au préalable pour tenter d’en atténuer le feu, met la peau de Quentin à vif ! Ses pantomimes en tous sens n’arrangent pas les choses et le rasoir ripe une ou deux fois. Nous les regardons faire, Sébastien et moi – Sébastien qui s’est relevé, s’est retourné sur le ventre et a glissé ses coudes tout contre ma cuisse droite, le menton appuyé contre cette dernière. Nous en avons mal pour lui. Et si nous affichons un sourire de circonstance, c’est malgré tout l’appréhension qui s’affiche dans nos yeux et sur les traits de nos visages.

Poursuivant son œuvre, Damien décide de lâcher les cuisses de Quentin pour aplatir sa main de tout son poids sur la bite de Quentin, son majeur s’allongeant même dans son entrejambes, son pouce et son auriculaire s’écartant, en forme de croix latine, pour presser chaque extrémité de sa prostate. Ca n’empêche pas Quentin de poursuivre ses ronds de jambes en l’air… Toutefois, d’abord surpris, cela laisse juste le temps à Damien d’entamer le rasage du bas de son pubis, à la base de son pénis. Il s’arrête un instant, lève la main, souffle sur les poils incrustés entre les lames du rasoir et reprend de plus belle. C’est le moment dont Quentin avait besoin pour tenter de se dégager. Il parvient ainsi à retirer sa main gauche de dessous la cuisse gauche de Damien et, relevant le buste et se contorsionnant, il agrippe de cette main la bite et les couilles de Damien, serrant autant qu’il peut pour tenter de lui faire lâcher prise et de cesser la torture. Main qui tâtonne malheureusement et qui ne trouve pas immédiatement son but. Main que Damien, s’en étant aperçu, écarte et, lui-même lâchant la bite de Quentin, vient re-coincer sous sa cuisse gauche.

Mais en opérant un léger écartement de sa cuisse pour y re-glisser la main gauche de Quentin, il commet l’erreur de lever légèrement son fessier, laissant un mince espace entre cette fois la hanche droite de Quentin et sa propre cuisse droite. Espace dans lequel s’engouffre l’autre main de Quentin qui s’échappe à son tour de ses liens et vient pousser le bas des reins de Damien de toutes ses forces. Beau joueur, bien que certain de conserver le dessus s’il le souhaitait, Damien se laisse tomber sur le côté, assuré d’avoir obtenu sa revanche sur Quentin. Il se relève promptement, laissant celui-ci un peu hébété par une victoire si facilement acquise. Beau joueur dans tous les cas, Quentin conserve un large sourire, même s’il inspecte tout de suite, assis sur le cul, genoux pliés, les dégâts : le voilà largement tondu ! Il proteste donc de ce que le travail est à moitié fait et que Damien s’y est pris comme un manche ! Ce dernier s’approche alors dangereusement de lui, lui demandant s’il souhaiterait qu’il poursuive son œuvre… Mais Quentin, tout aussi rapide, se relève précipitamment en riant, indiquant que ce ne sera pas nécessaire. Damien se rallonge, abandonnant dans l’herbe, mais quand même tout à côté de lui – on ne sait jamais – son instrument de torture. Quentin se lève et file dans la maison.

Il revient quelques minutes après. Nous le voyons débouler, brandissant son bas-ventre en avant. Ô surprise, il se l’est rasé entièrement, ayant donc achevé le travail entamé par Damien. Il s’est aussi collé un pansement sur l’éraflure que celui-ci lui a infligée tout à l’heure. Je n’avais jamais vu – de près s’entend – une paire de couilles rasées. Je trouve que Quentin en est moins sexy. D’autant qu’il n’a pas pris la peine de raser également le filet de poils qui lui remonte au nombril : celui-ci s’arrête donc à l’orée du pubis, ce dernier devenu tout blanc par l’absence de poils. Ses aines aussi sont à moitié rasées, à moitié poilues. Manifestement, Quentin a fait vite et mal ! Il réapparaît malgré tout avec un bombe de mousse à raser dans une main, une boite de je-ne-sais-quoi dans l’autre. Ca sent la suite des représailles, ça !

Sébastien s’est encore retourné, à nouveau sur le dos, après le départ de Quentin. Il a fermé les yeux, tête bien calée sur mes cuisses. Je reste presque assis, les deux bras plantés dans le sol. Je l’observe, alternativement que je regarde au loin. Damien n’a pas bronché, non plus, au retour de Quentin ; il est entièrement allongé dans l’herbe, yeux fermés. Celui-ci vient malgré tout se planter les deux pieds contre son crâne et il laisse tomber de sa main la boîte sur son nez. Damien sursaute et se relève d’un bond. Quentin recule par prudence. Damien s’empare de la boîte : c’est un produit d’épilation sous forme de crème ou de cire à enduire, je ne sais pas trop. D’un signe complice du regard, échangé en silence, les deux loustics décident de s’en prendre à l’un de nous. Je les vois faire, d’abord sans réagir, l’esprit ailleurs. Mais lorsqu’ils s’avancent vers nous, d’instinct je me retire, bousculant du même coup la tête de Sébastien qui rouvre les yeux sans comprendre ce qui lui arrive. Je stoppe, lui présente mes excuse en passant affectueusement une main sur son front et le dessus de son crâne et lui suggère dans la foulée de prendre la fuite.

Trop tard. Quentin s’est jeté sur moi, tombant genoux à terre et bloquant ma retraite en maintenant fermement mes épaules de ses deux bras. Damien, lui, s’est affalé sur Sébastien, à nouveau tête bêche, comme tout à l’heure avec Quentin, offrant son cul au nez de Sébastien, lui enserrant les bras et les mains sous ses cuisses puissantes. C’est lui qui va passer à la casserole. Surpris, je vois Sébastien apprécier moyennement la manœuvre. Un peu pétrifié, je ne sais pas trop, pour ma part, comment réagir. Quentin profite de mon émoi pour me lâcher et aller se placer aux pieds de Sébastien, histoire de lui bloquer les jambes au sol, après avoir pris soin de les lui écarter largement. Au lieu de lui enduire le pubis et les couilles de mousse à raser, Damien opte pour la crème dépilatoire. Il lui empoigne donc la bite de la main gauche, pulvérise un peu de crème avec la bombe qu’il tient de sa main droite, en la dirigeant vers l’anus de Sébastien. Quentin affiche une mine cruelle, avec un léger rire sardonique, tout heureux de ce nouveau tour joué à ce compagnon.

Jetant la bombe, tenant toujours aussi fermement la bite de Sébastien en main, Damien lui étale maintenant la crème dans l’entrejambes, à la fois autour de son rectum et sur la base de ses aines. Alternativement, je regarde Damien accomplir ces gestes, à moitié cachés par le dos qu’il nous présente dans la position où il se trouve, et je fixe le visage de Sébastien, qui tente de faire bonne figure, sourire affiché, mais front plissé par une certaine anxiété. Lui non plus ne s’est jamais rasé cette partie intime de son anatomie – ni aucune autre d’ailleurs… Ayant bien malaxé, Damien estime que la cire a suffisamment fait son effet et décide de l’enlever en arrachant d’un coup sec la pellicule de film qu’elle a créée en séchant. Il empoigne ainsi l’extrémité de la languette et se met à tirer d’un coup sec. Mais il n’en arrache qu’une partie seulement, manquant son coup. Il s’y reprend donc, tandis que Quentin éclate de rire, secoué de crise, à la mésaventure de son comparse.

Ces deux actions répétées à faible intervalle arrachent un cri de douleur intense à Sébastien, agressé dans cette partie si sensible du corps. Il ne rit plus. Il a rougi de douleur, à moitié congestionné entre la souffrance de son anus et le poids de Damien sur son ventre. Ses larmes ont jailli spontanément et coulent maintenant abondamment au bord de ses yeux. Le tourment qu’il est en train de subir lui a fait lever et rabaisser la tête dans un réflexe mécanique, m’assénant ainsi comme un violent coup de marteau sur la cuisse. Si son supplice est égal à celui qu’il vient de m’infliger, je ne doute pas qu’il soit intense ! Quentin rit à gorges déployées, au point de lâcher les jambes de Sébastien, plié en deux et roulant de côté. Lui aussi en a les larmes aux yeux, mais ce ne sont pas les mêmes. Damien aussi rit, à la fois de ce bon coup, et aussi du rire communicatif de Quentin.

C’est vrai que son rire est communicatif. Mais lorsque je vois Sébastien souffrir, alors même que Damien reste affalé sur lui, je me contente de réfréner mon sourire et de prendre les devants. Je me relève. M’accroupis auprès de Sébastien. Essuie machinalement ses larmes avec ma serviette de bain. Plie cette dernière tout aussi mécaniquement pour en faire un oreiller à glisser sous sa tête. Et je me jette contre l’épaule de Damien, tentant avec succès de le renverser pour au moins le dégager du corps de Sébastien. Celui-ci d’abord inerte, toujours perclus de douleurs, se recroqueville finalement sur le côté, mains glissées entre ses jambes, tentant d’atténuer sa souffrance. Couché comme un bébé dans le ventre de sa mère, il ne crie plus, mais se renfrogne, attendant que son tourment cesse. Quentin rit toujours. Damien aussi. Moi, je suis intérieurement furieux.

Je me redresse sur mes genoux. Je tends mon bras et caresse celui de Sébastien qui ne bronche pas. J’ai envie de cogner et je ne me gêne pas pour boxer le bras et la poitrine de Damien. Lui rit toujours. Quentin aussi, bien qu’il finisse quand même par se calmer, suffoquant de spasmes au ventre tant il a ri. Il rampe alors vers Sébastien et lui tend, lui-aussi, une main de compassion, le visage néanmoins encore plissé de rire. Sébastien le repousse violemment avant de reprendre sa position en fœtus. Le voyant ainsi réagir, je décide de prêter pour un rendu. Je me relève, vais prendre la bombe à raser restée dans l’herbe, avec le rasoir, et je m’affale sur Damien, bien désireux de lui rendre la pareille. S’il rit toujours, bien qu’un peu moins, il s’est aperçu de ce que je comptais lui faire subir et je crois bien qu’il accepte son sort et se laisse plus faire que je ne pense lui en imposer. Je m’en aperçois au fait qu’il ne gesticule pas comme Quentin tout à l’heure, mais reste les deux jambes bien à plat dans l’herbe. C’est vrai qu’être rasé au rasoir et avec la mousse est autrement moins douloureux qu’avec la cire dépilatoire…

J’empoigne donc ses couilles et sa bite et je les asperge de mousse à raser. Me voyant faire, Quentin a aussitôt réagi et, soucieux de toujours faire partie des sales coups qui le font bien marrer, il s’applique à fixer et à maintenir au sol les jambes de Damien. Bien inutilement donc. Il conserve son large sourire aux lèvres, guettant avec gourmandise la réaction de ce dernier. Levant ses couilles tandis que je lui étends la mousse avec ma main, je prends un malin plaisir à les lui serrer autant que je peux, voulant lui faire autant de mal qu’il en a manifestement fait à mon ami. Mais Damien se contente de grogner pour la forme. Il use même du luxe de glisser ses deux mains sous sa tête, en forme d’oreiller. C’est tout juste s’il ne se met pas à siffloter, le nez en l’air ! J’entame le rasage en prenant bien soin d’appuyer sur sa peau à chaque passage de la lame. Mais la mousse atténue le feu qu’il peut provoquer et je suis malgré moi retenu inconsciemment dans mon geste, éduqué depuis dix-huit ans au respect de mon prochain.

Je n’oublie aucune partie de son bas-ventre et de son entrejambes, débordant largement sur l’aine de chaque cuisse. Sans même que j’aie eu à le lui demander, Quentin a écarté les jambes de Damien, laissant son anus dégagé. Que je m’empresse d’enduire de mousse à son tour et sur lequel je passe aussi le rasoir. Je sens les contractions de l’estomac de Damien s’imprimer en creux sur mes propres fesses, calées sur son ventre. Voulant finir le travail commencé par Quentin, je décide également de lui raser le bas des fesses à la pliure avec ses cuisses. Ayant compris mon souhait, Quentin lui a empoigné les chevilles et l’a forcé à plier les genoux, jambes dressées en l’air. J’ai l’impression d’un mauvais film pour homos où Damien présenterait son cul pour se faire sodomiser !

Rageur de ce qu’il n’a manifesté aucune réaction de défense pendant que je le rasais, je me relève, à moitié satisfait seulement de ce que je viens de faire subir à Damien. Il me regarde, hilare, l’œil pétillant de malice. Je me rejette donc sur lui, cette fois face à face, mes fesses toujours assises sur son ventre, mes jambes lui écrasant les bras. Et je le menace de lui raser tous les poils qui se hérisseront au hasard du chemin que je ferais mener à mon rasoir, que je tiens toujours bien fermement en main. Je m’emploie ainsi à lui raser la barbe de trois jours qu’il porte au menton. Je le fais sans régularité et surtout sans mousse, me contentant de passer le rasoir à même la peau. Je veux qu’il souffre ! Il tique un peu. Je m’en prends ensuite au sommet de son crâne. Mais là, il arrive à se dégager les bras et m’empoigne de ses mains vigoureuses au moment où je m’apprête à entrer dans le cœur de sa chevelure – déjà un peu dégarnie d’ailleurs… Il me fixe du regard, l’œil rieur mais pénétrant. Je le fixe à mon tour, bien décidé à ne pas baisser ma garde en premier. Il serre un peu plus mes poignets. Je tente de résister, sans plus vouloir le raser néanmoins. Je fronce les sourcils. Il m’observe. Serre encore au point de me faire vraiment mal. J’en lâche le rasoir des mains. Je suis empli de rage intérieure ; je bous, lèvres plissées, teint blanchâtre. Et soudain, il ramène mes deux mains contre sa bouche, me forçant à plier les coudes et à me pencher ramené vers lui ; il me dépose dans la paume de chacune d’elle un baiser affectueux, sans jamais me perdre des yeux. Il plaque ensuite mes mains contre ses joues, s’en servant pour esquisser une caresse. Avant de me relâcher et de re-glisser sa main gauche sous sa tête. Il vient agripper mon bras gauche de sa main droite, le pressant à peine dans un signe de bonne volonté. Il me fixe toujours du regard, qu’il veut repentant.

Quentin, positionné derrière nous, n’a pas suivi avec détail ces dernières péripéties ; elles se sont déroulées trop vite pour qu’il ait eu le temps et la présence d’esprit de se relever et de se déplacer sur le côté. Il ne le fait qu’au moment où Damien attrape mon bras gauche. Quentin s’allonge alors sur le gazon, bras planté en terre, tête posée dessus. Il nous regarde successivement. Mais Damien est plus rapide et me relâche, d’un geste qui paraît naturel ; il arrive ainsi à se dégager de mon emprise, dans un éclat de rire que je perçois de circonstance. Je me relève pour ma part, perplexe. Hésitant une fraction de seconde, je me rassieds dans l’herbe, posé à côté de Sébastien qui nous tourne le dos, mais voulant faire écran entre lui et les deux autres. Je reste là en silence, songeur. Damien lui s’est rallongé de tout son long sur le gazon, tandis que Quentin lui passe une main dans les cheveux examinant les quelques parcelles de mèches que j’ai tenté de lui tondre. Tous deux commentent, guillerets, cette épopée.

Sébastien finit par reprendre le dessus. Il se retourne, bras toujours enserrés entre ses jambes. Il se tourne vers moi. Me regarde. Ebauche un faible sourire. Sans une parole, mes lèvres formulent la question de savoir comment il va. Il appuie son regard sur moi, fait une grimace mi-figue, mi-raisin. Puis il écarte doucereusement les jambes, détache ses mains et se penche en avant pour inspecter les dégâts. Les deux autres l’ont vu s’agiter et, d’un bond, se rapprochent de nous. Gaiement, ils l’interpellent et se penchent sur lui pour voir, à leur tout, ce qu’il en est de l’épilation qu’ils lui ont imposée. On voit nettement qu’une partie des poils, pourtant blonds et peu abondants même sur cette partie de son corps, a été arrachée : une plaque à vif se dessine autour de sa corolle. Quentin veut y mettre le doigt pour l’effleurer mais Sébastien a une réaction de recul tout en refermant instinctivement les jambes. Damien retient le bras de Quentin. Sébastien ré-écarte les jambes. Moi aussi je me suis approché. Je pose alors ma main gauche sur sa cuisse gauche. Doucement. Sans brusquer ni volonté d’appuyer ou de la bloquer. Sébastien pose à son tour sa main sur la mienne ; il est plié en deux en équilibre sur ses fesse, tentant lui aussi de mieux voir en détail . Je viens glisser mon genou contre le bas de ses reins pour lui faire appui, passant ma main le long de son dos sous son bras. De sa main droite, Sébastien caresse précautionneusement la partie endolorie sous ses couilles.

– Ca fait super mal !

Il le dit avec un petit sourire qui se veut conciliant et pardonnant à ses copains. Un peu confus, Damien et Quentin acquiescent sans broncher. Quentin pose sa main gauche sur la cheville droite de Sébastien ; il se recule légèrement et l’attire vers lui. Il se met à la lui masser doucement, remontant jusqu’au mollet, en cercles concentriques, avec délicatesse. Nous sommes ainsi regroupés tous les quatre, les uns proches des autres, dans une communion de silence.
 
Re: Guitare [English Version included]

Bonne histoire tres bien écrite en détails.
 
Re: Guitare [English Version included]

Merci Autolycus pour ta traduction. Je me doute qu'elle est fidèle même si mes connaissances en anglais sont très lacunaires. Je trouve ça très beau écrit en anglais ! (pas parce que c'est de moi, je n'ai pas cette prétention, mais un texte dans une autre langue, c'est très beau). Many thanks for your translation ! In English it's great !
 
Re: Guitare [English Version included]

Yes, Thank you Hopyra for a great story!
And thank you Autolycus for a great translation!
Whatever will these guys get up to next????
Looking forward to the next chapter
Harry
 
Re: Guitare [English Version included]

Hopayra, tu sais que je suis un fan... Continue sur cette voie, c'est la bonne! Encore bravo!
 
Re: Guitare [English Version included]

Chap. XXX


Midi approchant, le groupe commence maintenant à avoir faim. Nous nous levons donc tous de terre pour nous rapprocher de la terrasse et faire griller nos fameux godiveaux achetés de « haute lutte » le matin même ! Mais, en se levant, Sébastien ressent toujours une forte douleur dans l’entrejambe, l’obligeant à marcher jambes écartées en canard. Si Quentin s’en amuse et le charrie un peu, il le fait avec beaucoup de gentillesse et de chaleur dans la voix ; il se sait un peu fautif de la situation qu’endure Sébastien. Subitement, Damien décide de le prendre sur son dos : il lui passe devant, le bloque dans sa – lente – progression et lui empoigne les cuisses, les maintenant ainsi écartées ; il l’invite à passer ses bras autour de son cou et, le portant en monture, il part au petit trot jusqu’à l’intérieur de la maison, à coup de hennissements simulés d’un cheval qui piafferait d’aise. Quentin, se prêtant au jeu, le suit en galopant de la même manière. Je les regarde faire, mi-amusé, mi-déçu de ne pas en être. J’ai cru comprendre que Quentin avait proposé à Sébastien de s’enduire de crème hydratante, du genre de celles qu’on met après un coup de soleil, histoire d’atténuer ses démangeaisons. Je les suis donc d’abord d’un pas lent, avant de m’arrêter au seuil de la maison et de m’asseoir dans un fauteuil de jardin. Je reste là, le cœur un peu lourd.

Quentin et Damien reviennent quelques minutes plus tard. Ils m’interpellent à la cantonade pour m’inviter à me joindre à eux et préparer ensemble le repas du midi. Damien recharge le barbecue en charbon, l’allume et veille à ce qu’il prenne. Quentin et moi dressons la table : les inévitables chips pour manger avec le saucisses, sans oublier la moutarde et quelques tomates du jardin restées dans le réfrigérateur. Nous installons assiettes et couverts et nous nous asseyons tandis que le feu se consume lentement et que les godiveaux cuisent par-dessus. Quentin allume un clope, la première depuis de Mélanie est partie. Je lui en fais la remarque. « Ouais ! » est la seule réponse qu’il me fait. Je le titille un peu, cherchant à savoir le pourquoi de cette soudaine envie de s’en griller une. Il me regarde longuement, sans mot dire. Puis il me sourit, d’un sourire las, avec des yeux de cocker. Il ne veut pas m’en dire plus. Je n’insiste pas.

– C’est con qu’ ce soit déjà fini…

Il a murmuré ces mots à mon intention, au moment même où Sébastien revient de l’intérieur de la maison. Je le soupçonne d’avoir calculé son coup pour éviter que je ne rebondisse sur ses propos. Quentin se tourne en effet aussitôt pour – d’un ton enjoué – s’inquiéter de savoir si Sébastien a pu se soulager et redescendre sans encombre. Ce dernier marche d’un pas lent, mais mieux assuré, jambes encore légèrement arquées.

– Ca va, ouais… !

– Alors, John Wayne ?!

Damien interpelle gentiment Sébastien. Celui-ci sourit franchement à cette évocation et simule deux colts dans sa ceinture imaginaire, avec ses mains. Il le vise, émet le son de la balle tirée, souffle sur son majeur et son index brandis et fait semblant de ranger ses revolvers. Damien, cible visée, s’est laissé tomber à terre au moment du simulacre de coup. La synchronisation a été parfaite. Nous éclatons tous de rire.

Quentin se lève et se précipite à son chevet. Il se met à gémir à la manière des mammas italiennes, levant moult bras au Ciel, implorant, et se recroquevillant sur Damien, simulant un chagrin éperdu. Sébastien et moi pissons de rire de nos places ; Damien aussi. Tous les deux se relèvent. Et, diserts, s’inquiètent ensemble de la cuisson du repas. Sébastien s’assoit près de moi.

– Ca m’a fait super mal, tu sais ? Ca fait super drôle…

Je ne sais pas trop quoi répondre. Je me contente de le regarder intensément et de l’écouter me parler.

– Damien m’a monté dans la salle de bain. Avec Quentin, ils m’ont dit de passer d’ la crème. Quentin m’a sorti l’ tube, mais après y s’ sont cassés ! Je m’ suis r’trouvé tout seul à essayer de passer cette putain d’crème ! J’ savais pas comment m’y prendre ! J’avais super mal… ! C’est con qu’ t’es pas v’nu ! T’aurais pu m’aider…

Argh ! Cruelles paroles ! Moi qui était là, tout seul, dans mon coin, à me morfondre. Si j’avais su que j’aurais dû monter aider mon ami… Je me déteste !

– Enfin… ! Ca va maint’nant ! J’y suis arrivé… Mais j’en ai chié !

– Et ça t’ fait moins mal avec la crème ?

– Un peu. Oui. Mais j’ suis pas prêt d’ recommencer !

Il prononce ces mots dans un grand sourire, l’œil rieur. Il se dandine sur son siège, mal à l’aise.

– Ca va ?

– Ca dépend comment j’ m’assois… Ca m’ fait encore un peu mal !

Et d’écarter les jambes à nouveau et de se pencher en avant pour observer les effets de la crème qu’il a étalée, soulevant pour cela délicatement ses couilles de sa main. Je me penche en avant vers lui pour regarder à mon tour.

– Attend ! Tu veux bien que je filme ? Que j’ garde un souvenir de l’épisode ? Si ça s’ trouve, on trouv’ra ça drôle, après… !

J’essaie de prendre un air enjoué pour justifier mon envie d’immortaliser au plus près sa bite, ses couilles et son trou de balle rasés – involontairement. Mais Sébastien n’y voit aucun mal et me donne bien volontiers son accord. Je me lève donc et je vais récupérer ma caméra. Je reviens le filmer, prenant mon temps, zoomant autant de fois que je le juge utile, plaquant mon objectif au plus près, le remontant sur son visage, sur d’autres parties de son corps – ventre, nombril, tétons, trous de nez, bouche, dentition, iris de l’œil, etc. Histoire de passer ce morceau de pellicule pour un amusement. Je me régale de ce temps de complicité sans retenue. Sébastien se prête au jeu et rit aux éclats aux mille facéties que je déroule pour rendre l’exercice amusant.

Les autres nous regardent faire. Lorsque j’en ai terminé, ils m’interrogent sur le fait de savoir si je compte m’intéresser aussi à eux… Je ré-enclenche donc ma caméra, je me lève et je vais les filmer à leur tour, debout, toujours nus, devant le barbecue, ustensiles de cuisine en main. Damien et Quentin s’amusent à prendre la pose, à la manière de culturistes en herbe. Nous rions tous de ces mimiques improbables ; ma caméra cahote tandis que je ne peux me retenir de pouffer à chaque contorsion de Quentin ou de Damien. Ce dernier est d’ailleurs, à ma grande surprise, déchaîné ce matin : il n’a cessé d’être enjoué et boute-en-train. Peut-être a-t-il besoin de quelques jours avant de se sentir pleinement à l’aise avec les autres. Toujours est-il que je ne boude pas mon plaisir de le découvrir sous cet aspect. Il me change en tout cas de ce qu’il m’a fait vivre hier après-midi !

Nous passons enfin à table. Tous installés, nous mangeons avec délice, tous autant affamés les uns que les autres. Sans manière, nous empoignons godiveaux – que nous trempons dans le pot à moutarde – chips ou encore tomates, avec les mains, laissant la fourchette de côté. C’est vrai que nous ne sommes pas, en cet instant, des modèles de bienséance à table, mais on s’en fout ! Evidemment, Quentin ne peut s’empêcher de faire le pitre en avalant sa saucisse… Evidemment, Damien le prend au jeu et la lui bourre dans la bouche en vue de l’étouffer avec… Evidemment, nous rions comme des benêts de ces bêtises…

Le dessert est composé de petits suisses… Je laisse imaginer ce qui leur arrive – armes imparables pour des délires d’adolescents attardés ! Le premier à avoir entamé les hostilités est Damien. Il m’a visé en plein nez grâce à sa petite cuiller et, ma foi, il y est parvenu du premier coup. Je ne m’y attendais pas. Ca m’a d’abord étonné et je me suis finalement joint aux rires des trois autres. Je ne pouvais évidemment pas laisser ce geste impuni, aussi je me suis vengé – un peu contraint, car je n’aime pas gâcher la nourriture, mais… nécessité fait loi – en écrasant, de la main gauche et par surprise, mon petit suisse dans son emballage contre sa pommette et sa joue droites. Comme le fromage blanc n’était pas suffisamment étalé, j’ai donc pressé l’emballage, qui crissait sous mes doigts, histoire de parachever le tableau. Ca aussi, ça nous a tous fait beaucoup rire. Puis ç’a été au tour de Sébastien et aussi de Quentin et à nouveau de Damien, et de moi aussi… bref, les deux paquets y sont passés. Les quelques résidus restés sur nos visages ou sur nos corps et ceux tombés sur la table ou dans nos assiettes ont quand même finis dans nos estomacs, noyés sous une tonne de sucre.

Après ce dernier repas mémorable, chacun prend sa part pour débarrasser et faire la vaisselle. Un temps mort s’installe : Damien s’allonge dans l’herbe ; Quentin vaque à diverses occupations à l’intérieur de la maison ; Sébastien disparaît avec lui. Moi, je ne sais pas trop quoi faire, aussi je vais me promener, tranquillement, dans la propriété, comme au premier matin de mon arrivée. Après mon tour, je reviens vers la table de jardin. Damien fait la sieste visiblement. Aussi, je pénètre dans la maison et je me dirige vers le salon. Surpris, j’y retrouve Sébastien, assis sur le sofa. Je ne sais pas si je dois le déranger ou s’il préfère rester seul. Je reste donc debout, quelques instants, sur le seuil de la porte, hésitant, sans faire de bruit. Tandis que j’en suis encore là de ma réflexion, celui-ci lève la tête dans ma direction et me fait signe de le rejoindre.

– Désolé ! Je voulais pas t’ déranger !

– Non, non, mais tu m’ dérange pas !

– A quoi tu pensais ?

– A rien !

Et Sébastien se met à rire à cette parole. Je ris avec lui.

– Et toi, qu’est-ce tu f’sais ?

– Rien non plus !

Nous rions de nouveau. Le silence se fait quelques secondes. Sébastien hésite. A nouveau, je m’aperçois qu’il est en train de peser le pour et le contre dans son esprit, avant de se lancer…

– Guillaume ?

– Ouais ?

– J’ peux te d’mander un truc ?

– Ben oui ! Bien sûr !

– Si tu veux pas, tu m’ le dis… C’est pas grave…

– Ben ! Dis voir quand même !

– …J’aim’rais bien qu’ tu r’joues d’ la guitare comme l’aut’ soir…

– Aah ! C’est ça ! Y a pas d’ problème !

Je ne peux m’empêcher de sourire à sa demande formulée avec tant de précaution. Je me lève et je vais décrocher la guitare de sur son support mural. Je viens me rasseoir près de Sébastien.

– Qu’est-ce ’ tu veux qu’ j’ te joues ?

– J’ sais pas ! C’ que tu veux…

– Ben ! T’as pas une préférence ? Que’que chose ?

Devant le silence face à ma dernière question, je sens qu’il faut d’abord que je prenne les devants et que je joue ce qui me passe par la tête, avant que Sébastien ose formuler ses envies plus directement. Il lui faut cette entrée en matière où il est seulement spectateur avant de participer plus activement. C’est fréquent pour des néophytes. Je lui interprète donc un florilège de morceaux de musique classique, repris dans les publicités diffusées à la radio ou à la télévision. Bien que n’ayant pas la partition sous les yeux, ni même ne les ayant jamais déchiffrées jusqu’à ce jour, je me fie à mon oreille de musicien pour les exécuter le plus fidèlement possible ; même si quelques canards se glissent quand même ici ou là !

Sébastien est enthousiaste à la fin de cette prestation. Il m’en re-demande encore. Je décide donc de passer à un morceau, toujours tiré du répertoire classique, mais moins vulgarisé par le marketing commercial. L’ayant travaillée en cours, la partition est encore gravée dans ma mémoire ; je peux donc l’interpréter sans grande difficulté. D’une tonalité à la fois douce et mélancolique, je trouve qu’elle colle assez bien à la situation de cette fin de week-end exceptionnel qui nous a réunis tous les quatre.

– C’est beau !

Sébastien a murmuré ces paroles, assis tout près de moi. Tandis que Damien et Quentin, eux, nous ont rejoints, attirés par le bruit de la guitare résonant dans la maison. Ils applaudissent. Sébastien se rencogne dans le divan, visiblement mécontent que les deux autres s’incrustent dans le moment d’intimité qu’il est en train de partager avec moi. Quentin et Damien, qui ne l’ont pas remarqué ou bien qui n’en ont cure, persistent et viennent s’asseoir en face de nous. Ayant senti le changement d’humeur de Sébastien, je décide de passer au registre de la variété et je me mets à plaquer des accords et à imiter – très mal – un rockeur en mal d’amuuur… Ca fait rire tout le monde, même Sébastien. Damien, toujours aussi en verve, plaque sa voix de stentor sur la mienne et poursuit avec moi ce pot-pourri. J’alterne diverses chansons au fur et à mesure, sachant zapper lorsque manifestement aucun de nous n’est capable de chanter au-delà du simple refrain, quand ce n’est pas un la-lala à moitié discordant !

Tellement absorbés par ce bœuf, c’est au moment où Damien est debout à se dandiner dans un jeu de jambes extraordinaire à la Travolta, qu’apparaissent sur le seuil de la porte du salon la petite famille de Quentin : Madame Mère et la Petite Sœur. C’est elle qui tombe la première nez à nez avec un Damien entièrement nu, la bite s’agitant en tout sens sur ma reproduction de La Fièvre du Samedi Soir… Nous ne les avons pas entendues. Et la réaction de Damien est à la hauteur de la surprise : il s’arrête net, rouvre les yeux tandis que je cesse de jouer de la guitare. Charlotte – la sœur de Quentin – a les yeux braqués sur son entrejambe, comme hypnotisée. Damien se couvre alors aussi sec de ses deux mains et en rougit de honte. Sébastien se renfonce un peu plus encore dans le canapé, tentant de se cacher derrière moi. Moi, j’ai la guitare entre les jambes et je suis bien content qu’elle me serve de bouclier ! Quentin, lui, essaie de faire bonne figure. Il se lève et va embrasser sa mère, tout en en profitant au passage pour passer une main dans les cheveux de sa sœur – je me doute que ça doit l’énerver prodigieusement – histoire de la détourner du corps de Damien…

– Vous êtes déjà là ?

Je me lève, poli, alors que Madame PERRILLAT s’approche d’un pas. Dégageant Sébastien du même coup, ce dernier, après l’instant de surprise, se lève à son tour, les deux mains devant. Avec lui et avec Damien, nous formulons un joli « Bonjour Madame » en chœur, ce qui fait sourire l’intéressée. Elle fait mine de ne rien voir de notre nudité et, le regard légèrement détourné au-dessus de nos têtes, demande de nos nouvelles avant d’ajouter qu’elle va retourner aider le père de Quentin à décharger la voiture. Elle appelle du même coup Charlotte, d’un mot sec.

– Cha-cha ! Va aider papa ! Alleeez ! Casse-toi !

– Arrête de m’app’ler Cha-cha !

Or, « Cha-cha » a du mal à décoller de la pièce. Aussi, Quentin doit la brusquer en la faisant pivoter par les épaules et la pousser vers la sortie. Elle se dégage de son emprise, maugrée et finit enfin par franchir la porte, non sans jeter un dernier coup d’œil en arrière, dans notre direction.

La salle est à nouveau remplie de nous quatre. Tétanisés, nous attendons le signal de Quentin pour la suite des événements.

– Venez ! On va s’ rhabiller ! Désolé, les gars !

Je vais raccrocher la guitare au mur. Sébastien m’attend. Damien, précédé de Quentin, commencent tous deux à gravir les escaliers pour rejoindre l’étage. Avec Sébastien nous les suivons. Nous nous retrouvons dans sa chambre pour nous habiller. En silence. En enfilant ses chaussettes, assis sur le lit, Quentin se trouve à hauteur d’yeux de la bite à Damien, déjà recouverte de son caleçon. Il se met alors à mimer sa petite sœur en train de reluquer Damien, tout à l’heure, dans le salon. Il fait tellement le pitre, grossissant le trait, lorgnant, louchant, bavant, déformant sa bouche d’envie, esquissant un bras, une main, en direction de l’objet du désir, que nous éclatons tous de rire. Rire un peu nerveux. Rire re-dynamisant.

Nous terminons de nous vêtir. Avant de redescendre au rez-de-chaussée pour faire disparaître le maximum du désordre que nous avons généré au cours de ces trois jours « entre hommes ». Mais, comme nous avons su – finalement – ranger le plus gros au fur et à mesure, la maison n’est pas autant ce chantier que l’on pourrait croire. Monsieur PERRILLAT apparaît à son tour et vient nous serrer la main, sans cérémonie. Il embrasse son fils, de manière chaleureuse. Après un mot gentil, après aussi une question ingénue sur le point de savoir où se trouve de Mélanie (!), il nous abandonne, répondant à l’injonction de son épouse qui lui suggère de nous laisser tranquille pour que nous puissions profiter des derniers instants de notre séjour ensemble.

C’est vrai que ce week-end touche à sa fin. Il était d’enfer finalement ! Nous allons maintenant démonter nos tentes, celles des filles comme la mienne. Nous les plions en tentant de plaisanter comme nous l’avions fait au moment de les monter. Mais le cœur n’y est plus vraiment. Celles-ci rangées, la place qu’elles laissent vide sur le gazon accentue cette fin de rencontre exceptionnelle. Nous nous asseyons dans l’herbe, un peu songeurs. Charlotte ré-apparaît et vient traîner autour de nous. Ca a le don de mettre Quentin en colère qui se met à la jeter sans ménagement ; il lui intime l’ordre de nous laisser tranquilles et de se casser. Narguant son frère, elle ne compte pas partir d’ici et Quentin doit se lever et crier encore plus fort et la pousser. Alertée par ce début de bagarre entre frère et sœur – apparemment fréquente – Madame PERRILLAT passe la tête par une des fenêtres du premier étage et ordonne à sa fille de rentrer et de laisser « son frère et ses amis » tranquilles. Charlotte se dirige donc à contre-cœur vers la maison. A mi-chemin, elle se retourne quand même vers notre groupe et nous tire la langue comme une petite gamine… Nous la regardons disparaître de notre vue.

– Qu’est-ce qu’elle est chiante !

Cri du cœur de Quentin, dont la différence d’âge avec sa petite sœur – cinq ans – ne lui permet pas d’apprécier encore toutes les satisfactions d’en avoir une.

Nous opinons du chef, sans trop savoir quoi ajouter. Personnellement, je n’ai ni frère, ni sœur. Sébastien, lui, a un petit frère, Aurélien – et non une petite sœur et seuls deux ans les séparent l’un de l’autre. Quant à Damien, je ne sais pas… Ca ne l’empêche pas de glisser sa main droite autour de son ventre, de faire semblant de se le caresser, en cercles concentriques de plus en plus élargis, de telle sorte à dégager son tee-shirt, à découvrir son nombril et jusqu’au milieu de son torse, de manière lascive, faisant jusqu’à glisser sa langue sur le pourtour de ses lèvres et émettre des petits cris de jouissance. Damien, sex-symbol d’une adolescente pré-pubère ! Nous avons tous compris l’allusion et nous éclatons de rire.

Dieu que c’est difficile de nous séparer !
 
Re: Guitare [English Version included]

plus aucune chance que le weekend entre mecs tourne à la partouze si je comprends bien...
 
Re: Guitare [English Version included]

Bravo! C'est beau. Me voilà tout empreint de nostalgie par procuration pour Guillaume... Mais, j'ai espoir que ce n'est peut être pas la fin de cette histoire. Qu'adviendra-t-il de leur relation au retour de ce weekend qui ne peut qu'avoir changé les choses entre eux? Il y a matière à exploration, j'espère...
 
Re: Guitare [English Version included]

Thank you.
So sad that the weekend is coming to a close just as the four of them get closer together
Harry
 
Re: Guitare [English Version included]

Chap. XXXI


Nos rires se sont tus. Un ange passe.

– Vous voulez faire quelque-chose ? J’ sais pas… retourner s’ balader que’que part ?

On sent bien tous que Quentin n’a pas particulièrement envie que l’on se sépare. Du moins, pas comme ça. Pas aussi vite. Que l’arrivée prématurée de ses parents l’a perturbé et qu’il avait encore plein d’aventures dans sa besace à nous proposer. Mais, justement, ce retour inopiné semble avoir cassé un ressort, avoir brisé la dynamique de groupe qui nous unissait, tous les quatre garçons, depuis le début de notre séjour. Aussi, c’est un silence poli et une certaine moue sur le visage de chacun de nous qui répondent à cette proposition de Quentin.

– Moi, j’ vais devoir rentrer… J’ sais même pas si ma moto, elle va pouvoir redémarrer…

Sébastien se lève en même temps qu’il prononce ces mots. Nous lui emboîtons le pas et nous nous dirigeons tous les quatre vers le garage, pour nous assurer, tous ensemble, qu’il ne va pas rencontrer de nouvelles difficultés mécaniques en la matière.

Là-bas, Sébastien enfourche sa bécane et amorce le démarreur. Si. Elle démarre ! Il la laisse tourner. En descend. Il se tourne vers nous.

– Bon, ben… j’ vais y aller !

– On va t’ suivre, nous aussi…

C’est Damien qui a enchaîné, avec une hésitation dans la voix au moment de se tourner vers moi. Après tout, je suis le chauffeur et il ne sait pas si je souhaite vraiment partir tout de suite ou si je préfère rester encore un peu.

– Oui, oui. Nous aussi, on va y aller.

Sébastien charge donc ses affaires sur le porte-bagages, les sangle en serrant fort. Quentin va ouvrir en grand la porte du garage. Tandis que Damien et moi, nous allons chercher nos propres affaires pour les porter dans le coffre de ma voiture.

Lorsqu’elles sont toutes rangées, nous retournons vers la maison. Mais, entre temps, Sébastien a ré-enfourché sa moto et l’a sortie du garage. Il est maintenant sur le bord du trottoir, devant les grilles de la propriété, le casque passé sur le bras. Quentin est à côté de lui. Nous nous approchons d’eux. Sébastien se tourne d’abord vers moi, me serre la main sans façon, le regard un peu fuyant. Je ne sais pas trop quelle attitude prendre et mon regard n’est pas, lui-non plus, très appuyé. Notre poignée de mains est molle. J’aurais voulu que notre séparation se passât autrement – sans bien savoir trop comment, d’ailleurs… Il salue ensuite Damien. Puis Quentin, tout en le remerciant pour son accueil et en insistant sur le fait que son séjour était « vraiment super ». En même temps qu’il salue, nous faisons de même, Damien et moi, avec Quentin. Nos mains se croisent, dans une certaine confusion.

Pendant que Damien et Quentin se serrent la main, furtivement Sébastien se tourne vers moi et me demande si j’accepterais de lui communiquer mon numéro de téléphone portable. Il sort le sien. Bien que très surpris – est-ce qu’il me le demande pour la forme ou a-t-il réellement l’intention de m’appeler - évidemment que je le lui donne. Je le vois l’enregistrer sur son portable et le mettre en mémoire. Il enchaîne en me communiquant à son tour son propre numéro. Dans la panique, je fouille dans mes poches pour sortir le mien et je fais de même en y entrant en mémoire son numéro. Nous voyant faire, Quentin a dégainé son propre portable et s’est mis à y mémoriser, lui aussi, mon numéro. Décidément ! Mais comme il a manqué, en voulant faire de même, les premiers chiffres, il me demande de le lui redonner. Je m’exécute de bonne grâce.

Après cela, nous regagnons ma voiture. Je mets le contact. Je démarre. J’effectue un demi-tour sur la chaussée. Sébastien, lui, nous précède. Il a mis les gaz et démarré. Nous nous suivons de peu. Quentin nous regarde partir depuis le trottoir. Il nous adresse à tous un signe de la main. Damien le lui rend en nos noms à tous deux. Sébastien n’a pas répondu, concentré sur la route à suivre. Il ne roule pourtant pas très vite. Dans la voiture, nous nous taisons. Je n’ai pas le cœur à parler et Damien non plus, je crois. C’est toujours ainsi lorsqu’on a vécu un moment fort : le silence est là pour tenter de le prolonger au-delà de la fin ; il doit permettre de ne pas rompre le charme trop rapidement.

Sortis du bourg, nous arrivons à un croisement en rase campagne. Je vois Sébastien s’engager à droite au carrefour ; il a enclenché son clignotant. Je le regarde mécaniquement, sans réfléchir. Même si, intérieurement, mon cœur se serre : c’est vraiment la fin. Je poursuis ma route. Nous sommes toujours aussi silencieux l’un et l’autre, Damien et moi. Le retour, comme souvent, est plus rapide que l’aller. D’autant que nous n’avons pas eu à faire le détour par le supermarché comme samedi matin.

…Samedi matin. Comme tout cela paraît si lointain, alors que c’était seulement avant-hier ! Début d’un week-end prometteur, auquel j’y allais à reculons. Il s’est passé tellement de choses en à peine trois jours. Je me les remémore tout en conduisant. Je suis à la fois tendu – soucieux de conduire à bon port mon passager – et absorbé dans mes pensées, toutes empreintes de nostalgie. Alors que les événements, petits et grands, défilent ainsi dans mon cerveau, voilà que nous pénétrons dans la commune dans laquelle Damien habite. Un peu perdu – je ne suis pas arrivé par ce chemin, samedi matin – Damien me guide à travers les ruelles. Ce sont les seuls mots – les premiers – que nous échangeons depuis le départ de chez Quentin.

Nous voilà arrivés. Je gare la voiture devant la maison de Damien. De nombreuses places sont vides le long du trottoir. Je coupe le moteur. Je me tourne vers lui.

– Tu veux venir un moment ?

Je suis un peu surpris par son invitation, même si je me doute qu’elle est de pure forme – je l’ai ramené chez lui et il est normal, pour quelqu’un de bien éduqué, de ne pas laisser repartir immédiatement le chauffeur que je suis, comme un vulgaire laquais. Toutefois, je redoute un peu de me retrouver seul avec Damien. Je n’ai pas totalement oublié ce qui s’est passé entre nous au retour de notre escapade en forêt, dimanche après-midi et comme par ailleurs je n’ai pas noué la même complicité avec lui qu’avec Sébastien…

– Merci, c’est gentil, mais j’ vais rentrer moi aussi…

J’opte pour une réponse polie en déclinant son offre.

– Comme tu veux… Salut alors !

Et il me tend une main rude dans ma direction. Je la serre. Sa poignée est ferme et rapide. Il détache sa ceinture, ouvre la porte. Il passe un pied dehors.

Mais celle-ci n’ayant pas été poussée jusqu’au cran qui l’a maintient ouverte, elle se referme lentement. Soudain, Damien se retourne. Il se penche sur moi. Et d’un geste brusque, il vient m’embrasser. Pas un baiser comme on se le fait maintenant entre garçons, mêmes hétéros – surtout hétéros – pour se saluer comme on se serrerait la main, non. Un vrai baiser ! Sur la bouche. Sans la langue, mais sur la bouche quand même. Ce n’est pas dire que ses lèvres auraient dérapées et que, visant mes joues et moi tournant la tête, nos deux bouches se seraient rencontrées par inadvertance. Non. Il m’a sciemment roulé une pèle ! C’a été bref, furtif, mais bien réel. J’en suis tellement abasourdi que je reste sans réaction. Il sort aussi vite de la voiture qu’il m’a embrassé.

Je l’entends ouvrir le coffre, sortir ses affaires, le refermer. Il traverse la chaussée, s’approche du portail. Je le regarde s’éloigner sans le regarder, en fait. Je me remets lentement de cette dernière péripétie. Je suis un peu perdu. Ce qui explique que je ne remets pas le contact de la voiture tout de suite. Je tente néanmoins de me re-concentrer. Je démarre. C’est à ce moment-là que j’entends toquer contre la vitre. Je tourne la tête. Je baisse le carreau. C’est Damien.

– T’es sûr qu’ tu veux pas rentrer un moment ? Mes parents sont là, mais c’est pas gênant, tu sais…

Je ne sais pas quoi répondre. Est-ce que c’est une proposition indécente – pour reprendre le titre d’un film célèbre ? Est-ce que sa suggestion est faite en toute innocence ? Je n’arrive pas à me repérer. Et je ne sais pas quoi dire. J’hésite donc quelques instants. Involontairement. Quelques secondes qui paraissent interminables et que Damien prend pour un jugement pour ce qu’il a fait tout à l’heure. Je le vois rougir de confusion.

– J’ suis… J’ suis désolé !

Il bégaie. Prononce ces derniers mots dans un souffle rauque. Je le vois gêné au plus haut point. Je sens qu’il faut que je réagisse, mais mon cerveau, mon corps paraissent comme totalement paralysés. Je suis incapable de trouver la bonne réponse, de prononcer le bon mot qui saura débloquer la situation. Je me vois pédaler dans la farine sans pouvoir réagir. Comme si mon esprit était englué.

J’arrive enfin à couper le moteur. C’est la seule chose que je suis parvenu à faire ! Pour autant, je ne bouge pas de mon siège. Si. J’arrive enfin à décrocher ma ceinture ; j’ouvre la portière.

– Si tu veux ! T’es sûr que ça dérange pas ?

– Non, non !

Je n’ai pas répondu à ses excuses de tout de suite. J’en ai conscience, mais je ne sais pas comment aborder la chose. D’un autre côté, comme je ne sais pas quoi penser de son geste, surtout mis en parallèle avec ce qu’il m’a dit et son attitude dans la forêt, dimanche, je ne suis pas capable d’adopter une posture cohérente. Tant pis.

Je descends. Je claque la porte. Je verrouille la voiture et je suis Damien. Nous passons la grille et pénétrons dans sa maison. Madame SUBLET, sa maman, est là. Elle vient vers nous, un sourire au lèvres. Je la salue cérémonieusement.

– Ah, vous êtes déjà de retour ? Vous avez passé un bon week-end ? Vous vous êtes bien amusés ?

Elle a enchaîné les trois questions, sans même nous laisser le temps de répondre. Damien marmonne donc quelque-chose qui semble suffire à sa mère. Il ajoute :

– On monte, avec Guillaume…

– Oh ! Oui ! Bien sûr !

Et elle nous laisse aller, tandis qu’elle rejoint la cuisine. Nous montons l’escalier. Nous re-voici dans la chambre de Damien, lieu de tous mes désirs avant que le « week-end d’enfer » chez Quentin eût débuté… Damien pose ses affaires – je devrais dire plutôt qu’il les laisse tomber. Il se déchausse du pied, sans prendre la peine de délacer ses baskets, se retrouvant en chaussettes blanches de sport pour marcher à même le sol.

– Assieds-toi si tu veux ! Mets-toi à l’aise.

Il me désigne successivement le lit et la chaise de son bureau. J’hésite. Je ne sais pas trop quoi comprendre de sa phrase, vu ce qu’il est lui-même en train de faire !…

– J’ vais prendre un douche ! J’ suis trop sale… J’aime pas !

Est-ce une invitation ? Serait-ce une douche crapuleuse, après le coup du baiser dans la voiture ?

– T’en veux une ? Tu pourras en prendre une après, si tu veux…

Non. Ce n’était pas une « proposition indécente » ! Je me suis fait un film pour rien…

– Merci. Non. Ca va.

– Tu m’attends ?

Et il tourne les talons, avant même que j’ai pu lui répondre. J’ai l’impression de revivre la même scène qu’il y a trois jours : même lieu, mêmes attentes – mêmes fantasmes je pourrais dire – même situation… Si ce n’est qu’entre temps : une, j’ai vu Damien à poil ; je n’ai d’ailleurs fait que de le voir à poil pendant ces trois jours – et vice-versa, lui aussi, d’ailleurs. Deux, j’ai eu le béguin pour un autre que lui… Je décide donc, comme samedi, de m’asseoir sur la chaise de bureau. Et comme samedi, mes yeux parcourent la pièce, en attendant que Damien revienne.
 
Re: Guitare [English Version included]

Holà! Nous voilà avec une histoire ravivée! J'espère avoir raison sur les développements à venir, mais, cher Hopayra, tu trouves toujours moyen de me surprendre... À ma grande joie, d'ailleurs.
 
Re: Guitare [English Version included]

Thank you!! Wonderful story, well told.
Things have come full circle now for Guillaume, but Sebastien is on his mind !!!
Is this the final chapter, or could that be still to come??
Harry
 
Re: Guitare [English Version included]

on dirait que la suite à donner à ton histoire te donne du fil à retordre... le suspens est à son comble :)
Guillaume va-t-il le rejoindre sous la douche?
Le baiser va-t-il déboucher sur (enfin) autre chose de plus consistant?
Sebastien n'aurait-il pu les suivre en moto?
Les mots de Damien de la forêt cachaient ils en fait des sentiments gays pour Guillaume etd e la jalousie de le voir autour de Sebastien sans cesse?
 
Re: Guitare [English Version included]

J'ai bien hâte de lire la suite, en tout cas...
 
Re: Guitare [English Version included]

Chap. XXXII


La proximité physique qui nous a liée au cours de ce week-end ne paraît pas suffisante à Damien pour se présenter nu devant moi, au retour de la salle de bain. En effet, tandis que j’attends patiemment qu’il ait achevé ses ablutions, assis sur sa chaise de bureau, il se présente dans l’embrasure de la porte, une serviette de bain nouée autour des reins. Il aurait pu se montrer entièrement nu, dans la mesure où c’est ainsi que nous avons vécu pendant ces trois derniers jours… Mais non ! La pudeur et la discrétion naturelles de Damien ont repris le dessus. Il va farfouiller dans son placard pour en sortir un caleçon qu’il enfile sous sa serviette, ainsi qu’une paire de chaussettes. Il dégotte un jeans d’un tiroir, le passe, décroche sa serviette et la laisse tomber négligemment dans un coin. Il reste ainsi, torse nu.

– Qu’est-ce tu fais ?

– Ben, rien ! J’ t’attendais, c’est tout !

Il en a de bonnes, Damien ! Qu’est-ce qu’il croyait ? Il m’invite à rester chez lui et il se tire en me laissant seul dans sa chambre… Et bien, j’attends patiemment qu’il revienne, c’est tout !

– Qu’est-c’ tu veux faire ? Tiens ! T’as lu l’ dernier Last Man ? I’ font chier, il sort plus qu’en anglais maint’nant...

– Non. Ah ouais ?

En fait, j’ai pas saisi de quoi il me parlait avec son « Last man », mais je ne veux pas passer pour un gros naze, alors je fais semblant d’être au courant et de m’intéresser !… J’ai peur néanmoins de ne pas y avoir mis le ton qu’il fallait.

– Tiens, regarde !

Et le voilà qui s’allonge sur le lit et qui tire vers lui un album de bande dessinée. Un coude enfoncé dans le matelas, il étale le livre devant lui et commence à en tourner les premières pages. Je m’approche de lui. Je m’assieds d'abord sur le bord du lit, à moitié tourné vers la bédé, une main calée sur les draps. Ma position étant on peut plus inconfortable, je me décide à m’allonger à mon tour. Nous nous faisons face de cette manière. Je jette un œil sur le bouquin.

– Tu connais ?

– Hum ? … Euh, non ! Ca parle de quoi ?

– Yorick The Last Man ! C’est une bédé qui paraît dans une revue américaine C’est les aventures de Yorick Brown, le seul mec survivant sur la planète, qu’est plus peuplée que d’ filles. Y a un tas d’ rebondiss’ments. C’est super ! Tu l’as jamais lu ?

– Non. Désolé.

J’ai un peu l’impression d’avoir l’air d’un con, tout à coup ! Je feuillette l’ouvrage. C’est écrit en anglais et le mien est assez sommaire… malgré cinq années de cours de langue ! Néanmoins, je suis à même d’apprécier la qualité graphique des dessins et même si je ne comprends pas tout ce qui est dit, j’ai le sentiment que ça n'a l’air pas mal au niveau texte et répliques des personnages. En tous cas, les situations décrites sont plutôt cocasses et bien tournées : action, humour, suspense. Et le héros est très bien foutu. Ca change ! Pour une fois qu’un héros de bandes dessinées n’est pas taillé à la serpette ou affublé d’une patate en guise de nez…

J’en suis là à découvrir l’ouvrage, lorsque Damien, penché sur moi se met à me renifler…

– C’est toi qui pue comme ça ?!

– Humm ?

– Mais oui, mon cochon ! Tu pues !

Damien prononce ces dernières paroles, mi-amusé, mi-dégoûté, le nez légèrement pincé, l’air goguenard.

– Ho, ça va, hein !

– T’es sûr qu’ tu veux pas allez prendre une douche ? Moi, j’ s’rais toi…

Et, sans finir sa phrase, il s’écarte en terminant de prendre un air délicat comme si j’étais un vieux reblochon coulant et puant ! Je le regarde, ahuri. Je n’ai pourtant pas le sentiment d’être nauséabond ni crasseux. Je reste donc perplexe face à ses critiques. Damien n’a cependant plus l’air de se moquer de moi ; le voilà sérieux comme un pape… Je me mets à douter.

– J’ t’assure… !

Sa phrase reste de nouveau en suspend.

– Si tu veux prendre un douche, mon gars, y a pas d’ blème !

Même si ses expressions un peu désuètes me font sourire – intérieurement – je sens que je ne peux plus reculer et que je dois aller me laver si je veux pouvoir, ne serait-ce que terminer ma lecture d’une bédé qui me paraît passionnante. Je referme donc mon livre et le balance sur Damien, en mimant la désolation que m’inspire ses critiques. Je pose mes pieds au sol, marque un temps d’arrêt assis sur le lit et je me lève. Je sors de la chambre et je me dirige vers la salle de bain familiale.

– Tu veux pas que j’ t’accompagne, hein ?! T’as pas b’soin qu’ quelqu’un t’ frotte le dos ?

Son ton sardonique ne m’a pas échappé. Aussi, je ne réponds pas, faisant d’accroire que je n’ai rien entendu de ses perfidies. Bing ! Damien a mordu à l’hameçon. Je l’entends se lever à son tour et se rapprocher dans mon dos, d’un pas rapide. J’accélère la marche. Il fonce sur moi et me pousse en avant à deux mains. Je trébuche mais ne tombe pas. Nous franchissons quasiment ensemble la porte de la salle de bain, jouant des coudes et des épaules pour être le premier à y pénétrer… C’est finalement moi qui passe d’abord la porte, après un coup de coude dans le ventre de Damien – je n’en suis pas très fier… – bien senti, qui le fait se recroqueviller légèrement sur lui. Ca, c’est pour m’avoir traité de cochon qui pue !

Je me déshabille aussi sec, sans chichi : à poil pendant trois jours tous les deux – tous les quatre, avec Quentin et Sébastien – j’ai perdu toute pudeur à ce niveau-là. Damien me regarde sans me voir ; il sort une serviette de bain d’un placard et me précise qu’il la pose sur le rebord du lavabo, tout proche de la baignoire dans laquelle est aménagée la douche, seulement matérialisée par un rideau à tirer. Je pénètre dans le tub. Je tire le rideau en question. Je tourne les robinets pour obtenir l’eau chaude à bonne température. A peine, l’eau commence-t-elle à en jaillir, que Damien tire à lui le rideau de douche d’un coup sec, me dévoilant soudainement. Je le regarde, à nouveau d’un air crétin.

– Alors ? Ca plane ?

Damien a les yeux qui pétillent. Son expression me fait rire. Je re-tire néanmoins le rideau pour refermer le coin douche. J’empoigne la pomme de douche et bascule le jet du robinet sur cette dernière. Damien tire de nouveau le rideau brusquement. Je l’observe, je lui fais mes gros yeux en même temps que je tente de le refermer. Mais il le retient de sa main. Manifestement, il est joueur… Pour ma part, j’aimerais bien lui donner une petite leçon, mais je n’ose pas inonder la salle de bain de ses parents en l’aspergeant avec ma pomme de douche.

Je lui assène donc un grand coup de latte avec mon bras, arrivant à peine à le faire reculer. Juste ce qu’il faut néanmoins pour le faire lâcher prise et me permettre de fermer le rideau pour me couvrir et abriter le jet de la douche. J’accroche la pomme de douche sur son support en hauteur au-dessus de ma tête et je commence mon débarbouillage. Une troisième fois, Damien découvre la baignoire et me dévoile devant ses yeux. Je le chasse comme un mouche, lui envoyant quelques gouttes d’eau à travers la figure. Il recule tout en se marrant.

– Chochotte ?

– Connard !

Et je referme le rideau. Damien, au lieu cette fois de tenter de le rouvrir, m’enfonce ses poings au travers, essayant de me tripoter par tout le corps. Je veux l’esquiver, aussi je donne quelques coups de reins pour le faire cesser. Ca dure quelques secondes. Et puis, re-belote, Damien re-tire le rideau. Je suis tout savonné de partout.

– Alleeez ! Arrête ! Fais chier !

– Tu veux qu’ j’ te savonne ?

Il me fait un clin d’œil en même temps qu’il parle. Il a le sourire radieux jusqu’aux oreilles. Et sans attendre ma réponse, il m’empoigne de dos par les épaules, me bloquant dans mes mouvements. Il enjambe à moitié la baignoire, mouillant par-là même le bas de son jeans. Il approche son nez de mon cou, recommence à me renifler, à grands coups de « hummm » et de « ahhh », allant même jusqu’à simuler une rotation du bassin, d’avant en arrière, suffisamment explicite ! Je rentre dans son jeu et, feintant le même mouvement, je finis par lui donner un coup plus fort que les autres, qui le repousse en arrière et le fait lâcher prise. Il titube, fait un pas de côté avec son pied resté au sol, ramène précipitamment l’autre pied, de la baignoire sur le carrelage, et recule. Je tire aussi sec le rideau pour me protéger derrière.

– Alors ? Heureuse ?…

Son ton est enjoué.

– Et ben ? T’as pas aimé ?

Et il éclate de rire. Je marmonne un « t’es con » dans ma barbe tout en poursuivant ma douche.

Un quatrième fois, le rideau est tiré violemment. « – Tu fais vraiment chier, Damien ! Laisse-moi finir » m’écriai-je un peu agacé par tant de gamineries de sa part. Mais, ce n’est plus Damien devant qui je me retrouve à poil, mais Madame SUBLET... Je me sens aussitôt rougir de la pointe des pieds jusqu’au sommet du crâne, à la vitesse grand V ! Rouge comme le feu. Jamais un coup de soleil n’était parvenu à me rendre si rouge ! Je me retrouve comme un con et mon premier réflexe est évidemment de me protéger le sexe de mes deux mains. Mais comme je tenais dans l’une le tube de gel douche, dans l’autre je me savonnais consciencieusement la bite, légèrement durcie, les poils plein de mousse, ma position équivoque me fait encore plus rougir. Si c’était matériellement encore possible…

– Oh ! Excuse-moi !

D’une petite voix enfantine, la maman de Damien me présente ses excuses, mais, visiblement, elle n’est nullement dérangée par la situation pourtant embarrassante. Elle se contente juste de se retourner, laissant le rideau de douche grand ouvert, et poursuit ses occupations dans la salle de bain !…

– Je croyais qu’ c’était Damien…

J’y crois pas ! Pas gênée du tout, la bonne femme ! Même si elle est chez elle – ce que je ne lui conteste pas, évidemment – elle pourrait au moins montrer un peu plus sa gêne et se retirer pour me laisser finir ! Et dire qu’elle fait ça avec Damien ?! A dix-sept ou dix-huit ans ? Merde ! C’est un homme maintenant ! Ca ne le gêne pas que sa mère vienne le mater pendant qu’il prend sa douche ?! Moi, j’interdis à mes parents de venir me déranger pendant que j’occupe la salle de bain ! Et ça, depuis que j’ai au moins dix ans… Chacun a droit à son intimité quand même, non ? Je suis sidéré. Et je ne sais pas si j’ose refermer le rideau pour terminer de me doucher. Je dégouline encore pourtant de mousse… à un endroit qu’il va bien falloir me rincer en y remettant les mains… Ce qui est sûr, en attendant, c’est que mon début d’érection a très vite disparu !

Heureusement, elle quitte la pièce sans tarder. Je décide alors d’achever de me mouiller vite fait, échaudé par ce que je viens de vivre. J’enjambe la baignoire, les deux pieds à même le carrelage – même pas de quoi se poser sur un tapis de bain ! – et je me sèche rapidement. Je me rhabille avec les mêmes vêtements et tant pis pour l’odeur qui pourrait s’attacher à eux. Je n’ai qu’une envie : déguerpir. Je sors de la salle de bain, en entrebâillant d’abord la porte, passant une tête timidement au-dehors ; avant de l’ouvrir en grand et de m’élancer vers la chambre de Damien. Je ne le trouve pas. Je suis de plus en plus mal à l’aise, à moitié remis de ce que je viens de « subir »…

Qu’est-ce que je dois faire ? Je n’ai plus trop l’envie de rester. Pourtant, je ne peux pas partir comme un voleur ! Après bien des cogitations, je décide de patienter et d’attendre son retour. Mais je refuse de me rasseoir et de reprendre ma lecture. Tant pis pour Yorick The Last man ! Dans ces cas-là, le temps paraît toujours s’écouler plus lentement qu’à l’accoutumée. Et lorsque vous vous sentez pressés, les minutes semblent toujours plus longues. Ne voyant pas Damien réapparaître – au bout de… quoi, quarante secondes d’attente ! – je me force à compter dans ma tête. Vingt-deux, vingt-trois, vingt-quatre… Cent trente-six, cent trente-sept, cent trente-huit… Cent cinquante-huit, cent cinquante-neuf, cent soixante… Allez ! Ca suffit, je me tire !

Je passe lentement la porte de la chambre, espérant que, par des gestes gradués, je laisserais le temps à Damien de reparaître… Mais j’ai largement de quoi descendre l’escalier et tourner en rond dans le hall, sans qu’il se pointe. J’aperçois malgré tout sa maman dans la cuisine. Je lance un timide « au-revoir Madame ». Celle-ci se retourne et me rend ma salutation. Elle n’exprime toujours aucune gêne de m’avoir surpris dans toute ma nudité outragée !… J’ouvre la porte d’entrée, je sors de la maison, je m’engage dans l’allée, passe le portail et rejoins ma voiture. Damien fait vraiment chier ! Ce n’était pas la peine de vouloir à tout prix que je vinsse dans sa chambre si c’était pour m’y abandonner sans scrupule, en me laissant en plus entre les pattes de sa voyeuse de mère !…

Je me rassieds au volant. Enclenche la clef de contact. Au moment d’appuyer sur la pédale d’accélération, la porte côté passager s’ouvre brusquement. Je vois un tête poindre à l’intérieur. Je sursaute violemment.

– Putain ! Damien ! Tu m’as fait peur ! Ca va pas, non, d’ me faire un coup pareil ! Tu fais vraiment chier, tu sais ?!

– Et ben, qu’est-ce qui t’arrive ? Pourquoi tu t’ casse comme ça ? J’ te cherche partout ?

– Hein ? C’est toi qu’i m’ cherche, maint’nant ?! C’est la meilleure de l’année, ça !

Je suis outré par sa réflexion et, surtout, par le ton sur lequel il la prononce. J’ai l’impression qu’il sait que sa mère m’a vu nu, qu’il a tout manigancé, qu’il se fout de ma gueule, mais alors… grave ! Je n’ai envie maintenant que d’une chose, me casser ! Rentrer chez moi.
 
Back
Top